La chaleur se fait moins brutale mais la fraicheur reste agréable. Doucement, l'été laisse place à l'automne même si, pour l'instant, les couleurs du paysage restent vives. Les baignades et les promenades au soleil sont toujours d'actualité, tout comme les soirées à la belle étoile. Il fait bon vivre !
Les attendus
InformationsLe forum se déroule à Ottawa, Canada. Nous ne demandons aucun minimum de mots. Nous faisons un recensement mensuel. Avatar réel et doublons nom/prénom interdit.
Installées dans la petite pièce derrière la caisse, les deux jeunes femmes se faisaient face. L'atmosphère était exagérément mystique, volonté de Denise qui aimait jouer à Madame Irma alors que son don était on ne peut plus réel et puissant. Mais Abby n'en avait cure, toujours heureuse de pouvoir délivrer des messages ou rassurer des gens avec quelques tirages. Après tout, c'est ainsi qu'elle avait commencé et c'est ce genre de pratique qui lui avait apprit à maîtriser son don. Charlotte, de l'autre côté, était également douée mais son canal n'était pas aussi ouvert que celui de la petite blonde et elle n'était clairement pas en état d'approfondir les choses, le regard fatigué et le cœur en vrac. Si elle était là c'était d'ailleurs car elle avait toujours été incapable de se lire et que c'était encore pire aujourd'hui, ce qu'Abby ne pouvait que comprendre même si elle ne savait pas tout, n'étant pas non plus particulièrement proche de la pâtissière qui était "simplement" une cliente régulière à qui elle aimait donner des conseils.
« Tu es sûre ? »
Demanda-t-elle alors que Charlotte venait de refuser une séance au profit d'un tirage. Elle n'était visiblement pas trop inquiète du passé mais plutôt du futur qui lui semblait on ne peut plus incertain.
« Oui je... Je ne suis pas prête à entendre les choses je crois c'est... »
« Comme tu veux mais saches qu'on te demande de ne pas trop culpabiliser. »
Dit-elle tout de même, déchirée par les ressentis qu'elle avait sans pouvoir les partager. Elle était moins brutale aujourd'hui, consciente que tous les gens n'étaient pas prêt à entendre les messages de l'au delà. Ainsi, elle demandait toujours avant de transmettre ce qu'elle recevais et elle avait apprit à taire un peu les impressions pour pouvoir se re-concentrer sur le monde des vivants.
« C'est gentil... Il faudra que je revienne pour... Pour discuter un pue plus mais... Mais je suis trop fragile en ce moment. »
« Ils savent, ne t'en fais pas. »
Affirma la médium avec un sourire tendre avant de prendre un paquet de carte qu'elle commença à mélanger, l'air soudain absent. Charlotte avait l'habitude, elle n'en était pas à sa première séance et elle savait qu'elle n'avait pas besoin de parler ou de poser des questions, Abby allait savoir, elle allait voir les choses. Savamment, la blonde étala ensuite les cartes devant elle, en piochant cinq pour commencer.
« Le procès que tu t'imposes n'est pas justifié et... L'union en est affectée mais... Hm... Il semble qu'il y ait quelqu'un d'autre dans le paysage ? Deux hommes en réalité, l'un jeune et l'autre plus âgé. Les deux te détourne un peu de ton union, l'un par un lien plus parental et l'autre par des sentiments plus amoureux ? Attends. » Elle tira d'autres cartes pour couvrir certaines de celles déjà présentes sur la nappe de velours rouge. « Je vois beaucoup de courrier qui arrive et un homme de loi autour de toi, quelqu'un de confiance qui t'aide beaucoup mais que tu ne vois pas ou pas vraiment ? Il y a beaucoup de présences positives autour de toi mais l'obscurité qui règne en toi t'empêche de t'en rendre compte. Charlotte, il faut vraiment que tu attrapes les mains qui se tendent vers toi et que tu te reposes. Je sais que tu n'y crois qu'à moitié mais j'ai l'impression que cette situation a fait remonter des choses qui vont bien au delà de cette vie... Tu es sûre que tu ne veux pas au moins un nettoyage énergétique ? Il y a cette peur en toi qui t'aveugle et qui t'empêche d'avancer... »
Ce n'était pas la première fois qu'Abby en parlait à Charlotte, elle l'avait déjà évoqué au début de sa séparation, ayant l'impression qu'il y avait bien plus à cette histoire que ce qu'elles pouvaient en voir aujourd'hui. Malheureusement, aussi spirituelle que Charlotte puisse l'être, elle avait du mal à croire aux liens karmiques et aux vies antérieures ce que la jolie blonde ne pouvait que comprendre bien qu'elle se sente obligée de lui poser souvent la question, sentant la nécessité de la chose de plus en plus à chaque visite.
« C'est gentil mais je... Je ne sais pas trop... Peut-être qu'un peu de repos peut-être un bon début pour faire le point sur tout ça. »
Dit la jeune femme, si troublée qu'elle se levait déjà, n'attendant pas la suite. Abby avait l'impression de ne pas avoir aidé beaucoup, n'apportant pas vraiment de réponses. Il lui aurait fallut quelques cartes de plus pour pouvoir creuser et elle aurait réellement voulu pouvoir se connecter à la présence féminine qui s'était manifestée bien avant que Charlotte n'arrive dans la boutique... Elle aurait pu aider la pâtissière peut-être ? Abby espérait que son sous-entendu ait été entendu mais elle n'en était pas sûre en vue de l'état de la pauvre jeune femme qui semblait trop perdue pour entendre quoi que ce soit...
