La chaleur se fait moins brutale mais la fraicheur reste agréable. Doucement, l'été laisse place à l'automne même si, pour l'instant, les couleurs du paysage restent vives. Les baignades et les promenades au soleil sont toujours d'actualité, tout comme les soirées à la belle étoile. Il fait bon vivre !
Les attendus
InformationsLe forum se déroule à Ottawa, Canada. Nous ne demandons aucun minimum de mots. Nous faisons un recensement mensuel. Avatar réel et doublons nom/prénom interdit.
Ravi aimait sa nouvelle vie dans ce pays qui était pourtant si différent de celui de ses origines. Il s'était adapté à ces coutumes, à cette façon de voir le monde, à la langue aussi. Mais il n'avait pas oublié ses racines pour autant, son léger accent et son teint lui interdisant de toute façon de faire autrement... Il était donc devenu l'homme entre deux mondes, heureux de vivre et profitant de chaque jour comme si c'était le dernier. Il faut dire qu'il en avait vu des vertes et des pas mûres dans sa brève existence alors il ne pouvait que profiter maintenant, qu'être serein et joyeux, acceptant avec enthousiasme la moindre occasion de faire la fête et de danser.
Ainsi, il était souvent de sortie avec des amis, toujours raisonnable sans être casseur d'ambiance. Que chacun fasse ce qu'il veut tant que ça ne blesse personne, lui se chargeait de ramener tout le monde à la maison à chaque fois. Super-héros des temps moderne, Sam un peu malgré lui car il ne tenait pas trop l'alcool bien qu'il lui arrive d'en consommer. Pas de drogue non plus, jamais, même pas un joint même s'il fumait quelques cigarettes à l'occasion. Non, Ravi se droguait à la fête, dansant jusqu'à épuisement et riant à plein poumons. Car, tout agnostique qu'il était, sa religion était la danse et il était très bon dans ce domaine, attirant souvent l'attention sur lui et sur sa petite bande d'ami avec qui il sortait le plus souvent. Une belle équipe, de merveilleux moments.
Bien sûr, comme dans toute belle amitié, il y avait quelques couacs comme l'une de leur dernière soirée où une mystérieuse jeune femme avait vendu à l'un d'eux des substances peu licites qui les avait rendu malades. Leur pauvre Indien s'était retrouvé à ramener tout le monde chez lui, éparpillant des bassines et des serviettes un peu partout et veillant toute la nuit à ce que personne ne finisse aux urgences... Il avait pourtant prévenu, il leur avait dit qu'il ne sentait pas cette histoire même si la jeune femme lui avait tapé dans l'œil pour une toute autre raison... Drame vite oublié dans tous les cas, tout comme la jeune femme d'ailleurs. Ainsi va la vie et il n'y avait pas eu mort d'homme après tout.
Quelques jours plus tard, le "Brews Brothers' Pub" recevait un petit groupe de Rock local comme c'était souvent le cas les weekends. Excellent moyen pour eux de gagner en notoriété et belle publicité pour ce pub chaleureux que Ravi considérait comme une seconde maison aujourd'hui. Il faut dire qu'il y passait de nombreuses heures et que cet endroit avait été un sanctuaire pour lui après toutes les mésaventures qui l'avaient guidé jusqu'ici. C'est là que sa nouvelle vie avait commencé, loin des tracas qui l'avaient hanté pendant des années. Bien que serveur ne soit pas sa vocation première, le jeune homme avait aussi apprit à aimer ce travail qu'il ne comptait plus quitter, pas par dette mais par attachement sincère... Le cœur a ses raisons n'est ce pas ?
« Et moi qui pensais que c'était un "petit" groupe. »
S'amusa le patron en rejoignant le jeune homme après s'être extirpé de la foule. Comme souvent, Ravi était au bar, devenu spécialiste des cocktails qu'il créait même de toute pièce depuis peu. Il avait du talent pour les mélanges et adorait jongler avec le shakeur comme dans les films... Finalement, c'était peut-être ça sa voie ? Les gens aimaient ses créations tout comme ils appréciaient sa compagnie et Ravi se sentait à son aise ici, chez lui. C'était ça en fait, cette sensation d'être là où il devait être, serein et bienheureux... Malgré la récente mésaventure familiale du patron d'ailleurs, autre élément qu'il avait préféré remiser dans le passé pour ne pas laisser ça entacher le présent. Profiter, simplement.
« C'est l'âge ça boss... »
Rétorqua le jeune serveur avec un sourire taquin. Jayan était bien plus que son patron et ce depuis le départ. Il était aussi son sauveur, son mentor, son exemple, un ami. Non. En fait il était un peu son père d'ici, l'admirant comme un gamin et cherchant à le rendre fier sans oublier de lui lancer une petite pique de temps à autre. Et l'aîné le lui rendait bien, leurs échanges se passant pratiquement tout le temps dans leur langue natale, autre élément qui avait aidé leur rapprochement sans doute.
« Ça doit être ça oui... D'ailleurs je vais peut-être me retirer dans mon antre et vous laisser galérer tout seul ! » Ravi prit alors une moue enfantine, exagérément désolée, ses mains jointes en prière. Jay rit de bon cœur et lui donna une petite tape sur l'épaules. « Ne t'en fais pas, je n'ai pas envie que le pub prenne feu. »
Répondit-il simplement avant de se lancer à nouveau dans la mêlée. Jayan était aussi multi-fonction : patron, serveur, barman, psychiatre, homme d'affaire... Ravi l'admirait beaucoup pour cette capacité à tout faire avec autant de panache et de facilité... D'ailleurs, il rêvait d'être Jayan quand il sera plus grand... Un jour. Lointain. Car, pour l'instant, il aimait être un ado un peu attardé qui s'amusait tous les jours bien qu'il soit très sérieux quand il s'agissait de travailler ou de protéger ses amis. Deux salles, deux ambiances et, ce soir, Ravi était le serveur sérieux sur qui Jay pouvait compter. Ou du moins, il l'était jusqu'à dans quelques heures.
La musique à fond dans la colocation, une agitation habituelle alors que des vêtements volaient un peu partout. Les mecs patientaient dans le salon en buvant leur bière pendant que les filles se changeaient. Rituel habituel qui se répétait plusieurs fois par semaine. Et elle aimait sa vie comme ça. Jamilah était la première des trois filles à sortir de la salle de bain. Elle courut jusqu'au salon, une brosse en main qui lui servait de micro alors que la musique "Uptown Funk" de Bruno Mars passait. Elle chantait à tue-tête, partageant son micro improvisé avec son ami de toujours, Matt. Oui, ce soir la jeune Novacs était d'humeur joyeuse, prête à faire la fête et peut-être chercher quelques ennuis à son habitude.
Le moment était agréable et une fois la chanson finie, elle lâcha son micro d'infortune pour enfiler ses bottines noires. Elle s'était habillée dans le thème de la soirée. Un pantalon noir à trou, petit top floqué AC/DC avec un blazer en cuir par dessus. Ses longs cheveux noirs étaient libre, sans attache et ses yeux, étaient comme à leur habitude souligner de noir pour intensifié son regard. Rapidement, elle attrapa son casque de moto, les clés et les amis partirent tous en direction du Pub.
Ok, venir à moto, en pleine hiver, n'était peut-être pas la meilleure des idées, mais cette sensation de liberté était bien trop grisante pour s'en priver. Au pire, ils prendraient un taxi en fin de soirée pour rentrer. Une fois garée, la belle vérifia dans ses poches si elle avait bien pris de quoi "s'amuser" ce soir. Oui, pour une fois, elle ne comptait pas vendre. Déjà car l'endroit de n'y prêtait pas spécialement et ensuite, car elle n'en avait pas envie. Mais elle avait toujours un sachet pour dépanner quelques clients ou juste pour que la bande d'amis en profite. Bande de sauvage immatures incapable de faire la fête sans boire ou sans substance. Dangereux certes, mais cela rendait la vie beaucoup plus intéressante.
L'intérieur était surprenant. C'était la première fois que la demoiselle rentrait dans ce Pub. Oh elle en avait entendu parler, mais ce n'était pas le genre d'endroit qu'elle fréquentait en temps normal. Elle était venue ce soir-là car une de ses colocataires voulait soutenir un de ses amis rockeur. Et comme tout était bon pour faire la fête…Elle retira son casque, le passant à son bras avant d'aller vers le bar. Ses amis s'étaient déjà tous dispersé mais elle, elle voulait sa bière avant quoique ce soit.
Cependant, elle fut arrêter dans son ascension par une jeune femme. « Hey Jamilah! Dis-moi que t'as de quoi s'amuser? » La dealeuse sourit à sa cliente. Une habituée comme beaucoup de gens dans cette ville. Elle hocha la tête en sortant un sachet de sa poche. « Bien sûr, tu veux quoi ce soir? » Et en deux trois tours de main, la vente fut conclue. L'habitude depuis plusieurs années maintenant. Oh, elle avait déjà été arrêtée, plus d'une fois même, mais on l'a laissé toujours partir. Après tout, elle n'était qu'une vendeuse, pas celle qui produisait. Petit poisson dans un océan de requin. Et le petit poisson avait toujours soif. Aussi, elle reprit son ascension vers le bar, se faufilant péniblement entre les gens pour enfin atteindre le barman.
« Salut! Il y aurait possibilité d'avoir une bière bien fraîche? » Son regard se posa sur lui et l'espace d'un instant, elle eut l'impression de l'avoir déjà vu quelque part. Assez récemment. Bon, elle croisait énormément de gens après tout. peut-être au supermarché? En soirée? Elle ne savait plus, mais cela ne l'empêcha pas de lui offrir un de ses plus beaux sourires séducteurs. C'est vrai, après tout, c' était tout à fait son genre: grand, brun, la peau hâlée. Très exotique et ça lui plaisait, elle qui était aussi pâle que Blanche Neige. Mais la peau était bien le seul point commun avec la princesse de Disney. Et son amour pour les animaux… mais cela n'allait pas plus loin. Bien loin de cette demoiselle en détresse qui comptait sur des gnomes pour la sauver.
Ravi avait beau être habitué à la foule et à son travail, il ne pouvait pas avoir les yeux partout. Il faisait de son mieux pourtant, levant souvent les yeux vers la salle pour s'assurer que tout se passe bien et que personne ne cherche des poux à personne. Jay veillait aussi au grain, les deux étant prêt à en démordre en cas de problème ce qui leur évitait d'avoir recours à des services de sécurité externes. Il faut dire que les deux Indiens avaient une carrure assez imposante pour se suffire à eux-même bien que Jay ait aussi cette prestance contre laquelle l'air juvénile de Ravi était on ne peut plus flagrant. Même avec cette petite barbe de quelques jours qui ne rivalisait pas avec le bouc élégant de son patron... Mais c'est l'intention qui compte non ?
Quoi qu'il en soit, le jeune serveur était au bar à shaker des cocktails quand une bande de jeunes entra dans le pub. Leur arrivée assez bruyante lui fit relever le regard sans pour autant trop l'inquiéter car ils semblaient connaître le groupe à qui ils faisaient de grands signes. Les musiciens y répondirent d'ailleurs par des sourires francs ce qui le rassura un peu plus. La soirée se déroulait bien, aussi tranquillement qu'un concert de Rock puisse se dérouler, dans l'habituelle ambiance chaleureuse que ce pub dégageait. Sa maison oui, là où il était à son aise, en parfaite harmonie avec les lieux et les gens, heureux. Alors pourquoi son sourire s'effaça-t-il quelque peu en reconnaissant cette silhouette dans la foule ? Grande, belle, la jeune femme aurait dû lui retourner le cœur mais elle lui retourna l'estomac... Il faut dire qu'elle lui avait fait passer une nuit d'enfer et clairement pas comme un homme aurait pu aimer passer une nuit avec une femme aussi jolie ! Non, à cause d'elle, il avait passé la nuit à veiller sur ses amis en ramassant du vomi... Bonjour l'ambiance !
L'air méfiant et son habituel sourire enthousiaste terni, Ravi suivit la jeune femme du regard tout en continuant son office. Hors de question de faire une scène ici, surtout qu'il était du genre à offrir des secondes chances assez facilement... Qui sait, la jeune femme n'était peut-être pas dealeuse ? Elle avait peut-être simplement donné un truc à un ami qui avait donné ce truc à ses amis ? Simple hasard dans une soirée trop arrosée et trop agitée ? Sans compter que son physique ne collait pas trop au rôle... Cliché oui, mais une femme aussi séduisante n'avait pas besoin de dealer pour vivre non ? Quoi qu'elle pourrait facilement trouver des clients avec un tel sourire... Le jeune homme secoua la tête sans s'en rendre compte, perdu dans ses pensées comme il l'était souvent. Ravi le rêveur oui, ce n'était pas nouveau.
Il revint d'ailleurs à lui juste à temps pour la voir échanger quelque chose avec une autre jeune femme, le geste éveillant immédiatement son instinct de chasseur d'ennuis. Ok, pour la seconde chance, il faudra repasser car il n'avait pas envie que cette petite peste vienne pourrir la soirée ! Jay comptait suis lui pour veiller sur le pub, pour surveiller les clients et pour s'assurer que tout se passe bien, il ne pouvait pas laisser passer ça sans pour autant pouvoir se permettre de lui faire une leçon de morale devant tout le monde... Situation délicate donc mais pas vraiment inédite car il y avait souvent des soucis de ce genre dans les lieux où l'alcool coulait à flot. Combien de fois avait-il dû calmer un alcoolique en ajoutant subtilement de l'eau dans son cocktail ? Combien de taxi avait-il appelé au frais du pub pour éviter que les clients ne rentrent saouls chez eux ? Les deux indiens veillaient au grain oui et c'est sûrement ça qui faisait à la réputation de ce pub que Ravi ne comptait pas abandonner pour les beaux yeux d'une dealeuse. Jamais !
« Nous serions un piètre pub si ce n'était pas le cas ! Puis-je vous suggérer une Pour Decisions ? C'est la petite nouvelle de la Upstate Brewing Company. »
Subtile oui, peut être un peu trop mais c'était un début et, au pire, il allait garder un œil sur elle tout la soirée. Après tout, ce n'était pas un si grand sacrifice car la vue était loin d'être désagréable ! Mais il espérait quand même que son regard bien que peu menaçant soit assez expressif. Un "je sais qui tu es et je sais ce que tu fais" qui en dit long sur le reste... Une chance qu'il soit capable d'adopter ce regard noir qui était si loin de ses yeux gentils et plein d'optimisme qu'il adoptait en quasi permanence ! Bon acteur quand il voulait bien que le champ de la jeune femme semble légèrement diminuer son Mojo... La poisse !
Jamilah ne faisait jamais réellement gaffe au regard qu'on posait sur elle Elle se fichait de ce que pensait les autres à son égard, bien trop habitué à ce que cela soit négatif de toute façon ou lubrique à cause de certains mecs… Ouais, Jamilah était son petit monde où rien ne comptait à part ses amis les plus proches. Ses seuls amis même. Oh, elle était sociale; pouvait rire, danser, draguer le temps d'une soirée avec des inconnus, ou voir plusieurs fois des connaissances. C'est juste que l'attachement, c'était pas son truc. Non. Vraiment pas.
Aussi, elle ne remarqua pas le regard du barman qui la surveillait comme un agent du FBI en planque devant une maison d'un tueur en série. Bien trop occupée à s'occuper de ses affaires discrètement. Elle n'était pas venue pour dealer de base, mais si quelqu'un lui demandait, elle n'allait pas refuser après tout. Business is business. Et elle n'était pas cruelle au point de refuser une dose à une accro. Oui, dans le fond, elle n'était qu'une âme charitable volant au secours de pauvre âme en manque.
Son casque se posa sur le comptoir alors qu'elle venait de commander une bière. Peu importe la provenance, elle voulait juste du frais. Oui, l'hiver avait beau s'être abattu sur Ottawa, dans le bar, c'était un four à cause des nombreuses personnes présentes. Signe du succès de ce petit Pub, ainsi que du groupe présent. Il y avait cette aura "sérieuse" dans l'ambiance. Celle qui ne donnait pas envie de chercher des clients à l'intérieur. Celle qui, bien que l'ambiance était agréable, ne dépassait jamais le stade agréable. Oui, ce n'était pas le genre d'établissement où les gens allaient foutre un bordel, monter sur les tables etc… Un endroit trop calme pour Jamilah.
« Nous serions un piètre pub si ce n'était pas le cas ! Puis-je vous suggérer une Pour Decisions ? C'est la petite nouvelle de la Upstate Brewing Company. » Une quoi? La jeune dealeuse ne comprit pas réellement le sous-entendu. Elle ne comprenait pas non plus le regard du Barman à son encontre. Elle ne se souvenait pas lui avoir fait quelque chose en particulier mais son attitude lui fit comprendre que quelque chose clochait. « Peu importe, du moment que c'est bien frais. » . Si dans sa phrase il n'y avait aucune provocation, la jolie brune soutenait son regard avec ce sourire en coin provocateur. Un regard qui semblait dire "Je ne sais pas à quoi tu joues, mais ok, on joue!". Elle était comme un chat devant qui on agitait une loupiotte, un laser… Directement attirée et sautant dans le jeu à pied joint.
Elle, qui pensait juste prendre à boire et filer, décida de s'installer sur un des tabourets et de croiser tranquillement les bras. Ne le lâchant pas du regard à son tour. Assez amusée de la situation. « Vous ferez attention, à fixer comme ça on pourrait croire que vous avez quelque chose contre vos clients » Elle ne pouvait pas s'en empêcher, gamine qui aime titiller les adultes. Qui aime énerver les gens pour s'amuser. Rien de méchant au fond, juste un jeu. Et elle venait de trouver un partenaire à énerver. Pauvre homme devenu le centre d'attention de la brunette toxique. Avec un peu de chance, celui-ci trouverait comment se dépatouiller de cette situation. Alors la question était qui serait le chat et qui serait la souris? Une partie de Tom & Jerry qui débutait tranquillement pour le moment. De plus, énerver un beau garçon était assez jouissif…
Ravi était avant tout un pacifiste même s’il n’hésitait pas à s’interposer ou à distribuer quelques coups à l’occasion. Passer par le dialogue, tenter de calmer le jeu, d’éviter les conflits… Mais parfois il fallait en venir aux poings et il n’était pas le dernier, sa carrure lui permettant de recevoir et de donner sans trop de peine. Il avait d’ailleurs encore un léger bleu sur les côtes suite à une bagarre de sortie de soirée dans laquelle il s’était retrouvé malgré lui. Ce n’était pas au pub, il avait la chance de travailler dans un lieu relativement calme la plus part du temps. Ou du moins, il faisait tout pour que ça reste calme et les clients étaient sages, l’ambiance aidant.
Était-ce pour cette raison qu’il fut si surprit de reconnaître la silhouette de la jeune femme ? Peut-être oui, le pub étant peu propice à ce genre de commerce et ne correspondant pas réellement au style qu’il lui avait imaginé. Séduisante derrière des allures de poupée, naviguant dans des substances illicites et des soirées arrosée… Pourquoi donc être ici ? Envisageait-elle vraiment d’étendre son activité à ce coin de la ville ? Mauvais choix, il faudra lui passer sur le corps ! Il ne s’opposerait d’ailleurs pas à l’idée, la jeune femme étant effectivement très séduisante, encore plus maintenant qu’elle s’était rapprochée… Des yeux envoûtants, un teint de porcelaine, de longs cheveux soyeux. S’il pouvait joindre l’utile à l’agréable ma foi !
Mais la question n’était pas encore là, la jeune femme se montrant sage pour le moment. Enfin sage… Un sage relatif sans doute, d’où sa volonté de garder un œil sur elle tout au long de la soirée, bien décider à défendre son territoire avec autant de férocité que nécessaire. Juste verbalement pour commencer, tâtant le terrain en tentant un sous-entendu qui passa au dessus de la tête de la jeune femme. Balle perdue, il fera mieux la prochaine fois. Sans compter que la jeune dealeuse s’installait au bar, lui offrant ainsi un excellent moyen de veiller au grain sans avoir à la chercher du regard toutes les deux minutes. Voire toutes les deux secondes car elle semblait vive, une réelle anguille facile à perdre dans cette foule, aussi calme soit-elle...
