La chaleur se fait moins brutale mais la fraicheur reste agréable. Doucement, l'été laisse place à l'automne même si, pour l'instant, les couleurs du paysage restent vives. Les baignades et les promenades au soleil sont toujours d'actualité, tout comme les soirées à la belle étoile. Il fait bon vivre !
Les attendus
InformationsLe forum se déroule à Ottawa, Canada. Nous ne demandons aucun minimum de mots. Nous faisons un recensement mensuel. Avatar réel et doublons nom/prénom interdit.
Ses lèvres en avaient effleuré bien d’autres avant ce fameux jour. Il avait même fait bien plus, plus intensément et même avec des sentiments… Combien ? Il n’avait jamais compté, ne souhaitant que profiter de ces moments de douceur sans en faire un concours ou un tableau de chasse. Quoi qu’il en soit, rien ne justifiait qu’il garde de ces deux baisers un souvenir aussi précis voire même agréablement traumatisant. Pourquoi diable lui avait-elle fait un pareil effet ? Sans compter qu’ils avaient vécu bien plus intense lors de leur première vraie rencontre ! Mais non, les lèvres du jeune homme picotaient toujours et ne parvenaient pas à se séparer de ce sourire idiot presque béat qui les hantait…
Ela l’avait remarqué bien sûr, elle n’en ratait pas une et elle connaissait son aîné comme le dos de sa main : il était amoureux. Événement à marquer d’une pierre blanche car elle l’avait en réalité très rarement vu dans cet état… Deux fois peut être ? Même pas en fait, la vidéo avait sûrement déformé un peu son image et la lueur dans ses yeux… Là c’était vrai, purement sincère et parfaitement nié à la moindre occasion. La jeune femme avait d’ailleurs subtilement évité le sujet (autre événement à marquer d’une pierre blanche car Ela et la subtilité ne faisaient en général pas bon ménage), préférant enquêter discrètement pour préparer son plan diaboliquement parfait.
« Tu as eu des nouvelles de Jam ? »
Demanda-t-elle innocemment alors que quelques jours s’étaient passés depuis cette fameuse soirée de St Valentin. Son sourire malicieux en disait long sur ce qu’elle pensait mais Ravi fit mine de ne pas le remarquer, se contentant d’hausser les épaules avec un air détaché relativement bien joué. En réalité il avait eu des nouvelles mais pas celles qu’il aurait espéré… En même temps, il avait encore coupé court à un potentiel rapprochement physique trop intense par peur que la jeune femme ne le regrette le lendemain, ce silence était amplement mérité. Mais aurait-il dû en profiter pour autant ? Non, il ne regrettait rien, pas totalement du moins, il avait été respectueux et attentionné même s’il aurait voulu mettre ses principes de côté… Très très fort même.
« Rien de particulier. »
Répondit-il tout en finissant de préparer le thé. C’était la vérité, juste quelques messages par rapport à cet évènement qu’ils avaient mis en place pour les chiens du refuge. Un sujet qui lui tenait à cœur mais qui, étrangement, ne l’enthousiasmait plus autant… Il se souvenait encore trop de leur dernier baiser bien trop passionné et de leur corps bien trop proches sur le canapé… Sans compter ce bref moment de douceur quand il s’était réveillé et l’avait trouvé tout contre lui, incapable de se libérer par peur de la réveiller… Il aurait voulu que ça dure éternellement mais tout s’était envolé au levé du soleil, Jam ayant disparut comme elle savait si bien le faire le laissant dans le doute absolu et le cœur lourd. Trop lourd pour que ça ne l’inquiète pas d’ailleurs.
« Mais c’est aujourd’hui que vous faites le truc pour le refuge non ? »
Reprit la jeune femme, sentant que son frère en avait gros sur la patate mais préférant fouiller discrètement pour une fois. La petite fouine avait surpris les deux amants cette nuit-là, saoule mais pas assez pour ne pas comprendre qu’ils étaient entrain d’échanger un baiser enflammé qui allait bien au-delà du simple échange ‘sans-sentiments’ qu’ils auraient sûrement prétendu au réveil. Ela n’avait d’ailleurs pas parlé de ça aux deux intéressés, l’élément ayant simplement confirmé ses doutes et encouragé son idée de jouer les cupidons dans leur dos. Sans un coup de pouce, il était évident qu’ils ne bougeraient pas, trop renfrognés et fiers pour franchir le pas et assumer leurs sentiments. Quels boulets !
« Oui, je passe au refuge pour aider James à charger la camionnette et on part directement. »
Expliqua-t-il avec un manque d’enthousiasme qui ne lui ressemblait pas. Il n’arrivait pas à se concentrer sur les chiens ou sur le projet, les images de la soirée tournant en boucle dans sa tête et dans son cœur… Et s’il avait réellement tout foiré ? Et si Jam ne voulait vraiment juste qu’une nuit avec lui ? Il n’aurait clairement pas dit non en d’autres circonstances mais l’idée de la perdre après ça le terrorisait autant que l’idée d’aimer un peu trop ce moment justement. Fier oui mais pas idiot : il avait des sentiments pour la belle et ça n’allait clairement pas en s’arrangeant ! Or les sentiments ce n’était pas son truc et il les redoutait comme la peste, conscient surtout que Jam n’était pas du genre à vouloir se poser et encore moins avec lui de toute évidence. POURQUOI ELLE bon sang ?