« Bien sûr oui. » Sourit Abby dans l'espoir de la rassurer un peu. « En tous cas n'hésites pas si tu changes d'avis, on peut même faire ça à distance si tu préfères rester au chaud dans ton lit. »
Affirma-t-elle, se levant pour accompagner Charlotte hors de la petite pièce. Cette dernière, comme à l'accoutumée, laissa une belle somme dans le petit panier qui se trouvait près de la porte du cabinet. Les consultations étaient gratuites ou à la bonne volonté du client, concept fort apprécié et qui payé parfois plus que si un prix était fixé.
« Merci Abby, désolée d'être aussi perdue, je sais que ça n'aide pas. »
« Ne t'en fais pas ma belle, prends bien soin de toi surtout et arrêtes de te mettre martel en tête, tout va bien se passer et les choses finiront par s'éclaircir. »
Charlotte sourit tristement puis étreignit la blonde avant de quitter la boutique, cette fois sans rien avoir acheté ce qui était assez rare. La blonde suivi la pâtissière des yeux avec un air triste, ne constant qu'après quelques secondes qu'un client était aussi présent, semblant errer sans but. C'était étrange que Denise ne soit pas dans les parages pour le guider, elle prenait en général le relai quand Abby était en consultation et vice-versa... Mais non, l'autre patronne était hors de vue, sûrement installée dans la petite salle de repos proche du salon de soin et où elle pouvait surveiller la boutique via des caméras. Louche néanmoins, Denise ne laissait jamais de clients seuls... Ou peut-être qu'il venait d'arriver et qu'elle n'avait pas eu le temps de le rejoindre ? Qu'importe, étant là, Abby se devait d'aller le voir pour lui proposer son aide, surtout avec tout ce qu'elle sentait émaner du jeune homme... De dos, il dégageait tout un tas d'énergies très perturbantes pour la jeune médium... Des présences très masculines mais protectrices, beaucoup de tristesse aussi et de la douleur morale et physique qui l'aurait presque empêché de respirer... Visiblement, il avait un passé lourd mais une personnalité chaleureuse qui semblait prisonnière sous un tas de malheurs... Ne pas y penser pour l'instant, lancer le premier contact et voir pour la suite... Elle avait l'habitude maintenant mais l'exercice n'en restait pas moins compliqué, surtout avec quelqu'un d'aussi riche.
« Bonjour monsieur, je peux vous aider ? »
Demanda-t-elle, presque timidement une fois qu'elle fut plus proche de lui. Il n'aurait pas été le premier sceptique à se balader par là et la belle pouvait sentir son scepticisme à des kilomètres à la ronde... Qu'importe, il ne serait pas non plus le premier à changer d'avis face à l'évidence. Ni le dernier à rester fermé à tout ça mais elle préférait croire qu'il était de la première catégorie, son cœur semblait doux...
Douloureuse, pénible, interminable. Je manquais de mots pour décrire cette séance de rééducation. Je ne savais pas ce qui avait pris à mon physiothérapeute ce matin. Peut-être il en avait assez de me voir, peut-être il accélérait le processus pour qu’il puisse signer le fameux papier pour dire que je n’avais plus besoin de suivre des séances intenses comme en ce moment, que ça se résume à quelques rendez-vous çà et là et voilà tout. Je n’allais pas le nier, évidemment que je voudrais être plus autonome, avoir une vie à peu près normale. J’étais conscient que ça ne se ferait pas tout seul, mais il n’en demeurait pas moins que là, j’avais mal. J’avais mal physiquement et psychologiquement. Être réduit à apprendre à marcher de nouveau, quelque chose que je faisais naturellement depuis plus de trente ans maintenant, c’était limite humiliant. Et même si je serrais les dents, très fort, aujourd’hui, ça n’avait pas été suffisant pour montrer à tous que je gardais une certaine contenance. Une dame était venue me voir alors que je rattachais ma prothèse, me disant que si je voulais me sentir mieux, peut-être je devrais essayer autre chose. Elle était vague, elle ne me donna pas plus de détails, mais elle ne semblait pas la personne la plus rationnelle qui soit. Bref, rien pour moi, qui préférais de loin le concret et aller droit au but. Elle me tendit une carte d’affaires avec une adresse. Au début, je choisis de simplement la fourrer dans ma poche, sans chercher à voir de quoi il s’agissait. Je terminai de me préparer pour sortir des lieux, et péniblement, je quittai la clinique. Le simple fait d’attendre un taxi devant le bâtiment - faute d’avoir le feu vert pour conduire - avait été terrible. M’asseoir dans le siège arrière n’était pas un luxe, c’était une nécessité. Malgré tout, je réprimai un soupir de soulagement, tant bien que mal. Lorsque le chauffeur me demanda où me conduire, j’aurais dû dire chez moi, mais j’hésitai. Pourquoi ? Je ne savais pas. Peut-être que j’avais si mal que la douleur laissait progressivement place au désespoir. Peut-être que pendant un instant, je voulais croire que peut-être qu’il y avait quelque chose qui pourrait m’aider. Je ressortis la carte que j’avais mis dans ma poche, puis je donnai l’adresse, sans chercher. C’était limite si j’étais honteux, je n’osais pas regarder en détails. Quelques minutes plus tard, on me déposa devant une boutique. De quoi ? Je ne saurais le dire, je n’avais jamais vraiment vu quelque chose comme ça auparavant. On pourrait dire que j’étais ignorant, mais dans mes années de vie adulte, ce n’était pas moi qui faisait le plus les boutiques. Je connaissais le supermarché, une boutique de vêtements pour un minimum, et voilà tout. Ne pouvant faire demi-tour, d’autant plus que le taxi était parti sitôt que j’avais payé la course et que j’étais sorti, je marchai lourdement vers l’entrée de la boutique. J’ouvris la porte - en ne manquant pas de prendre appui dessus pendant une seconde, histoire d’avoir un semblant de répit - et j’entrai, commençant à regarder autour. Je n’eus pas le temps de le faire bien longtemps, parce que sitôt, une personne vint me demander si j’avais besoin d’aide. Ce n’était pas surprenant ; la boutique était de petite taille, et j’étais pas mal le seul en ces lieux. Et malgré le manque de surprise, je haussai les épaules, et je dis: « Je ne sais pas trop… » Je me trouvai légèrement pathétique, et je ne viens pas m’aider quand j’ajoutai un semblant de rire nerveux et que je dis: « En fait, je ne sais pas vraiment ce que je fais ici… » Réalisant que ce n’était pas bien poli, je terminai avec un « Désolé… », ne sachant que dire de plus, me questionnant plus que jamais sur pourquoi j’avais décidé d’écouter celle qui était, en fait, une étrangère.
