La chaleur se fait moins brutale mais la fraicheur reste agréable. Doucement, l'été laisse place à l'automne même si, pour l'instant, les couleurs du paysage restent vives. Les baignades et les promenades au soleil sont toujours d'actualité, tout comme les soirées à la belle étoile. Il fait bon vivre !
Les attendus
InformationsLe forum se déroule à Ottawa, Canada. Nous ne demandons aucun minimum de mots. Nous faisons un recensement mensuel. Avatar réel et doublons nom/prénom interdit.
Esme avait toujours été sa raison de vivre et leur séparation n'avait rien changé à cette triste vérité, la rendant même plus flagrante encore. Depuis qu'ils s'étaient rencontrés dans ce petit pub Anglais, Jayan n'avait plus était le même homme et la belle Latina était devenu sa meilleure moitié. L'Hindou n'avait jamais eu le moindre doute quand à ses sentiment pour elle et il avait su au premier regard qu'il ne pourrait jamais aimer quelqu'un comme il l'aimait, quoi que la vie puisse mettre sur leur route. Si elle avait décidé d'en aimer un autre ? Tant pis, ses sentiments à lui n'auraient pas changé pour autant et il aurait terminé seul, son coeur ne battant que pour elle malgré tout, l'espoir de la retrouver un jour continuant à vivre au fond de lui jusqu'à son dernier souffle. C'est d'ailleurs ce qui s'était passé pendant tout ce temps : son coeur n'avait battu que pour la belle, que pour l'espoir de la revoir, rien d'autre. Enfin, rien à part les enfants bien sûr mais, en amour, il n'y avait toujours eu qu'elle. D'autres avant mais plus après, jamais.
Il était donc parfaitement impossible de décrire à quel point il avait été heureux de la revoir et de partager cette nuit sage avec elle malgré les circonstances. Comme si son coeur avait reprit du service, rouillé mais fonctionnel. Comme s'il s'était soudain réveillé d'une longue hibernation. Le sourire de l'ancien mafieux ne l'avait plus quitté depuis et il s'était réellement senti revivre. Soudain, il y avait de l'espoir. Soudain, il n'avait plus peur même si tout n'était pas encore rose. Leur danse de la Saint Valentin avait été un autre coup de fouet à son moral, lui prouvant sans le moindre doute qu'ils n'avaient rien perdu de leur complicité et de leur affection. Comme elle avait été merveilleuse ce soir là, comme il avait été heureux ! Sans compter qu'il avait aussi eu la preuve que Swan allait bien, une preuve plus concrète que les paroles rassurantes de son fils ainé ou de Ravi. Quoi qu'il en soit il était avec Esme à présent et il savait que plus rien ne pouvait les arrêter. Ils marchaient encore un peu sur des oeufs mais, au moins, ils étaient ensemble. Plus forts que jamais, toujours amoureux, plein d'espoir et de courage enfin retrouvé.
Et il avait eu besoin d'espoir et de courage ce jour là. Non pas pour tenir toute la journée dans l'attente de retrouver Esme mais pour tout autre chose. Un évènement auquel il n'était clairement pas préparer. Un nouveau drame. À croire que la famille était réellement maudite, qu'il y avait des choses pour lesquelles ils devaient tous encore payer pendant quelques temps... Ensemble oui, mais la facture était épicée, trop à son goût. Il avait pourtant cru que les choses allaient s'arranger, qu'il allait aussi retrouver Swan aujourd'hui mais non, ou du moins pas vraiment... Alors qu'ils commençaient à faire des plans, alors qu'ils apprenaient à nouveau à s'apprivoiser, un nouvel évènement avait tout chamboulé et pas des moindre. Un accident qui remettait tout en perspective pour eux mais aussi pour le couple de sa fille qui avait grandement souffert ces derniers temps. Jay ne savait pas tout bien sûr mais il était sûr d'une chose : sa fille aimait Nathan aussi aveuglement que lui avait toujours aimé Esme.
Ni une ni deux, il avait emmené Swan à l'hôpital et il y était resté aussi longtemps qu'elle avait voulu de lui. Prêt à annuler le diner avec Esme mais refusant de lui annoncer ça au téléphone pour ne pas l'inquiéter. Finalement, sa fille avait voulu passer la nuit avec le jeune homme qui était toujours dans le coma. Ravi avait proposé de venir prendre le relai ce que Jay avait accepté, conscient que Swan serait sûrement plus à l'aise avec un ami qu'avec lui bien que les choses se soient nettement améliorer en peu de temps. Heureusement que sa soeur était au pub ce jour là, prenant le relai en un clin d'oeil et permettant au jeune Indien de les rejoindre à l'hôpital rapidement. La journée avait donc été très étrange et les nerfs de l'ancien mafieux étaient encore à vif quand il avait prévenu sa bien aimée de son retard. Les médecins étaient tout de même optimistes et Swan n'était pas seule... Finalement, ce diner tombait bien car il avait vraiment besoin d'Esme, comme toujours. Comment avait-il pu survivre sans elle aussi longtemps ? Grand mystère.
« Désolé Cariña. »
S'excusa-t-il alors qu'il la rejoignait enfin à la table qu'il avait réservé la veille. Un petit restaurant Italien nommé Biagio's Italian Kitchen et dont il avait entendu beaucoup de bien. Une cuisine simple, un lieu romantique mais sans trop de chichi, idéal en somme... Mais qui l'aurait été plus encore si cet air inquiet n'hantait pas son visage malgré une tentative de sourire peu convaincante.
« Je sais que j'avais promis d'être un amant idéal, pardonne-moi. » Ajouta-t-il en lui lançant un regard sincèrement désolé et hésitant à lui expliquer la réelle raison de son retard. « Mais tout est sous contrôle ne t'en fais pas. » La rassura-t-il en attrapant sa main pour y déposer un baiser. « Tu as commandé l'apéritif ? »
Changer de sujet, se changer les idées... Que pouvait-il faire de plus de toute façon ? Il avait payé tous les frais, Swan n'était pas seule et Nate était aussi entre de bonnes mains. Inutile d'inquiéter Esme pour l'instant même si elle allait sûrement lire en lui comme dans un livre ouvert... Mais il aura essayé et c'est l'intention qui compte non ?
Depuis quelques semaines maintenant, la vie semblait plus légère, plus douce, aux yeux de la mexicaine. Les années qui semblaient si interminables ces dix dernières années avaient enfin repris un rythme normal. Les minutes et les heures étaient les mêmes, mais celles de maintenant semblait plus vive, plus vivante. Le retour des couleurs dans une vie qui était devenue monochrome, insipide. Et le retour de Jay dans sa vie n'y était pas pour rien. Depuis leur vrai retrouvaille, Esme se sentait apaisée. Un apaisement qui lui avait tellement manqué ces dernières années.
Son mari avait toujours été sa moitié. Une moitié indissociable d'elle et qui, quand il était parti, avait brisé la mère de famille. C'était un fait que les années avaient prouvé: en son absence, elle n'avait plus été elle-même. Juste une ombre et encore… Elle avait baissé les bras, abandonnée dans l'alcool et les mauvais choix. Mauvais choix qui avait provoqué cette situation avec ses enfants. Mais si avec les triplets la situation ne semblait pas réellement durer, malgré quelques reproches d'un des trois, avec Swan, la situation était bien différente. Avec Jay à ses côtés, elle ne s'en faisait pourtant pas. Assurée et apaisée. Elle connaissait sa fille, elle savait que quand elle aurait besoin de réconfort, celle-ci viendrait d'elle-même. Car, même si sa fille se pensait faible, elle était bien plus forte que ne le serait jamais sa mère et cela rendait Esmé fière. Fière de chacun de ses enfants, de leurs façon d'avoir surmonter ces moment difficiles, d'être devenu des battants, des petites force de la nature…
Alors, ayant eu des nouvelles de sa fille régulièrement par son mari et par ses frères et l'ayant vu de ses propres yeux s'amuser, Esmé ne s'en faisait pas. Ou du moins, bien moi que le papa poule qu'était Jay. Mais il avait ses raisons de l'être. Et il ne les avait pas vu devenir des adultes responsables. Et à son retour, il n'avait vu que de loin les événements tragiques. La mexicaine le laissait donc gérer comme il le sentait, étant présente pour ses enfants et pour son mari.
Mari qui venait de lui envoyer un SMS afin d'annoncer son retard. Bon, ce dîner romantique commençait bien… Non, en réalité, c'est avec un sourire doux que la femme lui répondit alors qu'elle s'était déjà assise à la table réservée. Doucement, elle appela un des serveurs, l'informant du léger retard de son mari et passant donc la commande des apéritifs. Un Whisky Sour pour Jay et un cocktail sans alcool pour elle. Même si elle avait été tenté par un verre de vin ou un cocktail fruité à base de vodka, elle avait résisté. Et elle en était fière, intérieurement. Même si cela faisait quelques mois qu'elle était sobre, le combat était toujours constant, la moindre petite chose pouvait être une occasion de boire: une affaire réussie, une affaire ratée, des retrouvailles ou une fête, comme à la St Valentin…
Pas le temps de penser à cette mini-victoire, qu'au loin, elle vit la silhouette de son mari se diriger vers la table. Sans même le réaliser, la mexicaine afficha un sourire doux et rassurée de le voir enfin. « Ne t'excuse pas, ce n'est pas grave. » Le rassura-t-elle avant d'hausser un sourcil en remarquant son air grave qu'il tentait en vain de faire passer pour rien. Pas de chance pour lui, la latina le connaissait mieux que quiconque…
« Je vais faire semblant de ne pas voir que tu me caches quelque chose? Mais tu m'expliqueras plus tard. » Le prévint-elle alors qu'elle le laissa faire son baise-main. A nouveau, elle reprit son sourire et hocha la tête à sa question « Un Whisky Sour pour toi et un Virgin Mojito pour moi. Ça ne devrait plus trop tarder. »
Effectivement, quelques secondes après avoir fini sa phrase, le serveur apporta les deux breuvage avant de filer, les cartes poser sur la table. Elle n'était pas pressée de commander, voulant profiter de la soirée un peu. Une pause dans cette vie à cent à l'heure. Pourtant, l'air de l'ancien mafieux trottait dans sa tête, elle mourrait d'envie de le questionner, de lui demander ce qu'il se passait, pourquoi ce retard? Mais, elle se redressa, décidant de l'épargner… Pour le moment. « Alors, tu l'as mis où le trophée de danse? En exposition j'espère! » S'amusa-t-elle, lançant la conversation le plus simplement possible.
It was like shooting a sitting duck, a little smalltalk, a smile and baby. I was stuck I still don't know what you've done with me. A grown-up woman should never fall so easily
Ils avaient traversé bien des tempêtes ensemble. Un bon nombre d’ailleurs qu’ils n’auraient pas pensé surmontables à l’époque, à commencer par l’arrivée des triplets. Jeunes parents sans trop de moyens, jeune couple commençant à peine sa vie conjugale et, pourtant, ils avaient traversé presque sans encombre chaque obstacle et chaque doute. Même le tsunami qui avait détruit leur vie pendant près de dix ans semblait finalement bien insignifiant en vue des progrès faits depuis quelques semaines. Bien sûr, il y avait encore quelques vagues et la reconstruction allait prendre du temps mais ils étaient à nouveau ensemble et, donc, indestructibles. Car c’était ça le secret, c’était ça leur force : être ensemble. Pouvoir dont Jay n’avait jamais douté ce qui expliquait pourquoi il avait tout fait pour les retrouver au plus vite et pourquoi il n’avait pas quitté la ville malgré l’interdiction d’Esme.
Alors pourquoi refusait-il ce soir de mettre son épouse dans la confidence afin de pouvoir à nouveau traverser cette épreuve ensemble ? Il n’en savait trop rien, seulement conscient du fait qu’il ne voulait pas la brusquer ou lui imposer un drame de plus en vue de tout ce qu’elle avait déjà vécu par sa faute. Sans compter qu’il n’y avait rien de plus à faire pour le moment, Nathan étant aux mains des docteurs et Swan avec son ami. A quoi bon inquiéter la belle Mexicaine pour rien ? A quoi bon gâcher cette soirée qu’ils avaient tous les deux bien mérité ? Au fond, Jay se sentait atrocement coupable de laisser ainsi sa fille derrière lui seulement elle avait insisté pour qu’il parte et il allait la retrouver tout à l’heure, sûrement avec Esme qui n’allait pas être dupe très longtemps. D’ailleurs, elle ne fut pas dupe plus de quelques secondes, les bonnes vieilles habitudes revenant déjà au galop.