« C’est gentil de sa part non ? »
Nouveau haussement d’épaules alors que le jeune homme se laisse lourdement tomber sur sa chaise, posant deux tasses fumantes devant eux. Silencieuse, la petite Indienne l’observe avec un sourire en coin. Elle sait déjà quoi faire si cette journée ne leur permet pas de s’en sortir tout seuls et elle sait déjà qu’ils risquent de la détester pour ça au moins autant qu’ils vont l’aduler… Enfin, si ça fonctionne car ils ont l’air dur à cuire, aussi bien l’un que l’autre. Silence, chose très rare dans le petit appartement car les Kapoor sont bavards et généralement trop enthousiastes pour leur propre bien.
« Après, il fallait au moins ça pour rattraper son truc de mousse à raser. » Nota-t-il, espérant dévier un peu l’attention de sa cadette qu’il sentait s’approcher dangereusement de ce sujet tant redouté. « Enfin son, il semblerait tout de même que d’autres petites mains aient œuvré... »
Ajouta-t-il en lui lançant un regard accusateur accompagné d’un sourire bien plus habituel et dont il était presque fier en vue de la situation. Comme quoi, tout n’était pas perdu. Ela fonça d’ailleurs tête baissée dans le piège, lui offrant un air outré tout en lui tapant sans ménagement sur l’épaule. Voilà qui était plus normal même si le cœur de l’Hindou restait terriblement chamboulé par toute cette histoire. Non seulement il y avait ses sentiments mais il se demandait aussi comment il devait agir à présent : devait-il faire comme si rien ne s’était passé ce soir-là ? Devait-il au contraire quémander un nouveau baiser en guise de bonjour ? Non, certainement pas, Jam ne tolère sûrement ça de personne et lui non plus d’ailleurs. Les effusions de sentiments le dégoûtent, lui étant très pudique à ce niveau là ce qui pouvait aussi être parfaitement culturel…
Alors que faire ? Que dire au juste ? Comment effacer cette gêne troublante ? Lui qui était toujours si à l’aise avec les femmes se trouvait à présent bêtement traumatisé pour rien du tout. Oui, RIEN du tout car il n’y avait RIEN eu de plus qu’un baiser et que tout allait sûrement s’arrêter là bien plus vite qu’il ne le souhaiterait. Quoi que ce serait mieux comme ça non ? Un arrêt brutal avant la chute finale, couper court à ce manège avant que la plaie ne soit trop grande ? Oui, bien mieux mais il ne pouvait s’y résoudre et c’est aussi cette peur de tout perdre qui le troublait atrocement. Un vrai casse-tête qu’il aurait préféré éviter mais qui lui était tombé dessus sans prévenir. Ou peut-être que si, il aurait dû s’en rendre compte avant, il y avait eu tant de signes qu’il avait préféré ignorer ! Un véritable imbécile qui s’était cru malin, comme toujours… Mais on ne gagne jamais en amour, il aurait dû le savoir.
« QWOUA ?! » S’offusqua-t-elle, sortant le pauvre Ravi de sa rêverie. « Comment oses-tu ?! » Mine de princesse blessée, nez levé et air offusqué. « Tes petites cochonneries avec ta chérie ne me regarde pas et je ne compte pas m’immiscer là-dedans ! » Odieux mensonge bien sûr mais le pauvre Ravi n’en savait rien, pas plus que la jolie Jam…
« Tu devrais travailler pour le cinéma, tu as de ces idées ! » Soupira-t-il en secouant la tête, espérant ne pas avoir l'air trop touché par ses paroles. « En tous cas c'est une excellente idée Chooha, arrêtes de t'immiscer dans mes affaires ça me fera des vacances ! »
La jeune femme frappa à nouveau son aîné sur l'épaule mais obéit étrangement à cette demande, attrapant son thé pour se plonger dedans avec un soupir.
« Pfff, tu ne serais rien si je n'étais pas là. »
Bougonna-t-elle dans sa tasse juste avant qu'il ne l'ébouriffe avec un petit rire.
« Bien sûr Chooha... J'étais comme mort avant que tu ne reviennes dans ma vie. »
S'amusa-t-il, se levant déjà pour débarrasser ce trop bref petit déjeuner. Mais il n'avait pas faim et il mangeait peu le matin de toutes façons. Vêtu d'un pantalon de jogging noir et d'un sweat-shirt ample assorti, il était prêt pour cette étrange journée mais surtout heureux d'avoir les animaux pour occuper son esprit. Ela grogna quelques phrases en Punjabi sans se lever, laissant son frère quitter les lieux alors qu'elle affichait un sourire diabolique sur son joli visage. S'il savait !
« C'est super que ton amie ait pu nous organiser ça, j'espère que ça va faire des heureux. »
Sourit le jeune vétérinaire installé au volant de la camionnette qui était à présent remplies d'animaux. Des chiens cette fois, jeunes et vieux, surtout ce qui était là depuis un moment afin de leur trouver enfin des familles.
« Je n'en doute pas, c'est un gros centre commercial il y aura du monde. »
Affirma l'hindou qui avait retrouvé son sourire même s'il sentait encore une étrange pression dans son coeur.
« C'est vrai. Tu as pris les formulaires ? »
Les deux hommes n'étaient pas très proches même s'ils s'entendaient bien. Il faut dire que James n'était pas très doué quand il s'agissait de se rendre compte des sentiments des autres, il était dans sa bulle et, pour cette fois, ça arrangeait grandement Ravi !
« J'ai tout oui ! » Répondit-il en secouant le petit paquet de feuille qu'il avait soigneusement préparé pour l'occasion. « Hors de question de les confier à n'importe qui. »
Sans être stricte, l'association faisait remplir aux adoptants un petit formulaire avant de leur confier les animaux. Rien d'extraordinaire mais juste une méthode subtile pour avoir une petite idée des familles avec qui ils prenaient de toute façon le temps de discuter un peu.