Abigaïl M. Reilly
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Il y avait des personnes en tout genre qui entraient dans la boutique : Des gens qui savaient exactement de quoi ils parlaient, des rêveurs, des moqueurs, des curieux ou même des gens qui venaient se faire peur. Ainsi, Abby n'était pas particulièrement surprise d'entendre la réponse du jeune homme qui semblait pourtant honteux de sa situation. Il n'était ni le premier ni le dernier a être entré ici par pur hasard sans réellement savoir ce qu'il venait chercher ni même ce qu'il espérait trouver. Si elle l'avait vu claudiquer, elle aurait pu savoir qu'il avait besoin de soin mais il était statique quand ses yeux s'étaient posés sur lui, la douleur émanent pourtant de façon impressionnante de son regard. La jeune femme n'avait aucun doute sur ce dont il avait besoin, surprise tout de même qu'il puisse l'ignorer à ce point car il ne s'agissait pas seulement de soins qu'on pourrait dire "ésotériques". Non, outre les présences fortes autour de lui qui voulaient lui parler et les blocages qu'elle pouvait sentir à des kilomètres à la ronde, il y avait bien cette douleur physique que des soins plus classiques pourraient aider. Massage, acuponcture, peut-être quand même un peu de soin énergétique mais les deux premiers pourraient déjà grandement alléger la douleur.
« Vous n'avez pas à être désolé, vous n'êtes pas le premier à être entré simplement pour avoir vu de la lumière. » Sourit-elle chaleureusement dans l'espoir de le rassurer un peu. « Il y a de la chaleur autour de vos muscles... Il est peut-être un peu tôt pour envisager un nouveau soin physique sur votre jambe mais je peux au moins vous passer un baume pour apaiser la douleur ? Et j'ai aussi une décoction qui peut calmer un peu tout ça et vous apaiser moralement. »
Pas très délicate non, ça n'avait jamais été son fort... Il avait néanmoins de la chance qu'elle se retienne de parler de la présence pourtant très visible autour de l'homme qui se tenait devant elle. Était-ce lui qui l'avait mené là d'ailleurs ? Peut-être oui... Il y avait aussi beaucoup de désespoir dans cette présence très protectrice. Tellement de tristesse autour d'eux, tellement d'espoir brisés et de non-dits... La blonde se pinça les lèvres et prit une grande inspiration qu'elle tenta de rendre discrète pour se retenir sans inquiéter le jeune homme.
« Désolée... » S'excusa-t-elle à son tour, consciente que les gens pouvaient se sentir un peu violer quand elle lisait en eux de la sorte. « Je ne voulais pas être indiscrète mais il me semblait que c'était le plus urgent. »
Expliqua-t-elle, sachant aussi qu'il allait sûrement se demander comment elle pouvait savoir tout ça... Allait-elle lui expliquer ? Bien sûr oui, s'il le voulait ! Seulement il était peu probable qu'il accepte de l'entendre et, en vu de ce qu'elle sentait chez lui, il était fort probable qu'il parte en courant en entendant son histoire ! Enfin... Peut-être pas en courant vue son état mais il ne semblait clairement pas être le genre de personne à croire à ce monde là et c'était fort dommage car il aurait grandement besoin de soins qui allaient bien au-delà du physique... Mais elle pouvait au moins tenter un peu de l'aider avec des choses 'explicables' et elle espérait sincèrement qu'il la laisse faire car son âme était belle et qu'il méritait de sortir un peu de tout ça...