« Je t’en serai reconnaissant. » Sourit-il avec une petite révérence malgré son inquiétude, incapable de résister au charme de son épouse qui lui avait tant manqué. « Mais promis oui, tu sauras tout. »
Non seulement car il ne comptait plus lui mentir mais aussi car il ne pourrait pas prolonger la soirée dans cet état de nerf… Papa poule vous avez dit ? Oh que oui ! Tendance qu’il n’avait jamais caché à l’époque, se montrant peut-être même trop protecteur envers ses enfants et particulièrement envers Swan. La tradition aurait pourtant voulu qu’il se soucie un peu moins de sa fille, surtout en ayant eu trois beaux garçons pour commencer, trois mâles qui allaient pouvoir faire prospérer son nom… Sauf que Jayan avait grandit en Angleterre et, aussi Indien qu’il puisse se sentir malgré tout, il ne cautionnait pas cette partie de sa culture. Et comment pouvait-il voir les femmes ainsi avec une femme comme la sienne ? Impossible !
« Tu es parfaite. »
Affirma-t-il alors qu’elle annonçait la commande, s’étant souvenu de son cocktail préféré. Quand ils étaient plus jeunes, l’Hindou ne buvait pas beaucoup, encore moins après l’arrivée des enfants. Quelques verres en soirée, parfois même en amoureux, quelques rares excès les soirs de célébration mais rien de plus. La donne avait grandement changé à son retour ici et après le rejet d’Esme… Sans tomber dans l’excès, Jayan avait eu la main un peu plus lourde sur le Whisky, moyen comme un autre de noyer un peu sa peine tout en participant à la vie du pub d’une toute autre manière. Et dire qu’il venait d’un état qui ne vend pas d’alcool ! Mais il s’était bien fait à la vie Européenne, emportant cette vilaine habitude avec lui et ce malgré les ravages qu’elle avait causé à son épouse… D’ailleurs, il s’en voulait presque de boire devant elle, lui lançant un regard presque désolé alors que le serveur arrivait déjà.
« Je suis désolé… » Murmura-t-il bien qu’il ne fut pas à l’origine de cette commande. « Si tu veux, je peux arrêter aussi ? »
Suggéra-t-il, un regard tendre et sincère posé dans celui de la Mexicaine. Lui n’avait jamais connu de dépendance à part peut-être une dépendance à sa famille et à cette femme si extraordinaire qui lui faisait face… Il ne pouvait donc qu’imaginer la difficulté de ce nouveau combat que l’avocate menait avec son panache habituel. Une femme admirable et d’une force sans pareille, comment ne pas l’admirer ? Et comment ne pas rire à cette légèreté qui lui avait tant manqué ? Cette douceur entre eux, ces danses… Pendant quelques précieuses minutes, il en oublia son inquiétude, bercé par la présence rassurante de la brune et le souvenir de cette soirée si merveilleuse.
« Il est dans mon bureau pour l’instant. » Répondit-il avec un léger haussement d’épaule. « Je pensais l’installer au dessus du bar mais je ne voulais pas paraître trop présomptueux, surtout que Ravi est aussi un bon danseur, ça pourrait le décourager. » S’amusa-t-il, ayant remarqué que son petit protégé aurait bien tenté le concours si la jolie brune qu’il avait passé sa soirée à guetter n’avait pas disparu avec Swan et Ela. « D’ailleurs, rassure-moi, je ne suis pas le seul à avoir l’impression que l’amie de Swan lui fait un drôle d’effet n’est-ce pas ? » Demanda-t-il ensuite, un sourcil légèrement relevé. « Ou n’est-ce que mon envie de le voir se caser qui me fait halluciner ? »
Reprit-il, songeur. Ravi était comme un fils pour lui et il aurait effectivement voulu le voir heureux avec une personne stable, homme ou femme. Pas uniquement pour le côté tradition mais aussi car il savait que le jeune hindou méritait une vie heureuse et un peu de stabilité maintenant qu’il avait mis toutes ces épreuves derrière lui. Car lui aussi avait eu sa dose de drame, il était temps que le vent tourne plus concrètement même si sa vie était nettement plus calme à présent. Enfin calme, si on peut appeler ça calme en vue du nombre de conquête du serveur qui semblait les enchainer avec une facilité déconcertante…
L'air grave de son mari intriguait Esméralda bien plus qu'elle ne voulait le montrer. Evidemment, elle se posait une tonne de questions sur ce qui pouvait bien le tarauder de la sorte. Était-ce en lien avec son bar? Une inspection surprise qui avait mal tourné? Non, impossible, Jayan était bien trop rigoureux et prévoyant pour que quelque chose ne puisse le surprendre de la sorte. Peut-être juste une grosse fuite d'eau? Non, il n'aurait pas cet air si grave… Peut-être cela concernait-il un membre de son équipe? Le fameux Ravi que son mari semblait considérer comme un fils? Quoi qu'il en soit, elle était loin de s'imaginer que cela concernait leur fille. Pourquoi? Car il le lui aurait dit directement, n'est-ce pas?
« Parfait, alors profitons-en pour le moment! »Toujours ignorante de la réelle situation, l'avocate lui sourit et lui promis de ne pas poser de question pour le moment. Et oui, juste pour le moment. Là, elle avait décidé d'être douce et de profiter de l'instant présent. Après tout, il avait lui aussi l'air d'avoir envie de se changer les idées. Quoi de mieux qu'un dîner romantique entre deux amants de longue date? De deux âmes sœurs inséparables malgré les années et les difficultés? Rien, du moins, aux yeux de la belle. Enfin, le dîner importait peu, ce qui comptait c'était qu'ils soient ensemble.
« Tu en doutais? » S'amusa la mère de famille, un sourire en coin satisfait. Elle se rappelait évidemment des boissons favorites de l'ancien mafieux, car même si elle ne l'avait jamais bu à outrance, elle connaissait ses goûts en matière d'alcool. Après tout, après autant d'années de mariage, à vivre ensemble malgré la séparation, il aurait été dommage qu'elle ne se souvienne pas de ce genre de détails. Et elle n'avait rien oublié de cet homme là. Ses préférences en matière de thé, de nourriture, de boisson. Elle avait tellement aimé lui cuisiner des petits plats à l'époque. A lui et aux enfants d'ailleurs.
« Pourquoi es-tu désolé? » Demanda-t-elle perplexe, prenant un moment avant de comprendre le sujet. « Oh… Non, c'est bon! Je gère ne t'inquiète pas! » Un sourire doux aux lèvres, elle tomba un peu plus amoureuse encore de cet homme si prévenant et parfait. Malgré tout, elle refusait qu'il se sacrifie encore pour elle. Ne l'avait-il pas déjà assez fait? L'avocate se sentait prête à continuer ses efforts, continuer ce combat qui pour le moment, semblait si facile. Oui, quand tout allait bien, ou presque, les batailles étaient simples. Mais si un drame quelconque frappait à nouveau leur famille, elle savait que sa force serait mise à rude épreuve. Chance, elle ne voyait aucun gros nuage à l'horizon pour le moment, alors pourquoi s'inquiéter?
De manière plus légère, elle commença à le taquiner sur la place du trophée. Trophée amplement mérité après leur danse passionnée de la Saint Valentin. Danse qui lui avait rappelé la complicité qui les avait toujours lié. Un simple regard, un sourire… Pas besoin de mots quand les gestes aidaient à se comprendre. « Pourquoi cela le découragerait-il? Tu es un exemple pour lui, cela se voit à des kilomètres! » Elle était plus que sincère. Ravi avait pour Jay une profonde admiration et il ne le cachait même pas. Et elle avait vu son mari le prendre sous son aile comme un quatrième fils. Il était si adorable comme gamin.
En parlant de chose adorable, la remarque de Jay la fit rire doucement. « La brune aux yeux clairs? J'en ai eu aussi l'impression… Les deux se cherchaient du regard constamment tout en s'évitant, c'était assez drôle à voir je trouve, pas toi?» Le petit manège des deux jeunes gens avait beaucoup amusé la mère de famille. Pourtant, elle avait été bien plus attentive envers sa fille qui semblait avoir passé un bon moment ce soir-là. « Pourquoi tu ne lui demandes pas directement? Il a peut-être besoin de conseils avisés? » Reprit-elle plus sérieusement, bien consciente que l'ancien policier était sincèrement inquiet pour son protégé. « Tu ne l'avais jamais vu comme ça avec une fille? Un aussi beau garçon, il doit en avoir des histoires si il est célibataire, non? »
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Vivre dans le mensonge n’était pas une nouveauté pour Jayan qui, en fait, avait littéralement grandit dedans. Son père biologique et son père adoptif dans la mafia, lui-même y évoluant jusqu’à ses vingt ans passés, le mensonge n’avait pas de secret pour lui et c’est même la vérité qui l’effrayait le plus. Bien sûr, après avoir rencontré Esme, ses habitudes avaient changées mais l’homme n’en restait pas moins très à l’aise avec les semi-vérité ou les mensonges éhontés, ne les utilisant plus qu’en cas d’extrêmes nécessités afin de protéger son entourage. Même si, malheureusement, sa façon de ‘protéger’ ses proches s’étaient souvent avéré peu efficace voire même parfaitement minables… Mais c’est l’intention qui compte non ? Et il n’avait jamais eu d’autres intentions que de protéger ceux qu’il aimait, à plus forte raison qu’il les aimait bien plus que sa propre vie…
Heureusement quand même que le mensonge de ce soir n’était pas aussi grave que ceux qui avaient envenimé sa vie depuis plus de dix ans… Une simple petite ‘omission’ d’information afin de leur offrir une belle soirée, un mensonge visant à ne pas inquiéter inutilement la belle Mexicaine. Surtout qu’il n’y avait rien de plus à faire, l’inquiétude n’aidant personne et pouvant même peser un peu plus sur les épaules de la pauvre Swan qui avait déjà bien assez à gérer sans avoir ses parents sur le dos. S’il avait la conscience tranquille pour autant ? Absolument pas ! Après tout, il avait promis à sa femme de ne plus lui mentir, il lui avait promis de ne plus rien lui cacher, de ne plus tenter de résoudre les problèmes seul… Mais c’était mieux ainsi ou, du moins, il tentait de s’en convaincre, soulagé que la belle accepte de passer outre pour le moment, lui offrant un répit plus que nécessaire après toutes ces émotions.
« Excellente idée. »
Sourit-il, son regard empli d’une reconnaissance non feinte et non dissimulée. Il l’aimait tellement et était tellement heureux de la retrouver que ses soucis s’évanouirent tout de même un peu, perdus dans ces yeux si envoutants qui lui avait atrocement manqué… Car Esme n’avait rien perdu de sa beauté passée, toujours aussi séduisante malgré les années. Quant à ses sentiments, ils n’avaient jamais faibli, se trouvant même encore plus forts maintenant que l’espoir renaissait. Une seconde chance qu’il n’avait plus espéré et qu’il ne voulait pas gâcher, un miracle pour lequel il était prêt à remercier tous les dieux de la création, même ceux qui n’appartenaient pas à ses propres croyances. Il avait d’ailleurs fait de belles offrandes au temple suite à leur retrouvailles… En sachant qu’il n’avait jamais cessé d’en faire, même pendant les dix années où il n’avait vécu qu’à moitié.
« Pas une seule seconde. » Répondit-il sans la moindre hésitation. Il n’en doutait effectivement pas et n’en avait jamais douté, raison pour laquelle il n’avait jamais réussit à la remplacer en plus de ses sentiments toujours trop brulant pour son épouse. « Pourquoi crois-tu que je n’aie même pas cherché à te remplacer ? »
La taquina-t-il, heureux de pouvoir retrouver cette légèreté et ce bonheur qu’il pensait perdu à tout jamais. Il n’avait pas cherché en effet, refusant même les quelques opportunités qu’il aurait pu avoir en Angleterre ou après son retour au Canada. Personne ne pouvait remplacer Esme et rien ne pouvait tuer son espoir de la retrouver un jour. Et quand bien même il n’aurait pas réussi à regagner sa confiance, il aurait préféré mourir seul… Seul comme il le méritait en vue du mal qu’il avait causé plus ou moins malgré lui en voulant les protéger. Ce pourquoi il avait encore failli, encore malgré lui, en la laissant commander de l’alcool pour lui.
« Je n’en doute pas non plus mais il serait la moindre des choses que je t’aide un peu à traverser ça. » Admit-il, certes soulagé mais toujours aussi désolé. « Puis je ne suis pas réellement censé boire en plus. »
Ajouta-t-il avec un sourire malicieux et en haussant discrètement une épaule. L’Hindouisme n’était effectivement pas un franc partisan de la consommation d’alcool et sa famille était originaire du Gujarat où l’alcool était purement et simplement prohibé… Encore un petit mensonge, cette fois envers les divinités -ce qui pouvait être bien plus problématique mais qui, en réalité, l’inquiétait beaucoup moins, aussi croyant puisse-t-il être.