« Je sais qu'ils sont entre de bonnes mains avec toi et Joshua. »
Affirma le vétérinaire qui, malheureusement, ne pouvait pas rester. Ravi allait donc être seul un petit moment avant d'être rejoint par un autre volontaire... Seul avec Jam ? Non, sûrement avec un autre employé... Ou, du moins, il l'espérait grandement ! Une fois arrivés, James gara le petit camion devant l'entrée des livraisons ou Jam devait les rejoindre. Une chance qu'il soit au moins là pour les premières minutes même si le pauvre Ravi sentait son coeur se compresser dans sa gorge alors que le moment fatidique arrivait.
« Hey ! Désolé on est un peu en avance... »
S'excusa-t-il un peu plus nerveusement qu'il ne l'aurait voulu. James et lui étaient ponctuels en général mais, à eux deux, ils avaient réussit à être en avance de presque une heure... Ravi avait d'ailleurs envoyé un texto à la jeune femme pour la prévenir, soulagé qu'elle trouve une solution pour eux malgré tout.
« Oui pardon... » Intervint James en s'approchant de la belle pour lui tendre une main amicale. « J'ai un rendez-vous de dernière minute que je n'ai pas pu mettre ailleurs. » Expliqua-t-il, n'ayant en effet pas pu faire autrement que d'accepter un patient en piteux état entre deux rendez-vous. « Tu dois être Jamilah ? James, enchanté. Merci beaucoup pour tout ça, c'est vraiment chouette. »
Que Ganesh bénisse cet homme ! Quel chance qu'il prenne les devant lui qui était pourtant si peu loquace en général ! Aurait-il senti la tension chez son ami ? Ou voulait-il simplement prouver à quel point il était reconnaissant ? Sûrement un peu les deux et ce n'est pas Ravi qui allait s'en plaindre !
Panique totale. Jamilah était complètement paniquée depuis qu'elle s'était réveillée dans les bras de l'hindou. Son cœur battait à cent à l'heure, ses pensées convergeaient sans cesse vers lui. Quelle plaie…Pourquoi avait-elle fait ça? S'endormir à ses côtés? Se blottir contre lui comme une putain de gamine en manque d'affection…? La poisse… Elle espérait au plus profond d'elle-même qu'il ne s'en soit pas rendu compte. Qu'il ignorait tout ce cette nuit bien plus douce qu'elle n'aurait dû l'être. Première nuit depuis bien longtemps, où la dealeuse ne s'était pas réveillée en sursaut, en pleures ou juste se réveiller toutes les heures… Enfin, première nuit paisible sans avoir consommer un peu de weed quoi…
Elle ne se souciait pas réellement du fait qu'il ait encore arrêté ce qui allait se transformer en moment charnel. Ayant même été agréablement surprise de par ses valeurs plus que juste. Cela rendait le défi plus intense: conclure enfin et passer à autre chose. Et vite, très vite… Il était hors de question de revivre ce genre de nuit avec lui car… et bien elle avait aimé… Et elle en voulait encore. Elle voulait à nouveau se blottir contre lui, profiter de ses bras forts et apaisants. Elle voulait sentir son souffle contre sa peau, respirer au même rythme que lui, se laisser emporter par cette tendresse, cette douceur qui lui était bien trop inconnue encore. Jamilah voulait sentir à nouveau ses lèvres contre les siennes, sentir ses caresses sur son corps. Et surtout, elle voulait ne plus vouloir tout ça. Ce n'était pas possible. Après tout, ce n'était qu'un jeu entre eux, non? Si elle lui disait, il se moquerait d'elle et pavanerait comme un paon et il aurait raison de le faire…
« Jammmmmmm… Si tu bouges encore je t'attache et je te jette dans la caveeeeeee… » se plaigna Matt, la voix rauque du matin. La brune, qui venait à nouveau de se retourner, s'arrêta et grimaça doucement. « Désolée… Je suis stressée. » Déclara-t-elle en soupirant. Depuis la nuit avec Ravi, Jamilah n'avait pas réussi à dormir seule… Elle avait donc pris d'assaut le lit de son meilleur ami, ayant besoin de se rassurer. De se dire que ce n'était pas Ravi mais juste une présence qui l'apaisait… Ce qui était en partie vrai… Dormir avec Matt l'aidait toujours, mais la nuit n'était pas aussi paisible et douce qu'avec l'Hindou… Alors, elle avait continué, jour après jour, en vain…
Le grand brun afficha un grand sourire, malgré le réveil difficile, l'aveu de son amie fit partir la brume de son cerveau. « Stressée? A cause du beau gosse? » Loin de perdre le nord, Matt avait cette manie de se souvenir de chaque détail, surtout concernant sa protégée de toujours. « Tu sais, tu n'as qu'à lui dire… Que tu le kiff VRAIMENT. » Choquée, la dealeuse le regarda avant de prendre un coussin et de faire mine de l'étouffer avec. Matt, amusé, dégagea le coussin sans mal et la poussa hors du lit sans ménagement. « Du calme, chaton! Ou tu seras privé de monter sur le lit!» S'amusa-t-il sous les protestations de la belle qui se releva, retirant la couette violemment. « Je le kiffe pas! Il m'intrigue c'est tout… Et… » Le regard de Matt lui fit comprendre que peu importe le mensonge, il ne le croirait pas… Alors, la jeune femme gémit, s'asseyant sur le lit, la tête entre les mains… « Je suis foutue hein…? J'aime pas ça…»
A la fois attendri et inquiet, Matt vint la prendre dans ses bras pour l'embrasser sur le front. Il était rare que Jamilah soit aussi perdue. C'était même la première fois qu'elle ressentait de l'amour comme ça. Et s' il était heureux qu'elle puisse enfin connaître ce sentiment si beau, il avait aussi peur que ceux-ci ne la fracasse un peu plus. Qu'elle ne s'auto-détruise encore plus en cas d'échec. Car Jamilah n'était qu'une bombe de sentiment refoulée, pouvant exploser à tout moment. Pouvant se détruire elle-même. Alors, le grand brun la regarda doucement et lui sourit « hey, tu es le Tigre de poche. Petite et féroce, tu ne vas pas laisser un homme t'intimider, n'est-ce pas? Montre lui qui est la patronne, mais ne le fait pas fuir, ok? » Un conseil simple mais qui fit sourire Jamilah.