J’avais à peine réussi à comprendre pourquoi j’étais rentré, ce qui m’avait poussé à suivre la recommandation de cette personne que je ne connaissais même pas, que la jeune femme qui s’était adressée à moi venait excuser ce que je venais de dire. Je ne le méritais pas, mais je n’allais pas le refuser non plus. Peut-être qu’ainsi, je ne serais pas obligé de lui dire pourquoi j’étais là, je pourrais la remercier et reprendre mon chemin. Malheureusement - ou pas - ce ne fut pas aussi simple. En effet, je n’eus pas le temps d’acquiescer, rien de tout ça, que la jeune femme reprit la parole, venant me proposer quelque chose… Alors que je ne lui avais même pas dit ce que j’avais. Bon, je savais que je n’avais pas la démarche la plus normale du monde, mais j’étais toujours parvenu à ne pas laisser paraître ce que j’avais réellement. Enfin, les gens qui ne me connaissaient pas ne le devinaient pas, et surtout, ne le faisaient pas comme ça. Là, j’étais sous le choc. Je ne savais pas comment me sentir. D’un côté, pour la première fois depuis mon accident, je n’avais pas besoin d’expliquer ce que j’avais. Étrangement, ça ne faisait pas de mal. J’avais encore du mal à composer avec ma situation, avec le fait que tout ce que j’avais connu n’était plus désormais. Mais en même temps, je me sentais… presque violé, si je pouvais le dire ainsi. Visiblement, ça devait paraître dans mon regard, même si en toute franchise, je ne savais pas quelle tête je pouvais avoir dans l’immédiat. En tout cas, ce fut suffisant pour que la jeune femme décide de s’excuser. Sachant que là, je n’avais pas vraiment le choix de dire quelque chose, je paniquai un peu intérieurement, et tout ce que je parvins à dire, ce fut: « Comment vous savez ça ? Je ne vous ai rien dit… » Je ne remettais pas en question sa perspicacité, mais il me semblait que c’était beaucoup trop précis pour que ce soit si évident venant de moi. Donc oui, je me posais des questions, je ne savais pas quoi penser. Je ne savais pas quoi faire non plus; attendre vraiment une réponse, croire ce qu’elle allait me dire, ou bien tout de suite faire demi-tour et quitter ? La seconde solution était un peu humiliante pour moi, parce que je ne pouvais pas vraiment prendre mes jambes à mon cou… Il fallait croire que la seule chose que je pouvais faire, c’était… d’attendre, et voir ce qu’elle allait me dire.
Abigaïl M. Reilly
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Sans grande surprise, les paroles de la jeune femme furent un choc pour l'inconnu qui se trouva clairement déstabilisé. Assez pour qu'elle ne s'excuse avant même qu'il n'ait eu le temps de lui dire quoi que ce soit, consciente que ses habitudes n'étaient pas toujours bien accueillis et que de pareilles affirmations -vraies de surcroît, n'étaient pas facile à encaisser.
Néanmoins, la question du jeune homme la déstabilisa étrangement... Il n'était pas rare qu'on la lui pose et elle n'avait en général aucun mal à y répondre car elle n'avait plus honte de ce qu'elle était ni même de ses dons. Alors pourquoi, cette fois, se sentait-elle gênée ? Pourquoi avait-elle soudain cette boule dans l'estomac qui lui interdisait presque de parler ? Les présences autour de lui semblait hurler à Abby de se taire, comme s'ils l'imploraient de garder ça pour elle afin qu'il ne fuie pas cette fois encore... Mais n'était-ce que ça ?
« C'est... » Commença-t-elle, tentant de cacher ce tourbillon intérieur qui se déchainait en elle. « Je suis énergéticienne et... Et disons que vos énergies sont très vives. »
Tenta-t-elle avec un sourire un peu maladroit mais rassurant. Ce n'était pas un mensonge, le magnétisme faisait partie de ses dons et elle s'en servait souvent sur ses patients, alternant les techniques en fonction de leurs besoins. Parfois Reiki, parfois magnétisme, parfois acuponcture. Les gens venaient souvent sans savoir de quoi ils avaient réellement besoin et ils comptaient sur elle pour faire au mieux.
« C'est difficile à expliquer mais votre corps dégage des informations auxquelles je suis sensible. Désolée d'avoir été intrusive, ce n'était pas le but. » Reprit-elle, toujours sincère et à peine plus détendue. « Mais vous étiez peut-être là pour autre chose ? »
Demanda-t-elle après s'être légèrement éclairci la gorge comme pour s'aider à reprendre un masque plus professionnel. Son sourire était toujours là néanmoins, un peu timide, un peu gauche mais sincère. Il y avait plus en ce jeune homme, quelque chose de plus mystérieux encore, comme s'il était un aimant qui l'attirait étrangement et attisait sa curiosité... Un mystère à résoudre, quel bonheur !
Depuis l’accident, j’essayais tant bien que mal de voir le bon côté des choses, me rassurer sur certaines choses, même si c’était loin d’être facile. Au vu des personnes que je rencontrais sur une base presque quotidienne à l’hôpital pendant mes séances de rééducation, j’avais appris à me consoler et me dire que finalement, ma blessure n’était pas si visible quand on n’y portait pas attention. Orgueilleux de nature, cela me faisait du bien de savoir que je n’étais pas un infirme aux yeux de la population normale, celle qui ne me connaissait pas, qui ne portait pas attention à ma personne. Je n’étais qu’un individu parfois avec le pied lourd, le coeur lourd, comme bien des gens. Peut-être que c’était malsain d’agir ainsi, mais je tentais tant bien que mal de me reposer sur ça pour essayer de trouver ma place dans une société qui ne me ressemblait pas, qui ne me ressemblait plus. Pour toutes ces raisons, je me sentis terriblement exposé et vulnérable lorsque la jeune femme devant moi vint à me parler de ma condition, sans même que j’aie mentionné quoi que ce soit. Elle l’avait bien vu, j’étais particulièrement confus, mais aussi, je ne savais pas vraiment comment gérer cela. D’habitude, je gardais un certain contrôle de l’image que je montrais en public. Là, je sentais que ce n’était pas possible. Sur la défensive, mon premier réflexe avait été de demander une explication, que la jeune femme ne tarda pas à me donner. Mais dans ma tête, elle ne fit pas vraiment de sens. Les énergies, superstitions, je mettais tout ça dans le même panier - même si je ne devrais peut-être pas - mais je n’y croyais pas vraiment. Pour le coup, je ne sus pas vraiment quoi répondre, je ne savais même pas si je devais répondre, pour tout dire. Cela lui donna l’occasion de reprendre, s’excusant de nouveau, me demandant si j’étais là pour autre chose. Autre chose ? Je ne savais même pas si je lui avais dit c’était pour quoi à la base… Ah si. Elle m’avait proposé quelque chose pour apaiser la douleur… Je fronçai les sourcils un instant, me sentant un peu idiot, puis dans un haussement d’épaules, je dis: « Je… On m’a parlé de cet endroit pour… Soulager la douleur… Comme vous avez dit… » Je ne savais plus vraiment comment m’y prendre. J’avais bien compris que je ne pouvais pas vraiment cacher mon malheur, mais être complètement transparent, je ne me sentais pas prêt à ça. C’était stupide, je me doutais bien que ça mènerait à nulle part, mais j’étais encore sous le choc, et parler de ce qui s’était passé, ce n’était pas pour moi, pas encore.