« Alors va pour ça, vous m’en direz des nouvelles. »
Reprit-il, un peu déçu que son sous-entendu n’ait pas touché sa cible mais pas vraiment surpris pour autant. C’était trop subtile, surtout qu’elle n’avait pas été en contact direct avec lui, incapable donc de se souvenir de leur brève ‘rencontre’ si on pouvait réellement utiliser ce mot dans ce cas. Il l’avait vu de loin, la repérant d’abord pour ses courbes avantageuses puis parce que son ami lui avait fièrement montré du doigts la vendeuse de sa trouvaille du soir. Belle erreur que le jeune homme comptait éviter à ses clients dans la mesure du possible. Déjà un peu trop tard visiblement, mais il n’était pas superman après tout et il ne pouvait pas être partout.
« Ah oui ? Vous m’en voyez désolé, merci de me prévenir. »
Rétorqua-t-il, haussant innocemment les épaules tout en finissant de lui préparer son verre qu’il déposa efficacement devant elle. Il avait gardé son regard accusateur, y ajoutant un petit sourire faux. Non, pas faux, pas tout à fait. Une sorte de sourire un peu forcé, un peu moqueur qui ne correspondait vraiment pas à son habituel sourire solaire. Il n’était pas réellement capable de paraître méchant, pas avec son allure de grand gamin et son regard profondément gentil… Une chance que l’air provocateur de la jeune femme le titille assez pour qu’il maintienne au moins un semblant d’illusion.
« C’est étrange néanmoins, ça ne semble le faire qu’avec vous… »
Ajouta-t-il, adoptant maintenant un air sceptique alors que son coude se posait sur le bar, rapprochant ainsi son visage de celui de la jeune femme. Il la scruta avec attention, sa main posée sous son menton et un sourcil légèrement relevé, notant dans un coin de son esprit à quel point elle était séduisante… Dangereuse donc, comme il devait lui être simple de revendre ses horreurs à de pauvres hommes influencés par son physique ! Pauvres oui… Débiles surtout, mais ce n’était que son humble avis.
« Peut-être est-ce dû au contenu de vos poches qui sait ? »
Suggéra-t-il avec une petite moue exagérément perplexe qui n’avait plus rien d’agressif, tendant plus vers le moqueur. Ce qui était d’ailleurs bien plus sa marque de fabrique. Il avait de nouveau haussé les épaules sans éloigner son visage, se sentant soudain d’humeur plus joueuse… Pas la peine de faire une scène, ça n’avait jamais été son but de toute façon. Il voulait juste lui faire comprendre qu’il était là et qu’elle ne pourrait pas faire à sa guise ici, pas de petit deal foireux, pas de vagues. Mais plus de subtilité non plus…
L'attitude du jeune homme amusait grandement la provocatrice professionnelle. Bizarrement, elle le trouvait très expressif de par les mimiques de son visage, de son attitude corporelle. Savait-il seulement qu'il se mettait à dos une chieuse bac+50 ? Certainement pas. Alors, elle le regarda faire son petit numéro avec ses regards sérieux qui semblait la mettre en garde. De quoi? Aucune idée, et elle s'en fichait. Le Pitbull gonflable face à elle l'amusait beaucoup trop pour qu'elle se soucis du pourquoi.
« Alors va pour ça, vous m’en direz des nouvelles. » Sourire amusée, elle le regarda faire, détaillant chacun de ses mouvements de son regard perçant. Elle était le chat observant sa proie, pour trouver une faiblesse, comment l'ennuyer encore un peu plus. La brunette lui fit donc une petite remarque sur ses regards insistant. Elle teste, observe les réactions. « Ah oui ? Vous m’en voyez désolé, merci de me prévenir. » Hum… Il était donc tout aussi joueur qu'elle? Parfait…
Elle sortit son portefeuille pour en sortir un billet qu'elle glissa vers lui avant d'attraper le verre de bière. Goûtons-donc cette fameuse bière. Avalant une gorgée, elle finit par hausser les épaules. Une façon de dire "Pas mal, mais il y a clairement mieux." Elle aimait les bières corsées, celles avec du goût. La subtilité n'étant pas réellement son fort. Aussi bien en bière que dans son comportement.
Elle se lécha délicatement le haut de la lèvre tout en le regardant faire son numéro. Il cherchait quoi au juste? Voulait-il réellement jouer à ça? Le jeu devenait donc vachement plus intéressant s' il ne se laissait pas faire. A son tour elle se pencha vers lui, rapprochant d'autant plus leur visage et faisant mine d'être faussement vexée par ses paroles. « Ça, ce n'est pas très gentil vous savez? Je suis une femme sensible et vous êtes méchant…» Faux, faux et archi faux. Son sourire en coin en témoignait. La jeune dealeuse n'était pas facile à vexée en réalité. Ni réellement facile à énervé. La vie n'était qu'un vaste terrain de jeu pour Jamilah.
« Peut-être est-ce dû au contenu de vos poches qui sait ? » Nous y voilà! La réelle raison de ce comportement méfiant. Un énorme sourire amusé se dessina sur les lèvres de la belle brune. Le barman n'aimait donc pas ça. Et alors? Est-ce qu'elle vendait là? Non. Mais son attitude lui donnait envie de le provoquer encore un peu plus. Doucement, elle approcha son visage du sien, le regard plonger dans le sien, et doucement, elle déposa un doux smack sur son nez avant de reculer et de lui mettre une pichenette ninja dessus en riant. « Tout doux le chihuahua. Tu me vois dealer actuellement? »
Elle se releva en attrapant son casque, amusée par la situation. « Mais comme tu as été méchant avec moi, je pense faire le tour de la pièce à la recherche de pauvre âme. Sauf si…» Ses épaules se haussèrent alors qu'elle recula « Sauf si tu m'attrapes et que tu m'en empêche. » Et sans un mot de plus, elle se faufila dans la foule. Voulant juste l'agacer. N'ayant en réalité pas pris de stock pour chercher à vendre à qui que ce soit.
La jeune Novacs se dirigea vers la foule en sueur qui dansait, allant rejoindre la frénésie sauvage. Son corps commença à bouger sur le piste, regardant tout de même si le beau barman allait la retrouver ou non. Elle dansait, sautait au rythme de la musique, attendant simplement la suite du jeu comme une enfant impatiente la veille de noël.
Dragueur, beau parleur, confiant... Ravi n'était pas du genre à se laisser abattre et il n'hésitait jamais à jouer de malice, surtout quand il s'agissait de passer un moment en charmante compagnie. Il n'était pas un goujat pour autant, assez franc pour jouer carte sur table sans peur d'une potentielle baffe ou d'un simple refus : vivre à fond, profiter de chaque instant et de chaque rencontre, être heureux. Après les années qu'il avait passé sous l'eau, le jeune homme ne voulait plus se priver même s'il restait loyal et professionnel à côté de ces petites folies passagères. Un gars bien malgré un air qui pouvait paraître présomptueux à l'occasion, un peu lourd aussi parfois. Il fallait bien le connaître, il en valait la peine.
Pourtant ce n'est pas ce Ravi là qui se tenait face à la jeune femme, c'était un Ravi méfiant voire narquois qui tentait la subtilité. Subtilité qui n'était pas sa spécialité de toute évidence, tout comme le fait de retenir le séducteur qui avait toujours sommeillé en lui... Séducteur qui sortait instinctivement face à une jolie jeune femme, aussi dangereuse soit-elle. D'ailleurs, l'indien aimait le danger, il se riait du danger même, trop heureux de pouvoir jouer avec le feu tant que c'était un jeu... Et il avait visiblement trouvé une adversaire de taille en vue de la réaction de sa cliente. Chouette ! Bien qu'il passe outre sa petite moue légèrement déçue face au goût de la bière, trop impatient d'entamer les hostilités sans s'expliquer pourquoi c'était soudain aussi enthousiasmant.
Devait-il s'en inquiéter ? Plus tard peut-être.
« Sensible ? » S'étonna-t-il, frissonnant étrangement en sentant le souffle de la jeune femme sur ses lèvres mais sans se lasser démonter pour autant. « J'aurais plutôt dit séductrice et décidée mais, si vous le dites... » Admit-il, son visage toujours aussi expressif se teintant cette fois d'une fausse déception. « Dans ce cas, pas d'inquiétude, je vais vous rendre la monnaie. »
Il aurait peut-être pu avoir un pourboire s'il avait agit autrement. En réalité le jeune homme en avait très souvent et pas seulement de la part des jeunes femmes puisqu'il était un serveur efficace et avenant, toujours à l'écoute du client et agile quand il fallait anticiper les demandes... Néanmoins il ne pouvait pas lire en elle aussi facilement que d'habitude et c'est sûrement ça qui le fascinait malgré lui. Le soir de leur première rencontre déjà, il l'avait trouvé différente des autres filles et pas seulement pour son physique. La jeune femme avait un aura tout particulier qui attisait cette curiosité à laquelle il ne pouvait pas résister, surtout en étant si près du but. Joueur oui et paré de belles ailes de papiers prêtes à bruler...
Première étincelle de la soirée : les lèvres de la jeune femme qui se déposent brièvement sur son nez, rapidement remplacées par le bout de ses doigts. La pichenette le fit moins sursauter que le baiser bien qu'il parvint à ne pas le montrer de trop, son visage n'ayant reculé que de quelques millimètres. Game on ! Le coeur du jeune serveur venait de s'embraser d'enthousiasme face à ce petit jeu qui promettait d'être fort interessant ! Garder un air vexer fut difficile, le coin de sa lèvres étiré dans un sourire malicieux qu'il ne pouvait pas contrôler.
« Chippiparai s'il vous plait, ce n'est pas la même chose ! » Répondit-il donc, faisant mine d'être offensé par la méprise qu'il corrigea en se comparant à une race Indienne bien plus cohérente avec ses origines. « Oh et pardon, vous deviez sûrement échanger des Skittles avec la jeune femme tout à l'heure... Mon odorat n'est plus ce qu'il était. » Ajouta-t-il, se redressant en même temps qu'elle, tenant son regard avec un air de défit qu'elle lui rendait bien. « Tu ?! »
Releva-t-il avec malice, haussant un sourcil amusé tout en écoutant la suite. Qu'il l'attrape et l'en empêche hein ? Bon, ça voulait dire quitter son poste... Avec le nombre de clients, c'était une très mauvaise idée et il ne pouvait pas se permettre de décevoir Jay même si suivre la dealeuse était aussi un moyen d'aider le pub finalement... Dilemme dilemme... Ravi n'avait rien ajouté, se contentant de la suivre du regard jusqu'à la perdre de vue, ramené à la réalité par une commande qu'il s'empressa de combler, son coeur encore accéléré par les récents évènements. Surveiller la fille ou garder son poste ? Et où était Gabriel quand on avait besoin de lui bordel !?
Coincé, Ravi resta donc au bar un moment, cherchant souvent des yeux sa partenaire de jeu et priant pour qu'elle reste sage en l'attendant. Avait-il envie de la retrouver juste pour gagner la partie ? Etait-ce par pur professionnalisme ? Par vengeance ? Par attirance ? Difficile à dire et le nombre de commandes l'empêchaient de réellement y songer, le faisant presque suer. Heureusement, son collègue finit par revenir à portée du bar et il s'empressa de lui faire signe. Gabriel était aussi un ancien, moins à l'aise au bar mais assez efficace pour qu'il lui fasse confiance.
« Tu peux prendre le relais ? »
Demanda-t-il, obligé de hausser la voix et de se rapprocher de son collègue pour se faire entendre. Gabriel accepta sans broncher, libérant enfin Ravi de ses obligations même s'il comptait s'assurer du bien être des clients tout en cherchant la souris qui s'était enfuie depuis un bon moment déjà. Il la trouva après quelques bousculades, dansant félinement dans la foule... Visiblement, pas de problèmes à signaler et il en fut rassurer, ne pouvant s'empêcher de l'admirer un moment sans qu'elle ne le remarque. Admiration ? Non, curiosité toujours, ou peut-être pas ? Quoi qu'il en soit, à pas de chat, le jeune homme se faufila derrière sa proie, l'attrapant délicatement par la taille.
« J'arrive trop tard ? »
S'enquit-il, murmurant à son oreille, assez fort pour qu'elle l'entende. Il ne dansait pas sans pour autant que ses mains n'empêchent les mouvements de la belle... Ne pas danser était une torture pour lui d'ailleurs mais il savait se tenir, il était au travail après tout !
"Joueuse" était vraiment l'un des termes principaux pour qualifier Jamilah. Une part d'elle était encore très enfantine, profitant de sa liberté pour vivre ce qu'elle n'avait jamais pu faire plus jeune. Alors oui, souvent, elle allait trop loin. Souvent elle ne contrôlait pas ses paroles et ses actions, se souciant bien trop peu des gens qui l'entourent. Elle n'était pas là pour se faire aimer. Non. Elle avait son cercle restreint et cela lui suffisait, même si, à part Matt, tous avaient ramé avant d'avoir la confiance de la jolie brune.
Alors, de voir qu'une autre personne était prête à rentrer dans son jeu était un délice bien trop rare pour qu'elle se prive. Ce n'était qu'un simple jeu. Le jeu d'une simple et unique soirée. Alors, que risquait-elle à s'amuser avec le beau barman à la peau hâlée? Absolument pas grand chose.
Elle fit la moue en l'écoutant parler. Séductrice? Peut-être un peu.. Décidée? Surement, oui… « Me voilà donc percée à jour. Et zut, moi qui pensait avoir juste l'air gentille. » Si il savait comme elle s'en fichait réellement d'avoir l'air gentille ou mignonne. Non, elle voulait le titiller, jouer à celui qui irait le plus loin. Un cap ou pap, version revisité comme le film "Jeux d'enfants" . « Oh, non… Garde la monnaie… Tu vas en avoir besoin pour tes cours de politesse ou de barman exemplaire.. Car là… Ça craint un peu. » Elle grimaça légèrement comme pour appuyer ses propos. « C'est vrai quoi, proposer des bières qui ne correspondent pas au client et agir de la sorte, c'est pas très barman attitude.» Elle secoua la tête avant de lui adresser un léger et très rapide clin d'œil.
Le jeu s'enflamme soudainement, sans doute à cause du geste de la jeune femme. Geste qu'elle ne regrette pas en voyant la réaction de l'Indien. Sourire de satisfaction, elle rit même quand il reprit la parole. Chippi quoi? C'était quoi ce truc encore? Un plat de chez lui? Bon, au vu de la discussion elle comprit qu'il s'agissait sans doute d'une race de chien, bien quel ne sache pas du tout à quoi ressemble cette bestiole. « Quand bien même j'aurais dit Gremlins, ça serait exactement la même chose. »
« Oh et pardon, vous deviez sûrement échanger des Skittles avec la jeune femme tout à l'heure... Mon odorat n'est plus ce qu'il était. » Vraiment? Il l'observait donc depuis un moment déjà. Et avec attention étant donné qu'elle avait été très discrète, comme à son habitude. Décidément, plus la conversation avançait, plus cet homme devenait intéressant. Déjà levée, la jeune femme prit de sa main libre le petit sachet qui prônait dans la poche de son pantalon, le lui montrant sans gêne, sourire provocateur en coin. « Tu parles de ça? Je n'ai fais que répondre à une demande d'une habituée… » Elle glissa le sachet dans son décolleté, le bloquant au niveau où la bretelle de son soutien-gorge était reliée au bonnet. Le défi était lancé, il avait vu le sachet, vu son contenant… Alors, elle disparu dans le bain de foule
Jamilah l'attendait, ayant trouvé sa place dans l'amas de personne. Les yeux fermés, elle dansait au rythme de la guitare, au rythme du choc des baguettes sur la batterie, au rythme de la musique, tout simplement. Après quelques minutes sans le voir, la déception prit place sur l'amusement, finalement, il avait abandonné aussi vite? Que de la gueule, deux trois regards séducteurs et puis plus rien. Quel dommage, la dealeuse lui trouvait pourtant un potentiel… Elle qui espérait prendre une entrée exotique ce soir, c'était loupé.
Décidée à ne pas se laisser gâcher la soirée par cette petite déception, elle se remit à danser. La sauvageonne était dans sa bulle habituelle. Rien ne comptait, juste la musique, l'ambiance électrisante, la chaleur étouffante que l'endroit dégageait à cause de tous ces jeunes surexcités. Elle reconnu certains de ses clients de l'université. D'autres de bars ou de boite de nuit, surprise d'en voir certains par ici. Cependant, elle n'en approcha aucun, n'ayant pas envie de faire du social avec eux. Ils n'étaient que des clients, de vagues connaissances qu'elle ne fréquentait pas plus que ça. Elle ne sentit pas le regard de celui qu'elle avait cessé d'attendre, comme elle ne remarqua même pas que dans ce même bar, de futurs ennuis se trouvaient là à l'observer, attendant le bon moment sans doute..
Si elle n'avait pas remarqué son regard, elle reconnu cependant les mains qui venaient de s'imposer sur ses hanches. Le feu fut immédiat, l'intérêt de la soirée reprenait enfin… Agréablement surprise par l'arrivée du jeune homme, elle se tourna vers lui pour lui faire face, continuant de danser face à lui. Regard amusée à sa question, elle se contenta d'hausser les épaules, le sourire en coin de retour. Doucement, elle se pencha à son oreille pour y répondre à son tour.« Peut-être que oui, peut-être que non. A toi de vérifier… » Lentement, elle recula de quelques centimètres, levant les mains comme une criminelle face à un policier. Jeu de rôle qui l'amusait à l'heure actuelle. « Tu sais où est le sachet. Soit tu vérifies, soit tu prends le risque de ne pas savoir.» Son sourire malicieux, son regard de défi, tout en elle l'invitait à la faute. Mais quelle délicieuse faute, n'est-ce pas? Alors, allait-il jouer jusqu'au bout ou se dégonfler.
Il y avait quelque chose de particulier dans le regard de la jeune femme, dans son attitude aussi, un je ne sais quoi qui avait attiré l'attention de Ravi à l'instant même où il l'avait vu à cette soirée maudite. C'était au delà de l'attirance purement animale bien qu'elle soit effectivement fort charmante, c'était différent et les choses avaient basculé encore plus loin maintenant que ce petit jeu s'installait entre eux. Car, si Ravi était parti pour la menacer gentiment, il s'était retrouvé propulsé dans un jeu du chat et de la souris parfaitement incontrôlable et naturel. C'était peut-être ça l'aura de la jeune femme ? Ce côté malicieux et joueur dans lequel l'indien se retrouvait ? Qu'importe, il ne pouvait pas résister.
« Vous ferez peut être mieux la prochaine fois... » S'amusa-t-il, tout aussi faussement qu'elle. Ils devaient être étranges à voir de l'extérieur, si proches et pourtant si... Narquois ? « Personne n'est parfait. »
Répondit-il simplement avec un nouveau haussement d'épaules. Ravi n'avait jamais prit en considération l'avis des autres, conscient de ses valeurs mais aussi de ses défauts. Il n'était pas parfait non, son accent était encore exotique, il sentait les épices car il ne pouvait pas s'en passer, il était un peu trop dragueur, un peu lourd aussi... Mais c'est ce qui faisait aussi son charme non ? D'ailleurs il devait opérer sur la jeune femme puisqu'elle était encore là ! Ou n'était-ce que du masochisme pur ? De la folie ? Pas impossible, le jeune homme en avait déjà attiré pas mal malheureusement.
« C'était toujours moins insultant que Chihuahua. »
Nota-t-il avec un léger dodelinement de la tête comme pour illustrer ses dires. Mais il lui fut difficile de garder ce même air détaché en voyant le petit sachet qu'elle venait de lui présenter fièrement avant de le glisser dans son décolleté. C'était rassurant remarque : il était petit et peu plein, elle ne pourrait pas être trop néfaste. Sauf si bien sûr ce n'était que celui de consommation personnelle, les autres se cachant ailleurs... Ou n'avait-il pas envie d'être rassuré pour avoir une excuse de veiller sur elle de loin ? Peut-être un peu sans doute, allez savoir ! Dans tous les cas, elle ne lui laissa pas le temps de répondre, disparaissant déjà dans la foule, le forçant ainsi à rester sur le qui-vive depuis son poste. Prisonnier.