Après ce bref échange, la jeune femme partit se préparer rapidement, un simple jeans taille haute qui mettait ses formes en valeurs, un petit pull col-roulé noir, rentrée dans son jeans, une belle ceinture et des baskets. Elle attacha sa longue chevelure en queue de cheval haute, se maquilla légèrement. Après un moment à se regarder dans la glace, histoire de valider son sex appeal, elle bougea à la cuisine, prit son café déjà prêt dans son gobelet habituel (merci les coloc') et partit enfin au Walmart, la boule au ventre… La musique à fond dans la voiture, elle ne parvenait pas à se détendre… Alors quand le SMS de Ravi arriva, celle-ci grimaça… Merde, une heure de moins pour se préparer à ce moment génant…
Rapidement, elle y répondit avant de se garer sur le parking. Par chance, ses collègues et elle, avait monté l'espace qui accueillerait les chiens la veille. Un grand "parc" délimité par des barrières en bois, pas trop haute, pour permettre aux passants et enfants de voir les protégés du jour. Un tapis de faux gazon, des jouets et au fond, une sorte de bac à sable, pour que les chiens puissent tout de même se soulager. Un vrai petit paradis dans la galerie. A côté de celui-ci, en dehors, se trouvait trois palettes de nourriture diverses pour chiens et chats. Dons généreux de certains clients lors de cette semaine spécial refuge. Il y avait aussi un panier rempli de jouets et dans un autre coin, des coussins, paniers et plaid pour animaux. Sans oublier la cagnotte aux caisses dont le montant était déjà bien élevé. Même les employés avaient participé de bon cœur. Jamilah espérait que cela plairait aux bénévoles et à Ravi… Surtout à lui d'ailleurs.
En parlant du loup, un employé vint la chercher pour l'informer de leur arrivée. Merde, déjà? La jeune femme prit une grande respiration, une gorgée de café et se mit en route pour les rejoindre. Hors de question que ses collègues ne la voient autrement que comme la chef de rayon super cool et détachée. Si seulement elle savait…
Mode professionnel activé… « Oh, ce n'est pas grave, tout était déjà près, Ali' » Bon professionnel à moitié… Ça restait Jam'... Elle offrit un beau sourire à l'Hindou avant d'offrir le même à son ami, lui serrant la main tout aussi amicalement. « Oui, c'est bien ça, enchanté James! Et dans ce cas, je ne vais pas vous retarder plus longtemps, je vous montre l'endroit et on pourra commencer à y mettre les chiens! » Un sourire toujours accroché au lèvres, elle invita James à passer devant, profitant que celui-ci ai le dos tourné pour mettre une pichenette à Ravi.
Elle avait remarqué que lui aussi semblait nerveux, ce qui l'avait aidé à se détendre. Si ils étaient deux, c'était bon signe non? Alors autant détendre l'atmosphère immédiatement… Sans attendre de réaction, elle partit rapidement devant pour guider le vétérinaire à l'endroit de tous les miracles. « C'est ici. On a essayé de faire aussi grand que possible pour qu'ils puissent se dégourdir les pattes. Et là, ce sont tous les dons récoltés cette semaine pour le refuge. Il y aura aussi la cagnotte en fin de journée qui vous sera donnée. » Son café toujours en main, elle désigna une petite table sur le côté, avec une affiche et assez de place pour leur affaire. « Voilà où installer les papiers et tout ce que vous avez apporté. C'est juste à côté des chiens, vous avez une vue sur tout le petit parc et les alentours…» Elle se retourna vers James, évitant le regard de Ravi pour le moment, c'était plus simple pour se concentrer… « Et voilà, si il manque quoi que ce soit, je vous écoute! Et des employés vont vous aider avec les chiens, enfin, si ça vous convient? »
Respirer, se concentrer sur autre chose, ne pas trop la regarder, éviter de la toucher aussi. Enfin pas trop quand même, il ne fallait pas non plus qu'elle se rende compte de son malaise au risque d'empirer les choses. Mais qu'y avait-il à empirer en fait ? Jam avait disparut comme à son habitude après une soirée tout ce qu'il y a de plus normale non ? Encore leur petit jeu, un autre baiser insignifiant, une autre bataille de perdue. Ils n'étaient pourtant pas passés loin cette fois encore, la chaleur entre eux, cette envie irrésistible d'aller plus loin... Renoncer n'avait pas été aisé, pas plus que de retenir l'envie de la serrer un peu plus fort contre lui quand il s'était réveillé. Que devait-il comprendre ? Était-il réellement condamné ou n'était-ce que la solitude de ces trop nombreuses nuits avec des inconnues ? Dur à dire et le jeune homme refusait de s'aventurer dans ce genre de réflexions bien trop douloureuses.