« Il n’est pas très bon perdant… »
S’amusa-t-il, ne pouvant s’empêcher d’adopter un ton paternaliste quant il parlait de son quatrième fils. Car, si Ravi admirait Jay, le sentiment été réciproque, l’ancien policier ne pouvant qu’admirer le jeune homme. Après tout, lui aussi avait traversé des épreuves compliquées sans jamais perdre espoir et en gardant la tête haute… Un bon garçon, travailleur et loyal, un modèle en soit même s’il était un peu trop coureur au goût de Jayan qui, même s’il avait été plus jeune, n’envisageait plus les choses de la même façon. Sans compter que sa période de Don Juan avait été bien plus brève et qu’il ne la regrettait absolument pas.
« C’était sans doute le meilleur spectacle de la soirée après notre danse ! » Plaisanta-t-il, se souvenant lui aussi très bien de leur petit jeu du chat et de la souris. « Et si tu l’entendais tenter de nier tout en bloc, c’est encore plus hilarant ! » Avoua-t-il, aimant taquiner son petit protégé sur le sujet. Il y allait pourtant encore doucement pour le moment mais, si les choses devenaient plus flagrantes, il ne manquerait pas de le pousser davantage. « J’ai tenté de gratter un peu mais il refuse d’avouer quoi que ce soit. Selon lui, ce n’est qu’une amie qu’il aime taquiner et vice-versa… Peut-être devrais-je me montrer plus subtile la prochaine fois ? » Répondit-il, songeur. Peut-être devrait-il y aller avec le dos de la cuillère ? Plus sérieusement et sans le taquiner ? A voir oui, mais il serait là au besoin, espérant que Ravi le sache. « En tous cas, je ne suis pas sûr d’être le mieux placé pour le conseillé, je te rappelle que c’est toi qui as fait les premiers pas. »
Lui rappela-t-il avec un regard à la fois malicieux et nostalgique. Quoi qu’il était dur de savoir qui avait réellement fait le premier pas dans leur histoire, les choses avaient été tellement évidentes et instinctives ! Il y avait eu cette électricité immédiate entre eux, cette attraction plus forte que celle d’aimants… Un coup de foudre comme dans les films, tout était allé très vite et tout restait encore inexplicable à ce jour. Il souhaitait d’ailleurs un pareil sentiment à tout le monde, cette impression de ne plus toucher terre, ce sentiment de plénitude et de bonheur absolu… Sentiment qu’il retrouvait doucement et qu’il ne voulait plus jamais perdre, pour rien au monde.
« Justement, je pense qu’il a trop d’histoire pour réellement voir celle qui est différente. » Expliqua-t-il, non sans un petit soupir de léger désespoir. « Il est conscient de son charme et en joue, ne passant que très rarement plus de deux nuits avec la même fille… » Jay ignorait les détails de ses histoires mais il ne l’avait en effet jamais entendu parler d’une petite amie et il l’avait souvent vu quitter le bar au bras de filles, presque toujours différentes. « Je sais que ses parents veulent marier sa sœur alors il redoute peut-être devoir y passer lui aussi ? Refusant donc de s’attacher à une femme qu’il pourrait choisir afin de ne pas avoir à la quitter pour un mariage arrangé ? » Proposa-t-il tristement, lui-même étant contre cette pratique. « En tous cas je ne l’ai jamais vu agir ainsi. »
Confirma-t-il sans peine. Il faut dire que ça se voyait à des kilomètres à la ronde et que je le jeune homme était bien trop prompt à se défendre pour que ça ne cache rien de plus… Mais que pouvait-il faire à part tenter de le pousser dans la bonne direction ? En tous cas, il allait se renseigner un peu sur cette jeune femme, surtout qu’elle trainait avec sa fille et Ela… Non pas qu’il soit paranoïaque mais il aimait assurer ses arrières et surtout ceux de ses enfants. Puis, qui sait, en en apprenant plus sur elle il pourrait peut-être trouver un moyen de les mettre ensemble ?
Bien que le visage de son mari l'inquiétait bien plus qu'elle ne le montrait, la mexicaine décida de laisser couler temporairement le sujet afin de profiter de leur soirée. Et puis qui sait? Peut-être avait-il besoin de se changer les idées afin d'après, réfléchir au mieux à une solution viable? Et surtout, réfléchir à une bonne façon de lui en parler à elle ? Dans tous les cas, la belle se promit de revenir sur le sujet à la fin du repas. Il était hors de question de rester dans le flou. Hors de question de retourner dans une vie de mensonge et secret, ils valaient mieux que ça non? Et ils affrontaient toujours mieux les soucis ensemble que séparés. Dix ans d'enfer n'avaient-ils pas suffit à leur graver la leçon dans la mémoire? Pour Esmé, celle-ci était bien gravée et retenue: plus de secret.
Soit, comme promis, elle chassa temporairement le sujet épineux de sa tête, offrant un doux sourire à l'ancien policier qui le lui rendit avec une reconnaissance qu'elle apprécia. Les deux faisaient des efforts pour se découvrir à nouveau et leurs nouvelles manies acquises pendant ces années de séparation forcée où du moins, à rattraper le temps perdu. Pourtant, malgré quelques petits couacs, les deux amants semblaient toujours aussi parfaitement en osmose, n'ayant rien oublier des petits vices de l'autre. La preuve: l'avocate se souvenait parfaitement des cocktails et alcool favoris de son mari. Il faut dire qu'il n'était pas difficile, se contentant souvent des mêmes choses car Jay était comme ça: simple. Enfin, du moins avec ce genre de chose, car la belle avait bien du mal à suivre certains de ses raisonnements dans d'autres domaines.
« Parce que tu sais que cette pauvre femme n'aurait pas survécue longtemps » Répondit-elle, un sourire satisfait au coin des lèvres. Mais elle n'avait jamais douté de la fidélité de Jayan, si il lui disait n'avoir rien tenté, alors il n'avait rien fait. Elle savait quand il mentait ou non, ayant appris chacun de ses défauts, de ses mimiques trompeuses et l'inverse était tout aussi véridique. Esmeralda était incapable de trompé son mari ou de lui mentir. Le peu de fois où elle avait essayé, était pour des surprises et si l'homme jouait le jeu, elle savait très bien qu'il était déjà au courant. Peut-être pas de la surprise elle-même, mais qu'il y en avait une. Après, quelle idée de tenter de cacher des choses à un ancien mafieux devenu policier par la suite? Mais cela faisait partie d'eux, de leur couple. Et malgré tout, la vie n'avait jamais été monotone. Non. Ils avaient toujours réussi à se surprendre, à sortir de la routine ennuyeuse de la vie conjugale… Après, avec des triplés , cela aurait été difficile… Mais avec quatre enfants au total? Ils avaient bien été obligés de souvent improviser et rebondir, donnant pas mal de piquant en plus de leur amour passionnel.
Et il y avait les attentions, une phrase aimante par-ci, un geste tendre ou tout simplement, s'inquiétait pour l'autre, comme à présent. « Depuis quand tu fais des choses sensées? » Le taquina-t-elle avant d'hausser les épaules de façon détachée. « Vraiment, ne t'inquiète pas. Ça me fait un peu d'entraînement comme ça. » Elle ne mentait pas, les dîners entre collègues étaient assez réguliers dans son cabinet, ainsi que les verres de vins. De temps à autre, la tentation était réellement forte mais elle tenait bon, refusant catégoriquement de retomber dans ses vices et de décevoir à nouveau ses enfants. Le retour de Jayan était un puissant soutien, juste sa présence suffisait à rendre la tâche facile.
Cependant, le sujet suivant était bien plus amusant, changeant complètement l'ambiance de ce début de rendez-vous et pour cause: cela concernait les déboires amoureux des jeunes. Et principalement du pauvre Ravi. Un chouette gamin qu'Esmé avait rencontré récemment et qu'elle appréciait réellement. Et si son mari était prêt à la considérer comme un fils, nul doute qu'elle ferait de même, ayant toute confiance dans les jugements de Jay. « Il ne peut pas être mauvais perdant s' il n'a pas participé… Au pire, réserve déjà une prochaine place pour lui? Ça le motivera peut-être à se lancer au prochain concours! » Lança-t-elle simplement, un sourire amusé qui ne semblait pas vouloir quitter son visage au teint hâlé.
« Vraiment? Pitié, dis-moi qu'en niant, il rougit, histoire d'avoir le combo total! » Ria-t-elle avec lui, bien amusée des soucis amoureux du jeune homme. Il faut dire que l'époque n'était pas là même de quand elle avait rencontré son Hindou. La façon de draguer, séduire, était bien différente à présent. Mais des similitudes restaient malgré tout: les regards en coin, curieux de voir ce que fait l'autre, espérant croiser son regard tout en espérant ne pas le croiser. Les sentiments bien contradictoires en soi. « Quand tu dis que tu as tenté de gratter, tu veux dire que tu l'as taquiner ouvertement, n'est-ce pas? » Demanda-t-elle, l'air légèrement accusateur, bien qu'il n'y avait aucun jugement. Une simple taquinerie de plus. « Mais oui, peut-être lui en parler plus "sérieusement" pourrait l'aider? » Après tout, Ravi semblait réellement faire confiance à Jay. Un avis extérieur, sage, pourrait-il aider le jeune homme à se situer plus facilement? « Je me suis juste assise à ta table, le reste, ça s'est fait tout seul. C'était comme une évidence, non? »
Depuis ce jour, l'avocate avait compris tout le sens de l'expression "Coup de foudre" , car c'était exactement ce qu'elle avait ressenti. Elle avait été attiré à sa table sans savoir pourquoi, ce soir-là. Même si le PUB avait rempli à l'époque, il y avait encore pas mal de place un peu partout, mais non, c'était avec lui qu'elle voulait s'asseoir. Le reste? Et bien, le reste n'était qu'un déroulement d'évènement évident. La nuit à danser, les rencards, le mariage, les enfants… Une vie de rêve. Peut-être qu'après une pause de dix ans, la vie de rêve allait pouvoir reprendre? Ou avaient-ils vidés leur facteur chance et bonheur ? Seul l'avenir le dira. Elle n'y croyait pas, car comment décrire cette légèreté qu'elle ressentait depuis leur retrouvaille?
Une légèreté qu'elle souhaitait que ses enfants connaissent un jour, Ravi y compris. A nouveau concentré sur la conversation, l'ex alcoolique rit doucement à l'air désespéré de son époux. « Tu sais, il aurait tord de pas en profiter. Il est mignon comme garçon. » Puis, plus doucement, elle se redressa, réfléchissant à comment exposer ses mots. « Et, en général, quand on refuse de voir la vérité, c'est parce qu'on a peur. Il a peut-être simplement peur? Une expérience qui s'est mal passée à l'époque ou au contraire, n'avoir absolument aucune expérience et avoir peur de se foirer totalement… Il y a plein de raisons possibles… » Déclara-t-elle en attrapant son verre afin de se déshydrater légèrement.
Et Jay confirma ses dires juste après. les traditions de sa culture étaient discutables sur certains points, notamment celle qui consistait aux mariages arrangés. Si Jayan avait suivi cette tradition, sans doute qu'elle ne l'aurait jamais connu. Quelle chance que son époux ai préféré suivre ses envies, avec sa famille adoptive. « Peut-être… Tu devrais en parler avec lui plus sérieusement… Si c'est effectivement ça, ça doit lui peser énormément… Être amoureux et séparé de la personne aimée… Toi et moi on sait à quel point c'est destructeur. »
Destructeur était le bon mot. Non, c'était le mot parfait même. Et elle ne souhaitait pas ça à ce pauvre Ravi. L'impression d'avoir le cœur en miette, voir la vie en monochrome… Vie insipide au point de sé réfugier dans la première chose qui passait dans la tête: l'alcool, le travail, les livres, la télé même. Non, c'était bien trop dangereux… Et Esme ne savait pas encore que sa fille était en train de vivre ce même drame à l'instant présent et heureusement…
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Jayan n'avait jamais aimé mentir même s'il n'avait souvent pas eu le choix. Karma ou non, il avait toujours été convaincu que les mensonges ne pouvaient rien emmener de bon et, récemment, le destin lui en avait offert une belle preuve. Leçon encore douloureusement gravée dans son cœur et sa mémoire, la sienne et sûrement celle de son épouse qui lui faisait grâce d'un autre présent ce soir en acceptant de passer outre au moins quelques heures. Comment pouvait-il mériter une femme pareille ? Comment pourrait-il la remercier pour tout ça ? Même avec tout l'amour qu'il avait pour elle, sa dette était loin d'être payée et il ne pouvait que s'en vouloir d'être aussi médiocre, luttant corps et âme pour être un temps soit peu à la hauteur.