Heureusement tout de même que Gabriel finit par revenir, acceptant sans poser de question de prendre le relais. Ce n'était pas si rare en fait, Ravi était bon avec les cocktails mais il était plus costaud que Gabriel et aimait aussi faire des petits tours de salle pour vérifier que tout allait bien. Sans compter le service à la table de certains habitués qu'il connaissait mieux que l'autre serveur. Bref, il n'eu pas à ce justifier et fut plus que soulagé de ne pas être happé en chemin vers la piste de danse. Piste bondée dans laquelle il parvint à la reconnaître sans la moindre hésitation, la rejoignant tel un prédateur bien que ses mains furent délicates en se posant sur ses hanches.
Au fond de lui, le jeune homme rêvait de danser, son corps vibrant au rythme de la musique à laquelle il tentait péniblement de résister. Et autant dire que les mouvements agiles de la jeune femme n'aidaient pas... Son corps fin, ses gestes fluides et bien rythmé, son regard malicieux et son sourire taquin... S'il n'avait pas été au travail, le jeune homme se serait déjà lancé dans une danse légèrement suggestive sans être malsaine, une de celle dont il avait le secret et qui était en général très efficace avec la gente féminine. Hors il travaillait et devait donc rester sobre, résistant à ce frisson en sentant le souffle de la belle à son oreille.
Fourbe ! Voilà qu'elle reculait à nouveau, les mains en l'air, lui suggérant carrément d'aller mettre ses mains dans son décolleté ! Le Ravi hors travail n'aurait pas hésité une seconde, le regard malicieux et un sourire charmeur en prime... Aller balader ses mains dans cette zone en y étant invité ne se refusait pas n'est ce pas ? Sauf au travail bien sûr, il ne pouvait pas se permettre d'être vu par des clients car il risquerait de salir la réputation du pub et de son patron. Plutôt mourir ! Alors il avait le cul entre deux chaises, tiraillé par son envie de vérifier et bloqué par son professionnalisme.
Ce dernier prenant le dessus sans pour autant lui enlever ce sourire malicieux et ce regard plein de défit. Il ne voulait pas lui faciliter la tâche non plus ! Surtout que les habitués savaient que le jeune homme était bon danseur, lui demandant même parfois de les rejoindre sur la piste pour leur apprendre quelques pas. C'était rare avec autant de monde mais pas tant que ça en petit comité, ils ne seraient donc pas trop choqués s'il venait à se mettre à danser, surtout avec une telle ambiance. Puis, avec un peu de chance, il passerait peut-être inaperçu qui sait ? Qui ne tente rien n'a rien, il ne pouvait pas laisser passer cette occasion, trop pris dans le jeu et aussi sincèrement inquiet de savoir ce qu'il était advenu du sachet.
« Ce n'est pas très gentil de m'obliger à me donner en spectacle... »
Sourit-il, se rapprochant d'elle pour l'attraper à nouveau par la taille d'une main. Elle voulait jouer ? Ils allaient danser ! Enfin, il allait la faire danser, sa poigne se faisant légèrement forte sur le corps de la jeune femme. Pas assez pour lui faire mal bien sûr, juste assez pour guider leurs pas loin de la foule avec agilité, finissant par l'entraîner dans les vestiaires du personnel où ils pourraient être seul. Une nouvelle pirouette bien maîtrisée et la jeune femme se retrouva dos à la porte close, une des main de Ravi près du visage et l'autre toujours sur sa hanche. Séducteur, taquin, le souffle légèrement saccadé par la brève danse qu'ils avaient partagés...
« Bien bien bien... » Murmura-t-il alors que sa main remontait malicieusement jusqu'au sachet, l'autre restant près du visage de la jeune femme. Ce n'était pas malsain, c'était un jeu juste pour la titiller, pour lui rendre la monnaie d'une autre manière en quelque sorte. « Ce n'est pas une excellente cachette, il y a trop de place là dedans... » La nargua-t-il bien qu'il ne soit pas amateur de forte poitrine. Gratuit mais c'était le jeu non ? Sa main avait juste légèrement écarté le haut de la jeune femme, son regard n'ayant fait qu'un sobre voyage vers l'objet de sa convoitise. « Je suis presque déçu qu'il soit encore là, moi qui avais déjà une punition en tête. »
Une fois encore, le ton était bien trop léger pour être glauque. C'était même peu crédible en fait en vue de l'immense sourire empli de malice qui traversait son visage... Ravi était séducteur oui, bon acteur parfois aussi mais là ? Là il n'avait pas vraiment envie de jouer la comédie, il voulait juste profiter de l'instant et de son adversaire, faussement fier de cette vague supériorité qui n'allait sûrement pas durer. Qu'allait-elle lui réserver maintenant ? Où cela allait-il les mener ? Il n'en savait rien mais était impatient de savoir et il ne reculerait sûrement devant rien... Pourquoi se priver après tout ?
La température était tout d'un coup remonté en flèche, le jeu reprenait avec une nouvelle intensité, bien encore trop faible comparé à ce qui allait suivre, mais ça, la jeune femme ne le savait pas encore. Le chat venait de retrouver la souris provocatrice dans la foule, attraction surprenante entre deux inconnus. Et aucun des deux ne se démontaient pour le grand plaisir de la dealeuse.
Les mains levées avec cet habituel sourire provocateur, elle le défiait du regard, jouant avec ses nerfs. Elle savait très bien que de le provoquer comme ça à son boulot allait bloquer les choses. Mais c'était là que le jeu était le plus intéressant non? Céderait-il à la vile tentatrice ou serait-il rester professionnel? Tic tac tic tac… « Ce n'est pas très gentil de m'obliger à me donner en spectacle... » Elle regardait le loup s'approcher d'elle, il avait cette attitude de prédateur qui la faisait frissonner, qui lui donnait envie d'aller plus loin. Encore et toujours…
Pourtant, ce fut lui qui la prit de cours. En deux trois mouvements, le voilà qui menait la danse. Un très bon danseur cela dit en passant. Si bon, qu'elle ne se rendit compte du piège que quand la porte se ferma derrière elle. D'elle même, elle glissa ses mains dans son propre dos, ne le touchant plus mais lui laissant accès à l'objet qui semblait le hanter plus que de raison.
« Ce n'est pas une excellente cachette, il y a trop de place là dedans... » Cherchait-il une deuxième pichenette sur le bout du nez? Sourcils froncés, elle se contenta de sourire, le laissant toujours faire, amusée, sans un mot pour le moment. Non, elle n'avait pas fini de jouer, mais la tension était encore montée d'un cran. Alors, elle pencha la tête légèrement sur le côté, se léchant à nouveau la lèvre du haut en jaugeant chaque mots qui sortait de sa bouche. « Je suis presque déçu qu'il soit encore là, moi qui avais déjà une punition en tête. »
Son visage s'approcha du sien, ses lèvres n'étaient qu'à quelques centimètres des siennes, le bout de son nez frôlait le sien lentement alors qu'elle souriait simplement.« Déçu hein?» Sans prévenir et d'un geste rapide, elle glissa sous le bras à côté de sa tête, se libérant du joug du beau geôlier. Passant derrière lui en rattrapant sa drogue pour le mettre au fond de sa poche. «Faisons donc disparaître ça pour que tu puisse me montrer ta punition… » Elle parlait doucement, plus besoin d'hausser le ton, la voix aussi suave que le regard. Elle retira sa veste qu'elle lança légèrement plus loin, restant avec ce débardeur où l'on pouvait voir légèrement les dentelles du tissu soit disant, trop grand pour elle. Ses mains passèrent dans son dos, où elle entreprit de décrocher le soutien-gorge. « Et ensuite, tu as raison… Pourquoi garder ce genre de chose alors qu'il n'y a manifestement rien pour le remplir?» Si il pensait qu'elle se serait vexer pour ça, il venait de se tromper… Il venait juste de lui donner une occasion de plus de le titiller, répondant au provocation l'un de l'autre comme une partie de ping pong déchaînée. Une fois le bout de tissu rouge détachée, elle fit glisser une bretelle, puis la deuxième avant de totalement le retirer sans bouger à son tee-shirt.. Lui lançant sur l'épaule avec ce sourire à la fois fier et de défi… Le regard qui semblait lui dire "Et maintenant? C'est à toi de jouer."
Ravi n'était pas timide, pas plus qu'il ne manquait de confiance en lui et cela transparaissait assez bien dans sa façon de danser. Une démarche prédatrice, des gestes sûrs, une poigne confiante... La jeune femme l'avait cherché, commençant ce petit jeu au bar et y ajoutant une couche en l'invitant à venir farfouiller son décolleté. Si elle pensait lui faire peur, elle était clairement mal tombée même si le professionnalisme du jeune homme posait un obstacle de taille à cette mascarade... Hors de question de plonger ses mains là dedans devant tout le monde, tout comme il était hors de question qu'il la laisse filer au risque de la voir pourrir la soirée. Pas le choix donc : il devait danser. Danser et l'entraîner loin de la foule.
Étrangement d'ailleurs, la dealeuse se laissa guider sans broncher, obéissant sagement à ses ordres silencieux. Il faut dire qu'il savait y faire et que son air décidé ajoutait sûrement à sa force physique même s'il restait délicat comme il savait toujours l'être avec les femmes. Ainsi donc, en quelques pas de danse, les deux inconnus se retrouvèrent dans les vestiaires, la porte un peu brutalement fermée derrière eux et le corps de la jeune femme faisant malgré elle barrière à de potentiels intrus. Seuls, seuls dans cette chaleur qui venait d'augmenter d'un seul coup alors que leur visage étaient presque collés et que les mains du jeune homme effleurait malicieusement les courbes de sa proie.
Un frisson le traversa quand les lèvres de la jeune femme se rapprochèrent des siennes mais il ne céda pas pour autant, trop fier de sa fausse supériorité et de ses taquineries qui semblait ajouter du feu au brasier qui s'était installé entre eux. Elle non plus ne baissait pas les yeux, elle aussi était trop fière pour rendre les armes. Ravi n'était pas idiot, il savait que ce cirque n'était qu'une mince victoire et que la guerre ne faisait que commencer. Et quelle guerre délicieuse ! Jusqu'où était-il prêt à aller pour gagner ? Quel était la récompense à la clef ? Il n'en avait que faire, seulement obnubilé par la jubilation du combat, le coeur et le corps battant au rythme des réactions de la belle.
Et il ne fut pas déçu en fait. Loin de là même.
« Je ne suis pas sûr que ce soit une meilleure cachette... »
Nota-t-il, un sourcil levé et un sourire en coin. Il n'y avait rien de pervers dans son regard, juste de la malice et toujours cet air de défit qu'elle lui rendait à merveille. Deux prédateurs qui se tournaient autour, prêt à se sauter à la gorge au moindre signe de faiblesse... La tension était palpable, électrique et animale à la fois, quelque chose qu'il n'avait jamais connu avant à vrai dire et il adorait ça. En avait-il oublié son professionnalisme pour autant ? Un peu oui, et le morceau de tissu rouge qui arriva sur son épaule n'arrangea rien à l'affaire, le faisant soudain se sentir comme un taureau de corrida...
« C'est un peu mieux ainsi en effet. » Admit-il avec un sourire malicieux, attrapant le soutien-gorge pour le glisser dans sa poche arrière. Il ne comptait pas le garder en souvenir mais simplement ne pas le laisser trainer par terre, gentleman oblige. « Seulement ce n'est pas exactement ce que j'avais envisagé pour te punir... »
Continua-t-il, s'approchant à nouveau d'elle sans la quitter une seconde des yeux. Le pas assuré, le prédateur qui s'avançait doucement vers sa proie... Cette fois c'est contre le mur que la jeune femme se retrouve acculée bien que le jeune homme ne soit pas trop pressant non plus, sensuel comme elle l'avait été, la défiant toujours en lui laissant l'occasion de s'enfuir. Mais la jeune femme ne fuyait pas, pour le plus grand plaisir du serveur. Ce dernier glissant une nouvelle fois ses mains fortes autour de ses hanches, son visage ayant regagné cette proximité enivrante... Juste assez pour titiller, pour frôler sans toucher, il la cherchait à son tour.
« Ce serait beaucoup trop facile... » Continua-t-il dans un murmure séducteur, sa bouche s'étant glissée au creux de son oreille alors que ses mains étaient subitement descendues vers d'autres horizons. Toujours plus des frôlements qu'un réel touché et c'était aussi une torture pour lui mais le jeu en valait la chandelle. « Tu vois... » Lui susurra-t-il à l'oreille avant de mordiller son lobe pour distraire son attention. Un baiser frôlé dans son cou, son souffle chaud qui s'attarde puis, soudain, c'est lui qui recule, le sachet dans une main et son permis dans l'autre. 2 à 1 ? « Tu vois, je suis plutôt du genre à imposer un diner atrocement barbant en guise de punition. » La nargua-t-il, sans cacher un air de petit paon. « Et à confisquer les jouets des petites filles pas sages bien sûr. » Reprit-il, glissant le sachet dans la poche avant de son pantalon. « Quel dommage, tu vas devoir me supporter pour récupérer ton permis ! Sauf si tu préfères te lancer dans toute la paperasse bien sûr... » Sans lâcher le permis, il récupère le soutien gorge et lui lance à nouveau, toujours aussi fier de lui. Dur quand même, il aurait volontiers cédé à ses pulsions animales... Quel homme ! « Bon, c'est pas tout ça mais il y en a qui travaille ici ! » Conclut-il avec une petite courbette visant à la saluer. Il ne craignait pas vraiment de la laisser là, tous les casiers étaient verrouillés de toute façon et il n'y avait pas grand-chose à faire de plus... « Tu sais où et la sortie et maintenant je sais où tu habites... Demain vingt heure ? »
C'était un pari risqué car l'adresse n'était peut-être pas la bonne et qu'elle n'allait peut-être pas le laisser filer si facilement... Mais c'était amusant et il était aux anges même s'il risquait d'avoir un peu de mal à marcher droit pendant quelques minutes... Si seulement il savait qu'il allait de toute façon la retrouver bien avant demain soir et d'une bien étrange manière !
Jamais encore elle n'avait trouvé un adversaire à sa taille. Un adversaire capable de la déstabiliser ou de simplement la surprendre. Jamais elle n'avait trouvé un homme capable de la suivre dans sa folie séductrice. Elle voulait jouer avec le feu le temps d'une soirée et l'homme face à elle semblait clairement être ce qu'elle cherchait. Un prédateur qui savait mener une danse dangereuse. Le genre de danse animal qui pouvait rendre fou quiconque ne se méfiait pas suffisamment des conséquences. Le jeu d'une soirée qui ne devait pas aller plus loin sous peine de devenir bien trop incontrôlable.
Elle réussit à s'extirper de son emprise, le jeu de regard faiblissant à aucun moment, bien au contraire. Chaque parole, chaque sourire, chaque petit geste anodin était rempli d'intensité. Chacun voulant mener l'autre à la faute. Ils redoublaient d'imagination toujours un peu plus. Avait-elle franchi la limite en lui jetant le bout de tissu? Non… Elle voyait bien à sa réaction que cela était loin de gêner le bel indien. Tant mieux…
Jamilah était absorbée par la présence de l'homme. Si quelques minutes avant on lui avait dit qu'elle jouerait au chat avec le barman d'un Pub "sage" , elle aurait tapé son meilleur fou rire. Et pourtant, son corps frémissait à proximité du sien. N'opposant aucune résistance à ses gestes sûrs. L'attraction importante avait-elle raison de son esprit? Sans doute un peu, mais comment résister?
Son sourire de défi toujours accroché fixement à ses lèvres, elle sentit le mur percuté son dos avec douceur, les murmures du jeune homme lui procurant des frissons qu'elle adorait. Jamilah l'avouait, ce mec lui plaisait étrangement. Bien trop, au point qu'elle se concentra sur le son de sa voix, son toucher sans faire attention que le piège se refermait sur elle. Première fois qu'elle baissait légèrement la garde depuis bien longtemps.
Retenant de justesse une protestation quand il s'éloigna. « Tu vois, je suis plutôt du genre à imposer un diner atrocement barbant en guise de punition. » Pardon? L'enflure. Rapidement, elle tata ses poches comme pour confirmer qu'elle venait de se faire avoir comme une bleue. Elle croisa les bras en secouant la tête, le fourbe… Comme si elle allait diner avec lui. Comme si elle comptait le revoir après ça. L'allumeuse allumée. La voleuse volée…Oui, elle venait de s'être faite avoir en beauté. « Vraiment? Un diner… Je suis pas le genre de fille qu'on invite à dîner Aladdin. » Elle applaudit légèrement à sa courbette, elle souriait encore, alors qu'elle aurait dû hurler. Ce qu'elle faisait en temps normal quand quelqu'un osait toucher à ses papiers.
« Bon, c'est pas tout ça mais il y en a qui travaille ici ! Tu sais où et la sortie et maintenant je sais où tu habites... Demain vingt heure ? » Son soutif en main, elle se dirigea vers sa veste sans relever plus que cela. Etait-ce sa façon de dire oui? Peut-être au final, ou peut-être le laisserait-elle poireauté devant la porte comme la garce qu'elle pouvait être. Rapidement, elle remit sa veste et sortit de la pièce sans un mot de plus. Frustrée de cette fin brutale et à la fois, complètement en feu. Repassant par la foule, elle jeta le tissu sur le guitariste du groupe, histoire d'avoir les mains libres.
Cigarette, besoin d'air. Voila ce qu'il fallait à la jeune femme pour redescendre. En deux pas, elle retrouva Willow, lui prenant une cigarette avant de se diriger vers la sortie. Quel enfoiré… Comment avait-elle pu autant se laisser faire face au barman? Cela ne lui ressemblait pas. Elle s'apprêtait à sortir quand deux armoires à glace lui bloquèrent la sortie. Chouette revoilà les deux gorilles en rut. « Ne serait-ce pas la petite garce de la ruelle? » L'un deux lui attrapa le bras violement. Par pur reflexe, la jeune dealeuse lui décocha une droite dans la joue. « Putain, c'est des joues en acier que vous avez où quoi? » elle secoua la main en grimaçant, avant que le deuxième ne l'attrape et la sorte. Elle savait qu'avec le groupe qui jouait , l'effervescence, personne ne remarquerait ce qu'il se passait. Jamilah se débattait évidemment, mais elle n'avait ni son couteau, ni renfort…
En quelques secondes, elle se retrouva, contre un mur, dans la ruelle juste derrière le Pub. La main du sportif, bien plus grand qu'elle, sur le cou. Elle touchait à peine le sol. Le tigre de poche se débattait, griffait, mais n'appelait pas à l'aide, bien trop fière pour cela. « LACHEZ MOI PUTAIN. » Elle aurait peut-être du se calmer, hurler à l'aide… Mais elle n'avait plus cet instinct de survie. De plus, l'air commença à manquer, elle étouffait sous la prise féroce de l'homme face a elle. « Tu te souviens de ta petite menace? » Ses yeux se baissèrent sur la main du deuxième homme… un couteau avec plus de gueule que son cannif dans la main… Ok, elle était dans la merde…
Il ne pouvait pas nier que la jeune dealeuse lui faisait de l'effet et qu'il ne se serait pas détourné si les circonstances avaient été différentes. Même s'il préférait effectivement au moins boire un verre avant d'ôter sa chemise, l'idée de goûter au danger de plus près n'aurait pas été désagréable. Il n'aurait pas hésité s'ils avaient été dans un autre endroit et si l'envie de l'emmerder n'était pas aussi grande. Qui aime bien châtie bien ? Impossible d'aimer bien quelqu'un qu'on ne connaissait pas si ? Il ne connaissait même pas son nom !