Abigaïl M. Reilly
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Si Abby avait eu si peu d'amis dans son enfance, c'était en grande partie à cause de ça, de son manque de retenue et de sa franchise trop tranchante. Outre le côté effrayant de certaines de ses réflexions qui touchaient à un tout autre monde, la jeune femme n'avait jamais retenu ses pensées même plus globales et ce n'était pas toujours facile à entendre en plus d'être parfois peut-être un peu trop excessif. En effet, plus jeune, Abby se contrôlait mal et était souvent à fleur de peau, dans l'extrême avec ses sentiments et peu conciliante avec ceux des autres. Mais c'était une autre époque, elle avait fait beaucoup de progrès depuis même si "les autres" restaient un problème parfois.
Quoi qu'il en soit, la blonde se sentait étrangement mal à l'aise cette fois, plus qu'elle ne l'avait jamais été dans ce genre de situation. C'était pourtant du déjà vu mais, là, c'était différent. Un sentiment tout autre s'était installé en elle quand son regard avait croisé celui de ce jeune homme qui semblait ainsi tout aussi perdu qu'elle. Deux poissons hors de l'eau, se regardant sans savoir quoi dire et, dans son cas, avec une étrange impression de ne plus pouvoir respirer. Était-ce uniquement le ressenti d'un des esprits qui tournait autour de lui ? Possible... Là aussi, en général, elle savait faire la différence mais, pas cette fois.
Aurait-il aussi des dons qui interférerai d'une manière ou d'une autre avec les siens ? Une vibration si haute que les signaux seraient emmêlés ? Non, elle avait connu des gens bien plus puissant qu'elle et aucun ne l'avait mise dans cet état... C'était autre chose, quelque chose de fort mais de tout à fait différent qu'elle ne pouvait pas s'expliquer et qu'elle n'avait clairement pas le temps d'analyser davantage maintenant. Impossible de rester là à la regarder en chien de faïence, il fallait qu'elle bouge, qu'elle s'excuse, qu'elle réagisse de façon la plus normale possible après un tel discours. Une partie de la vérité, la plus plausible aux yeux du commun des mortels, était donc sa meilleure option et elle l'exécuta plutôt bien même s'il ne sembla pas plus rassuré.
« Dans ce cas vous êtes au bon endroit. » Sourit-elle timidement, sentant ses joues un peu plus chaudes qu'elles n'auraient dû l'être. « Je n'ai pas de rendez-vous avant un petit moment. Si vous voulez, je peux vous prendre tout de suite ? » Suggéra-t-elle avec un léger haussement d'épaules et l'abominable sensation d'être une ado qui invite un garçon au bal de promo. « Comme je vous l'ai dit, je ne peux pas faire grand-chose pour le moment en vue de votre situation actuelle alors ça ne prendra que quelques minutes. Nous pourrons prendre un autre rendez-vous pour un soin plus poussé après ? » Ajouta-t-elle, espérant le rassurer un peu. « Ou je peux simplement vous donner la décoction pour commencer et vous laisser ma carte pour fixer le rendez-vous quand vous serez prêt ? »
Elle en avait vu d'autres, des gens qui venaient là avec l'envie de se faire soigner mais qui se défilaient au dernier moment. Des gens qui n'étaient qu'à moitié prêts à accepter ses méthodes et qui finissaient pas repartir avec sa carte le temps de se remettre les idées en place. Souvent, ils partaient avec un petit quelque chose, une tisane, une crème, une décoction... Et les effets étaient si positifs qu'ils revenaient plus sereins. Commencer doucement donc, c'était un des meilleurs moyen de guérir en réalité, ne pas brusquer son esprit pour ne pas brusquer son corps... Mais serait-il prêt à faire ce petit pas ?