« Et moi non plus. »
Nota-t-il, imaginant bien volontiers la Mexicaine au tempérament de feu lui arracher la tête en le voyant avec une autre. Mais ce n'est pas la peur qui avait fait de lui un homme fidèle au premier regard, c'était l'amour. Ce sentiment sincère et pur, cette certitude d'être avec la bonne personne quelle que soit la situation. Malgré les années, malgré les doutes et la distance, Jay n'avait pas faillit une seule seconde car son coeur n'avait pas flanché : Esme était son âme soeur et le serait jusqu'à sa mort, même si ça voulait dire finir ses jours seul.
« C'est vrai que j'ai toujours eu du mal à l'être en ta présence. »
Admit l'ancien mafieux avec un sourire tendre et amusé, toujours aussi sincère dans ses paroles. Car il n'avait jamais pu réfléchir correctement quand son épouse était autour de lui, s'emportant au quart de tour pour la défendre, oubliant les limites pour la satisfaire et ayant du mal à faire la part des choses par peur de la décevoir ou de la blesser. C'est à cause de cette incapacité d'ailleurs qu'il avait fait l'erreur de 'la quitter'. Encore dans l'extrême, dans l'insensé, le tout avec la meilleure intention du monde pourtant mais, malheureusement, l'intention ne fait pas tout...
« Certes, mais je me dois tout de même de te soutenir au mieux. » Conclut-il, bien décidé à ne pas commander un autre verre même s'ils ne s'attardèrent pas sur le sujet. « Oh ne sous-estime pas la fierté d'un Indien. » S'amusa-t-il, connaissant aussi bien Ravi qu'il ne se connaissait lui-même. « Mais oui, je vais lui imposer une place la prochaine fois, ça le bougera un peu. »
Quoi qu'il pouvait aussi être du genre à se braquer, surtout quand ça concernait la jolie brune visiblement... Pourtant le jeune homme n'avait pas honte de ses conquêtes en général même s'il ne s'en ventait pas pour autant. Son attitude laissait donc le patron sceptique sans pour autant qu'il ne soit capable d'aborder sérieusement le sujet, aussi parce qu'il ne voulait pas paraître indiscret ou remuer un potentiel couteau dans une potentielle plaie... Et ce même si la jeune femme semblait aussi réceptive au charme de l'hindou remarque.
« Il bafouille même et se mélange les pinceaux, c'est adorable. » Enchérit Jay en secouant doucement la tête, souriant avec tendresse comme il l'aurait fait pour l'un de ses fils. « Ce n'est pas comme ça qu'on fait ? »
Question rhétorique bien sûr même si l'ancien flic avait beaucoup de trains de retard sur le sujet... Dix ans d'absence, dix ans à ne pas avoir été père, dix ans à manquer ce genre de conversation... Derrière son sourcil relevé et son air amusé, Jayan avait conscience de son ignorance et il s'en voulait. Il aurait aimé être là pour ses fils tout comme il aurait aimé savoir comment être plus subtile avec Ravi bien qu'il soit toujours prompt à donner des conseils avisés quand on les lui demandait. Seulement le barman refusait de parler de tout ça, se refermant même comme une huître à la simple évocation du sujet...
« Tu as sans doute raison, il va falloir que je trouve comment aborder le sujet sans qu'il se braque de trop. »
Reprit-il plus sérieusement, son air s'étant fait songeur. Mais il n'était effectivement sûrement pas le mieux placé pour donner des conseils et il ne s'empêcha pas de l'admettre. Pas plus qu'elle ne s'empêcha de noter à quel point leur histoire avait été une évidence, ce qu'il ne pouvait pas nier. Là encore, Esme avait raison et il était difficile de réellement dire qui avait fait quoi le soir de leur rencontre, ses souvenirs de la soirée étant pourtant aussi clair que si c'était hier.
« La plus belle de toute mon existence. » Affirma-t-il en attrapant tendrement sa main. Ce n'était pas pour obtenir ses grâces, c'était des plus sincère une fois de plus. « Mais tout le monde n'a pas la chance de vivre quelque chose d'aussi fort ou, du moins, d'arriver à se laisser porter. » Lâcher prise, suivre son instinct, ne pas réfléchir... Ce n'était pas facile pour tout le monde, ils avaient vraiment eu de la chance. « Oui c'est sûr. » Concéda-t-il, n'en voulant pas à Ravi de profiter de son charme même si cette légèreté pouvait expliquer son trouble actuel. « Je ne saurais te dire, même s'il est bavard il parle rarement de lui en fait. Jamais sur sa vie intime du moins ce qui est tout à son honneur. » Reprit-il, réfléchissant sérieusement aux paroles de sa femme tout en cherchant une réponse concrète à l'attitude du jeune homme face à cette situation. Mais il n'avait pas de réponse, pas pour l'instant du moins. « Et je ne le souhaite à personne, même pas à mon pire ennemi. » Soupira-t-il, serrant un peu plus les doigts de son épouse dans les siens. « J'espère en tous cas que ce n'est pas à cause de ça, lutter contre les traditions est bien plus difficile que lutter contre quelques doutes. »
Conclut-il avec un nouveau soupir tout en secouant la tête, l'idée le ramenant douloureusement sur sa conversation avec Swan... Conversation encore toute fraîche qui avait été abruptement interrompue d'ailleurs, le tout serrant à nouveau le coeur de l'indien qui se sentait toujours aussi coupable de tout cela mais qui préféra évoquer la partie 'amusante' à sa dulcinée.
« J'ai... J'ai pu parler à Swan un peu plus tôt dans le journée. Elle aussi est dans la tourmente à cause de son petit ami et elle m'a demandé de lui arranger un mariage pour ne plus avoir à se poser de question. »
Sourit-il bien qu'un lueur de tristesse ne traverse son visage au passage. L'idée lui avait semblé amusante sur le coup, moyen effectivement radical de ne plus souffrir d'une peine de coeur dont Esme devait sûrement être informée. En réalité, Jayan s'en voulait beaucoup de ne pas avoir réagit plus tôt, de ne pas avoir empêché ce petit con de s'approcher de sa fille... Lui qui avait l'air si bien sur le papier, lui qui semblait la rendre si heureuse... Comment les choses avaient-elles pu aussi mal tourner aussi vite ? Et cet accident ? Était-ce le destin ? Le Karma ? Quoi qu'il en soit l'ancien mafieux souffrait de n'avoir rien su faire et de ne pas pouvoir faire plus, ses doigts se serrant encore un peu plus sur ceux de la Mexicaine malgré lui, son regard s'assombrissant aussi un peu malgré ses efforts....
Lui aurait-elle réellement arraché la tête si elle l'avait vu au bras d'une autre…? A vrai dire, elle n'en était pas aussi certaine qu'il semblait le croire. Non, il aurait fort probable qu'elle ne fasse rien en réalité. Rien d'autre que d'observer ce qui se déroulerait devant elle, impuissante, le cœur meurtris. Durant ces dix années écoulées, malgré la colère et la rancœur qui avaient agrippé son cœur comme un poison, elle n'avait jamais cessé d'aimer Jayan. Elle n'avait jamais cessé de penser à lui. Jamais cessé de chérir leur moment passé avant cette séparation forcée. Pourtant, il aurait été mensonge de dire qu'elle n'avait tenté d'oublier. De l'oublier. Acculé par une tonne d'émotions à l'époque, elle n'avait trouvé qu'un réconfort partiel dans l'alcool. Elle était tombée si bas. Esméralda avait été si faible, une mère ratée pour ses enfants.
A présent, elle était là, face à ce mari qu'elle avait tant souhaité oublié, soulagée de ne pas être parvenue à le faire. Amoureuse comme au premier jour, bien plus encore en réalité. Un amour réciproque. Un amour qui poussait à faire des folies insensées… « Tu n'as jamais eu besoin de ma présence pour ne pas l'être. » Aucun reproche, que de la taquinerie. Un moment léger loin des soucis du quotidien. Elle en profitait, en dégustait chaque précieuse seconde. Surtout qu'elle savait que quelque chose allait forcément faire bousculer cette belle soirée. Ne pas s'attarder dessus, profiter, sourire, rire, s'aimer.
« Très bien, je n'insisterais pas dans ce cas! » Capitula-t-elle, levant ses deux mains légèrement en signe de reddition. Quoi qu'elle pourrait dire, elle connaissait suffisamment son mari pour savoir qu'il ne céderait pas à ce sujet. Et en parlant de sujet, le suivant semblait bien plus amusant! « Je ne la sous-estime pas! Je dis simplement qu'on ne peut pas être mauvais perdant, si on ne participe pas. Tout simplement! » S'amusa-t-elle à son tour. « J'ai hâte de le voir en action. » déclara-t-elle finalement. Elle n'avait jamais eu l'occasion de voir le jeune hindou danser. Elle avait entendu parler de ses cours de danses, oui, mais elle n'en avait jamais rien vu. Elle apprenait encore à connaître ce jeune homme qui semblait avoir une place de choix dans le cœur de son mari.
Et tout comme l'ex policier, la mère de famille avait bien remarqué le béguin de son protégé pour l'amie de leur fille. Qui pouvait bien lui en vouloir après tout? Elle semblait très jolie vu de loin. De grands yeux clairs, un sourire ravageur. Et avec Ela, cette fille avait réussi à faire sourire Swan, et rien que pour cela, l'avocate approuvait le choix de Ravi. Oui bon, elle n'était pas objective, mais voir sa fille entourée d'amies et la voir passer un bon moment, c'était très précieux pour Esmé.
« Oh, s' il bafouille, il est clairement sous le charme. Et non, ce n'est pas comme ça que l'on fait! » Souria-t-elle tendrement, bien consciente de ce que cette question soulevait. « Tu sais toujours comment arriver à tes fins. Tu réussiras à le faire parler. Je n'en doute même pas. Laisse-lui juste le temps. Les jeunes… Sont compliqués…»
Après une grimace légère pour étayer ses propos, la mexicaine se remit à sourire avec sa douceur habituelle. Oh oui, les jeunes étaient bien plus compliqué à comprendre. Leurs secrets, leurs amour, tout semblait si compliqué à cette époque. Ou peut-être n'était-ce que eux, qui avaient eux la chance d'avoir une histoire d'amour aussi simple au début? Un coup de foudre, une soirée parfaite. Un délicieux imprévu qui avait changé leur vie à tout jamais.
Serrant tendrement sa main lorsqu'il lui attrapa, la brune ne pouvait qu'acquiescer au propos de l'ancien mafieux. « Nous avons eu beaucoup de chance. Rien n'entachait nos vies à ce moment-là … Cela à dû pas mal nous aider. » Le pensait-elle vraiment? Evidemment. Elle n'était qu'une avocate débutant sa carrière et lui un policier en devenir. Ils avaient eu la chance de se rencontrer lorsque leur cœur et leur esprit étaient apaisés chacun de leur côté. Le bon timing. Non… Un timing parfait même. Une chance que beaucoup n'avait pas. « J'espère que ce n'est pas ça aussi… Mais il sait qu'il peut compter sur toi. Tu connais les traditions… Et même si tu n'as jamais été obligé d'y céder, tu as quand même réussi à construire ta vie avec cette culture. Le bonheur de nos enfants devrait être la priorité, peu importe la tradition. » Declara-t-elle, sincère. Oh, elle avait bien vite appris à connaître le monde de son mari. Elle l'avait découvert avec plaisir, mais, tout comme dans sa propre culture mexicaine, il y avait des choses qu'elle ne comprenait pas. « Il finira par se réveiller et faire le bon choix. Après tout, tu es son mentor alors… Je n'ai aucun doute là-dessus! » Conclua-t-elle avec un sourire satisfait. Oui, elle savait qu'il réussirait parfaitement à guider ce jeune homme. Comme il réussirait avec leur enfants. Le chemin allait être difficile mais pas impossible. Rien ne l'était de toute façon pour lui.
En parlant d'enfant, la déclaration sur Swan la surprit réellement. Esmé n'avait plus réellement eu de nouvelle d'elle, si ce n'était à cette fameuse soirée de la Saint Valentin. Elle avait décidé de ne pas presser sa fille, de la laisser avancer à son rythme, ne pas l'étouffer… Mais en entendant ça, elle commençait à se demander si elle avait réellement fait le bon choix… Devait-elle forcer le contact à nouveau? Pour prendre soin d'elle? Non… Non, elle ne pouvait pas faire ça… De plus, sa fille s'était tournée vers Jayan, ce qui était une très bonne chose. Elle commençait à accepter la situation et peu importe si elle lui en voulait encore… Du moment qu'elle avait quelqu'un avec qui parler.