« C'est un peu raciste ça ! Techniquement, Aladdin vient plutôt du Moyen-Orient mais la confusion est fréquente. » S'amusa-t-il tout en rangeant ses larcins dans les poches de son pantalon. Poches de devant d'ailleurs, juste au cas où l'idée lui viendrait de vouloir farfouiller... « Et c'est dommage de ne pas au moins se faire payer des diners... Enfin, chacun ses goûts j'imagine ? »
Reprit-il sans perdre une once de malice, reculant doucement vers la porte après lui avoir lancé son sous-vêtement. Bien qu'il ne lui ait pas tourné le dos, Ravi n'eu pas le temps de la voir sortir tant cela fut rapide et silencieux... Visiblement, elle s'était vexé de cet échec cuisant, ajoutant à l'air déjà triomphal du jeune serveur qui ne pouvait que bomber le torse un peu plus. Quelle belle bataille et qu'elle brillante victoire ! Mais la guerre n'était pas terminée non, il s'attendait même à tomber nez à nez avec un gorille demain soir mais qu'importe, l'Indien était comblé. Fierté qui s'effaça bien vite quand il sortit à son tour, tombant nez à nez avec Jayan... Oups ?
« Décidément, tu as quelque chose avec les Occidentales au teint clair ! »
S'amusa le patron en lui tapant amicalement sur l'épaule. Il n'était pas fâché de sa brève disparition, conscient que Ravi était jeune et qu'il restait très professionnel le reste du temps.
« Oui mais je vais arrêter, elles sont incontrôlables ! »
Sourit le serveur, un peu gêné quand même. Jay rit de bon coeur puis le libéra avant de lui faire un petit signe de la tête.
« La patronne est arrivée, tu peux rentrer si tu veux. Gabriel connaît un des gars du groupe donc il va rester jusqu'à la fermeture. »
« C'est gentil boss, je vais rester encore un peu quand même. »
Non pas que l'idée de retourner sur la piste avec la dealeuse le dérange... Il ne put d'ailleurs s'empêcher de la chercher du regard dès que Jayan fut repartit. Serait-il impatient d'être au lendemain ? Avait-il déjà envie de lancer une nouvelle bataille ? Peut-être un peu oui, surtout qu'il avait en sa possession deux objets qu'elle pourrait vouloir récupérer de force avant la fin de la nuit... Cette simple pensée le fit frissonner d'une étrange manière, au point qu'il dût secouer un peu la tête pour se ressaisir. Quelle drôle de demoiselle !
Demoiselle qui avait d'ailleurs disparut de son champ de vision jusqu'à ce qu'il prenne enfin la direction du bar où il comptait relayer un peu son ami. Là, du coin de l'oeil, il la vit entourée de deux hommes imposants et peu commodes... Ils n'auraient pu être que des clients un peu brusques mais le fait qu'elle semble se débattre l'inquiéta grandement. Trop sans doute car elle restait une illustre inconnue mais Ravi ne pouvait pas laisser des gens en danger, qui que ce soit et quels que soient les risques pour lui. Il bifurqua donc sans hésiter pour prendre la direction de la sortie, suivant à bonne distance l'étrange cortège de sa séduisante Némésis.
Une chance d'ailleurs car la scène qui suivit indiquait clairement que la jeune femme était en danger et que ses chances de s'en tirer seule étaient minces... Déjà, l'un des hommes la tenait par le cou, ses pieds ne touchant plus le sol malgré ses gestes de défense stériles. Pas des amis donc et ils étaient assez balèzes pour que la petite voix intérieure de Ravi lui hurle de ne pas s'avancer seul dans ce piège. Sauf que le jeune Indien avait toujours eu du mal à écouter les conseils des femmes...
« Excusez-moi messieurs mais j'avais prévu de lui faire la peau moi-même. »
Déclara-t-il sans agressivité après s'être rapproché d'eux. Juste à temps visiblement puisque sa charmante camarade de jeu était plus pâle encore qu'à l'accoutumé... Le serveur n'avait pas prit le temps d'enfiler une veste, simplement vêtu de son jean noir et d'une chemise blanche légère. Pratique pour se battre mais pas tellement confortable avec un temps pareil... Tant pis, il avait bien fait de ne pas traîner.
« Ouais ben tu vas attendre ton tour Aladin. »
Grogna l'un d'eux d'une voix grasse. Ravi lâcha un léger rictus en secouant doucement la tête avant de lancer un regard complice à la jeune femme.
« Tu vois, confusion classique... »
Soupira-t-il à la jeune femme, ayant été plus d'une fois comparé à tort à ce personnage de fiction. Il avait les mains dans ses poches, jouant la nonchalance.
« Mowgli serait plus juste. » Commença-t-il donc, avançant un peu plus vers le duo. « Et je ne suis pas vraiment patient voyez-vous... »
Continua-t-il, ne quittant pas des yeux la jeune femme bien qu'il fut parfaitement conscient que celui qui ne la tenait pas s'était tourné vers lui d'un air menaçant. Ce qu'ils ignoraient étant que l'Indien avait son téléphone allumé dans sa poche et qu'il avait prit le temps d'appeler son patron afin que ce dernier puisse écouter la conversation à leur insu. C'était le deal avec Jay depuis le départ, en cas de soucis, il suffisait de l'appeler et de procéder ainsi, lui s'occupant de contacter les secours ou de venir lui-même faire le ménage... Pas fou donc, mais il adorait le paraître.
« Retournes dans ta jungle petit ou tu es le prochain... »
S'impatienta l'homme qui tenait le couteau, ce dernier brillant dans l'obscurité d'une lueur lugubre... Ravi n'avait pas peur car il savait se battre, même à deux contre un. Son colocataire Parisien lui avait apprit des bases de Krav Maga et il avait eu une belle initiation à la Capoeira aussi en plus des cours de Gatka qu'il avait suivi étant enfant. Sans compter qu'il savait que les renforts arrivaient, que ce soit le patron et ses biceps d'acier ou directement la police... Il lui suffisait de gagner du temps ce qui était une de ses spécialités.
« Et si je vous offrais un petit sachet de... » Commença-t-il en sortant le fameux sachet de sa poche, lançant un regard sceptique à la jeune femme. « De quoi au fait chérie ? » Lui demanda-t-il, un sourcil levé alors qu'il tenait l'objet au niveau de son visage pour que les autres le voient mieux. Jam ne pût lui répondre, les pieds au sol mais toujours tenue par la gorge. « Bref, un petit sachet d'occupation en échange de sa vie, c'est correct ? » Reprit-il alors qu'il reportait son attention sur le molosse au couteau. « Ça ne doit pas falloir beaucoup plus à vos yeux n'est ce pas ? » Bien tenté mais les deux idiots semblaient vouloir s'amuser autrement ce soir et l'étrange sourire qui venait de s'installer sur leurs lèvres étaient assez explicite. Tant pis, il allait devoir salir sa chemise... « Décidément, vous êtes dur en affaire ! »
Soupira-t-il en replaçant le sachet dans sa poche avant de préparer ses poings à la bagarre. Les deux prédateurs se rapprochaient maintenant de lui, laissant la jeune femme dans un coin, à bout de souffle. Vivante néanmoins, c'est tout ce qui comptait pour lui.
« Puisque tu insistes, on va commencer par toi comme ça ta belle pourra te voir mourir en prime. »
« Oh mais il parle lui aussi ! J'ai presque cru que vous étiez l'acolyte muet ce qui aurait été fort cocasse d'ailleurs. »
S'amusa le jeune homme, pas peu fier de voir la colère monter un peu plus dans les yeux de ses adversaires. Ça avait toujours été son problème : il était trop bavard et n'avait peur de rien... Combien de fois s'était-il prit des coups plus jeune à cause de ça ?! Et même adulte d'ailleurs... Toujours le mot de trop, la plaisanterie qui fait craquer l'autre... Une chance qu'il soit réellement aussi bon danseur que lutteur !
Quoi que lutteur était peut-être un bien grand mot, son talent principal consistant à éviter agilement les coups des deux gorilles, se faufilant entre eux tel une anguille. Il n'hésita pas à se rouler au sol à quelques reprises, taquinant les deux idiots en leur donnant des tapes derrière la tête et des coups de pieds aux fesses quand ils se trouvaient dos à lui. Tout pour emmerder le monde, donnant à cette scène un aspect de film Bollywood irréel... Mais il ne voulait pas faire mal, il voulait juste gagner du temps, temps qui commençait à manquer à mesure que les deux débiles s'énervaient un peu plus...
« Ça suffit ! »
Lança le propriétaire du couteau, faisant soudain voler le pauvre Ravi contre le mur le plus proche. Le jeune homme n'avait pas pu esquiver son coup car il esquivait celui de l'autre, deux contre un... Dans le geste du monstre, la lame avait tranché le flanc du faux héros mais la douleur qui ravageait son dos rendait la plaie bien insignifiante. Essoufflé, les oreilles sifflantes et son corps engourdi, l'indien ne pouvait pas se relever, inconscient même que tout ce remue-ménage n'avait en fait duré que quelques secondes. Agile oui, mais pas assez face à deux brutes habituées à des combats plus extrêmes... Adossé au mur, reculant un peu pour se redresser, la main sur son ventre et le goût du sang dans la bouche, Ravi souriait toujours.
« Pas très fairplay... »
S'amusa-t-il avant de tousser dans une grimace de douleur. L'homme au couteau souriait aussi, carnassier et menaçant au dessus de sa tête mais sans l'effrayer. La mort n'est que le commencement non ? Et avec toutes les religions dans lesquelles il avait grandit, Ravi n'avait pas réellement peur de l'après puisqu'il avait un large panel de choix à la clef. Même s'il n'avait pas été très sage, sa balance Karmique était relativement propre, ça devrait passer.
« Ils font le même pour homme ? »
Ultime plaisanterie alors qu'il lançait un petit signe de la tête en direction du couteau qui se rapprochait à présent de sa gorge. Provocateur idiot qui gardait la foi. Et ce ne fut pas vain car les sirènes de police firent sursauter son assaillant, enfin. Les deux gorilles échangèrent un regard inquiet avant de filer vers la grande rue, espérant sûrement trouver refuge dans la foule près du bar. Lâches.
Dans une nouvelle grimace de douleur, sa chemise brunie par le sang et la slosh, Ravi se redressa un peu plus, à présent pratiquement assit contre le mur froid. Il soupira ensuite, tournant péniblement la tête vers la jeune femme qui avait tout de même meilleure mine que lui qui s'était ramassé quelques coups malgré ses esquives agiles. Scène très brève, certes, mais non moins violente. Il n'avait pas réellement connu pire d'ailleurs et pourtant ce n'était pas une première. Péniblement, il sourit malgré sa lèvres légèrement fendue.
« N'en profite pas pour fouiller mes poches... » La prévint-il en levant faiblement un doigt vers elle avant une nouvelle toux douloureuse. « Mais j'aurais besoin que tu écrives un petit texto pour moi. »
Ajouta-t-il, ses bras encore engourdis par le choc. Il n'avait d'ailleurs pas pu garder le doigt en l'air longtemps, montrant à la jeune femme la poche de son pantalon où se trouvait le portable et le sachet. Le permis étant dans l'autre poche, coup de bol ou coup du destin ?
« Ça va aller ? »
S'inquiéta-t-il quand elle fut à sa hauteur, toujours plus soucieux des autres que de lui-même. Un réel idiot, il n'y avait pas à dire.
Quelque chose ne tournait pas rond chez elle et elle le savait. Là, contre un mur tenu à la gorge comme une vulgaire demoiselle en détresse, deux idiots qui voulaient en découdre… Et aucune peur, non. Elle aurait dû hurler pour qu'on l'aide, crier pour attirer l'attention de quelqu'un. Elle savait qu'elle allait passer un sale quart d'heure. Au mieux, abandonnée après avoir été abusée ou au pire, morte non loin d'ici. Jamilah n'avait pas peur. Elle aurait voulu être différente, mais elle savait fort bien qu'à part ses potes de l'appartement, personne ne la pleurerait. Peut-être son père? La vengerait-il quitte à retourner en prison? Non, c'était impossible qu'il refoute sa vie en l'air pour ce genre de broutille. Oui, elle n'avait pas une haute opinion d'elle-même, résultat d'une enfance à être constamment rabaissée, humiliée et rejetée.
Elle se débattait juste vainement, s'arrêtant subitement en entendant cette voix qu'elle ne connaissait que depuis ce soir. Une voix qu'elle reconnaissait déjà et ça, ça ne lui plaisait pas vraiment… « Excusez-moi messieurs mais j'avais prévu de lui faire la peau moi-même. » Elle hésitait à dire à son agresseur de l'achevé tout de suite finalement, toujours frustrée par la scène du vestiaire. Et il était HORS de question qu'elle lui demande de l'aide. Encore moins de le remercier. Par chance, elle était incapable du moindre mots, la brute n'ayant jamais lâcher sa prise…
Sourire en coin quand le surnom Aladin ressortit, elle regarda le serveur qui s'adressait directement à elle. Il était sérieux à fanfaronner maintenant? Il méritait une paire de baffe qu'elle se promettait de lui donner plus tard, enfin, s' ils s'en sortaient vivant. Toujours en étouffant, mais pas suffisamment pour tomber dans les vapes, elle assistait à la discussion comme une spectatrice assise à la mauvaise loge.
« Et si je vous offrais un petit sachet de…De quoi au fait chérie ? QUOI? L'enfoirée de sale petit con de merde! Indignée, le jeune femme se remit à se débattre afin d'aller elle-même l'étrangler. Mais ses efforts furent en vain. Les deux brutes ne la calculaient plus, trop concentré sur le barman qui faisait son One Man Show. Aussi, elle abandonna, prenant le temps de respirer vu que la poigne s'était relâchée. Ses pieds étaient à nouveau au sol.
A nouveau, elle s'offusqua quand l'idiot de geant l'apella "sa belle" mais c'était quoi cette soirée? La réunion des crétins du vendredi soir? Finalement, elle fut enfin relâchée, ses jambes se dérobant sous son poids. Il était temps. A bout de souffle, elle massa sa gorge doucement. Elle savait qu'elle allait être marquée salement pendant un moment. De loin, elle observa la scène, incapable de réagir, devant d'abord laisser l'oxygène remonter à son cerveau.
Une soudaine inquiétude l'envahit quand elle vit son sauveur se faire projeter aussi violemment. Pourquoi son sort l'inquiétait-il comme ça? C'est vrai, elle ne le connaissait que depuis une soirée. Ils avaient joué et stop. Cela s'arrêtait là… Rapidement, elle se releva, prête à venir l'aider mais tout se passa tellement vide. A peine avait-elle fait un pas pour les rejoindre que les sirènes de la police faisaient fuir les deux idiots. En plus d'être des sportifs sans cervelle, voilà qu'ils étaient des lâches.
« N'en profite pas pour fouiller mes poches...Mais j'aurais besoin que tu écrives un petit texto pour moi. » Vraiment? Elle s'approcha de lui en haussant un sourcil septique. « Ça va aller ? » Jamilah s'était rapprochée et venait de s'accroupir face à lui. Elle ne repondait pas à ses questions, voulant d'abord vérifier quelque chose d'important. Délicatement, elle ouvrit sa chemise et observa attentivement la plaie. Devenue une habituée tellement les bagarres étaient fréquentes dans la bande.
Rare était les fois où elle agissait avec douceur, et ce moment en était un. Par chance, la plaie n'était pas profonde. A vrai dire, il ne lui faudrait sans doute même pas des points mais des simples pansements strips avec un bon nettoyage de plaie. Elle déchira un bout de son t-shirt et lui mit sur la plaie en le laissant tenir. « Bien, maintenant que je sais que ce n'est pas grave…» Elle le regarda et lui mit un coup de poing dans l'épaule, n'ayant en rien oublier son petit manège. « La prochaine fois que tu proposes ma drogue a des abrutis, je te fracasse moi-même! »
Sa main plongea dans la poche du bel indien, récupérant ainsi le téléphone et son sachet, n'allant en rien se priver. Ce dernier trouva place dans sa propre poche alors qu'elle tenait le téléphone de l'autre main. « Je t'écoute, Aladin… je dois marqué quoi et à qui?»
Aucun remerciement, non. Elle n'était pas comme ça. Elle ne lui avait pas demandé de jouer au superhéro. Elle s'en sortait très bien toute seule… Bon ok, peut-être pas, mais elle aurait trouvé un moyen, elle trouvait toujours. Sauvageonne qui ne supportait pas qu'on lui vienne en aide… Encore moins lui… Allez savoir pourquoi? Une fois le texto envoyé, elle lui remit le téléphone dans sa poche et elle passa le bras libre du jeune homme derrière ses épaules. L'aidant péniblement à se relever, faisant cependant très attention à ne pas lui faire mal.
Ses gestes étaient en total contradiction avec le coup de poing qu'elle venait de lui asséner plus tôt. Mais c'était Jamilah. Une fille trop fière pour dire merci et laisser passer certaines choses et douce quand il s'agissait de prendre soin de quelqu'un. Quoiqu'avec lui, elle hésitait à être aussi douce que ça. « La prochaine fois, évites de jouer au superhéro quand on ne t'appelle pas… »
Ravi n'avait pas grandit dans un quartier particulièrement défavorisé et l'Inde était relativement pacifiste de par la grande influence Hindouiste qui y régnait. Il s'était certes battu enfant mais ce n'était jamais sans raison et jamais dans une violence extrême comme on pouvait en voir dans les films. Bon, il avait aussi prit quelques coups de ceinture bien senti de la part de son père et quelques coups légèrement injustifiés de la part de certains camarades de classe mais, au delà de ça, sa vie ne justifiait pas une quelconque attirance pour la violence. Pas plus que cela ne justifiait cet élan soudain de masochisme pour une femme qu'il n'avait vu que quelques minutes et à qui il ne devait donc absolument rien. Surtout pas sa vie.
Hors il n'avait pas réellement réfléchi, accourant sans la moindre hésitation à la rescousse de la belle sans même attendre quoi que ce soit en retour. Ou peut-être que si ? Peut-être que ce petit jeu avait affecté une autre partie de son anatomie que son entre-jambe ? Quoi qu'il en soit le sang affluait bel et bien ailleurs alors qu'il avançait vers les gorilles, espérant gagner assez de temps pour éviter le pire en attendant les renforts. C'était de la folie même s'il savait que Jay allait être réactif, capable lui aussi d'accourir en personne au besoin. Un simple coup de fil, juste sa première phrase pour lui faire comprendre que quelque chose n'allait pas, ils se connaissaient trop bien.
Et pourtant le boss fut un petit peu long à la détente, sûrement à cause de la foule présente au bar ce soir là... Assez long pour que Ravi subisse quelques coups de la part des bourreaux de l'inconnue bien que ses dérobades furent relativement honorables. Le corps endolori, débraillé et sale, le jeune indien n'avait pas fière allure avachi contre le mur froid bien que son sourire reprenne vite le dessus maintenant que la jeune femme était près de lui. Même ses cheveux étaient en vrac, le visage légèrement tuméfié de quelques esquives manquées, le souffle court... Mais toujours cet air de défit, un brin séducteur voire un peu moqueur. Du Ravi tout craché là encore.
Un Ravi qui fut néanmoins étrangement déstabilisé de la sentir se glisser sous sa chemise, ses doigts délicats frôlant les contours de sa plaie toute fraîche. Ce n'était pas la première fois qu'une femme lui ôtait sa chemise mais il se senti curieusement pudique face à cette femme en particulier. Le pire étant qu'il ne pouvait même pas mettre ça sur le dos de la douleur puisque la lame n'avait que tranché la peau... Alors pourquoi ses muscles s'étaient-ils ainsi contracté au contact de sa peau ? Pourquoi son regard s'était fait fuyant en la voyant arracher un morceau de son propre t-shirt pour en faire une compresse ? Il ne saurait dire et pourtant l'afflux sanguin allait plus ou moins dans la bonne direction malgré la coupure. Quelle drôle de soirée !