J’avais compris désormais que je ne pouvais pas vraiment avoir d’attente, savoir ce qui allait se passer, ce que j’allais faire à cet endroit. Et pourtant, c’était encore particulièrement difficile de l’admettre et m’y habituer. Là, au vu de notre discussion, je pensais qu’elle me donnerait quelque chose. Une crème, une tisane, je ne savais pas trop, mais voilà que maintenant, elle me parlait de rendez-vous. Pour faire quoi ? Je n’en avais aucune idée. Et là, voilà que je me retrouvais devant ce que je me disais être le fait accompli. Pourquoi ? Parce que j’avais l’impression que c’était là que je devais décider, comme ça, dans l’incertitude, sans avoir aucune idée de ce qui allait se passer. Étais-je prêt à faire une chose pareille ? Je ne savais pas du tout. Un soin plus poussé ? Quel type de soin ? Il me semblait que j’en avais suffisamment, presque chaque jour, quand je me retrouvais à l’hôpital, à essayer de marcher normalement, même si je savais très bien que plus rien ne serait normal pour moi. Ne sachant pas du tout quoi faire, cela laissa l’occasion à la jeune femme d’aller au bout de ses suggestions. C’était certain que l’option la plus simple, c’était de prendre le second choix. Prendre la décoction, peu importe ce que c’était, quitter cet endroit, et probablement ne pas revenir. Mais si on m’avait suggéré de venir ici, c’était pour me soulager. Enfin, je supposais, je ne savais pas trop. Et puis, je prenais déjà un paquet de médicaments pour plein de raisons. Un de plus, est-ce que ç’allait vraiment changer quelque chose ? Réfléchissant quelques secondes, je décidai de demander: « Que voulez-vous dire par soins ? » En mon sens, c’était un effort, le fait que je pose la question, plutôt que de me rétracter automatiquement, comme je le faisais il y avait de cela quelques minutes. Patient, j’attendis de voir si j’allais avoir une réponse, puis j’allais prendre ma décision à partir de ça. Enfin, c’était ce que je planifiais faire, mais rien ne disait que c’était ce que j’allais parvenir à faire. Être dans le flou, ce n’était clairement pas fait pour moi.
Abigaïl M. Reilly
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Le jeune homme n'était une fois de plus pas le premier à demander des informations concernant les "soins". Il faut dire que les diverses méthodes que la blonde utilisaient n'étaient pas encore tout à fait reconnue et que beaucoup de clients arrivaient sceptiques. Certains le restaient d'ailleurs mais ils étaient rares et ils revenaient quand même le plus souvent... Idée qui la fit sourire un peu malgré elle d'ailleurs, sourire qu'elle ravala bien vite pour ne pas le gêner davantage et de peur qu'il ne le prenne pour lui.
« Tout dépendra de vos besoins. » Commença-t-elle d'une voix douce et rassurante. « En général je commence par ce qu'on appelle un Scanner énergétique qui me permet de repérer les blocages en tous genre. Ce n'est qu'après ça que je décide de la marche à suivre mais, de ce que je ressens, je pense que le Reiki accompagné d'un peu d'acuponcture serait le plus efficace pour vous. » Expliqua-t-elle, de nouveau étrangement gênée. « Mais, pour commencer, j'ai un baume très efficace qu'il suffit d'appliquer à l'endroit douloureux avec un léger massage et la décoction se prend comme du thé. Vous pouvez même y ajouter un peu de miel si vous aimez et le prendre au moins trente minutes avant de vous coucher. »
Il était difficile de savoir si c'était rassurant ou non, elle ne s'en inquiétait pas autant en général... Pourquoi était-ce si différent aujourd'hui ? Pourquoi l'avis de cet inconnu la troublait à ce point ? De nouveau, elle secoua imperceptiblement la tête, agacée par ses propre pensées incohérentes.
« Si ça peut vous rassurer, le scan est gratuit et parfaitement indolore. »
Ajouta-t-elle comme pour finir de le convaincre. Sans doute pas très efficace mais elle était aussi déstabilisée que lui... Ou peut-être même encore plus !
J’avais l’habitude du concret. J’aimais le concret, je trouvais ça plus facile à gérer. Ici, il n’y avait rien de concret. Ce n’était plus un secret désormais que cela ne me plaisait pas nécessairement et pourtant, j’avais décidé de demander à en savoir plus. Le problème, c’était que plus j’en demandais, moins les choses faisaient de sens. Dans tout le discours de la jeune femme, la seule chose que j’avais à peu près comprise, c’était l’acupuncture. J’en avais entendu parler, je connaissais les rudiments, mais je n’avais jamais subi un tel traitement. Et je ne savais pas vraiment quoi penser de cela. Pas que cela me faisait peur. Après tout ce que j’avais eu comme soins ces derniers temps, pas grand-chose pouvait vraiment m’effrayer. Je ne me prononçai pas tout de suite, attendant de voir pour la suite, écoutant la proposition pour la décoction et le baume. Ça ne me semblait pas compliqué, peut-être un peu moins abstrait, mais est-ce que ç’allait vraiment marcher ? Je ne savais pas. Est-ce que j’avais quelque chose à perdre ? Au point, où j’en étais, non. Malgré cela, j’hésitai encore un peu, mais je savais très bien que je devais bien me décider. La demoiselle tenta, je supposais, de me convaincre encore un peu plus, me disant que la première étape était gratuite et indolore. Gratuite, je m’en moquais quelque peu, indolore, c’était évident que ça penchait dans la balance, considérant le fait que je me remettais à peine de ma séance de rééducation. D’ailleurs, une chose qui vint me convaincre de me décider, c’était l’idée que peut-être je pourrais m’asseoir, parce que mon poids commençait de plus en plus à me peser. Dans un haussement d’épaules, je finis par répondre: « Si vous avez le temps et que ça ne vous dérange pas… Je peux toujours essayer…. » Ça y est, j’avais décidé de flancher. Enfin, c’était comme ça que je me sentais. Qu’est-ce qui allait se passer ? Il fallait que je me contente d’attendre et voir, désormais.