Après un moment de réflexion, la mère de famille soupira longuement. « L'amour et ses ravages… » Lentement, elle secoua la tête avant de lui adresser un sourire contrit. « Qu'est-ce que tu lui a répondu…? » Demanda-t-elle, serrant un peu plus la main de son mari avant de s'écarter légèrement quand la serveuse apporta les menus. Rapidement, elle remercia celle-ci, avant de se concentrer à nouveau sur Jay. « Et que s'est-il passé avec Nathan? Elle semblait si amoureuse de lui… » Elle se rappelait des étoiles dans les yeux de Swan, de ses éloges sur ce jeune homme. Elle avait l'air si heureuse avec lui qu'elle ne comprenait pas ce qui avait bien pu foirer à ce point en ce laps de temps…
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Jay non plus n'aurait pas été jaloux de la voir au bras d'un autre, pas au sens où ils l'entendaient en tous cas. Comment aurait-il pu l'être de toute façon ? Comment aurait-il pu lui en vouloir de recommencer à zéro et de vouloir être heureuse ? Non, il aurait serré le dents puis il aurait enterré son coeur meurtri dans un coin pour ne plus jamais souffrir de la sorte, il se serait laisser mourir à petit feu sans cesser de se battre pour sa famille malgré tout. Une lutte moins vaillante, certes, mais leur sécurité comptait plus que tout à ses yeux et, pour ça, il aurait survécu encore un peu, assez au moins pour faire en sorte que son décès leur soit le plus bénéfique possible. Après, s'il avait apprit que l'homme en question leur voulait du mal, les choses auraient été bien différentes et l'homme non plus n'aurait pas survécu longtemps... Bien que l'idée de faire souffrir Esme le dégoûte, il n'aurait pas pu rester les bras croisés en la sachant avec une personne toxique, elle méritait mieux. Mieux que lui aussi d'ailleurs... Car il avait été toxique, bien que ce fut malgré lui et qu'il ne compte plus jamais l'être. Mais elle méritait tout de même nettement mieux d'où sa volonté de se battre pour être à la hauteur et pour la mériter chaque jour.
« J'étais parfaitement censé avant que tu n'entres dans ce bar... »
Sourit-il, le regard empli de malice et d'une pointe de nostalgie. L'ancien mafieux se souvenait de ce jour comme si c'était hier et il savait à quel point cette simple soirée l'avait à jamais transformé. Depuis cet instant, après un simple regard, il était devenu un autre homme, pire et meilleur à la fois, une nouvelle version de lui-même qu'il espérait ne pas avoir trop perdu car il avait été bien ainsi, mieux que jamais même...
« Merci, j'aurais au moins l'impression d'être un peu utile. »
C'était dit sur un ton léger mais il n'en pensait pas moins dans le fond. Après tout, il n'avait pas été présent pour elle quand elle avait eu besoin de lui... Pire même, c'est lui qui l'avait poussé dans ce gouffre à cause de ses actions, un gouffre sans fond dans lequel il n'avait même pas pu jeter une corde pour l'aider un peu... Plus tard, il lui avait envoyé Juan mais, ça, c'était une autre histoire et c'était récent, trop tard en vue des années de souffrances qu'il lui avait imposé... Leur avait imposé car il avait aussi poussé ses enfants dans ce précipices... Idée qui ne pouvait que briser un peu plus son coeur qui commençait pourtant doucement à renaître de ses cendres.
« Je pense qu'il n'a pas voulu participer car il n'osait pas inviter sa belle et parce qu'il ne s'attendait pas à notre niveau. » Pensa-t-il à haute voix, un léger sourire en coin s'installant à nouveau sur ses lèvres au souvenir de leur danse. « Moi non plus d'ailleurs, je suis heureux de voir que nous n'avons rien perdu. »
Rien perdu de cette connexion profonde qui les unissaient dans la danse et dans la vie, rien perdu de cette attirance palpable et de cette complicité inexplicable... Comme lors de cette première soirée ensemble, il avait senti son corps transi par le contact avec celui de son épouse, son coeur prêt à sortir de sa poitrine pour rejoindre le sien, leurs pas s'harmoniser sans hésitation grâce à leur regard verrouillé l'un dans l'autre. Ils avaient toujours eu ce lien fort, cette facilité à se comprendre sans un mot, à suivre l'autre sans peur... La danse n'était qu'une illustration de leur âme toujours aussi unies ce qui ne pouvait que le conforter dans cette vague d'espoir qui le berçait depuis leurs retrouvailles.
« Si tu veux, il donne des cours tous les weekends, nous pourrons y passer à l'occasion ? »
Proposa-t-il, aimant passer à l'association pour aider un peu quand il le pouvait et toujours heureux de pouvoir prendre un bain de culture de temps en temps. Remarque, pour ça, il avait aussi le temple où il se rendait souvent, aussi bien par croyance que par envie de se sentir chez lui. Un autre monde, une petite bulle de sécurité et de paix intérieure qui lui faisait un bien fou.
« Mince, ce serait tellement plus simple ! » Soupira-t-il, faussement déçu d'apprendre que les taquineries ne menaient que rarement à des aveux constructifs. « Il va falloir que je revois totalement ma méthode du coup mais, si tu me fais confiance, je sais que je peux y arriver. »
Affirma-t-il, amusé mais sincère. La confiance qu'elle avait en lui avait toujours été un moteur. Son regard, son sourire, un simple contact... Esme était sa drogue comme elle était son moteur, même pendant ces longues années de séparation où il n'avait même pas pu se permettre de garder une photo d'elle auprès de lui... Torture qui l'avait pourtant poussé à jouer de sa mémoire et il était heureux de constater qu'il n'avait rien oublié malgré tout, aucun trait de son visage, aucune mimique, même pas son odeur ne lui avait échappé... Et il ne pouvait qu'être plus fort maintenant qu'il l'avait retrouvé.
« Ils ne sont pas compliqués, ils viennent d'une autre planète. »
Soupira-t-il, cette fois sincère. Même s'il n'avait pas eu la chance de connaître mieux ses enfants, il avait eu un aperçu de leur adolescence et il voyait les Kapoors très souvent. Des jeunes qui avaient évolué dans un autre monde, avec d'autres problèmes et d'autres moyens, deux univers presque incompatibles si les deux côtés n'y mettaient pas de la bonne volonté. Esmeralda avait eu beaucoup de mérite d'élever quatre enfants seule.... Et ils étaient parfaits malgré tout, droits, honnêtes, sincères, il n'aurait pas fait mieux. Il se garda pourtant de le noter pour le moment, se contentant de lui sourire avec tendresse et le regard plein d'une reconnaissance profonde.
« Je pense aussi oui. Nous pouvions nous permettre d'être insouciants et de n'écouter que notre coeur. » Enchérit-il, frissonnant agréablement au contact de sa main qu'il caressait tendrement du pouce. « J'espère qu'il le sait. » Admit-il, conscient que Ravi lui faisait confiance mais tout aussi conscient de sa pudeur et de sa discrétion sur certains sujets. « Au pire des cas, je pourrais parler à ses parents mais je ne voudrais pas le mettre en porte à faux sans être sûr de rien. Sans compter qu'ils semblent avoir mis pas mal de pression sur Ela pour qu'elle accepte le mariage alors je doute que leur parler ne soit très utile... »
Nota-t-il, pensant une fois de plus à voix haute. C'était une situation compliqué et il ne pouvait que comprendre les parents Kapoor qui vivaient au coeur de ces traditions, eux-mêmes sans doute accablés par la pression sociale que ces habitudes pouvaient créer. Avoir des enfants aussi "âgés" célibataires, ne pas avoir de petits enfants, ne pas vivre avec leurs enfants à devoir travailler pour subvenir à leurs besoins malgré leur âge. Les qu'en diras-t-on pouvaient être violents là bas, moralement du moins, et il était heureux que sa famille se soit éloignée de tout ça même s'il adorait le reste de sa culture.
« Ils semblent du même avis mais ils doivent être partagés entre le poids des traditions et leur libre arbitre... Surtout qu'ils ne sont pas une famille pauvre alors ils attirent un peu plus l'attention que les autres. »
Même si, officiellement, les castes n'existent plus, leur héritage reste très ancré lui-aussi et il est donc plus difficile de passer inaperçu selon de quelle famille on vient... Les Kapoor ne font pas partie des familles discrètes et encore moins maintenant que leur commerce dépasse les frontières du Punjab. Pauvre Ravi, il devait être dans un drôle d'état et que dire de la pauvre Ela ! Mais il allait les aider, au moins un peu, il leur devait bien ça.
« Je ne suis pas sûr d'être une référence niveau "bon choix" mais j'ai au moins le mérite de pouvoir lui servir de contre-exemple. »
Se moqua-t-il avec un petit rire tout en secouant doucement la tête. Quoi qu'il n'avait jamais regretté d'avoir sauté sur l'occasion et d'avoir écouté son coeur le soir de leur rencontre. La plus grande folie et la plus belle de toute sa vie... En ça, il pouvait être un exemple oui et il espérait sincèrement que son petit protégé puisse vivre un aussi grand bonheur lui-aussi, il le méritait amplement. D'ailleurs il allait peut-être devoir se renseigner un peu sur la jolie brune ? Juste histoire d'être sûr, même pour Swan ? Aaaah les vieilles habitudes...
« Je lui ai répondu que je ne connaissais personne qui pourrait la mériter et que je lui souhaitais de vivre ce que nous avions vécu car c'est la plus belle chose qui puisse arriver à quelqu'un. » Sourit-il, déçu de perdre sa main mais ne pouvant que suivre le mouvement en attrapant le menu, presque soulagé quand même de pouvoir s'y réfugier pour la suite. « C'est bien là le problème justement, elle est folle amoureuse de lui et ça ne semble pas tout à fait réciproque... »
Admit-il, concentré sur le menu pendant qu'il cherchait le meilleur moyen d'emmener la nouvelle. Aurait-il dû lui en parler avant ? Sans doute oui mais, à l'époque, leur propre relation était encore incertaine et il n'avait pas voulu détruire ce fragile équilibre à peine retrouvé... Tout comme il ne voulait pas lui expliquer la réelle raison de son inquiétude actuelle pour ne pas la faire souffrir inutilement. Chaque chose en son temps non ? Et s'il pouvait la protéger un peu il avait dix ans à rattraper, il ne pouvait pas manquer l'occasion.
« Disons que... » Commença-t-il, posant finalement le menu pour la regarder dans les yeux, bien décidé à jouer carte sur table. « Il y a quelques temps, un homme est venu au pub. Un gars de mon âge, assez classe et vraisemblablement plutôt sobre. Ce n'est pas la première fois que je surprends des clients avoir une attitude assez limite avec mes employés mais il semblait particulièrement hargneux envers Swan et il n'y est pas allé de main morte. Quand j'ai pris sa défense il semblait assez sûr du fait qu'elle ne soit pas une bonne personne, le genre à draguer et à sous-entendre des choses comme si elle était célibataire. Le genre malsain donc, j'ai coupé court à son intervention et il a disparut pendant un moment. Jusqu'à revenir comme une fleur pour m'expliquer qu'il était venu de la part de son fils pour s'assurer que Swan soit une fille bien et qu'il n'en avait pas eu l'impression. Comme si Nathan avait été au courant de ce plan abominable voire même qu'il l'avait cautionné. Un plan macabre pour tester la fidélité de Swan qui n'était ni subtile ni bien interprété sur la finalité... » Reprit-il, ses mains se serrant sur le menu à l'image de ses mâchoire. La conversation lui était restée en travers, comme tout le reste d'ailleurs. « Heureusement que Swan n'était pas là ce jour là mais Ravi oui... Nous en avons discuté tous les deux et avons décidé qu'il ne fallait pas la laisser dans l'ignorance, pas quand des choses aussi malsaines se passaient autour d'elle. Nous avons eu beaucoup de chance que Ravi accepte de jouer les intermédiaire car elle n'aurait pas été en état de me croire et parce qu'il l'a accepté chez lui sans la moindre hésitation, là où elle est en sécurité et bien entourée. Il lui a dit ce que nous savions du père de Nate et de ce plan, je crois qu'elle a quitté l'appartement sans lui dire quoi que ce soit et qu'elle ne lui a plus parlé depuis mais je n'ose pas demander et les Kapoor n'ont pas insisté non plus pour avoir des détails. »
Jay et Ravi étaient en général de bon juges de caractère et ils avaient tous les deux eu l'occasion de voir Nathan individuellement. Des rencontres qui avaient laissé une bonne impression aux deux hindous qui ne comprenaient donc rien à ce revirement brutal de situation et qui n'avaient pas insisté pour en savoir davantage pour ne pas remuer le couteau dans la plaie.