« C'est moi ou tu étais inquiète ? » S'amusa-t-il, juste avant de se prendre un coup dans l'épaule qui le fit grimacer de nouveau. Ok, pas inquiète... Ou peut-être que si justement ? « Oh tu sais, tant qu'il y a une prochaine fois... » Ajouta-t-il, l'étincelle de défit brillant à nouveau de mille feux au fond de son regard brun. En un rien de temps, l'énerver était devenu une passion profonde qu'il avait l'impression d'avoir toujours connu. Sensation nouvelle qui ne lui déplaisait pas vraiment bien qu'elle le laisse pantois. « Hey doucement ! » Mentit-il alors qu'elle obéissait à sa demande, fouillant sans trop de ménagement dans sa poche. En réalité, il aurait aimé qu'elle fouille un peu plus... Quoi que non, il avait un peu mal quand même, la prochaine fois ? « Le code c'est 1947. » Sourit-il, se retenant de lui trouver un petit nom à la hauteur du Aladin qui risquait de lui coller à la peau pendant un moment. « Et un simple merci à Jay sera suffisant. » Reprit-il, un peu plus sérieusement, sa main toujours appuyée sur le morceau de tissu ensanglanté. « Enfin, si tu sais comment ça s'écrit... »
Ajouta-t-il avec un petit sourire narquois avant de retenir un léger hoquet de douleur alors qu'elle rangeait le téléphone à sa place sans plus de ménagement que tout à l'heure. Ok, il avait un peu mal quand même... Et il lui fut d'ailleurs pénible de se redresser malgré l'aide de la jeune femme, le coup dans son dos ayant rendu ses jambes maladroites. Avec un peu de chance, ce n'était qu'une question de minutes... Mais quelle brute ! Il n'en revenait toujours pas d'avoir pu être projeter aussi violemment, ses oreilles sifflant même encore un peu du choc. Ça lui apprendra !
« Lapsus révélateur ? » S'amusa-t-il à nouveau, incapable de résister à l'envie de la titiller malgré son état. Deux fois qu'elle parlait d'une prochaine fois, c'était tout de même à noter non ? L'espoir fait vivre... « Mais pas de problème, la prochaine fois je te laisserai mourir tranquillement dans ton coin, ce sera moins douloureux. » Promit-il avec un haussement d'épaule qui lui arracha une énième grimace. « Ne t'en fais pas, ça va aller. Je vais passer par l'arrière du pub et appeler un taxi. » Reprit-il après quelques pas maladroits qu'il tentait de camoufler par fierté, sa main toujours plaquée sur sa plaie. Il du néanmoins s'arrêter un peu, trouvant une excuse sans peine : « Tu devrais rentrer, tu vas avoir pas mal de boulot pour être prête pour notre diner, mieux vaut commencer dès ce soir. » Ajouta-t-il, replaçant une mèche de cheveux derrière l'oreille de la belle, veillant à user de sa main "propre". « Tu es dans un de ces états ! »
S'offusqua-t-il faussement, secouant la tête. Faux, elle était tout de même très jolie... Trop sans doute... Piège fatal. Et quoi qu'il en soit lui ne pouvait clairement pas en dire autant !
Dans quoi s'était-elle embarquée en jouant avec ce drôle de bonhomme? Aucune idée, mais elle regrettait presque de lui avoir adressé la parole. Non par car c'était désagréable, mais bien parce qu'elle adorait sa présence d'une manière inexpliquée. Il avait ce don pour allumer en elle cette envie de jouer tout en allumant une envie de l'étrangler très intense. Des sentiments contradictoires qu'elle ne comprenait pas et qu'elle ne voulait de toute façon pas connaître. Un soir, pas deux. Et elle était décidée à ne pas aller à ce dîner. De toute façon, vu son état, elle allait y échapper sans aucun doute… non? Elle devait trouvé un moyen de récupérer son fichue permis sans devoir le supporter le lendemain…
Pour l'heure, elle devait cependant s'assurer qu'il ne lui claquerait pas entre les mains. Elle dut donc entreprendre un examen léger pour déterminer le degré des blessures. Chance, il n'avait qu'une plaie peu profonde et il allait sans doute avoir quelques bleus. Rien qu'elle ne pourrait soigner. Comment ça soigner? Elle secoua la tête rapidement avant de lui asséner le fameux coup de poing sans une once de pitié. Putain Jamilah, ressaisis-toi. « Oh tu sais, tant qu'il y a une prochaine fois... » Ok, il voulait jouer? Ils allaient jouer. Pourquoi lui privé de ce qui semblait tant égayer sa soirée. « Oh, donc ça ne t'as pas refroidi? Quel dommage, je ne les paierais pas pour la prestation loupée dans ce cas. Moi qui pensais me débarrasser de toi.» .
Le téléphone en main, le code entré, elle chercha le nom de Jayan avant de le trouver. «Juste merci? Ok… » Sourire en coin de la gamine qui a une idée à la con, elle envoie un simple "I love you" suivit de plusieurs émojis en coeur, signé Aladin évidemment. Petite farce que ne manquait pas de respect à la personne derrière l'autre téléphone, mais juste assez pour taquiner l'hindou. Le téléphone reprit par la suite sa place sans ménagement. Peut-être même avait-elle fait exprès de lui faire légèrement mal? Il semblait aimé cette situation après tout.
Le sourire fixé à ses lèvres, elle refusait de lui donner la satisfaction de voir combien il lui tapait sur le système. Elle qui se foutait de tout, avait trouvé le seul être capable de l'énervée en quelques phrases. « Mourir? Tu crois vraiment que c'est la première fois que je vis ça? Tu sais, on est pas toutes des demoiselles en détresse. » Oui, elle se sentait plus comme Megara dans Hercule que Cendrillon. Non, elle n'avait pas besoin d'un homme pour la défendre, elle n'en avait jamais eu besoin… Sauf Matt, il était le seul dont elle acceptait l'aide à tout moment.
« Tu devrais rentrer, tu vas avoir pas mal de boulot pour être prête pour notre diner, mieux vaut commencer dès ce soir.Tu es dans un de ces états ! » Oh, vraiment? Il voulait jouer sur les vannes physiques? « Tu as raison, je devrais te laisser tomber et filer. Littéralement en fait… » Et sans crier gare, elle s'écarta brutalement de lui, lui infligeant un léger coup dans le creux du genoux. Juste assez pour lui faire perdre le peu d'équilibre qui lui restait et le faire tomber au sol. « Oh, je suis vraiment maladroite… Est-ce que ça va? Après ça, je crois que tu ne seras jamais prêt à temps pour demain…»
Ses jambes s'accroupirent près de lui alors qu'elle affichait ce sourire rempli d'une fierté non dissimulé à son tour. Oui, elle n'était pas la demoiselle en détresse qui avait besoin de son prince charmant. Avec un nouveau sourire, elle fouilla son autre poche, récupérant son permis. « Du coup, tu n'as plus besoin de ça, n'est-ce pas? »
Tricheuse? Tout à fait. Et alors? Elle se redressa sans l'aider, prenant son propre téléphone pour envoyer un message à Matt. Lui proposant un échange de clé de véhicule. Oui, elle comptait l'embarqué avec, mais dans son état, la moto n'était peut-être pas une bonne idée. « Alors Aladin, tu m'écoutes? Vu que je suis d'humeur généreuse, je t'embarque pour te soigner… A toi de retenir le trajet et l'adresse si tu veux vraiment me revoir demain. Deal? » Elle tendit la main vers lui, proposition plus qu'honnête quand on y réfléchissait quelques secondes. Même si dans son état, il allait sans doute galérer, mais bon…
Quelques instants après, son ami arriva dans la ruelle, amusé de la situation. « Et le Tigre de poche a encore frappé... » La belle haussa simplement les épaules, lui lançant ses clés, tout en réceptionnant les siennes. Echange bref, mais ils se comprenaient suffisamment pour ne pas se poser de question. « C'est pas moi. Et le casque est près de la table. » Et sans demander son reste, son ami repartit. Elle souffla, soulagée qu'il n'est pas balancer son nom devant l'inconnu. Après tout, elle ne savait pas son nom, il n'avait pas à savoir le sien…
« On y va? Ou tu préfères ton taxi? Et je te proposerais pas deux fois cette offre. » Elle croisa les bras, le regard braqué sur lui, attendant simplement une réponse. Réellement prête à le laisser là… Ou presque… mais ça, il n'était pas censé le savoir…
S'il aimait à qualifier sa cadette d'attachiante, Ravi n'était pas en reste et il en faisait ce soir un belle démonstration : Attachant car courtois et séducteur mais chiant car entêté et légèrement lourdingue sur les bords (et au milieu)... La pauvre jeune femme devait amèrement regretté d'avoir commencé ce petit jeu avec lui, se demandant sans doute comment elle allait pouvoir se débarrasser de lui maintenant. Impossible, voilà la triste vérité puisque l'Indien était aussi têtu que parfaitement séduit par cette mascarade. Il faut dire que c'était la première fois qu'il vivait quelque chose d'aussi intense et envoutant... Et peut-être que les beaux yeux de la brune y étaient aussi pour quelque chose ?
« Tu as vraiment cru pouvoir te débarrasser de moi aussi facilement ? C'est triste... Je suis presque vexé même. »
Sa petite moue de "vexée" n'était pas réellement crédible, son regard brillant toujours de cette même malice proche de la fierté. Il avait mal quand même, un peu du moins, pas assez pour perdre le nord. Quoi qu'il perdait rarement le nord quand il s'agissait de jeune femme ou de nourriture...
« Oui, M-E-R-C-I. »
Épela-t-il ensuite, cherchant à se redresser un peu comme pour vérifier ce qu'elle notait. Ce fut vain malheureusement, la douleur le maintenant péniblement contre ce fichu mur dans une nouvelle grimace. Même s'il ne le montrait pas trop, le choc avait été brutal et il risquait de s'en souvenir un moment... Son corps du moins.
« C'est vrai que tu avais l'air de super bien t'en sortir, vraiment désolé d'avoir douté ne serait-ce qu'une seule seconde de toi Wonder Woman. Après, il faudrait peut-être que tu revois un peu tes habitudes non ? C'est pas ultra sain je pense... Mais ce n'est que mon humble avis bien sûr ! »
Il n'était sûrement pas raisonnable de continuer à la narguer alors que son soutien était bien plus important qu'il n'aurait voulu l'admettre seulement Ravi réfléchissait souvent après avoir parlé... Ce qu'il regretta un peu après une nouvelle vanne qui obligea la belle à lui asséner un léger coup dans le creux du genoux, le poussant à retomber au sol au ralentit. La fourbe !
« Attention, à force de maladresses, je vais devoir réclamer des bisous magiques de compensation... » Plaisanta-t-il pour cacher une énième grimace de douleur. « Et ne t'en fais pas, une bonne nuit de sommeil et je serai comme neuf ! Tu crois vraiment que c'est la première fois que je vis ça ? »
Reprit-il, relevant les yeux en usant de son "smolder" bien à lui. Il avait profité qu'elle soit à sa hauteur, espérant secrètement qu'il fonctionne aussi bien sur elle que sur les autres... Mais c'était peu probable, la jeune femme semblait terriblement coriace et ça lui plaisait atrocement ! Masochiste vraiment, c'était le moins que l'on puisse dire et il fallait admettre qu'il en était même le premier surprit !
« C'est vrai mademoiselle Novacs, je n'en ai plus vraiment besoin... »
Un petit haussement d'épaule faussement désabusé, incapable d'ôter le sourire qui hantait le coin de ses lèvres... Oui, il avait regardé le petit bout de papier brièvement sans être certain qu'il appartienne à la belle car il n'avait pas réellement eu le temps d'analyser la chose en détail. Un bref coup d'oeil à la sortie du vestiaire, rapidement dérangé par la scène suivante... Il n'avait pas vu le prénom, pas plus que l'adresse, mais bluffer ne le dérangeait pas, c'était aussi quelque chose pour lequel il était assez doué en général.
« Mince, moi qui espérais que tu allais me bander les yeux avec le reste de ton t-shirt... » S'amusa-t-il, une fois encore pour cacher un peu sa douleur alors qu'il se relevait péniblement sans l'aide de la jeune femme. « M'enfin, le deal me semble assez raisonnable, je te laisse ce point. »
Conclut-il, à présent sur ses deux pieds, la main toujours sur la plaie qui saignait tout de même beaucoup bien qu'elle fut peu profonde. Il faut dire qu'il n'avait pas beaucoup de graisse entre la peau et le muscle... Ce dont il était assez fier en principe mais qu'il n'était pas d'humeur à exhiber cette fois, peut-être aussi parce qu'il faisait froid ? Ravi avait donc légèrement rabattu sa chemise sur son torse qui montrait un peu trop clairement que la température n'était pas pour lui...
« Tigre de poche hein ? C'est tellement réaliste, on voit que ton ami te connait bien ! »
Dit-il après avoir salué de sa main libre le jeune homme, affichant un grand sourire qui laissait croire que tout allait bien. À moitié à poil dans une ruelle sombre en plein hiver ? Sa chemise blanche brunie par la boue et le sang ? Quoi de plus normal après tout ! L'ami de l'inconnue ne sembla d'ailleurs pas plus choqué que cela ce qui amusa un peu plus Ravi où d'autres auraient sûrement tiqué... Mais lui restait sur le petit nom qui sonnait si bien. Comment manquer un truc pareil !? C'était trop beau, porté sur un plateau doré, assez pour qu'il en prenne une note mentale afin de le lui ressortir à la première occasion... La prochaine fois donc, car il y en aura d'autres visiblement. Il l'espérait du moins, de plus en plus même. La fourbe !
« Serais-tu impatiente de m'ôter complètement ma chemise ? » Sourit-il en arrivant à sa hauteur, titubant légèrement. « Mais je t'ai prévenu, je ne suis pas un garçon facile... » Ajouta-t-il en lui rendant enfin sa pichenette sur le nez. Oeil pour oeil... « Bien que je puisse faire une petite exception pour compenser les soins. »
Ajouta-t-il avant de la suivre jusqu'à la voiture ou il peina à prendre place. Il avait l'impression de s'être changé en courbature géante, sans compter les sueurs froides qui s'invitaient doucement, contrecoup ou simple coup de froid... Il savait que sa blessure n'était pas très grave même s'il n'avait pas reçu de coup de couteau auparavant... Il faut une première à tout non ? Et ce soir semblait être propice aux premières fois même s'il n'était pas prêt de l'admettre...
Quoi qu'il en soit, ils n'étaient pas en route depuis longtemps que son téléphone vibra, lui arrachant une nouvelle grimace alors qu'il se tortillait pour le sortir de sa poche. C'est là qu'il découvrit la petite farce de la conductrice, soupirant en secouant la tête, soulagé quand même que Jay ne l'ai pas prit trop mal et qu'il ne se soit pas précipité dehors pour s'assurer que tout allait bien... Ils se connaissait bien et Jayan savait que Ravi adorait dire des bêtises, ce que Jam aurait sûrement constaté en remontant un peu dans la conversation même si les écrits restaient relativement sobres, surtout avec le boss.
« Dis donc, tu as légèrement extrapolé quand même... Mais c'était assez clair et mon patron s'accorde à dire qu'Aladin ne me va pas si mal. Sûrement le côté séducteur. »
Sourit-il, lui lançant un nouveau regard justement 'séducteur' même si elle ne pourrait sans doute pas le voir, trop concentrée sur la route. Route qu'il surveillait effectivement du coin de l'oeil même s'il connaissait la ville comme le fond de sa poche... Après tout, il ne fallait pas qu'il se perde demain !
Alors que l'ambiance devait être grave au vu des circonstances, celle-ci se révélait être légère au final . Le bougre s'amusait de la situation comme un enfant qui ne réalisait pas ce qu'il venait de se passer. Partageait-il ce manque d'instinct de survie total? Ou aimait-il simplement fanfaronner comme un paon pendant la saison des amours? Peu importe en réalité, cela amusait Jamilah et c'est tout ce qui comptait pour elle. Les phrases s'enchaînaient comme des balles, même si pour une fois, Jamilah sentait qu'elle pourrait perdre son petit jeu.
Un faux soupire agacé, un haussement d'épaule rapide et elle chassa sa réponse d'un revers de la main. Elle avait très bien compris son petit manège et elle ne comptait pas rentrer à cent pour cent dans celui-ci… Même si tout son être lui criait de le faire, de se laisser aller bien plus que de raison.
«Wonder Woman? Eurk. Je t'appelles Aladin, qui est un héro assez classe, respectes moi un minimum en retour.» Réellement indignée par cette comparaison, la jeune femme en oublia totalement le reste de sa phrase. Non mais sérieusement? Wonder Woman? Elle qui détestait l'univers DC Comics, il avait tapé dans le mille ce crétin.
Le voir tomber de la sorte était très satisfaisant. Oui, ce n'était pas cool de taper sur quelqu'un de blessé, mais hey… il l'avait cherché. Et plus il la cherchait, plus elle revenait dans le jeu. Ses sourires en coin séducteurs, les regards intenses. Putain, elle se laissait avoir dans le manège de l'hindou. Non, non et non. Ce n'était pas à lui de mener la danse. C'était à elle, pas l'inverse. Jamilah sentait que quelque chose différait avec lui, sans savoir quoi. Certes il était beau garçon, même dans cet état mais ça, elle en avait vu plein. Mais il y avait ce "je ne sais quoi" en lui. Soit, elle en profita pour récupérer son permis de conduire avant de se redresser.
« C'est vrai mademoiselle Novacs, je n'en ai plus vraiment besoin... » L'enfoiré… Elle baissa le regard sur lui, ses doigts occupés à envoyer le SMS rapidement à Matt. Elle avait un talent inné pour ce genre de choses. Merci Walmart pour ça. Envoyer des SMS tout en faisant semblant de s'intéresser à ce que ses clients lui demandaient… « Alors t'as regardé hein? Fais attention à ne pas faire traîner ton téléphone… » Menace? Oh oui, elle comptait bien le lui voler à un moment pour fouiller dedans. Mais en bonne joueuse, elle le prévenait avant. Sympa, non?
« Mince, moi qui espérais que tu allais me bander les yeux avec le reste de ton t-shirt... » Elle vint se coller à lui quand il fut enfin debout. Venant chuchoter à son oreille doucement, collant son corps au sien l'espace d'un instant. «J'aurais bien aimé mais… je te rappelle que je suis nue en dessous?» Elle mordit légèrement son cou, pour lui rendre le baiser des vestiaires avant de reculer et de rire. « Sauf que cela aurait été pour te bâillonner définitivement. Tu parles trop pour un beau garçon.»
Echange de clé rapide, son pote était reparti aussi vite qu'il était arrivé, laissant cependant de quoi s'amuser au barman apparemment. Heureusement que Matt la connaissait bien, ils se connaissaient depuis plus de 20 ans après tout. Et ils avaient aussi eu une relation de couple. Ne pas se connaître après tout ça, aurait été malheureux, non? « C'est mon ex fiancé. Encore heureux qu'il me connaisse bien, non?» Elle lui offrit un grand sourire, le laissant réfléchir à si l'info était véridique où non. Certes ils avaient été en couple, mais jamais fiancés, pas assez masochistes pour ce genre de connerie.
« Je te promets de ne pas te toucher. Je m'en voudrais de te faire sentir comme un pauvre petit garçon facile. » Elle le regardait, sourire en coin à nouveau qui soulignait cette promesse. Oui, elle ne le toucherait pas pour le soigner.
En route vers la voiture, elle prit son téléphone pour échanger quelques mots avec Willow. Ouais, cette fois elle aurait besoin de l'aide de la rouquine. Jamilah ne ramenait jamais personne à la maison, par principe. Même avec ses amis, sur certains aspects de sa vie, elle aimait rester secrète. Situation d'urgence? Oui et non en réalité, elle aurait très bien pu le laisser se démerder. Mais son instinct avait réagit plus vite que son cerveau. Lui qui hurlait de stopper cette mascarade, quand ton son corps en redemandait encore et toujours.
Une fois à l'intérieur, elle démarra la caisse en grimaçant, préférant de loin sa moto à cet enfin bien trop gros pour elle. Bon, le point positif était la radio qu'elle alluma avant de tomber sur une station qui diffusait de la musique en continu. En tout style, en tout genre. Elle le regarda un instant avant de secouer la tête et de démarrer en trombe. Bien décidée à corsée le jeu, tout en faisant attention cependant. la neige était présente et un accident était si vite arrivé.