Abigaïl M. Reilly
✧ The Good witch ✧
Pseudo : Lily Cat
Avatar & Copyright : Virginia Gardner By Tumblr
Mes autres personnalités : Nate, Jay, Cha, Ela, Ravi, James et Juan
Age : 35
Statut Civil : Célibataire
Emploi : Médecin "holistique" et co-propriétaire de « The good Omen holistic center »
Malgré tous les efforts de la jeune femme pour paraître un peu plus "normale" et pour rassurer le jeune homme, ce dernier restait hésitant. Là encore, il n'était pas le premier mais c'était clairement la première fois qu'elle se sentait aussi mal à l'aise face à ce genre de réaction. En principe, elle n'en avait réellement rien à faire, trop habituée aux pires insultes et aux incompréhensions les plus totales... Perturbée par ses propres sentiments et son incapacité à passer outre, elle secoua imperceptiblement la tête, étrangement rassurée de l'entendre reprendre la parole après un micro silence qui lui avait parut durer une éternité.
« Parfait alors. » Sourit-elle, espérant avoir l'air en contrôle. « Suivez moi. »
Avec un petit signe de la tête, la blonde l'entraîna dans l'arrière boutique où se tenait une table de massage. La pièce était relativement sombre, les lumières y étant tamisées pour donner une atmosphère chaleureuse et rassurante. Il y avait aussi un fauteuil confortable et un tabouret, beaucoup de bougies, des pierres aussi et de la sauge. Rien n'était allumé pour l'instant, plus par sécurité que par réelle nécessité.
« Vous pouvez vous allonger là, sur le dos. Pas besoin d'enlever quoi que ce soit pour le scan. » Expliqua-t-elle, toujours avec un sourire qu'elle espérait rassurant. « Je vais juste prévenir ma collègue de prendre le relai à la caisse, ce ne sera pas long. Vous pouvez fermer les yeux et tenter de vous détendre en attendant. »
Sans doute parfaitement impossible dans son état mais lui suggérer l'idée ne coûtait rien. Pour lui laisser un peu d'intimité et de calme, elle referma la porte et se dirigea rapidement vers la pièce où se trouvait son associée qui lui lança un regard plein de malice mais aussi de mystère. Quoi qu'elle en dise, Denise n'avait rien à envier à sa protégée et elle avait sûrement pressenti des choses qu'Abby ne pouvait pas imaginer... Ou, du moins, pas encore.
« Ne t'en fais pas, va t'occuper de ton beau soldat. »
La taquina-t-elle, laissant la blonde sceptique dans l'embrasure de la porte. Avait-elle eu la même impression qu'elle ? Sans doute oui, l'aînée avait également plus d'une corde à son arc. Ne sachant trop quoi répondre et ne souhaitant pas trop creuser cette énigmatique proposition, elle se contenta d'un oui de la tête avant de repartir vers le cabinet. Au passage, Abby récupéra le fameux baume dont elle avait parlé, un tube tout neuf et fraichement fabriqué par ses soins.
« Désolée pour l'attente. » Dit-elle avec douceur en revenant discrètement dans la pièce. « Vous n'avez pas trop froid ou trop chaud ? »
La température devait être confortable, c'était important pour la suite bien au delà du simple confort. En attendant sa réponse, elle s'affairait à allumer des bougies ainsi qu'un diffuseur d'huiles essentielles traditionnel qui laissait apparaître une douce odeur de lavande, idéale pour détendre les muscles et l'esprits. C'était aussi excellent pour se protéger des énergies négatives ce qui n'était sûrement pas négligeable dans son cas.
« N'hésitez pas si les odeurs vous dérange. Vous n'avez pas d'allergies connues ? De maladies particulières ou héréditaires ? »
Demanda-t-elle, en se frottant doucement les mains pour les réchauffer mais aussi pour se préparer. Elle avait mis un peu d'huile de lavande et et de niaouli sur ses poignets pour booster la protection et être ainsi parée pour la suite. Car après tout, elle n'était peut-être pas au bout de ses surprises....
Ce fut d’un pas lourd et lent que je suivis la jeune femme. Déjà quelques minutes à rester debout et voilà que j’avais du mal à rester ainsi. Je serrai les dents, me sentant totalement ridicule. Rester debout et marcher, c’était la base, pour la majorité des gens. C’était aussi la base pour moi, avant cet incident. Ne pas pouvoir faire quelque chose de si simple, c’était handicapant, plus que le fait de penser qu’il me manquait un membre. J’espérais sincèrement que toutes ces séances de rééducation allaient payer un jour. Pire que ça, j’étais si désespéré à cet instant que j’osais espérer que ce que la jeune femme me proposait allait vraiment m’aider, ne serait-ce qu’un peu. Cet état lamentable dans lequel j’étais vint expliquer pourquoi je fus soulagé à l’idée de pouvoir me poser, m’allonger. Je ne le fis pas immédiatement toutefois, une crainte venant m’habiter soudainement, mais comme si elle avait lu dans mes pensées, mon interlocutrice vint me dire que je n’avais pas à enlever quoi que ce soit. Pas que j’étais pudique, mais c’était surtout le fait de devoir détacher ma prothèse qui me dérangeait, encore. Il fallait que je me fasse à l’idée un jour, mais là, alors que c’était encore relativement récent, ça restait difficile. Acquiesçant avec un simple « D’accord. », je m’installai, ne pouvant m’empêcher de pousser un énorme soupir de soulagement, pouvant finalement relâcher la pression que je mettais sur ma jambe. Au bout d’un moment, la jeune revint, me demandant comment j’allais, si quelque chose me gênait. Tant que je pouvais ne pas être debout pour un petit moment, je dis: « Non, ça va, merci. » J’étais même prêt à faire fi des odeurs qui commencèrent à se propager dans la pièce. Honnêtement, je n’avais même pas l’intention d’y prêter attention dans un premier temps, mais puisqu’on vint à me poser la question, je n’eus pas d’autre choix que de le remarquer. C’était évident que c’était un peu inhabituel, mais pas désagréable. En fait, c’était presque… le contraire. Je ne saurais pas vraiment l’expliquer. Et puis, comparativement à ce que j’avais pu sentir et voir dans ma vie précédemment, ça, ce n’était rien. Je ne me manifestai pas de ce côté, répondant simplement à la question de la jeune femme: « Non, rien du tout. » Il fallait dire que j’avais quand même de la chance de ce côté. Au moins, il y avait quelque chose qui tournait rond chez moi. C’était facile de l’oublier ces temps-ci. Gardant cette pensée pour moi, j’attendis donc, sentant l’appréhension revenir par rapport à ce qui allait se passer par la suite.