« Ravi semblait pourtant avoir apprécié le jeune homme et j'avais aussi eu une très bonne impression quand j'avais mené un peu mon enquête sur lui. Un petit gars simple et sincère, travailleur aussi, très loin de ressembler à son père qui n'est qu'un macho imbu de sa personne... Mais, visiblement, nous nous étions trompé et les chiens ne font pas des chats. »
Soupira-t-il, sincèrement triste de ne pas avoir remarqué ça plus tôt et de ne pas avoir défendu sa fille comme il l'aurait dû. Nathan avait été un acteur redoutable de toute évidence ou alors il y avait bien plus à toute cette histoire... Enfin, il allait sûrement en savoir plus puisque Swan avait insisté pour rester au chevet du jeune homme suite à l'accident et parce que Ravi avait accepté de veiller sur elle en attendant. Il attendait d'ailleurs des nouvelles imminentes bien que les médecins aient planifié un coma relativement long en vue du choc... Pauvre gamin... Quoi que, méritait-il vraiment de la pitié et n'était-ce pas là un simple revers de Karma ?
« D'ailleurs, j'aimerai ne pas rentrer trop tard pour pouvoir passer du temps avec elle si ça ne t'embête pas. Elle n'a pas voulu que je reste mais, maintenant qu'elle est à la maison, j'aimerai pouvoir la soutenir un peu sans trop l'étouffer pour autant. »
Excellent moyen en effet de retourner auprès de Swan sans inquiéter Esme. Car, après tout, il avait le droit de vouloir partager sa soirée entre les deux femmes de sa vie non ? Et quel bonheur ça aurait été de pouvoir le faire vraiment et dans de bonnes conditions... Mais il avait aussi une dose de dette karmique à payer. Dette qui entachait aussi sa famille et qu'il était impatient de régler pour de bon afin de pouvoir les protéger et les aimer comme il se doit. Un jour peut-être. Il ferait tout ce qu'il pouvait en tous cas.
« Alors ça, tu l’as affirmé pendant des années, mais je n’ai jamais eu aucune preuve que tu étais censé avant! » Et c’était vrai. Ils en avaient souvent discuté et plaisanté au fil des années. Les années avant le drame, quand ils étaient heureux. A l’époque, Jayan et elle avaient été deux amants passionnés qui oubliait toute réalité par amour. Il n’y avait qu’eux et leurs familles. Rien d’autre. Cela n’avait pas plu à tout le monde mais Esmé n’en avait jamais rien eut à faire. Elle avait toujours eu confiance en son mari et même après cette rupture de dix années, rien n’avait changé. Tout comme cette complicité. Même s’ils étaient encore un peu maladroits, tentant de se redécouvrir, Esme aimait toujours cet homme qui avait fait battre son cœur comme aucun autre avant lui. Ni après cela dit.
D’un mouvement de la main, elle balaya sa phrase, pas réellement d’accord avec lui mais ne voulant pas non plus entrer dans un débat qui ne ferait que raviver des douleurs inutiles. Jay n’avait jamais été inutile. Il avait fait de mauvais choix, mais toujours en ayant à cœur de protéger leur famille. Des choix qui les avaient tous brisé mais il n’était pas le seul fautif. C’était elle qui avait fuit loin du plan qu’il avait prévu. Qui avait caché à ses enfants la vérité et qui avait faiblit et fait de leur vie un enfer. Oui, elle était bien plus fautive que lui en réalité…
Sujet plus plaisant que voilà : Ravi et ses frasques amoureuses. Ou plutôt, sa frasque ? Peu importe, le jeune hindou semblait complètement sous le charme de l’amie de sa fille. Laissant son esprit vagabonder un instant, elle se demandait si les triplés étaient aussi gauches et peu sûrs d’eux que ce pauvre Ravi ? Pour Swan, elle la connaissait fleur bleue. Sa fille avait toujours aimée les histoires d’amours et les contes de fées. La mexicaine souhaitait vivement que sa fille connaisse le grand amour un jour. La totale. Cet amour qui vous fait perdre la tête, qui emmènera son cœur faire des montagnes russes mais surtout, qui lui procurera ce bonheur si intense qu’il en était parfois douloureux… Car c’était exactement ce qu’elle ressentait avec son mari. Un amour si intense qu’il lui faisait mal au cœur et lui avait fait faire des choix insensées… Mais un amour qui la faisait se sentir vivante quand il était avec elle et morte quand il l’avait quitté. Oui, elle souhaitait ce genre d’amour à sa fille, sans la trop grande douleur… Elle ne savait pas encore que son souhait fût déjà exaucé…
« Il n’osait pas… Mon dieu, il est réellement mordu en fait ? » Elle sourit tendrement à la suite de sa phrase. « Danser avec toi, c’est comme le vélo, ca ne s’oublie pas. Mais je suis heureuse aussi de constater que nous sommes toujours sur la même longueur d’onde. » C’était comme si, à peine retrouver, leur fréquence respective s’était connectée à nouveau. Ni plus, ni moins.
« C’est une bonne idée ! Il enseigne aux enfants, c’est ça, non ? » Elle n’était pas réellement certaine d’avoir bien comprit le rôle du jeune homme dans l’association. Il fallait avouer qu’il y avait beaucoup d’information à noter et bien qu’elle ai de nouveau toute sa tête, elle avait un peu du mal à tout suivre avec les changement qu’elle subissait dans sa vie depuis quelques mois maintenant. De plus, elle avait du mal à se concentrer, sachant qu’elle s’inquiétait énormément pour Swan.
« Bien sur que j’ai confiance en toi. Il n’y a rien qui te résiste… Ce n’est pas un jeune homme amoureux qui va changer ça! » Déclara-t-elle avec amusement, mais toujours avec sincérité. Oui, elle avait à trois cent pourcent confiance en son mari pour ce genre de chose. Il trouverait les mots ou juste la manière d’aborder ce sujet délicat. Car quoi de plus délicat qu’un cœur amoureux, n’est-ce pas ? Cependant, il n’avait pas tord, les jeunes étaient compliqués à cerner. Beaucoup trop de chose séparait l’ancienne génération et la nouvelle. Était-ce aussi le cas de leurs parents et eux à l’époque ? Il n’y avait pas les réseaux sociaux, certes, mais il y avait un changement de vie. La musique, les sortie, les années Peace and Love. Peut-être que Jayan et elle ne faisait que ressentir ce que leurs propres parents avaient ressentie autrefois. La roue tourne après tout.
Avec un doux sourire, elle approuva ses paroles cependant. Oui, ils n’avaient eu qu’à écouter leur cœur et Dieu seul savait qu’elle n’avait rien regretté. Donner sa confiance à un ancien mafieux, devenue policier… Une grosse folie faîte par amour. Et alors qu’elle était là, assise face à lui, profitant de ses douces caresses, elle ne regrettait rien, si ce n’est les dix ans de séparation. Oui, c’était bien là son seul regret.
« Je suis certaine qu’il le sait. Mais cela peut être difficile d’en parler… Surtout s’il ne se l’avoue pas encore. » Et si c’était l’un des problèmes ? Peut-être que Ravi n’en parlait pas car il ne se rendait pas compte de ses sentiments ? Même si pour le publique extérieur, cela se voyait comme le nez au milieu du visage. Même un aveugle pouvait le sentir. « Je ne suis pas certaine qu’en parler à ses parents soit une sage décision… Les affaires de familles, cela reste sacré, peu importe la culture. Tu imagines si quelqu’un était aller parler à ma mère à ma place quand j’ai accepté ta demande ? Elle aurait été vexée, t’aurait étranglé avant de me tuer sur place ! » L’espace d’un instant, elle afficha une grimace avant de rire doucement. La mère d’Esme avait été un cauchemar au début de leur relation. Elle s’inquiétait sans cesse de savoir sa fille avec un homme à peine rencontrer. D’une origine où les traditions étaient justement bien trop ancrées… Mais après quelques temps, elle avait adoré Jay. Elle l’avait considéré comme le gendre idéal. A chaque visite, elle l’avait gâté comme un fils et comme toute bonne mère mexicaine, elle avait entrepris de le gaver à chacun de leur repas en commun. Ce souvenir lui serra doucement le cœur, celle-ci étant décédée pendant les dix années écoulées.
« Ce n’est pas une situation facile… Mais ils feront les bons choix pour leur bonheur. J’en suis certaine. Ce sont des jeunes adorables et ils ont la tête sur les épaules. » Nota-t-elle avant de lui taper rapidement sur les doigts afin de le punir de ses propos. « On a tous fait des erreurs Jay. Mais malgré nos choix douteux, on le faisait avec l’envie de bien faire et la différence est là. »
Le sujet suivant fut bien moins léger aux yeux de la mère de famille. Certes les soucis de traditions étaient un sujet lourd, mais, même si elle adorait les Kapoor, ses enfants passaient au premier plan. Et Swan, sa petite fille, son petit trésor souffrait apparemment. Plus attentive, l’avocate se redressa pour écouter au mieux. « C’était une excellente réponse. Si tu lui trouve un mari, tu perdras autre chose ! » Posant délicatement le menu sur le côté, elle se concentra sur l’Hindou. Elle voyait bien que quelque chose le tracassait à nouveau : était-ce la raison de son retard ? Ce qu’il lui avait promis d’en parler plus tard ?
« Comment ça, pas réciproque ? » S’impatienta-t-elle, refusant de regarder le menu tant que l’explication ne lui aurait pas été fournie. Têtue ? Si peu… Par chance, il abandonna à son tour la liste de mets et elle soutint son regard, avec une curiosité protectrice qu’elle ne savait cacher. Son visage se décomposant au fur et à mesure de son récit…« QUOI ? JE VAIS LUI ARRACHER LA TÊTE A CE MERDEUX. » S’écria la latina sans même prêter attention aux regards interloqués de ses voisins de table. « Voilà ce qu’on va faire. Tu l’attrapes, tu le tabasses et si tu as besoin d’un avocat, je te sortirais de là. » Maugréa-t-elle, indignée que qui que ce soit puisse douter à ce point de sa princesse. Swan était une enfant si douce et fidèle, que seul un abruti ne pourrait le voir.
Calée dans sa chaise, les bras croisée et l’air indignée, elle avait conscience de sans doute en faire trop. Une vraie drama queen de télé novela sans aucun doute. Mais merde quoi ! C’était inadmissible. « Attends une minute… Est-ce que vous avez entendu le gamin confirmé ça ? » Après un moment, la belle décida de réfléchir tout de même… Tout le monde semblait chanter les louanges de ce jeune homme… Il ne pouvait tout de même pas avoir tromper un ancien mafieux aussi facilement ? « Si il l’a confirmé, on laisse les triplé le tabasser aussi. » Déclara-t-elle en maugréant un instant, prenant finalement le menu après avoir bu une gorgée de son soft. Soft qui manquait cruellement d’une lichette de vodka, là, tout de suite…
« Bien sur… On peut même reporter le diner et rentrer maintenant si tu souhaites la rejoindre ? Je préfère la savoir accompagnée que seule… » Soupira-t-elle doucement… Sa fille lui manquait atrocement, mais elle savait qu’elle n’avait pas le droit de s’immiscer dans sa vie. Pas après ce qu’elle lui avait fait subir… Pas après ces années à être ivre morte et à l’avoir laissé se démerder comme une adulte alors qu’elle aurait du profiter de sa jeunesse… Et savoir que la vie continuait de s’acharner sur Swan, anéantissait le cœur de la pauvre mère dépassée… Oui, elle avait besoin d’un verre en réalité.
It was like shooting a sitting duck, a little smalltalk, a smile and baby. I was stuck I still don't know what you've done with me. A grown-up woman should never fall so easily
S'amusa-t-il avec un petit sourire en coin qui gâchait totalement le faux air offusqué qu'il ne tentait même pas vraiment de prendre. Sans compter qu'il n'avait jamais réellement été censé quand ça concernait Esme, n'écoutant toujours que son cœur et suivant toutes les folies qu'il lui murmurait de faire pour ses beaux yeux. Ils avaient vraiment eu de la chance de se trouver et de pouvoir vivre autant d'aventures ensemble, ça lui avait tellement manqué... Tout comme le fait de se sentir utile, le fait de s'impliquer dans sa vie en accompagnant chacun de ses pas. Non pas qu'elle ne soit pas capable de s'en sortir seule mais ils avaient beaucoup évolué ensemble et s'était toujours soutenu dans tous les aspects de leur vie. Toujours là l'un pour l'autre, toutes les épreuves la main dans la main comme un seul être, unis.