Quoi qu'il en soit, l'air détaché de la jolie brune fut aussi rassurant qu'éprouvant. Ainsi donc elle ne ressentait vraiment rien ? Ce n'était donc vraiment qu'une bataille de plus ? La jeune femme ne se rappelait peut-être même plus de la nuit ? Rien de mémorable en même temps. Rien à part cette chaleur encore, cette même chaleur qui inondait étrangement son corps à chaque fois qu'elle était trop proche de lui... Mais elle souriait, reprenant les bonnes vieilles habitudes comme si absolument rien ne s'était passé. Si seulement il pouvait en faire autant ! Une chance que James soit dans les parages, faisant malgré lui barrage aux états d'âme de son ami. Peut-être avait-il senti le malaise pendant le trajet ? Cet enthousiasme étrangement atténué qui ne lui ressemblait pas du tout ? Sûrement, James était doué pour le non-verbal, essentiellement parce qu'il le pratiquait beaucoup trop d'ailleurs.
« C'est adorable merci. »
Sourit ce dernier avec une aisance que Ravi lui enviait grandement. Lui qui était pourtant le plus bavard et le plus à l'aise des deux ! Voilà que le monde tournait à l'envers maintenant, il fallait vraiment qu'il se ressaisisse... Par chance, Jamilah trouva le bouton "reboot" en lui offrant une énième pichenette qui le fit presque sursauter. Ok ok, la guerre était à nouveau lancée et il ne pouvait pas se permettre de rendre les armes aussi facilement. Qu'importe le prix, qu'importe les dangers, il ne pouvait pas se rendre, pas sans connaître le fin mot de l'histoire. Gagner à tout prix, ne pas se laisser ensevelir par des sentiments erronés et idiots, reprendre les armes.
« Je le savais, tu ne peux pas t'empêcher de me tripoter ! »
Lança-t-il à demi-mot avec un sourire malicieux presque normal. Un simple petit contact et son coeur était reparti au quart de tour ! De l'espoir ? Peut-être un peu oui... En tous cas c'était un bon coup de fouet même s'il sentait encore son coeur étrangement enchaîné. Le fait que la jeune femme parte sans demander son reste n'aida d'ailleurs pas vraiment même s'il restait souriant, suivant le duo d'un pas gaillard en observant les lieux avec attention. Et Jam n'avait pas plaisanté, leur offrant un petit paradis qu'il n'aurait pas pu imaginer, pas plus que James qui était tout aussi émerveillé, tous deux silencieux alors qu'ils suivaient leur guide.
« C'est absolument parfait, je comprends mieux pourquoi Ravi vous fait une confiance aveugle ! » Affirma le vétérinaire, profondément touché et impressionné par son travail, enfonçant cette fois son ami sans le vouloir. « Je pense que le mieux est qu'on installe les chiens puis que qu'on charge le van avec les dons ? Comme ça je les dépose à la clinique en y retournant et je reviens à vide ce soir avec juste les animaux à reprendre ? »
Proposa-t-il, parfaitement inconscient de la situation parallèle. Ravi luttait d'ailleurs dur comme fer pour ne pas sombrer, refusant de laisser la belle gagner aussi facilement. Depuis quand se laissait-il aussi aisément perturber ? Et par quoi en plus ?! Non, Ela racontait n'importe quoi et Amy aussi, Jam n'était qu'un jeu, une aventure de plus, il devait se reprendre ! Heureusement qu'ils avaient de quoi discuter et qu'ils n'étaient pas seul, ça lui faisait gagner un temps précieux...
« Tu pourras demander à Jonah de passer par là bas avant du coup ? Comme ça il t'aide à décharger ce sera plus facile ? Une fois les chiens installés je pense que je pourrais m'en sortir, quitte à demander un peu d'aide si jamais ? »
Suggéra l'hindou, lui aussi plus concentré sur James que sur Jamilah. C'était plus simple, moins stressant aussi... Quel plaie ! Et il n'était pas au bout de ses surprises puisque, quelques minutes à peine après le début de l'opération, un nouvel élément perturbateur fit son apparition : Justine. Une jeune femme un peu vulgaire sur les bords, pas sa langue dans la poche et prompte à raconter les détails croustillants de sa vie... Une belle jeune femme que Ravi avait brièvement croisé, celle là même qui l'avait malgré elle aidait à casser la porte des toilettes du pub d'ailleurs... Mais pourquoi ELLE ? Mais pourquoi MAINTENANT ? Le jeune homme tenta de l'éviter, baissant les yeux alors qu'il passait près d'elle avec les cages mais son subterfuge fut de courte durée...
« Ravi ?! » Finit-elle par s'exclamer, profitant qu'il ait les mains vide pour se jeter dans ses bras en guise de bonjour. « Mince alors ça fait longtemps ! »
Ajouta-t-elle en lui pinçant malicieusement les côtes. Une chance pour eux qu'il ait une bonne mémoire des prénoms malgré la brièveté de leur histoire ! Quoi que Jam pourrait ainsi croire qu'ils avaient eu une relation sérieuse ? MAIS ON S'EN FOUT ! Pourquoi diable s'inquiétait-il de l'avis de Jam ? Il pouvait bien faire ce qu'il voulait non ? Et Justine était une belle femme après tout, ouverte d'esprit et très amicale ! Le jeune Indien n'avait donc rien à se reprocher malgré ses joues trop chaudes et son coeur serré. Quelle chance que son teint amoindrisse les rougeurs !