Nouveau sourire rempli de fierté quand il reprit la parole. Enfin, il remarquait le SMS. C'était de sa faute après tout, à l'avoir prit de haut pendant l'écriture de celui-ci, elle n'avait pas pu résister à une douce vengeance. Plus que gentille cela dit. A d'autres, elle aurait sans doute fait vachement pire comme blague. « Désolée, j'ai confondu les deux mots. J'ai tellement peu l'habitude de les utiliser. Et pour Aladin, j'aurais plutôt dit, le côté relou et qui force le spectaculaire. »
Un peu plus légère, elle chantonna l'air qui passait à la radio. La jeune dealeuse avait la chance d'avoir une très belle voix, pourtant, faire carrière dans la musique ne l'avait jamais tenté. Elle aimait faire un karaoké de temps à autre, chanter en cuisinant ou en riant avec ses potes mais cela s'arrêtait là. Finalement, le trajet passa très vite. Quartier de la Petite Italie en vue, elle se gara devant la maison.
En deux-deux, elle fit le tour de la voiture pour aider le bel hindou à descendre. « Allez, viens, il fera plus chaud à l'intérieur. » Un fois sorti, elle resta près de lui sans pour autant le tenir, juste au cas où. Etant du genre à aider derrière ses airs de peste. Une fois à la porte, elle ouvrit celle-ci et le laissa entrer à l'intérieur. « Je te dirais bien de faire comme chez toi, mais non. Restes tranquille Aladin. » Elle l'emmena au petit salon. Bien qu'il y ai cinq chambres en tout dans la maison, celle-ci n'était pas bien grande. Le salon en témoignait parfaitement. De toute façon, rare étaient les fois où les cinq colocataires étaient réunis en même temps. Entre ceux qui travaillaient le jour, dormaient la nuit ou inversement…
Colocataires, qui par chance, étaient tous à l'extérieur ce soir-là. Enfin presque tous, Willow était là, dans ce même salon. Un gigantesque sourire s'installa sur les lèvres de la jolie brune, ravie d'avoir un peu de renfort avec cet énergumène. « Willow, je te présente Aladin. Aladin, voilà ton infirmière! » Elle poussa le dit Aladin sur le canapé et regarda son amie, toujours aussi amusée. « Il est TOUT à toi ma belle. Et ne soit pas trop douce, il aime quand ça fait mal.»
Sur ces belles paroles, la jeune femme partit à la cuisine se servir un verre de jus d'orange frais, préparant aussi un autre verre pour son invité surprise, mais avant, elle voulait leur laisser un peu d'intimité…
Une enfance en Inde était une enfance dans un autre monde bien que Ravi ait eu la chance d'évoluer dans une famille ouverte sur l'occident. Il avait donc vu quelques Disney et lu quelques comics même s'il avait surtout découvert tout ça après ses dix huit ans, une fois installé de l'autre côté de l'océan. Faisait-il pour autant la différence entre DC et Marvel ? Vaguement oui mais pas assez pour en débattre et il appréciait les deux, trouvant son compte dans l'un comme dans l'autre. Ainsi donc, la réaction spontanée de la jeune femme le surprit quelque peu même s'il avait déjà assisté à ce genre d'attitude et subit des débats enflammés sur qui valait mieux que quoi, comment, pourquoi...
« Ma foi, sexy et courageuse avec le pouvoir de faire dire la vérité aux hommes, je trouvais ça plutôt "classe" mais je comprends, autant pour moi ! » S'excusa-t-il, levant les mains pour illustrer ses paroles. Fausse bonne idée bien sûr et il s'empressa de refaire pression sur sa plaie. « Mais dis donc... Serais-tu entrain de dire que tu me respectes et que tu me trouves "assez" classe ? »
Quoi ? Elle ne pensait quand même pas qu'il allait manquer ça ?! Sans s'en rendre compte, la jeune dealeuse venait de le complimenter ou, du moins, c'est ce qu'il aimait croire, étrangement séduit par cette idée... Une fois encore, il y avait vu un lapsus révélateur qui ne lui déplaisait clairement pas, luttant lui même contre l'envie de tendre de telle perche qui ne pourrait que la rendre trop fière... Bien qu'il soit sûrement le plus "petit paon" des deux, un vrai casse-couilles en chef ! Casse-couilles qui tomba de bien haut même si ce ne fut pas suffisant pour lui faire perdre le nord. A fourbe, fourbe et demi !
« Donc nous en sommes déjà à espionner les téléphone? Décidément, notre relation a évolué beaucoup plus rapidement que prévu ! »
S'amusa-t-il, sautant sur la moindre perche comme un prédateur sur une proie facile. Ce petit jeu lui faisait presque oublier la blessure qui saignait pourtant toujours abondamment dans le morceau de T-shirt de la belle... Il ne se retint d'ailleurs pas d'avouer qu'il ne serait pas contre l'idée de la voir nue bien que cela ait sans doute était assez clair dans le vestiaire tout à l'heure... Car bon, il avait fait demi-tour avant de céder mais le reste avait été très honnête, peut-être même un peu trop à son goût ! En d'autre lieu, sans cette envie de l'embêter, il aurait sûrement craqué comme il l'avait souvent fait avec moins attirantes.
« Pourquoi avais-je envisagé la chose crois-tu ? » Rétorqua-t-il toujours avec la même malice, peinant à retenir un frisson en sentant le souffle de la jeune femme au creux de son oreille. Une chance que la ruelle et son état ne soit pas plus propice à ce genre de choses ! « Encore mieux ! J'aurais eu tout le loisir d'admirer la vue comme ça. »
Répondit-il avec un petit haussement d'épaule taquin. L'imaginer nue était agréable et l'idée d'être bâillonné n'était pas si dérangeant non plus même s'il n'était pas trop dans ce délire en général. Une première fois à tout oui, ce n'était pas faute de le dire ! Et jusqu'où était-il prêt à aller pour gagner ce petit jeu avec elle ? Aucune idée ! Mais il venait quand même de prendre un coup de couteau, il y avait fort à parier qu'il pourrait difficilement faire pire non ? Quoi qu'elle semblait regorger d'idées folles et c'est bien ça qui plaisait à Ravi que le défit attirait bien plus que de raison.
« Beau garçon hein... »
Ajouta-t-il, beaucoup trop fier de récupérer ces petites perles qu'elle semblait semer plus ou moins malgré elle. Quoi qu'il en soit, il fut coupé dans son élan par l'arrivée d'un autre homme qui ne fut ni choqué ni surprit par la scène et qui disparut aussi vite qu'il était arrivé. Drôle de personnage mais qui, finalement, collait parfaitement à l'atmosphère globale de cette soirée. La mystérieuse Novacs devait avoir une bien drôle de vie pour que ce genre de chose semble normale à son entourage, l'instinct de survie de l'Indien aurait réellement dû réagir mais il n'en fit rien. Dommage !
« De ta part, plus rien ne me surprendrait. » Répondit-il, agrémentant d'un nouveau haussement d'épaules qui déclencha une nouvelle grimace. « Je ne suis pas sûr que tu puisses résister longtemps... »
Ajouta-t-il en lui lançant un regard en coin plus que taquin. Après tout, c'est elle qui avait ouvert sa chemise et qui s'était plus ou moins précipité à son chevet, lui offrant maintenant de s'occuper de lui sans rien attendre en échange... Pourrait-elle résister à l'envie de plus alors qu'il allait se retrouver totalement torse nu dans une pièce sans doute bien plus intimiste que les vestiaires d'un pub ? Lui ne résistera sûrement pas aussi facilement même si l'envie de la taquiner restait violente. Quelle drôle de sentiment, c'était vraiment une première à laquelle il tentait de ne pas trop réfléchir, pas mécontent de gagner la voiture avant que ses tétons ne gèlent...
« Ok... Donc c'est le jour où tu me diras merci qu'il faudra que je me sorte de notre relation avant que ça en devienne trop sérieux ? »
S'étonna-t-il, lui lançant un regard exagérément sceptique. Cela lui fit penser au livre Nos étoiles contraires où les deux amoureux utilisaient "Okay" pour se dire qu'ils s'aimaient. Ou quelque chose du genre... Ce serait drôle tiens, un couple qui se dit "merci" au lieu de se dire "je t'aime" et vice-versa. Quelque chose qu'un couple comme eux pourrait largement faire... Quoi ? Il pouvait bien rêver non ? Et ils ne pourraient être qu'un couple original en vue de ce début rocambolesque !
« Mouais, je vais plutôt garder "assez classe", je préfère. »
La nargua-t-il, n'ayant pas oublié son faux compliment de tout à l'heure. Une chance que le trajet fut bref sinon il aurait sûrement trouvé d'autres bêtises à dire s'il ne s'était pas mis à chanter avec elle ! Quoi qu'il n'était pas aussi bon chanteur que danseur... Mais si ça pouvait l'embêter ! Il se retint quand même, essentiellement car la douleur devenait pénible à gérer et qu'il se sentait un peu défaillir derrière son sourire un peu niais d'admiration. Car elle était belle quand même... Et que sa voix était douce... À moins ce que ce ne soit son esprit qui commence à partir ? Voyait-il une lumière blanche ? Ah ben non... Merde !
« Je t'aime. »
Lui sourit-il toujours avec cette même malice alors qu'elle l'aidait à se tirer de la voiture. Il fut d'ailleurs silencieusement surprit que la jeune femme reste si proche après cette pique, l'aidant sans l'aider à gagner l'intérieur de l'appartement qui était effectivement bien plus chaud que la rue. L'endroit était d'ailleurs très sympathique même si c'était un peu chargé pour l'Indien qui avait des goûts bien plus sobres en matière de décoration. Sûrement une question de culture là aussi, Ravi n'était pas matérialiste et ne possédait pas grand-chose. Docilement donc, il se laissa guider jusqu'au petit salon où il tenta une petite courbette pour confirmer qu'il resterait sage. Bien que son état ne lui permette guère de faire autrement de toute façon... Chose qu'il se gardait bien de dire par pure fierté.
« Quel chanceux je suis ! Enchanté Willow et merci d'être venue à la rescousse. »
Sourit-il en lui offrant un baise main délicat, son regard guettant du coin les réactions de sa tortionnaire favorite, y cherchant déjà toute trace de jalousie même minime. C'était une trop belle occasion pour qu'il ne la manque, surtout que la dite Willow était fort charmante elle aussi... Et il ne fut pas réellement déçu du voyage, la brune le poussant sur le canapé avant de confirmer à son amie qu'il était tout à elle. Ma foi, il n'allait pas s'en plaindre ! Et s'il pouvait jouer un peu plus avec les nerfs de sa camarade de jeux, c'était tout bonus !
« Seulement quand ça vient de toi... » Lui lança-t-il avec un clin d'oeil complice avant qu'elle ne disparaisse, le laissant seul avec son infirmière. « Vraiment désolé de déranger à une heure pareille. »
Dit-il, changeant de ton du tout au tout. Soudain, il était le Ravi humble et discret que beaucoup connaissaient, celui qui n'aimait pas déranger et qui préférait se débrouiller seul. Il offrit d'ailleurs un sourire sincèrement désolé à la blonde, ouvrant doucement sa chemise pour laisser entrevoir la fameuse blessure. Rien de grave en effet.
« Ce n'est qu'une blessure superficielle, je peux m'en occuper, il me faut juste de quoi nettoyer et panser tout ça. »
L'idée de se faire tripoter par une jolie fille ne le dérangeait nullement, pas plus que le fait de montrer son torse à une inconnue mais il n'aimait pas inquiéter les gens ou leur faire faire ce qu'il pouvait faire lui-même. Peut-être trop habitué à tout faire lui même et à être dans la galère ?
« Au fait, je m'appelle Ravi. »
Ajouta-t-il, presque à demi-mots. Discret certes mais il voulait surtout éviter que sa némésis du soir ne l'entende... Elle ne connaissait toujours pas son nom n'est pas ? Et il ne voulait pas lui montrer le Ravi délicat, pas si tôt. Sans compter que la pauvre Willow n'avait rien à voir avec leur petit jeu, déjà gentil qu'elle prenne un peu de temps pour lui !
C’est la première fois que je ne suis pas de fermeture. Depuis mon arrivée à Ottawa, et par conséquent le décrochage de mon premier véritable emploi, je suis la bonne poire d’un tortionnaire qui se fiche royalement des horaires. Vil nabot avec des dollars à la place des yeux, fière de foutre le maximum d’employée de sexe féminin derrière une caisse. Misogyne en plus d’être con, il s’image sûrement que la place d’une femme c’est dans la cuisine. Rien que de penser devoir y remettre les pieds demain, je pousse un soupire désespérer qui doit sûrement s’entendre jusqu’à la frontière Canadienne. Je savais à quoi m’attendre en repartant à zéros, commencer au bas de l’échelle et gravir les échelons. Le souci c’est que je ne peux pas espérer plus pour l’instant, je ne sais rien faire d’autre. Peut-être développer quelque chose autour d’une passion ? J’aime bien dessiner mais j’ai déjà la flemme de la pression que ça impose. Faute de quoi, j’ai juste à fermer ma gueule et assumer de trimer pour un salaire de misère. Ça aurait pu être pire, j’ai un toit au-dessus de la tête et je me suis déjà fait des amies. Ma vie n’est pas tant de la merde que ça si on oublie que je ne suis pas réellement celle que je prétends être. Chaque chose en son temps, je n’ai pas spécialement envie de m’emmerder avec du stress inutile.
Sagement lovée dans le canapé du salon, je balance mon téléphone qui rebondis sur un coussin un peu plus loin. J'aime énormément Jamilah, mais là elle abuse. Moi qui pensais passer une soirée tranquille devant des émissions morbides, me voilà obligée à jouer les infirmières ! Je fais glisser mon carnet à croquis et mon fusain sur le côté, détalant jusqu’à la salle de bain pour récupérer la trousse de secours derrière le miroir de la salle de bain. J’abuse, elle ne m’oblige en rien mais je l’aime trop pour la laisser dans la merde. Elle me dit souvent qu’elle pourrait cambrioler une maison si je le lui demandais, moi en retour je jure d’un jour kidnapper le premier connard qui lui fera du mal. C’était un peu comme se dire je t’aime, mais avec plus de tabous. Deux âmes sœurs qui ne seraient rien l’une sans l’autre finalement. Et ce soir je lui sauve à nouveau son petit cul, mais ça ne me gêne pas, faut juste que je garde ça en mémoire le jour où j’aurais besoin qu’elle me rende service. Je glisse la trousse sous mon bras, de l’autre main je mets un peu d’ordre dans mes mèches rebelles. Ok le mec est certainement mal en point, mais ça reste un garçon ! Et la première impression est très importante. J’enfile à la hâte un legging de yoga histoire de ne pas l’accueillir en petite culottes, même si je l’aurais certainement fait dans d’autres circonstances. Dernier coup d’œil amoureux dans le miroir et je me téléporte jusqu’au sofa, le nécessaire de survie sagement posé en évidence sur la table basse.
« Je te dirais bien de faire comme chez toi, mais non. Restes tranquille Aladin. » sagement posée devant une rediffusion d’enquêtes criminelles, je ne prête pas attention aux paroles de Jam, trop occupée à tracer les contours d’un croquis que je ne finirais sûrement jamais. C’est un peu comme avec les hommes, je m’en occupe un petit moment puis après je me las. Je suis une cause perdue qui met de la bonne volonté ! Je baisse le son de la télévision et pose le carnet sur mes jambes en tailleurs, levant les yeux vers le couloir au moment où Jam et son invité surprise apparaissent. « Willow, je te présente Aladin. Aladin, voilà ton infirmière ! » subjuguée par la beauté du garçon à la peau caramel, je mets du temps à comprendre les paroles de mon amie. Elle se fout de ma gueule ? Je vais vraiment devoir le soigner moi-même ? « Quel chanceux je suis ! Enchanté Willow et merci d'être venue à la rescousse. » mes yeux sont ronds comme des soucoupes, je suis hypnotisé par le regard un brin séducteur qui me fait perdre un peu mes moyens. Jusqu’à ce que je ne distingue ses blessures qui ne sont pas belles à voir ! Mais ça ne dure qu’un bref instant, son baise-main met à mal mes fonctions mentales. Si j’étais encore maitre de mes mouvements, je m’accrocherais à sa poigne et l’obligerais à continuer jusqu’à ce que je succombe sous ses baisers. Au lieu de quoi, mes yeux font la navette entre Jamilah et l’homme. Est-ce qu’elle a vue ? Est-ce que je suis en train de rêver ? Wow, en plus d’être canon il est tendre comme un prince de conte de fée. L’exact opposé de ce que m’a dit Jam’ par textos un peu plus tôt. Il y a un loup quelque part, mais je suis trop hypnotisée pour le comprendre...
« Il est TOUT à toi ma belle. Et ne soit pas trop douce, il aime quand ça fait mal. » un sourire charmeur se peint sur mon visage, mes yeux yeux d’un bleu turquoises s’assombrissent « Si tu n'en veux pas, je me ferais une joie de t’en débarrasser... » je lance à mon amie sans quitter le garçon des yeux, mon accent British se joint à ma voix suave et mon regard brillant. Pourquoi la belle brune veut-elle à tout prix se débarrasser de ce beau spécimen ? Moi à sa place, je ne le laisserais pas filer. Ça fait si longtemps que je n’ai pas été vue en compagnie d’un garçon, je commence à ressentir les effets du manque. Et bizarrement, ces derniers se sont développés au moment où il a franchi cette porte. Finalement, j’aurais mieux fait de rester dans ma tenue initiale...
« Seulement quand ça vient de toi... » je suis son regard mais Jam a déjà quitté les lieux, me laissant seul avec le blessé, pour mon plus grand bonheur. « Rassure-toi, je suis loin d’être aussi violente... surtout avec les beaux garçons. » à mon tour de lui glisser un clin d’oeil faussement timidement et bourré de sous-entendus, me munissant de la boite à pharmacie sans attendre sa réaction. C’est une petite mallette remplie à ras-bord de bandages, de cotons et autres ustensiles en cas d’incident. Le genre de mallette que l’on trouve notamment dans les grandes entreprises, comme celle où nous travaillons Jamilah et moi. « Vraiment désolé de déranger à une heure pareille. » je secoue la taille en imbibant un coton d’un peu d’alcool « Tout le plaisir est pour moi. Maintenant, si tu as un frère qui a des lacunes en pharmaceutique, n’hésite pas à lui filer mon numéro... » non, je ne suis pas farouche. J’ai même tendance à y allez franco, que ça plaise ou non. Je sais ce que je veux et j’aime déstabiliser les hommes, même si je suis encore un peu rouillé ! Faites que papa ne le sache pas, sa petite poupée ne fait pas non mais crie oui acapella.
« Ce n'est qu'une blessure superficielle, je peux m'en occuper, il me faut juste de quoi nettoyer et panser tout ça. » je le regarde, surprise de voir qu’il a déjà déboutonné sa chemise. Mamma, il veut que je tourne de l’oeil ou comment ça se passe ? Sans me cacher, je contemple son corps galbé et esquisse un sourire satisfait avant de m’approcher un peu plus de lui. Sa blessure n’est vraiment pas belle à voir, je vais devoir interroger Jamilah sur sa provenance quand monsieur aura quitté les lieux. Je sais qu’elle peut être dangereuse quand elle le veut, mais à ce point ? « Tu es tout à moi, je te rappelle. C’est la madame qui l’a dit... » je pose mes mains froides sur sa peau bouillante, tamponnant les bords de la plaie avec le coton imbibé, délicatement. « Désolée, j‘ai les mains froides... » je marmonne distraitement, concentrée sur mon patient de fortune comme si je passais mon diplôme de médecine. « Tu ne flippes pas de laisser ta vie entre les mains d’une meuf qui a acquis ses skills en médecine grâce à docteur maboule ? » Je mets de côté le coton de sang pour en reprendre un autre, cette fois en insistant un peu plus sur la plaie pour la nettoyer en profondeur. « Au fait, je m'appelle Ravi. » je lève les yeux vers lui, mon sourire tendre qui ne se défait pas de mes doux traits tâchés de rousseur. « J’aimais bien Aladdin... » je réponds après un bref silence en continuant mon œuvre, le souffle très proche du siens et mes cheveux longs qui taquinent sa peau. J’aurais peut-être dû m’attacher les cheveux... ?
code by exordium.