« J'en ai bien peur oui ! » Plaisanta-t-il en secouant doucement la tête. Pauvre Ravi, lui qui semblait toujours si sûr de lui avec les femmes ! Mais c'était beau à voir tout comme il avait été beau de voir qu'ils étaient toujours aussi fusionnels une fois sur la piste. « Moi aussi. »
Admit-il bien que "heureux" soit un faible mot pour exprimer ses sentiments. Il était comblé, soulagé, rassuré, émerveillé, reconnaissant, et bien d'autres adjectifs encore à l'idée qu'ils puissent effectivement encore être sur la même longueur d'onde. Petit détail qui voulait dire beaucoup et qui avait fait renaitre la flamme de l'espoir dans son vieux cœur. Quoi qu'elle n'avait jamais réellement tari malgré les épreuves et malgré les récents évènements mais ça avait eu un grand effet sur lui et son regard valait mille mots à cet instant précis. Un regard tendre et plein d'amour, plein d'espoir aussi mais surtout plein d'une reconnaissance ineffable car il savait la chance qu'il avait de l'avoir avec lui aujourd'hui, qu'elle soit là malgré tout... Là et merveilleuse, connectée comme toujours, parfaite.
« Oui c'est ça ! Et ils sont vraiment adorables, je suis sûre que tu vas être sous la charme. » Reprit-il, ému par le souvenir de ces petits bout de chou qui se donnaient à fond sur scène, fier de leurs origines, fiers de leur professeur et fier de partager leur passion malgré leur jeune âge, de vrais petits anges. « Rien n'est moins sûr, tu sais mieux que personne toutes les folies qu'un jeune homme amoureux peux faire !»
Sourit-il à nouveau, le regard taquin. Esme ne le savait que trop bien puisqu'il avait effectivement fait beaucoup de folies pour elle, des choses parfois un peu dangereuses mais toujours par amour et pour l'impressionner. Pour sa défense, il n'avait rien à perdre avant de la connaître, rien à part sa sœur qu'il avait une peur bleue de ne pas pouvoir assumer de toute façon, arrivant même parfois à se convaincre qu'elle serait mieux sans lui, moins en danger surtout... Ils en avaient reparlé depuis bien sûr et Jules lui avait rappelé tout ce qu'il avait fait pour elle aussi, tous les bons moments qu'ils avaient traversé même avant l'arrivée d'Esme. Hors il ne pouvait pas nier qu'elle l'avait rendu meilleur, faisant de lui un grand frère encore plus responsable et plus attentif, un père finalement, celui dont la jeune fille avait besoin à l'époque et qu'il était ainsi devenu pour elle en même temps que pour ses propre fils.
« Le problème vient sûrement de là oui... » Soupira-t-il, conscient que Ravi devait être en plein doute, surtout en vue de sa nature de Don Juan... « Étranglé ? Je pense que tu es trop douce, elle aurait fait mille fois pire ! »
Dit-il dans un éclat de rire sincère mais aucunement moqueur. Même si sa belle mère avait été difficile à vivre au départ, elle l'avait finalement accepté dans la famille comme son propre fils et il l'avait adoré pour ça. Il s'était senti chez lui, retrouvant en elles les deux mères qu'il avait perdu trop jeune et dont il avait toujours rêvé. Une femme forte mais douce, têtue mais attentionnée, aussi parfaite que sa fille en somme et la meilleure belle mère dont il aurait pu rêver. Il s'en voulait d'ailleurs beaucoup de ne pas avoir été là lors de son départ, elle lui manquait atrocement...
« J'espère aussi. » Sourit-il avant d'exagérer une grimace de douleur face à sa petite tape. « C'est vrai oui. »
Comment dire le contraire alors qu'il avait effectivement prit toutes ses décisions en ce sens ? Toutes les erreurs qu'il avait faites depuis qu'il connaissait Esme n'avaient été faites que dans l'espoir de faire bien alors qu'il apprenait maladroitement comment faire. Pour la plus grosse, il l'avait faite pour les protéger ou, du moins, pour tenter de le faire sans grand succès même si, finalement, ils étaient tous vivants ce qui prouvait qu'il ne s'était pas trop trompé quand même... Bref, une fois de plus, la belle Mexicaine avait raison, qualité qui agaçait un peu parfois l'Hindou qui aurait aimé pouvoir la contredire un peu de temps en temps ! Mais il n'aurait jamais souhaité qu'elle change, trouvant admirable la lueur d'inquiétude qui brillait dans ses yeux et la passion qui avait soudain enflammé tout son être en apprenant la vérité sur son inquiétude. Esme était une réelle mère lionne, le genre de femme qui vous fait frissonner de peur autant que d'admiration... Si elle savait comme il la trouvait belle malgré son énervement et comme il aimait la voir aussi protectrice et passionnée ! Mais l'heure n'était pas au sourire rêveur qu'il retint néanmoins avec difficulté, heureusement aidé par la réelle gravité de la situation.
« Cariña... » Dit-il tendrement en posant une main sur la sienne, incapable de savoir si c'était ce geste qui l'avait fait baisser d'un ton malgré ses paroles toujours acides qui, cette fois, eurent raison de son courage et l'obligèrent à sourire avec tendresse et admiration. « Je trouve ce plan excellent. » C'était vrai en fait et il l'avait même déjà fait pour un autre récemment, heureusement assez malin pour ne pas allez trop loin et donc pour ne pas avoir eu besoin d'un avocat. Mais, cette fois, c'était différent car il n'avait pas eu l'impression d'être dans le juste vis-à-vis de Nate... « Pas que je sache non... Mais quel intérêt aurait-il à confier une chose pareille même si c'était vrai ? » Nota-t-il, à moitié soulagé de voir qu'elle semblait aussi partager ses doutes. Et s'ils s'étaient trompé sur lui ? S'il avait mis la vie du jeune homme en danger malgré lui, détruisant une fois de plus la vie de sa fille au passage ? L'horreur... « Si je leur en laisse le temps. »
Reprit-il, la gorge serrée par cette culpabilité étrange et par la colère toujours bien présente du "si c'était vrai". Car il n'aurait pas de pitié dans ce cas, on ne traumatise pas sa fille sans en subir les conséquences... Une chance d'ailleurs que son ex ne soit plus de ce monde sinon il aurait passé un très mauvais quart d'heure, aussi horrible soit l'idée de penser à une chose pareille... Mais il était père et la santé de ses enfants était primordiale, surtout maintenant qu'il était de retour dans leur vie.
« Je... J'ai besoin de te voir un peu. »
Admit-il à demi-mot, n'osant pas réellement dire à quel point s'était vrai. Swan était peut-être de retour mais Esme lui manquait et cette situation le retournait profondément. Voir sa femme même juste une petite heure pourrait lui redonner l'énergie nécessaire à faire les bons choix, il en était certain, ça avait toujours été le cas de toute façon, elle était son soleil, sa batterie, son phare.
« Je ne suis plus sûr de savoir être un père et la voir ainsi troublée par une histoire de cœur je... J'ai peur de ne pas trop savoir quoi faire ou quoi dire. Puis ne t'en fais pas, elle est avec les Kapoors justement. »
Ce qui était vrai en un sens... Et heureusement qu'ils étaient là une fois de plus. Tout comme il s'estimait heureux d'avoir un peu de temps avec Esme, chaque minute lui étant plus précieuse que tous les trésors du monde...
« Je ne te traite pas de menteur, je dis juste que je n'en ai jamais eu la preuve! » Se défendit-elle, levant les mains en l'air, comme une coupable plaidant son innocence. Son sourire taquin toujours bien vissé sur son visage. Quelle chance qu'elle avait eu de croiser son chemin dans ce bar! Elle ne s'expliquait toujours pas pourquoi elle avait directement été attirée par lui ce soir-là. Son regard s'était posé sur sa table et pouf, le destin s'était enclenché. Un coup de foudre qu'elle ne pensait possible que dans des films à l'eau de rose dont elle était si friande.
Était-ce arrivé à ce pauvre Ravi? Ce fameux coup de foudre qui terrassait tout sur son passage? Qui faisait de la personne convoitée l'unique chose qui comptait? Elle le lui souhaitait sincèrement, qu'il connaisse cet amour si fort, si envoûtant, enivrant. A vrai dire, elle le souhaitait à tous ses proches. Même si celui-ci finissait toujours par faire mal à un moment. Une douleur atroce mais qui rendait la chose si réelle. Un amour sincère, puissant. Un amour qui menait à la folie. Mais quelle folie. Oui, elle souhaitait cet amour à tous les gens qu'elle chérissait. Car une fois la douleur apaisée, les retrouvailles étaient si douces, si tendres.
Tendrement, l'avocate serra la main de l'homme qu'elle avait retrouvé. Pas besoin de mots, leur regard parlait pour eux, comme autrefois. Il témoignait d'amour, de tendresse mais aussi de respect et de remerciement. L'avantage avec l'âme sœur: les paroles étaient parfois inutiles. Un simple geste, un simple regard suffisait. Ils en avaient tellement usé à l'époque, quand les enfants étaient dans les parages ou quand ils se retrouvaient à une énième réception chiante à mourir. L'ancien policer avait toujours comprit sa femme et Esmé se sentait bénie que cela soit toujours le cas.
« Tu sais très bien que je ne résiste pas à la bouille d'un enfant! » C'était vrai, même avant qu'elle soit elle-même mère, elle avait toujours craqué sur les bouilles angéliques de ces petites choses. Elle avait d'ailleurs été très claire avec Jayan au début de leur relation: elle voulait des enfants, une grande famille! Et il l'avait comblé au-delà de toutes ses espérances! « Justement, pour en avoir été un, tu sais mieux que quiconque comment "gérer" ça! Tu n'as qu'à lui confier une de tes nombreuses bêtises! » Ria-t-elle avant de secouer délicatement la tête. La mexicaine avait failli faire une ou deux crises cardiaques avec les folies de son mari. Mais elle mentirait en disant que ces nombreuses frasques ne l'avaient pas amusé après coup, une fois les frayeurs passées. Combien de fois l'avait-elle engueuler après une frayeur? Elle ne comptait même plus! Elle avait aussi souvent bouder, même si cela n'avait pas duré très longtemps.
« Il finira par capituler et accepter ses sentiments. C'est là qu'il aura besoin de toi! » Le rassura-t-elle, un sourire tendre sur les lèvres. Elle ne doutait aucunement de ses dires. Jeune ou pas, finalement, les amoureux se ressemblaient tous au fond. « D'accord, elle t'aurait étripée. Mais ce n'est pas de sa faute, c'est le sang mexicain. » S'amusa-t-elle à son tour! Elle-même avait pris ce côté agressif de sa propre mère. Après tout, les chiens ne font pas des chats. Jamais Esméralda ne s'excusera de ce côté de sa personnalité d'ailleurs. Plutôt mourir. Non, elle était une mère protectrice. Et même si sa descente aux enfers l'avait empêché de faire son rôle convenablement, maintenant qu'elle avait toute sa tête, elle comptait bien étriper toutes personnes qui ferait souffrir un de ses enfants.
Bien amusée par sa fausse grimace, la belle se contenta d'hausser les épaules, chassant la discussion d'un balayement de la main. Elle le pensait, il lui avait fallu plusieurs années pour retrouver son bon sens. Des années et une longue cure de désintoxication à l'alcool. Mon dieu qu'elle était tombée si bas… Jayan loin d'elle, Torres avait fanée bien rapidement. Elle avait essayé au début, de tenir le coup, de s'occuper de ses enfants. Elle n'avait pas réussi, elle avait faibli jour après jour et avait finalement sombré dans le vice de l'alcool. Éloignée, ces enfants de monde dangereux lui avaient semblé une si bonne idée au début, mais elle avait été si en colère contre son mari, que son jugement avait été biaisé.
Et comme pour appuyer ses pensées, Jayan lui confia enfin ce qu'il s'était passé. La douleur de Swan. La douleur de sa petite princesse. Il n'en fallut pas plus pour que la mère s'enflamme de tout son être. Lancée dans sa salve de mère, elle ne remarqua pas le regard doux de son mari, préférant maudire Nathan et son père du mal qu'ils avaient fait subir à l'un de ses trésors. Par chance, Jay la calma rapidement, d'un simple surnom et d'un geste tendre.