« Au moins trois mois non ? »
Sourit-il, tenant d'avoir l'air heureux de la revoir même si ça sonnait légèrement faux. Chose que la blonde ne nota pas, lui tapant cette fois doucement l'épaule, bien trop tactile à son goût... Enfin, aujourd'hui en tous cas !
« Facile oui ! Mais j'ai l'impression que c'était hier ! » Répondit-elle avec un clin d'oeil et un ton empli de sous-entendus qui ne l'auraient pas dérangé en temps normal. Au contraire même, il en aurait plaisanté mais là... Là il n'était pas à l'aise, pas avec ce public. « Vous avez besoin d'un coup de main ? »
Proposa-t-elle, changeant le sujet pour le plus grand soulagement du brun qui trouvait soudain James bien trop loin de lui. Et Jam pas assez mais qu'y pouvait-il ? Ou comment faire tourner une belle journée au cauchemar...
« Oh heu... Non t'inquiètes, une fois les chiens installés je n'aurais pas longtemps à attendre pour que notre collègue vienne m'aider et il n'y aura plus grand-chose à faire. »
Répondit le jeune homme, prétextant être entrain de s'activer à ranger les papiers d'adoption pendant que James revenait enfin, prêt à repartir. Ils avaient été efficaces, un peu trop même finalement...
« Tout est prêt, on va pouvoir lâcher les fauves et je vais filer. »
Lança le vétérinaire avec un grand sourire. Ils avaient déchargé les cages et n'avaient plus qu'à emmener les chiens en laisse dans l'enclos. Les dons avaient été chargés aussi, redoutables.
« Je vais vous aider ! »
S'exclama Justine sans demander son reste, se précipitant déjà vers l'arrière boutique où étaient les cages. Ravi la regarda partir avec un mélange de soulagement et de désespoir...
« Tu sais... Parfois j'envie ta facilité à t'envoyer en l'air avec tout ce qui bouge mais, parfois, je n'aimerai pas du tout être à ta place ! »
Le nargua le véto en lui donnant un coup de coude amusé avant de partir à la suite de Justine. Bien, il avait donc vu le problème... Il faut dire que c'était plus que visible et voilà qu'il était seul avec Jam en plus ! Qu'on l'achève !
« Une chance qu'on ait plein de cages de libres... » Soupira-t-il avec un haussement d'épaules, tentant un sourire malicieux en direction de sa némésis. « Désolé pour ça et... Et merci beaucoup pour tout le reste, c'est vraiment top. »
Un peu de sincérité ça ne fait pas de mal n'est ce pas ? En tous cas, il fait ce qu'il peut le pauvre, épuisé par son propre combat intérieur, un combat jamais réellement livré jusqu'ici... Comme quoi il faut une première fois à tout !
L'air détaché, à mille lieux de la gêne qu'elle ressentait intérieurement, Jamilha salua les deux jeunes hommes d'un sourire charmant. Enfin, surtout le vétérinaire, évitant tout eyes contact prolongé avec le perturbateur de ses pensées dans un premier temps. L'homme qui réduisait toutes ses défenses au fur et à mesure, celui qui la terrifiait autant qu'il la fascinait. Ravi avait une influence sur elle qu'il ne soupçonnait même pas. Son avis, ses paroles, son regard… Tout importait bien trop à Jamilah qui n'était pas habitué à vouloir "plaire" à quelqu'un. Enfin "plaire" était un très très grand mot… Pas habitué à s'attacher niveau sentimental plutôt…
Malheureusement, elle se savait déjà foutue. Alors peut-être que si elle agissait comme si de rien n'était, tout ça finirait par disparaître, non? Comme si rien de tout cela n'était vrai. Une simple lubie passagère? Un fantasme chelou qui était apparu à force de regarder des films à la con ces derniers temps…? Ça pourrait être le cas… Si elle regardait effectivement des films d'amour… Sauf que cela faisait très longtemps qu'elle ne s'était pas posée pour apprécier un film. Alors… théorie foutue? Ou peut-être que ce n'était que l'effet de la St Valentin. Rien de vrai, juste des idées suites à un trop plein d'amour partout. Oui, voilà, ce n'était que ça.
Par chance, le beau brun ne semblait pas aussi énergique que d'habitude. Elle avait même noté qu'il était en retrait l'espace d'un instant. Et si elle ne rêvait pas… Et si tout cela était réciproque…? Non! La pichenette sur le nez, la guerre des taquineries était de nouveau sur les rails! Voilà, c'était bien mieux comme ça, non? De plus, son sourire malicieux était bien plus rassurant que son comportement en retrait… « Oh, j'ai bien compris que tu n'aimais pas ça, que je te tripote. » Lâcha-t-elle en référence à la nuit loupée de la veille, un sourire en coin avant de filer rejoindre James. Bon, ce n'était pas très subtile d'y faire référence… Encore moins alors qu'elle voulait tout oublier, mais c'était bien plus fort qu'elle.