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'cause in a sky full of stars
"Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre" ~ Tu sais ce qui a de plus douloureux dans un chagrin d’amour ? C’est d’pas pouvoir se rappeler ce qu’on ressentait avant. Essaie de garder cette sensation. Parce que si tu la laisses s’en aller... Tu la perds à jamais. (skins) ️endlesslove.
Je m’ennuie. Je trouve que les secondes s'égrènent a quelque chose d’encore moins rapide que des secondes. Y’ a pas grand chose que je n’ai pas fait dans la dernière demi-heure. J’ai lancé un ballon contre mon mur quelques fois. J’ai pris ma guitare pour essayer de gratter, question de pratiquer des accords, mais je me suis rapidement désintéressé… Ça manque d’autre chose que de drames familiaux dans ma vie. La famille implose en même temps qu’elle essaie de se recoller, c’est beaucoup trop étrange et c’est beaucoup trop à gérer pour mon esprit. Il a besoin de s’occuper à quelque chose, mais pas à retourner toutes ces situations d’un côté comme de l’autre sans arriver à trouver une quelconque réponse. Parce qu’il n'y a pas de réponse à cette énigme qui n’existe pas.
Je pousse un soupir à m’en fendre l’âme, tournant la tête sur le côté pour apercevoir mon réveil-matin sur ma table de nuit. Trois minutes. Presque quatre exactement depuis la dernière fois où j’ai esquissé l’exact même mouvement pour observer l’heure numérique que me renvoie l’appareil. Le nez me plisse de découragement. C’est loooong. “Arrgh.” J’ai sûrement le même ton de voix qu’un homme des cavernes. Je ne vaut sans doute pas mieux dans l’état où je suis. Je laisse tomber ma tête à la renverse de mon lit, je me retrouve tête en bas et je trouve rien de plus intelligent que de lancer mon ballon que j’ai récupéré pour le lancer contre le mur. J'ai réussi quelques échanges avec lui jusqu’à ce que, trop de force, il me retourne dans la figure. En vrai, quelles étaient les chances que ça ne m’arrive pas?
Je me frotte le visage avec mes mains après avoir échappé un grognement. Par chance que personne ne me voit… Même si le ridicule ne tue pas, et c’est bien une chance dans mon cas, j’ai honte de m’être fait avoir si bêtement par une balle au mur. Mais au moins, ça me divertit de mon ennui. Je m’ennuie autant parce que mes mauvais coups dans les chambres de mes frères sont prêts, il ne me reste qu’à attendre leur arrivée pour rire un bon coup, mais en vrai, je commence à douter qu’ils vont vraiment apprécier ce que je leur ai réservé. Ça fait quand même trois mauvais coups que je fais à chacun. J’ai que ça à faire les emmerder. Ils commencent à bien me le remettre sur le nez aussi.
Je me redresse en saisissant mon téléphone. Ouin, non, j’attendrai pas que mes frères me tombent dessus finalement. Je scroll lentement mes contacts et une fois trouvée la personne que je voulais, je ne peux m’empêcher de lui écrire en souriant. “J’ai merdé, j’ai besoin d’un refuge! J’amène même le paiement!” Je lui envoie, même en sachant pertinemment qu’elle voudra se foutre de ma gueule. Jamilah, c’est son sport préféré se foutre de moi, mais on y trouve chacun notre compte au final. Je récupère ma veste tout en attrapant des sacs de bonbons que je fourre dans mes poches à la manière d’un dealer… de bonbons. Je sais qu’il y a un risque que je me cogne à une porte fermée ou à ses colocs, dans ce cas, étant déjà sorti, je me trouverais bien autre chose à faire.
Par chance le trajet entre chez elle et chez moi se fait bien, c’est pas trop long même si je dois retourner vers la ville. Et rien que le fait de m’occuper à aller chez elle, suffit à améliorer mon humeur, rien que parce que je fais quelque chose, autre que d’attendre que le temps passe. Je m’arrête devant chez elle, au moins il semble y avoir de la vie! Mes pieds me grimpent devant la porte où je toque un peu, ne pouvant m’empêcher de lâcher un “Jaaaam, ouvre moi, on gèle dehors!” Bon pas à ce point-là, c’est quand même plus doux que bien des fois, mais c’est suffisant pour me faire mettre les mains dans mes poches et rentrer le cou dans ma veste. J’en étais même à penser à faire des yeux de chat potté pour qu’elle me laisse entrer. En vrai, elle m’avait peut-être même répondu au texto, j’ai juste pas pris la peine de regarder.
Ignore-le Jamilah, ne lui réponds plus. Il est blessé, il ne dira que de la merde alors à quoi bon l'écouter? Le regard de la jolie brune le jaugeait avant d'hausser les épaules. A vrai dire, avec ou sans blessure c'était un crétin. Un très beau crétin cela dit. Avec tous les efforts du monde, elle réussit à ne plus lui répondre, jusque dans la voiture. Bon Dieu, jamais il ne la fermait ce gars?
« Ok... Donc c'est le jour où tu me diras merci qu'il faudra que je sorte de notre relation avant que ça en devienne trop sérieux ? » Relation? Rien que le mot faisait frémir la jeune dealeuse, provoquant en elle un certain malaise. Pourquoi partait-il dans ce genre de délire? Elle serra le volant plus violemment, gardant cependant son sourire. Douée pour cacher ses émotions, menteuse et dissimulatrice experte. « Vu qu'il n'y aura pas de relation, cela devrait être facile pour toi de fuir, non? » Elle le regarda rapidement, lui offrant son plus beau sourire avant de se concentrer sur la route. Ses mots tournant dans sa tête.
Elle savait que pour lui, ce n'était qu'un jeu, pour elle aussi en réalité, mais certains sujet avait le don de lui donner envie de criser et de fuir. Tout ce qui touchait à l'attache en réalité. Enfant encore bien trop marquée par les nombreux abandons et rejet qu'elle avait subit. Elle avait été comme un chien qu'on prenait pour noël mais qu'on ramenait systématiquement au refuge quand l'heure des vacances arrivaient. Par chance, un peu de musique et elle pensait à autre chose, chantonnant sans s'agacer quand il tenta de faire de même.
Enfin, la maison. Enfin, les renforts! Alors qu'elle l'aida à sortir, son petit "Je t'aime" la déstabilisa. Mais quel con! Elle lui mit une claque derrière la tête une fois debout, en le regardant très sérieusement. « Tu redis ça, je te plante moi-même de l'autre côté. » Oh, elle avait compris que c'était une blague liée au merci qu'elle avait dit confondre, mais quand même. Quel mec insupportable. Oui, ce soir, l'homme mettait à mal sa patience, elle qui ne perdait jamais son sang froid.
Par contre, une fois à l'intérieur, bien au chaud, le manège de l'hindou l'agacait fortement. Comment ça faisait-il un baisemain à la rouquine… Et comment ça, celle-ci semblait subjuguée par lui? Non mais sérieusement? Il bouffait donc à tous les râteliers cette ordure? Jamilah ne savait pas pourquoi, mais la scène l'énervait plus que de raison, réveillant en elle un sentiment encore inconnu jusqu'ici. De la jalousie? Non… ce n'était pas possible, elle ne le connaissait que depuis quelques heures à présent, voire moins! Alors pourquoi?
« Si tu n'en veux pas, je me ferais une joie de t’en débarrasser... » Une fois de plus, cela irrita la jolie brune. Bon, peut-être était-ce de sa faute? Mais quand même. Elle se contenta d'hausser les épaules et de sortir de la pièce, lâchant une dernière phrase aussi rapide que glaciale. « Si ça t'amuse. » Oui, quelque chose n'allait clairement pas avec la jeune Novacs.
Les verres de jus d'orange devant elle, elle tentait d'analyser la situation. Putain, c'était quoi ça? Ce garçon était clairement dangereux pour la santé mentale de la brune, finalement, laisser Willow s'en occuper était une très bonne idée. Vas-y rouquine, il est tout à toi. Enfin non… Enfin si! Oh et puis merde. Son regard se baissa sur son t-shirt déchiré et taché de sang. Ah , oui, merde… Avec un énième soupir ce soir-là, elle monta rapidement se changer, retirant ses habits pour revêtir son pyjama du moment. Un simple mini-short avec un débardeur simple. Il faisait chaud dans la maison, alors pourquoi se casser la tête à se vêtir décemment? Après tout, elle était chez elle. C'était lui l'intrus.
« Jaaaam, ouvre moi, on gèle dehors! » Hein? Cette voix, elle ne la connaissait que trop bien, mais pourquoi était-il là? King Julian était donc dans la place, voilà de quoi égayer sa soirée qui se transformait en cauchemar. Elle prit son téléphone, ou elle remarqua seulement le SMS de Julian, son t-shirt déchiré et descendit rapidement les escaliers, voyant au passage le regard de Willow sur l'Hindou. Sérieusement? Elle abusait là! Jamais Jamilah n'aurait bouffer du regard un de ses gars comme elle le faisait…
Pas le temps de s'en occuper, elle partit ouvrir la porte d'entrée, affichant son plus beau sourire. « Paiement s'il vous plaît? » . Et elle tendit la main, en attente d'un paquet de bonbons. Une fois en main, elle s'écarta pour le laisser entrer. Le laissant retirer sa veste avant de le guider au salon. Son t-shirt vola sur l'hindou une fois à l'intérieur de la pièce. « Tu m'en dois un. Et un neuf. » Oui, l'insolente était plus que sérieuse. Après tout, c'était de sa faute à lui tout ça, non? Elle se décala pour laisser Julian entrer finalement.
« King Ju', voilà Aladin. Aladin, King Ju'. C'est super, on se croirait à la réunion des dessins animés râtés. » Un grand sourire s'afficha sur ses lèvres alors qu'elle s'installa sur le canapé à l'opposé du blessé et de son infirmière, laissant Julian prendre place à côté d'elle. Lui serait peut-être un vrai soutien? Oui bon, la jalousie parlait clairement à la place de la brune, mais hey, elle ne savait pas comment gérer ce bordel elle.
Ses jambes se posèrent sur les genoux de Julian, alors qu'elle ouvrait son paquet de bonbons comme une enfant ayant trouvé mieux à faire que de jouer avec ses jouets favoris, trouvant soudainement la composition et le goût des ces petites merveilles bien plus intéressant que le reste de la scène trop surréaliste pour elle.
Silence radio... Aurait-il gagné quelques points de plus dans ce jeu sans règles ? Aurait-il enfin eu raison de la patience de la belle ? Déjà ? Il fut presque un peu déçu sans pour autant cesser sa petite mascarade jusqu'au bout, conscient que c'était masochiste mais incapable de d'arrêter pour autant. Après tout, que pouvait-il lui arriver de pire qu'un coup de couteau hein ?
« Si tu le dis... »
Se contenta-t-il de répondre avec un sourire fier. Il faut dire que le regard qu'elle venait de lui servir sonnait un peu faux, un peu comme s'il avait touché un point sensible... Problème d'engagement ? Ou peut-être était-elle un peu plus sous la charme qu'elle ne voulait l'admettre ? Elle s'était quand même plus ou moins jeté dans son pantalon tout à l'heure, il devait lui faire un peu d'effet ! Juste un peu non ? Ce qui n'était pas du tout réciproque bien sûr... N'est ce pas ?
« Amour passionnel, c'est beau... »
Nouvelle pique qu'il ne put retenir en vue du sérieux soudain dans le regard de la belle. Rêvait-il ou toute cette histoire la déstabilisait grandement ? Peut-être que ces nerfs commençaient à lâcher, annonçant ainsi sa victoire indiscutable ? Non, ce serait beaucoup trop simple, elle était bien plus tenace que ça, c'était certain ! Du coup, l'indien s'imagina volontiers que la jeune femme lui réservait pire, se préparant donc mentalement à de nouvelles péripéties... Et il n'était pas au bout de ses surprises !
Premièrement parce que son infirmière était tout aussi charmante que sa tortionnaire mais aussi parce qu'elle venait carrément de les jeter dans les bras l'un de l'autre... Bras que la jeune Willow ouvrir sans hésiter, lançant au jeune Indien un regard plus que séduit qui ne put que lui redonner du poil de la bête... Quoi ? Pourquoi aurait-il dû se priver d'une telle opportunité ? Dommage qu'il soit blessé sans cela il aurait bien volontiers envisagé la soirée autrement, vieux fantasme jamais assouvie et mal assumé que tous les hommes partageaient plus ou moins.
Mais il ne valait mieux pas y penser, surtout en vue de l'enthousiasme de Willow et du fait qu'il soit à moitié nu sur leur canapé... Non pas que cela le dérange réellement mais il n'était pas un garçon facile, c'était vrai malgré les apparences ! Séducteur oui mais romantique au fond, couchant volontiers au premier rendez-vous mais rarement sans avoir discuté un peu avant... Vieux jeu ? Peut-être oui bien qu'il préfère mettre ça sur le fait qu'il ait grandit bercé par des Bollywood à l'eau de rose.
« Dois-je m'inquiéter ? »
Sourit-il à la rouquine, amusé par la situation et trop heureux d'avoir une chance de tester la jalousie de la brune. Sans compter que Willow était réellement une belle femme et que son accent British lui donnait un petit charme de plus qui ne le laissait pas indifférent... Aurait-il cédé en d'autres circonstances ? OUI ! Sans hésiter même, dommage qu'il ait jeté son dévolu sur la dealeuse sans même savoir pourquoi... Peut-être justement parce qu'elle était difficile à obtenir ? Masochiste oui, complètement !
« Dans ce cas je suis réellement fort chanceux... »
Rétorqua-t-il, tout aussi charmeur et sans manquer de lui rendre son clin d'oeil sans pour autant ôter sa chemise immédiatement. Étrangement pourtant, il redevint plus sérieux en s'excusant de déranger, pas timide mais moins séducteur. Moyen de ne pas céder à la tentation ? Un peu sans doute, avoir une jolie femme qui vous tripote les abdos n'est pas nécessairement un bon moyen de rester calme et loin de toutes idées coquines... Il n'était qu'un homme après tout !
« Il faudrait que j'aime drôlement mon frère pour lui offrir un tel privilège. »
Plaisanta-t-il, finalement incapable de rester neutre trop longtemps. Beau parleur oui et Willow jouait avec la corde sensible, sans compter la petite idée de rendre l'autre jeune femme jalouse qui ne le quittait pas... Dommage qu'il ne puisse plus la voir, ne pouvant qu'espérer qu'elle soit énervée de les sentir si proches et si complices sous ses yeux... Sadique ? Au moins autant que masochiste, la pauvre dealeuse ne savait vraiment pas dans quoi elle s'embarquait !
Surtout que la rouquine s'y donnait à coeur joie, le dévorant du regard sans complaisance une fois sa chemise ouverte. S'il était fier de déclencher ce genre de regard ? Assez oui, preuve que ses efforts étaient récompensés et excellent pour la confiance en soit. Il n'en manquait pas remarque, d'où le fait qu'il ne baisse pas les yeux et que ses joues ne rougissent pas de ce rapprochement soudain ou de cette tension palpable. Ce n'était pas son premier rodéo et il ne pouvait pas nier qu'il adorait ces moments électriques qui le faisait se sentir plus vivant que jamais...
« C'est vrai, il serait dommage de lui désobéir en effet. » Sourit-il en haussant malicieusement les épaules avant de frissonner au contact de ses doigts froids. Et ce n'était pas que le froid, il fallait bien l'avouer... « C'est peut-être aussi moi qui devrait m'excuser d'être trop chaud ? » S'amusa-t-il, bêtise lui permettant de ne pas trop grimacer face à la brûlure causée par l'alcool sur la plaie. Car ce n'était pas agréable du tout, aussi dur au mal qu'il puisse l'être. « J'aime vivre dangereusement. » Avoua-t-il, essayant de ne pas trop serrer la mâchoire en se concentrant sur les yeux de la belle et sur ses mains délicates. On fait ce qu'on peut ! « Alors Aladin ce sera. »
Accepta-t-il, toujours avec un sourire charmeur malgré la légère torsion de sa lèvre inférieure due à la douleur. Il n'avait pas reculé malgré la proximité de leur visage, envouté par le regard de la jeune femme et par son souffle régulier réchauffant doucement ses lèvres. Elle était jolie oui et cela lui permettait de ne pas trop penser à sa blessure et à ses muscles qui se tendaient sous le coton alcoolisé. Sa peau s'était aussi couverte de frissons et sa respiration était moins régulière... Douleur pour le coup mais, de loin, cela pouvait en effet prêter à confusion.
Une chance quand même que quelqu'un débarque brutalement, le tirant ainsi de cette étrange transe mi-douloureuse mi-séduite. Il n'avait tout de même pas oublié son petit jeu pour autant... Ou pas trop du moins. Quoi qu'il en soit il s'en souvint bien vite en entendant l'inconnu hurler le prénom de "Jam" au travers de la porte. Jam Novacs donc ? Sûrement le diminutif de quelque chose ? Ou pas ? Voilà, Ravi était de nouveau dans la défit, son esprit quittant la séduisante Willow pour chercher sa prochaine attaque... Têtu vous avez dit ?
« C'est toujours comme ça chez vous ? »
Plaisanta-t-il en se redressant un peu avec un nouvelle grimace de douleur. Ce n'était pas méchant, c'était même sincèrement surprit. Entre un mec poignardé et un gars qui hurle à la porte, les deux jeunes femmes semblaient effectivement avoir de drôles d'habitudes ! En était-il inquiet pour autant ? Il aurait dû oui sauf que ce n'était pas le cas du tout, peut-être à cause du choc ou à cause de ce petit jeu qu'il comptait bien reprendre ? Enfin, qui reprit bien vite alors que la dite "Jam" lui jetait son reste de t-shirt, revenant dans la salon en petit tenue.
Game on again !
« La prochaine fois oui. »
La taquina-t-il avec un clin d'oeil, pas peu fier d'avoir une autre occasion de lui rappeler qu'il y aura bien une prochaine fois. Même elle semblait s'être faite à l'idée et ce n'était clairement pas pour lui déplaire... Séduit ? Non non, juste amusé... Oui oui... Juste. Et juste absolument choqué de voir Aubin débarqué derrière elle... Aubin ? La coupe de cheveux n'était pas tout à fait identique pourtant... Et King Ju' ? D'accord, les Canadiens étaient bizarres mais entre Aubin et Ju' il y avait un monde non ? Ou alors c'était une private joke ?
Sourcils froncés et étrangement silencieux, Ravi mit un peu de temps à se remettre. Oh comme Jam devait être fière de lui avoir cloué le bec ! Et comme elle devait penser que c'était de la voir poser ainsi ses jambes sur le nouveau venu qui le rendait sceptique ! Bon, c'était un peu le cas aussi, il devait bien l'admettre... Ou alors c'était les prémisses d'une crise cardiaque ? Probable remarque, il avait prit un sacré choc et avait perdu pas mal de sang... C'était même la seule explication logique à cette petite pointe dans son coeur, il ne pouvait pas être jaloux pour une inconnue ?! Ou peut-être que si ?
« Où tu serais la reine de coeur sans doute ? » Finit-il par lui lancer, reprenant bien vite ce petit air de défit et son sourire en coin. Pas très drôle certes, mais il pouvait mettre ça sur son état physique. « King Ju' comme dans... Julian Torres ? »
Reprit-il, retournant son attention vers le jeune homme à qui il souriait toujours malgré un air plus sérieux. Jayan lui avait parlé de sa famille en lui expliquant l'étrange scène de la dernière fois, lui apprenant ainsi qu'Aubin avait deux frères dont l'un s'appelait Julian... Il n'avait pas précisé qu'ils étaient triplets ce qui semblait pourtant être le cas, au moins pour ces deux là qui se ressemblaient comme deux goutes d'eau. Ou alors Ravi avait aussi prit un énorme coup sur la tête et devait vite être emmené aux urgences !