« Je ne vois pas pourquoi tu souris, ce n'est pas drôle! » maugréa-t-elle après qu'il ait, cependant, validé son plan. Même si son sourire était doux, la femme au sang chaud avait un peu de mal à s'apaiser. Elle voulait enflammer le pantalon du père de Nathan… Littéralement. Lui foutre le feu au cul après y avoir balancé une tonne de combustible. Après un instant, elle décida d'analyser la situation. Heureusement, elle avait toujours le même schéma… S'énerver, réfléchir, agir. Le souci était qu'on ne savait jamais dans quel ordre cela pouvait arriver, surtout pour la partie agir. « Ou peut-être qu'il n'est pas au courant de tout ça… Personne n'a sa version je suppose. Pourquoi enverrait-il son père pavaner devant le patron de sa copine…? Je ne trouve pas de sens à cette action… » Soupira-t-elle. Ils auraient dû se douter que dire ça au patron de Swan, c'était pour à coup sûr que Swan elle-même soit au courant. Et c'était pire encore quand le dit patron était le père. Non, décidément, elle ne comprenait pas du tout le sens de tout ça. « Tu ne vas pas fracasser le crâne d'un gamin, Jay! » Déclara-t-elle en tapant à nouveau sur sa main, comme pour le ramener à la réalité. Même si c'était une crapule, il restait bien plus jeune et moins costaud que son mari.
Bien qu'il soit costaud, il était aussi d'une sensibilité qui touchait la mexicaine chaque fois un peu plus. Alors quand elle lui proposa d'écourter le restaurant pour qu'il puisse s'occuper de Swan, sa réponse la fit littéralement fondre. « Si je ne t'avais pas déjà épousé, je te dirais oui immédiatement rien que pour ce que tu viens de dire! » Lui souria-t-elle tendrement. En une phrase, il avait apaisé la colère et l'inquiétude qui habitait Esme et qui la tiraillait. Il avait besoin d'elle? Elle serait là. Peu importe quand, peu importe comment…
« Fais comme tu faisais autrefois… Montre-lui que tu es là. Que tu ne bougeras pas. Ne la force pas à parler, écoutes-là simplement. C'est ce dont elle a besoin en ce moment. D'une bulle réconfortante. » Même si elle avait été une mère abominable ces dernières années, elle savait que Swan avait besoin d'être en paix. « Pousse-la à voir ses amis… Elle avait l'air heureuse avec les filles. Rappelle-lui qu'elle ne doit pas tout gérer seule…Elle en a pris l'habitude à cause de moi et s'est perdue en chemin..» Avoua-t-elle cette fois, le cœur serré. C'était de sa faute. Swan avait gérer la famille quand elle s'était écroulée. Elle avait tout laissé sur les épaules de sa fille au lieu de l'aider à grandir et à s'affirmer. Elle aurait dû lui apprendre à avoir confiance en elle… Quel exemple épouvantable elle avait fait…
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C'est vrai qu'elle n'avait pas de preuves et il n'en avait malheureusement pas à fournir car, comme toujours, la belle Mexicaine avait raison : Jayan n'axait jamais été réellement censé, même avant de la rencontrer. Il faut dire qu'il avait passé sa jeunesse à être le bras droit d'un Don de la Mafia Londonienne, risquant tous les jours sa vie et n'hésitant pas à jouer des poings ou à user d'armes à feu pour se faire comprendre. Violence qu'il avait gardé dans son cœur jusqu'à leur rencontre et qui avait fait de lui un policier aux méthodes extrêmes bien qu'extrêmement efficaces. Un homme qui n'avait pas peur de mourir et que la soif de vengeance rendait aveugle, un homme qui voulait protéger sa sœur même si ça voulait dire devoir disparaître un jour du tableau pour qu'elle soit heureuse... Une fois Esme dans sa vie, sa folie s'était transformée et la violence s'était apaisée. L'envie de vengeance restait tapie dans l'ombre mais le reste n'était que pour la belle, pour l'impressionner, pour lui prouver son amour et pour devenir un homme meilleur. Insensé donc, juste un peu différemment qu'il ne l'avait toujours été.
« Heureusement que ce n'est pas un vrai procès sinon je crois que mon cas serait désespéré... »
Soupira-t-il en secouant doucement la tête dans une petite grimace de désespoir exagéré. Non seulement il n'avait pas de réels arguments mais il savait que sa femme était redoutable, elle l'avait toujours été et il en était on ne peut plus fier, surtout maintenant qu'elle reprenait du poil de la bête. Ce qui ne l'empêchait pas de rester la femme douce et tendre qu'il avait toujours aimé, celle qui avait toujours rêvé d'une grande famille et qui ne pouvait pas résister à une petite frimousse joufflue. D'ailleurs, il n'avait jamais été plus insensible qu'elle même s'il n'aurait pas nécessairement envisagé autant d'enfants en si peu de temps !
« Et c'est bien ce qui m'inquiète ! »
La taquina-t-il bien qu'il sache qu'avoir un autre enfant n'était pas au goût du jour. Ils avaient déjà bien assez à faire avec les leurs, sans compter qu'ils devaient aussi prendre le temps de se retrouver, choses qui n'allait pas se faire en un jour. Ils n'avaient, du reste, pas encore oser franchir cette étape même s'il devait admettre que l'envie été grande... Mais chaque chose en son temps, il devait la séduire, lui prouver qu'elle pouvait lui faire confiance, faire renaitre la passion doucement... Leur danse avait d'ailleurs été aussi rassurante que troublante à ce niveau, lui rappelant à quel point leur corps étaient en symbiose et à quel point ils se comprenaient aussi physiquement. Les regards se passaient de mots mais les gestes aussi et ils se comprenaient, anticipaient les pas de l'autres avec une harmonie parfaite, harmonie qu'ils avaient développé dans une toute autre danse et qui avait réglé beaucoup de pseudo disputes... Bientôt peut-être, patience.
« En espérant que ça ne lui donne pas de mauvaises idées ! »
Nota-t-il bien qu'il ait aussi des bêtises "mignonnes" à raconter. Peut-être devait-il en effet lui parler de sa propre expérience pour le convaincre ? Lui faire croire qu'il parle de lui pour que Ravi se confie ? C'était à réfléchir mais Jay était heureux d'avoir l'avis de son épouse qu'il savait toujours éclairé et raisonnable.
« Sûrement oui et j'espère que je serai à la hauteur car c'est un exercice périlleux. »
Admit l'ancien flic avec un soupir songeur. Il avait manqué plus de dix années de paternité et avait peur d'avoir perdu la main, surtout qu'il avait raté leur d'adolescence , période la plus importante dans la vie de ses enfants, celle où toutes ces histoires de cœur sont intenses et complexes... Saura-t-il gérer celle de son "fils de cœur" ? Aura-t-il la sagesse nécessaire pour le guider correctement ? Une chose est sûre, il allait faire de son mieux et comptait bien faire de même pour ses vrais enfants un jour. Quoi qu'il devait déjà le faire en vue de la situation actuelle de sa fille qui ne manqua pas de faire bondir la lionne qui vivait en Esme... Une réaction animale et sincère qui ne put que le faire sourire tendrement malgré tout, faisant ressortir tout l'amour et l'admiration qu'il avait pour son épouse qui avait elle aussi ce sans Mexicain dont ils avaient plaisanté un peu plus tôt.
« Ce n'est pas de l'amusement mais de l'admiration. » Se défendit-il en levant sa main libre comme un signe de reddition. « J'aime cette force en toi, c'est plus fort que moi. » Admit-il en caressant doucement la main qu'il tenait encore alors qu'Esme s'apaisait un peu. « Son père a été assez clair mais je n'ai effectivement pas la version du gamin... Et ça ne me paraît pas logique non plus seulement il semblait tellement sûr de lui que j'avoue ne pas savoir que penser. » Expliqua-t-il, se souvenant parfaitement de la scène et des paroles du malade... Seulement il trouvait aussi cela étrange et il ne pouvait donc pas nier l'avis de son épouse. « C'est vrai mais je ne peux pas non plus rester les bras croisés cette fois. »
Répondit-il avec une soudaine gravité à faire des frissons dans le dos. Jayan n'avait pas oublié l'accident de sa fille, il n'avait pas oublié le monstre qui lui avait fait tant de mal en son absence, celui dont il ne l'avait pas protégé comme un père aurait dû le faire. Hors de question que ça arrive une fois de plus, hors de question qu'un autre homme fasse du mal à sa petite princesse impunément. Alors peut-être qu'il ne lui fracassera pas le crâne mais, tout comme pour l'ex de Naya qui avait tenté de les agresser, il allait le choper par le col et le plaquer au mur, son regard noir furibond et son plus bel air menaçant. Et si les mots ne suffisaient pas, si la menace n'était pas suffisante alors oui, il allait frapper et frapper fort... Car il n'était pas à ses fils de se salir les mains, c'était son rôle.
Rôle qu'il ne pouvait néanmoins pas tenir totalement sans elle, chose qu'il ne manqua pas de lui avouer alors qu'elle proposait d'écouter la soirée. Seulement il n'était pas prêt à retrouver Swan tout de suite, pas sans avoir eu son avis et surtout sa force. Car le simple fait de la voir lui redonner du courage et l'aider à aller plus loin. Esme l'avait toujours rendu meilleur et ça lui avait manqué. Trop pour qu'il accepte de partir si vite, trop pour qu'il ne profite pas de chaque précieuses secondes passées en sa compagnie, surtout en vue de ce qui allait l'attendre une fois à la maison... Heureusement que les Kapoors étaient là pour l'aider dans un premier temps, heureusement qu'ils avaient prit le relai et qu'ils savaient tout... Et qu'elle chance que ce repas tombe ce soir finalement !
« Tu... »
Commença-t-il, lui même parfaitement surpris par le pincement brutal qu'il avait sentit dans son cœur face à ses paroles. Une idée improbable venait de lui traverser l'esprit, une de ses fameuses idées folles qu'ils avaient évoqué un peu plus tôt. Ce n'était pourtant pas le moment mais son cerveau ne fonctionnait plus, ce dernier manquant de sang tant son cœur s'était mis à battre vite. Ils étaient toujours mariés oui mais ils repartaient à zéro finalement. Un départ mouvementé et compliqué encore semé de malheurs comme l'accident de Nathan... Pourquoi ne pas sauter sur l'opportunité d'un peu de bonheur ? Pourquoi ne pas reprendre les choses proprement et comme il se doit ? Sans pour autant accélérer les chose mais juste... Malgré lui, il serra un peu la main de la belle, se retenant ainsi de poser un genoux à terre pour éviter de lui mettre une pression trop grande ou pour avoir l'air trop ridicule...
« Tu voudrais... M'épouser ? » Bafouilla-t-il, revenant péniblement sur terre et tentant de se redonner un peu de contenance. « C'est sans doute un peu tôt mais... Mais j'aurais vraiment aimé que nous puissions renouveler nos vœux pour... Pour reprendre sur de bonnes bases. »
Admit-il, l'idée lui ayant déjà effleuré l'esprit il y a fort longtemps. En fait, il voulait le faire dès son retour de Londres et l'aurait fait s'il les avait retrouvé à l'endroit prévu... La bague était déjà prête mais la porte close lui avait fait ravaler l'idée qui fut définitivement mise de côté lors de son accueil brutal quelques années plus tard. Mérité bien sûr, il n'avait déjà plus la bague à cette époque, conscient d'avoir trop attendu et conscient que le fait qu'elle n'ait pas suivit le plan signifie qu'elle ne voulait plus de lui... Hors les choses avaient changé maintenant où ses sentiments restaient les mêmes et le seraient pour toujours : il l'aimait, il voulait qu'elle soit sa femme, encore et toujours... Il n'avait donc plus la bague mais il avait l'envie que son regard soudain un peu humide ne pouvait qu'amplifier.
« Ce n'est pas à cause de toi Cariña, c'est à cause de nous. » La corrigea-t-il ensuite avec une sincère tristesse mais un sourire tendre et rassurant. « Ce n'était pas à toi de les gérer seule, tu as fait de ton mieux et je ferai du mien pour réparer tout ça. »
Promit-il, ayant écouté ses conseils avec attention en espérant être capable de les appliquer correctement. Esme avait raison, Swan devait simplement être rassurée et consciente de ne pas être seule. Il ne pouvait qu'être là pour elle, l'écouter et la soutenir sans la forcer. Plus facile à dire qu'à faire sans doute mais les paroles de son épouse l'avaient rassuré, lui donnant le courage nécessaire pour avoir confiance en lui. Ensemble, ils allaient y arriver, comme toujours. Car ils avaient toujours été forts ensemble, plus que tout et contre tout. Comme elle lui avait manqué !
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