Abigaïl M. Reilly
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Abby ne se posait jamais vraiment de questions quand il s'agissait de prendre quelqu'un en charge. Il y avait bien sûr le formulaire de questions basiques qu'elle replissait toujours mais, au delà de ça, le reste se faisait instinctivement et ce sont les énergies de ses patients qui la guidait. D'ailleurs, en s'installant au niveau de sa tête, elle réalisa qu'elle en avait totalement zappé le dit formulaire qu'elle décida de laisser de côté pour ne pas le mettre plus mal à l'aise qu'il ne l'était déjà. Ce n'était pourtant pas des questions très indiscrètes, juste celles d'usage sur les antécédents médicaux, les potentielles hérédités et les informations standards de contact... Mais il ne voulait pas devenir son patient pour l'instant, autant ne pas lui mettre une pression inutile.
« D'accord parfait. N'hésitez pas si vous vous sentez mal surtout. » Reprit-elle, consciente que certains pouvaient être très sensibles à cette méthode. « Fermez les yeux et respirez profondément. »
Demanda-t-elle ensuite, laissant ses mains planer à quelques centimètres des tempes du jeune homme et fermant à son tour les yeux, la tête légèrement penchées vers la sienne. Elle était installée sur un petit tabouret qui lui permettait d'être à une hauteur parfaite par rapport à la table de massage. Doucement, elle régla sa respiration sur la sienne, bougeant légèrement le bout de ses doigts, écoutant le corps et l'âme de Jett en y cherchant les bloquages, les traumas et autres gênes qui pouvaient lui être néfaste. Et autant dire qu'il n'était pas venu pour rien, les deux esprits qu'elle avait senti autour de lui n'étant en fait que le cadet de ses soucis...
Les sourcils légèrement froncés, la blonde farfouilla un peu plus, nettoyant ce qu'elle pouvait au passage mais il lui faudrait bien plus d'une séance, surtout avec le blocage principal qui était le scepticisme du jeune homme... Ce dernier formait une barrière assez impressionnante prouvant sa détermination et sa force de caractère. Impressionnant bien que pas réellement très arrangeant pour le coup. Mais ce n'était pas du jamais vu et elle en eu même un léger sourire en coin, la jeune femme étant du genre à aimer le challenge. Quoi qu'il en soit, cette partie du traitement lui pris une bonne demi-heure durant laquelle elle ne bougea pas d'un centimètre, son souffle restant régulier et délicat. Ses doigts n'effleurèrent qu'à peine la peau du jeune homme qui devait se demander à quoi elle jouait même si, en théorie, il devait tout de même sentir quelques picotement dans son corps et un sentiment de légèreté qu'il devait sûrement mettre sur la position confortable et les odeurs relaxantes...
« Bien, c'est terminé. Vous allez peut-être vous sentir un peu étourdi alors prenez votre temps pour vous relever. Il y a beaucoup de choses qui peuvent expliquer vos douleurs en plus de l'aspect purement mécanique. Je peux vous aider si vous voulez mais, dans un premier temps, le baume et les tisanes devraient vous soulager. »
Suite à cela, elle lui laissa le temps de se remettre tranquillement de la mini séance en retournant dans la boutique pour lui sortir les produits dont elle avait parlé. Sur ces derniers, elle nota les instructions qui étaient très simple : une tisane le soir au moins une heure avant de se coucher et un massage deux fois par jour avec le baume. Rien de très spécifique, juste quelques mouvements pour que le produits s'imprègne bien. Quand il revint vers le comptoir, elle lui tendit le tout avec un sourire, glissant une carte de visite dans le sac en papier brun qu'elle avait préparé.
« Tout est expliqué sur les emballages, il n'y a plus qu'à ! Et ça fait partie du soin donc vous ne nous devez rien. Si vous voulez prendre un rendez-vous plus poussé, vous pouvez le faire en ligne ou par téléphone. Il faudra prévoir au moins une heure et demi voire deux heures. »
Conclut-elle, toujours avec un sourire même si elle se sentait elle-même chancelante. Il avait une énergie très forte et des traumas très ancrés qui ne l'avaient pas laissé indifférentes. Pourvu que ce mini nettoyage aide un peu même si ça ne pourrait pas être aussi efficace que le contenu du sachet.
« Prenez bien soin de vous et à bientôt j'espère. »
Ajouta-t-elle, ne sachant trop quoi dire de plus et espérant que son trouble ne soit pas notable.
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