Une fois tout montré, la belle jeune femme se tourna vers James, souriant à sa réaction. Quoi que sa phrase lui fit hausser un sourcil, un sourire amusé s'étira sur ses lèvres alors que son regard se tourna vers le concerné. « Une confiance aveugle donc? Je ne suis pas certaine qu'on parle du même Ravi… » Après tout, elle restait cette petite dealeuse qui l'avait bien emmerdé le soir de leur rencontre… Et il lui avait très bien rendu son petit jeu depuis. Ce moment étant l'un des meilleurs mais aussi des pires de sa vie. Cette sensation intense d'avoir enfin trouvé un adversaire à sa taille avait été si jouissif… mais maintenant, dans leur situation… Elle regrettait d'avoir lancé ce jeu où la victoire n'était que le seul objectif…
Soit, elle laissa les deux hommes décider de la suite des évènements pour leur petit protégé. Après tout, ils savaient bien mieux qu'elle comment gérer ce merdier, non…? « La maintenance va venir vous aider à décharger les chiens et charger les dons! » Sourit-elle avant d'appeler avec son téléphone de service la fameuse maintenance. Et puis, sans les ennuyer plus, elle se dirigea vers l'accueil, laissant les hommes gérer tout ce bordel.
Enfin, hommes… C'était sans compter sur cette connasse pot de colle et insupportable de Justine. Après quelques aller-retour de Ravi, la connasse était venue lui sauter dans les bras. Alors à l'accueil avec Alex, son ami et celui qui gérait les annonces et la musique du magasin, Jamilah observait la scène. Lentement, elle bu deux- trois gorgée de son café encore chaud, imitant Justine, dos tournée à la scène qui l'avait bien trop agacée. Offrant le spectacle à son collègue qui se retint d'exploser de rire de justesse. Il faut dire que pour lui, c'était la première fois qu'il voyait l'Hongroise comme ça… jalouse. Et il s'empressa évidemment de poser des questions indiscrètes, histoire d'agacer la belle un peu plus. « Alex… Ta gueule. » Celui-ci ne retint même plus son rire.
Passablement énervée, la belle retourna vérifier la solidité des barrières et entreprit de remplir les gamelles d'eau pour les boules de poils. Vivement que ceux-ci soient là, afin de détendre l'atmosphère. Derrière elle, elle entendit Justine continuer son cinéma face à Ravi avant de partir à l'arrière pour "aider"…? Mais qui lui avait dit de faire ça? Absolument personne. N'avait-elle pas son putain de rayon à ranger? Maudissant la blonde, Jamilah n'avait pas remarqué le départ temporaire du vétérinaire, ce qui la laissait seule avec son bourreau. Sursautant presque alors qu'il lui adressa la parole. Après tout, depuis son arrivée, il ne lui avait pas réellement parlé, lui comme elle, ayant préféré fuir ça… « Pourquoi…? Tu veux l'enfermer dans une cage? L'idée est plaisante, mais oublie pas de la bâillonner, qu'elle se taise cinq minutes… » Déclara-t-elle avant de se redresser et de lui sourire simplement. Elle savait pertinemment que ce n'était pas ce qu'il voulait dire, mais avec un peu de chance…? Non?
« Désolée pour ça quoi? Ton goût abominable pour les blondes? Oh… Ce n'est pas grave, on n'est pas tous parfait. » s'amusa-t-elle avant de le regarder et de croiser les bras, prenant appuie sur l'une des colonnes en béton. « Mais tu aurais dû le dire avant, ça fausse le jeu si je suis pas ton style de fille… Vilain tricheur. Je comprends mieux pourquoi tu résiste aussi bien à mes attaques charnels. » Tentait-elle d'avoir une vraie réponse? Oui. De la bonne manière? Sans doute que non en réalité, mais bon… Elle n'avait jamais été dans la dentelle avec lui, n'est-ce pas?
« Et ne me remercie pas, je te l'avais promis et voilà. Je n'ai qu'une parole » Annonça-t-elle, modeste en réalité. Elle lui avait promis un petit truc et avait déployé les grands moyens en réalité. Cela dit, elle était heureuse de savoir que tout cela lui plaisait réellement. « Sinon tu… » Impossible de finir sa phrase, Justine était déjà de retour avec son sourire qui donnait envie à Jamilah de lui taillader les lèvres, comme le film là, le Joker? Une connerie du genre. Sans se retenir, elle leva les yeux au ciel, montrant clairement son agacement mais ne bougea pas d'un pouce… Préférant observer ce qui allait suivre, afin de savoir comment réagir à son tour…
Elle priait pour voir en Ravi le même agacement, mieux encore: du dégoût envers sa collègue. Elle espérait qu'il ne soit pas réellement heureux de la revoir, n'ayant pas fait attention à sa gestuelle quand elle était arrivée. Bref… A peine Justine avait ouvert la bouche que Jamilah fit demi tour, afin d'aller aider le vétérinaire. Se rendant compte qu'elle ne supporterait pas une scène de drague devant ses yeux au final. Préférer observer? Non, finalement, non …
Rapidement, elle attrapa un des chiens. un grand Golden qui semblait surexcité, très énergique. Et sans réel problème, elle le ramena dans le parc. Le regard et l'attitude de ce chien avait retenu l'attention de la jolie brune. Il n'était pas très jeune à première vue, mais pas très vieux non plus. Finalement, elle resta là, à l'observer, le caresser doucement, pensive, laissant les autres terminer le transfert. Elle venait clairement d'avoir un coup de cœur pour la boule de poil énergique, même si ce beau chien commençait déjà à s'attaquer sans pitié à l'un des jouets. « Destructeur hein? » Nota-t-elle en souriant tendrement, sans faire attention au temps qui défilait. La dealeuse avait réussi à se détacher de ce qui se tramait autour d'elle, juste concentrée sur le chien qui était revenu à elle quémander quelques caresses, le regard doux. L'histoire de quelques minutes, plonger dans le regard expressif de l'animal, elle avait oublié ses soucis, ses sentiments. Finalement, elle se retourna vers Ravi, interrompant sa discussion ou son activité, peu importe, elle n'avait même pas regarder. « Il est chez vous depuis combien de temps? »
C’était une chance qu’Ela n’ait pas insisté pour venir sans cela elle se serait sûrement fait un plaisir de faire des remarques gênantes. Il faut dire qu’il était très rare de voir Ravi aussi en retrait, calme voire même gêné par une situation aussi anodine. Car il n’y avait rien n’est-ce pas ? Rien de particulier en tous cas, juste des amis qui se rendent service et qui aident des animaux sans défense. Alors pourquoi ne savait-il pas où se mettre vis-à-vis de Jam ? Il ne s’était rien passé ce soir là et il ne se passerait sûrement jamais rien, ce qui était de toute façon bien préférable. Juste ce petit jeu entre eux, cette légèreté, cette insouciance… Le tout revenant doucement suite à cette pichenette malicieuse bien plus significative qu’elle n’en avait l’air là aussi.