J’aimerais bien être comme Jamilah, un peu plus détachée et mystérieuse, surtout avec les hommes. Pas au point d’être totalement de glace, mais suffisamment pour être insaisissable. Qu’on se batte pour moi en s’imaginant n’avoir aucune chance, alors que ce serait mal me connaître. Malheureusement, instinct de chasseuse oblige, je ne sais pas résister très longtemps aux petits minois. C’est plus fort que moi ! D’autant que la belle brune me ramène une pièce d’exception, grand garçon à la peau caramélisé, mais un brin mal en point. En règle générale, je ne m’attaque pas aux garçons que la belle ramène, même si c’est largement moins récurrent que moi. Priorité amicale oblige, c’est un code d’honneur que je me force à respecter. Visiblement ce soir, elle ne semble pas avoir jeté son dévolu sur lui. Ou est-ce un jeu ? Paraître insensible au charme dévastateur du bel Indien ? Je ne sais pas comment elle fait, moi un simple baisemain suffit à me faire tomber en pamoison. Je ne suis pas très formelle en générale, mais mon cœur est trop moue et laisserais passer n‘importe quoi. Si elle me laisse le feu vert pour attaquer, je ne compte pas y allez de main morte. Je suis un scorpion après tout, il suffirait de le charmer suffisamment avec mes yeux turquoise pour l’attaquer de front. Mais ça ne semble pas nécessaire d’en arriver à de telles stratégies, le regard du beau brun parle pour lui et je connaît cette expression. Ils ont tous le même regard quand je me mets à sourire. Je demande quand même son feu vert à Jam, indirectement, histoire de ne pas me faire arracher les yeux si je commence mon petit manège.
« Si ça t'amuse. »
Son ton sec me surprend un peu, j’esquisse un mouvement vers elle mais elle a déjà disparue dans la cuisine. Ai-je dit quelque chose de mal ou c’est le comportement du garçon qui la rend si glaciale ? Nous sommes si opposés elle et moi, le feu et la glace, le ying et le yang. Bref, nous n’avons vraiment rien à voir et parfois j’ai du mal à la cerner. Comme ce soir... Je regarde Ravi avec un haussement de sourcil étonné et lui souris d’un air compatissant « Je ne sais pas ce que tu lui as fait, mais je n’aimerais pas être à ta place... » je glisse avant d’ouvrir la trousse comme une vraie chirurgienne. Je joue peut-être les idiotes à ne pas comprendre que c’est moi le souci, peut-être que je marche sur ses plates-bandes à ainsi m’amuser avec le garçon, mais comment pourrait-je savoir ? Elle semble si distante et désintéressée, tout porte à croire qu’elle me l’a servi sur un plateau d’argent. Me laisser jouer l’infirmière est la goutte d’eau, je regretterais presque de ne pas avoir mis une tenue plus suggestive. Mon short de pyjama fera l’affaire, même si je n’ai pas l’habitude de me donner en spectacle devant Jam. Pas forcément timide, un peu pudique peut-être... ? Tout ce que je sais, c’est que ça fait un petit moment que je n’ai pas passé la nuit avec quelqu’un, et l’Indien semble rentrer dans mon jeu. Si bien que je m’amuse avec lui sans vraiment réfléchir aux conséquences de mes actes.
« Dois-je m'inquiéter ? » je prépare le coton d’alcool, me contentant d’un sourire et d’un regard en coin sans équivoque. Entre Jam qui semble en vouloir à sa peau et moi qui ne dirait pas non à lui donner la mienne, je pense que oui il y a de quoi s’inquiéter. En tout cas moi je ne serais pas rassurée... Est-ce que je suis une fille facile ? Non, certainement pas. Il m’arrive de ne pas finir la soirée avec mes conquêtes, voire parfois de ne même pas allez plus loin qu’un simple verre. Tout se fait au feeling et parfois la soirée ne s’y prête tout simplement pas. En ce qui concerne ce soir, le doute m’habite. Mais j’aime beaucoup trop ce petit jeu de séduction pour m’arrêter en si bon chemin. C’est pourquoi je continue, d’une petite voix suave et profonde enrobé d’un joli accent anglais qui me colle à la peau. « Dans ce cas je suis réellement fort chanceux... » je roule des yeux, l’air faussement gêné en fermant le bouchon du produit désinfectant. On dit que les hommes aiment les filles un peu niaises et qui manquent de confiance en elles. La carte de la petite délurée me scie à merveille même si mon regard ne trompe pas, imposant de par sa couleur, fière de par ma force de caractère. Et pourtant, difficile de réprimer le frisson qui me foudroie face à son clin d’œil. « Et moi donc ! » je rétorque simplement, faisant référence à sa présence en ces lieux. Même pas besoin d’aller le chercher dans un bar, de faire des ronds de jambe ou me faire payer un verre. Il est tout beau tout frais sur mon canapé, et ça cache quelque chose. Reste à découvrir quoi...
Mais difficile d’investiguer sérieusement dans cette baraque ! A peine ai-je détourné les yeux une demi-seconde qu’il s’est déjà mis à poil. Ou du moins, à moitié... pas farouche, mes yeux roulent sur sa peau et sa musculature parfaite, remerciant tous les dieux de la création pour ce spectacle incroyable. Je ne suis pas une sainte, je ne rate aucune miette et je m’en délecte sans cacher mon admiration. A quoi bon ? J’ai déjà annoncé la couleur un peu plus tôt et Jam n’a pas l’air contre de toute façon, pas besoin de se cacher. Un sourire insolant sur le visage, je soigne ce petit corps blessé sans vraiment savoir ce que je fabrique. Je n’y connaît rien à la médecine, même si je suis très à l’aise avec le sang. Par contre, je suis capable de dissimuler et/ou faire disparaître un cadavre ! Quoi ? Ça n’a rien de glauque, je regarde juste beaucoup de vidéos sur les tueurs en série, on en apprend beaucoup de chose... « Il faudrait que j'aime drôlement mon frère pour lui offrir un tel privilège. » je secoue la tête, m’amusant à nettoyer minutieusement les bords de sa plaie avec le coton qui s’effiloche. « Tu parles de privilèges ? » je demande sagement, sans oser dire qu’il devrait saisir cette opportunité s’il ne compte pas laisser un autre en profiter. C’est vrai non ? Du moins, c’est ce que ses mots veulent me faire comprendre...
Pourquoi je ne faisais pas comment tout le monde ? Me poser, fonder une famille et entrer dans les rangs d’une vie stable et sans chichis ? Parce que je ne suis pas quelqu’un de foncièrement stable, un peu dérangée et immature, étincelle prête à exploser. J’aime ce que je provoque chez les hommes, j’aime la diversité et je pense que je m’ennuierais dans une relation longue. Au bout d’un moment, le quotidien et la routine font qu’une relation devient vite chiante et sans intérêts. Moi je créer l’électricité, ce moment d’extase qu’on ne connaît que lors de débuts fragiles. Cette énergie destructrice qui nourris mes sens... en fait, je me délecte d’un début sans jamais en voir la fin. Car l’aube n’est pas une fin, elle est toujours annonciatrice d’un éternelle recommencement. Et c’est ça qui est bon dans cette vie de bohème amoureuse, on ne souffre pas. Et ce soir, Ravi est la victime idéale, me renvoyant la balle sans pour autant se douter de ce qui l’attends derrière. Doux homme au regard profond qui joue avec les braises de mon cœur... « C'est vrai, il serait dommage de lui désobéir en effet. » le savoir tout à moi est une semi-victoire, nous sommes encore trop entourés pour que je lui sorte le grand jeu. Chienne de vie d’habiter en coloc en fait... même si j’adore ce mode de vie, il présente des inconvénients. « Alors tient toi tranquille. » je dis d’un air faussement autoritaire en posant mes mains sur son torse. Ce serait mentir de dire que je n’en profite pas, mais je suis assez bonne actrice pour ne pas le montrer. « Ou je serais obligée de te garder ici toute la nuit. Et ce n‘est pas ce que tu veux. » je prêche le faux pour savoir le vrai, même si mes mots sonnent plus comme un conseil d’ami. Effectivement, il ne sait pas où il a mis les pieds, autant à cause du caractère de Jamilah qui semble l’avoir dans le collimateur que mon incapacité à tenir mes hormones. Ce n’est pas de ma faute, je suis comme un ours attiré par le miel, et celui-ci est de très bonne qualité...
« C'est peut-être aussi moi qui devrais m'excuser d'être trop chaud ? » j’ose un regard vers lui, mes iris d’un bleu perçant semblent sonder son arme. Est-ce une phrase à double sens ? Un sourire craquant se dessine sur mes lèvres pleines, je ne sais pas quoi rétorquer. Moi qui suis toujours très direct avec pas mal de répondant, j’avoue ne pas savoir comment réagir. De plus, Jam n’est pas très loin et doit certainement nous écouter. Est-ce que je pousse un peu plus le bouchon, au risque d’envenimer la situation ? J’avoue que l’envie est là, mais j’ai un peu peur pour mes fesses. « C'est souvent l‘effet que je fais ! » je réponds calmement, l’air distrait sans pour autant me défaire de ce sourire satisfait qui se peint un peu plus sur mes lèvres. Profitant de cette perche qu’il me tend, je plaisante un peu sur mon manque de connaissance en matière de médecine. « J'aime vivre dangereusement. » je baisse les yeux et passe un coup sur la plaie avec le côté propre du coton « Je vois ça. Sinon tu ne serais pas là... » je ris, amusée. En effet, se mettre dans des états pareils pour Jamilah, c’est ne pas avoir peur pour sa vie. Mais que vient faire Jam là-dedans d’ailleurs ? Cette histoire est trop étrange et je déteste ne pas être au courant. Ah si ! Les SMS... soi-disant qu’il voulait l’emmener au restaurant tout ça tout ça. Une petite pointe d’acide vient malmener mon cœur, songeant que je n’ai pas réellement ma place dans cette histoire. Mais qu’est-ce qui se passe exactement ? Mieux vaut ne pas y penser, ce n’est pas le moment. Je tirerais les vers du nez à la brune plus tard...
« Alors Aladin ce sera. » la douleur dans mon cœur se transforme en quelque chose de plus brûlant. Avec une tendresse que je ne me connaissais pas, j’applique délicatement le coton encore rougis sur sa lèvre déformée. Mon visage est bien proche du siens et il me suffirait de pas grand-chose pour venir à son contact. Mais quelque chose m’en empêche, un je ne sais quoi qui me dérange et m’empêcherais presque de respirer. Alors je reste comme ça, le contemplant intensément, l’impression de ne plus rien entendre autour que sa respiration. J’ai toujours trouvé ça niait, dans les films, ces moments de silence qui durent des plombes avant le baiser. Là c’était juste... je ne sais pas. Je n’ai pas forcément envie de m’avancer car je ne suis pas la protagoniste principale de cette histoire, juste un pauvre rôle secondaire qui n’a rien à faire là. Je sens d’ailleurs que je vais bientôt avoir besoin de me rouler une cigarette pour calmer mon souffle anxieux. Mais pas maintenant, j’aime plutôt bien ce moment de silence enrobé par le son de la télévision en arrière-plan. Mais ça ne dure jamais assez longtemps.
« Jaaaam, ouvre-moi, on gèle dehors ! » je sursaute, petit mouvement de recule qui me sort de cet état de transe dans lequel je me suis mise toute seule. Je soupire bruyamment en regardant vers la porte au moment où Jam s’y précipite. Ma chance d’avoir un peu d’intimité avec le bel Indien s’envole pour de bon... « C'est toujours comme ça chez vous ? » je me décale un peu de mon patient d’un soir, lui tendant le petit coton encore alcoolisé pour qu’il se l’applique lui-même. Je crois que je peux définitivement dire adieu à ce moment rien qu’à nous, l’arrivée de King Julian va faire des ravages dans le petit appartement. « C’est le désavantage d’être deux jolies filles... » je dis en haussant les épaules, sans lui dire que Julian est juste un super pote à nous. Jamais rien d’ambiguë, juste un groupe de potes qui ne s’inquiètent pas de l’avenir. « Tu m'en dois un. Et un neuf. » J’esquive de justesse le lancer de T-Shirt de Jamilah, la regardant avec un sourcil levé l’air de dire ” vous avez foutu quoi ? “ . Le bout de tissus est en lambeau et légèrement ensanglanté, signe que la soirée a vraiment dû être mouvementée. Elle va être obligée de passer un interrogatoire ! Je soupire une nouvelle fois, cette-fois si de fatigue, et attrape un élastique pour attacher mes longs cheveux roux en une queue de cheval désordonnée. « La prochaine fois oui. » mes yeux font la navette entre l’Indien et la brune, captant direct le clin d’oeil qu’il offre à celle-ci. Le même que pour moi. Ma jalousie n’est pas récente, je n’aime pas trop qu’on joue sur deux tableaux avec moi, mais je préfère m’abstenir de tout commentaires. Jam l’a vue en première après tout. Je fais un signe à Jul’ avant de récupérer mon bloc note et mon crayon. L’arrivée du King sonne ma fin, le moment d’intimité entre Ravi et moi est déjà bien loin. C’était sympa le temps que ça a duré... Difficile de cacher ma déception cette fois.
« King Ju', voilà Aladin. Aladin, King Ju'. C'est super, on se croirait à la réunion des dessins animés ratés. » je ricane discrètement, Jam est en forme ce soir et la connaissant, elle ne va pas lâcher le morceau. Mais pourquoi tant de haines ? Y’a un truc pas clair entre ces deux-là. Je fais un haussement d’épaules en direction de Julian, lui faisant comprendre que je n’en sais pas plus que lui sur la situation. « Où tu serais la reine de cœur sans doute ? » je regarde le bel Indien avec de grands yeux avant de me tourner vers Jam, hésitant entre m’indigner et éclater de rire. Elle va le démolir, mais c’est tellement drôle. Ce petit gars à de la répartie, c’est bien il en faut pour tenir tête à la belle dealeuse. Je me mords la lèvre pour ne pas en rajouter, faisant mine de me plonger dans mon dessin. « King Ju' comme dans... Julian Torres ? » Là par contre, difficile de feindre l’indifférence. Je regarde Ravi avec beaucoup de curiosité « Tu connais les Torres ? » je demande, sans oser dire qu’ils sont un peu foldingues sur les bords. Surtout devant Julian. Même si je n’en pense pas moins... avec tout ce qu’il nous a déjà raconté sur ses galères. « En tout cas, tu as le plus fun des trois devant toi ! » je pointe Julian du bout de mon crayon. Même si je ne connaît pas les deux autres, je sais que cette famille de fous sont un peu coincés sur les bords. Heureusement que Jul’ est différent, il faut pouvoir nous suivre dans nos délires.
code by exordium.
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'cause in a sky full of stars
"Chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre" ~ Tu sais ce qui a de plus douloureux dans un chagrin d’amour ? C’est d’pas pouvoir se rappeler ce qu’on ressentait avant. Essaie de garder cette sensation. Parce que si tu la laisses s’en aller... Tu la perds à jamais. (skins) ️endlesslove.
Je m’entends rire quand elle tend la main pour recevoir le paiement que je lui avais promis avant de partir de la maison. S’il y avait bien une chose sur laquelle on s’entendait bien elle et moi, c’était sur les bonbons. Le paiement de toutes choses… presque. J’avoue que j’en reste toujours un peu surpris que ce soit un bon terrain d’entente entre nous ce paiement, mais en même temps autant que c’est louche de le mentionner ainsi, mon amitié avec Jamilah n’avait rien d’une base… Normale? J’ignore à quel point elle aurait été quelqu’un que j’aurais approché en dehors de ces circonstances, mais aujourd’hui, bah je l’aimais bien.
Il n’en reste pas moins que j’ai été légèrement surpris de son pyjama, me disant que pour des gens comme elle, comme moi, la soirée commençait… non? C’était peut-être juste moi l’oiseau de nuit maintenant alors. Rapidement, je retire ma veste pour la suivre au salon m’attendant plutôt à la trouver avec ses colocs à regarder des films ou à faire je ne sais quel jeu un peu stupide qu’on fait avec des colocs. Or le portrait était tout sauf ce à quoi je m’étais attendu. Mais qu’est-ce qui se passait ici? Entre Willow qui réparait le gars, Jamilah qui lui lançait son t-shirt plein de sang… Ça jouait violemment dans le coin dites donc.
Tout en me laissant tomber dans le canapé, je ne peux m’empêcher de rigoler à ce surnom qu’on m’avait attribué de ce film d’enfant. À bien y pensé, ça m’allait plutôt bien dans l’insouciance du King Julian du film, mais j’étais loin de son…. leadership? En fait, c’était vraiment un gros con à bien y repenser, mais il faisait rire tous les gamins avec son attitude. Machinalement, mes bras passèrent par-dessus les jambes de mon amie, comme pour les retenir même si ce n’était pas nécessaire. “J’aurais d’abord dit la reine de pique, parce qu’elle pique souvent, mais c’est vrai que la reine de coeur… à bien y réfléchir, si on prend celle d’Alice au pays des merveilles, ouais ça peut bien être elle! Même si ça lui va assez bien! Et toi, tu es qui si on a le droit à Aladin, King Ju et la reine?” lâchais-je en me retournant un tout petit peu vers Willow vu que c’était celle qui semblait ne pas avoir de surnom ce soir. D’un sourire en coin, je pose un coup d'œil rapide à celle dont les jambes sont par-dessus les miennes, mais il s’efface un peu quand j’entends mon nom entier par cette personne. Un mélange de curiosité et d’un peu d’incompréhension se mélange dans mon regard. Je suis supposé le connaître?
Je me contente d’un haussement d’épaule avec un sourire en coin quand mes oreilles captent de la part de Willow que je suis le plus fun. Yeees “Le plus beau des trois aussi!” Ce serait difficile de dire que je ne suis pas Julian à moins de me faire passer pour l’un des deux autres. Mais comme ç’a été plus ou moins confirmé par Willow, je ne peux pas faire comme dans les films quand les protagonistes demandent un truc du genre : ça dépend qui le demande!? ou encore Possible en feignant une sorte d’indifférence. En vrai, j’imagine beaucoup trop ma vie comme un film. Ce ne serait jamais assez intéressant pour ça. Et il n’y a probablement que moi que cela amuse. “Mais oui, comme dans Julian Torres… On est supposé se connaître?” À moins que ce ne soit un de mes frères et qu’il ait confondu? Ça ne serait pas étonnant après tout, ça arrivait souvent dans la rue que quelqu’un croit reconnaître l’un de nous, mais qu’au final, ce ne soit pas le bon frère. Je m’amusais aussi à leur dépend quand nous étions jeunes, c'était un passe-temps incroyable!
Je jetai un petit coup d'œil circulaire aux trois personnes dans la même pièce que moi. “Ça reste que grosse soirée!!?” La question était davantage une constatation en voyant le t-shirt taché et que d’un sens j’avais un peu eu l’impression d'arriver dans un mauvais moment. “Qu’est-ce qui c’est passé dans votre soirée pour que toi tu sois mal en point pour avoir besoin d’elle (pointant le bout du menton vers Willow) et qu’elle (pointant du dessus de ma tête Jamilah) ait l’air de trouver les bonbons beaucoup trop intéressant?” Même si je semblais m’intéresser au jeune homme avec ma question, elle concernait un peu n’importe qui de présent dans cette pièce.
Mon regard faisait un peu la navette entre eux, jusqu’à ce que j’aie envie de piger dans les bonbons que je venais de donner à Jamilah à force d’entendre le froissement du sac à chaque fois qu’elle pigeait dedans. Je décide de faire marcher mon index et mon majeur contre la cuisse de mon amie vers le sac de bonbons pour lui en piquer quelques-uns, en lançant un dans les airs pour le rattraper, renversant la tête et en lançant un sur Jamilah comme pour prévenir de me faire disputer de voler mon paiement, comme un vrai gamin.
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