« Pas avant notre diner ! »
Rétorqua-t-il avec malice même si la pique avait été plus douloureuse qu’il ne l’aurait pensé. Le simple souvenir de cette nuit faisait trembler tout son corps tant il sentait encore celui de la belle et tant il regrettait d’avoir été trop sage… Quoi que non, il ne regrettait pas car il aurait été encore plus mal d’avoir franchi le pas dans ces conditions. Imaginez si elle avait oublié ou pire, si elle lui en avait voulu d’avoir abusé ainsi de sa faiblesse ? Sans compter qu’il n’aurait sûrement qu’une seule chance et qu’il voulait en profiter pleinement. Une seule et unique nuit dans les bras de la jeune femme, autant tenter d’en faire quelque chose de spécial non ?
Quoi qu’il en soit, elle ne lui laissa pas le temps de tergiverser davantage, s’évadant rapidement vers James qui avait déjà ouvert le pas. Là encore, ce n’était pas plus mal car il ne voulait pas laisser son esprit balader dans ce genre de rêverie, surtout en public et en journée : Le souvenir de ses lèvres, la douceur de sa peau, son odeur ou même les courbes qu’il avait eu le loisir de découvrir brièvement… Non, mieux valait ne pas y penser, il était déjà bien assez troublé comme ça ! Et encore plus maintenant que son ami en rajoutait une couche, annonçant à voix haute les brèves confidences qu’il avait pu lui faire à l’égard de leur bienfaitrice du jour... Heureusement que le vétérinaire ne se soit pas avancé plus. Quel fourbe !
« Oh il m’arrive d’être un peu naïf face à de beaux yeux… »
Se défendit-il malgré les battements un peu trop agressifs de son pauvre cœur. Naïf oui ou parfaitement incapable de réfléchir quand son deuxième cerveau était trop stimulé ce qui arrivait tout de même assez rarement en fait… Ou jamais à ce point en tous cas, Jamilah ayant un effet sur lui qu’aucune autre n’avait eu jusqu’à maintenant. Serait-elle une sorcière ? Il aurait aimé s’en convaincre, ça aurait été tellement plus facile et plus logique comme ça ! Dans tous les cas, James n’était pas dupe bien qu’il ne laisse rien paraître. Après tout, ce n’était pas ses affaires et il n’était pas du genre à s’immiscer dans les affaires des autres.
« Qui ne le serait pas. »
Sourit le vétérinaire, prenant tout naturellement le parti de son ami sans pour autant trop s’avancer. En même temps, il fallait être aveugle pour ne pas trouver Jamilah charmante et James ne pouvait donc que comprendre Ravi à ce sujet. Lui-même s’était bien laissé hypnotiser par les yeux d’Anna à l’époque, il aurait été très mal placé pour juger ! D’ailleurs, il y avait quelque chose dans le regard de ces deux là qui ne pouvait que rappeler au pauvre veuf sa relation passée. Une petite lueur étrange, ce sourire mi-charmeur mi-amusé... Mais ce n’était pas ses affaires et il savait que l’Indien n’était pas très loquace concernant ses sentiments, bien plus prompt à démentir en avoir.
Et en parlant de démentir le pauvre Hindou ne pu faire grand-chose face aux assauts de la jolie Justine qui ne purent que faire un peu plus sourire le vétérinaire. Il savait que Ravi était un Don Juan mais il ne savait pas que c’était à ce point et que son charme opérait également hors du pub… Tendance que le brun ne lui enviait qu’à moitié, surtout en vue de l’insistance de la blonde qui semblait avoir très envie de remettre le couvert ou, au moins, de faire comprendre à tout le monde qu’il y avait eu quelque chose entre eux. Remarque, Ravi était lui aussi très charmant alors James pouvait aussi comprendre la jeune femme d’avoir envie de se venter un peu.
« Je la tiens et tu la bâillonne ? » Suggéra-t-il, un sourcil légèrement relevé en signe de défit. Si seulement ! Quoi que ça lui apprendra à se laisser séduire aussi facilement… « Abominable ? Bah, si elle ferme la bouche, elle est quand même plutôt canon ! » Nota-t-il, regardant la jeune femme en question qui était entrain de se débattre avec un chien un peu plus loin. Bon, il avait fait mieux mais il avait aussi fait bien pire ! « Oh ce n’est pas une question de style très chère, tout est dans la méthode je te l’ai dit ! Je ne suis pas un garçon facile. »
La nargua-t-il, heureux d’avoir reprit un peu de poil de la bête. Il avait ajouté un regard malicieux à ses paroles, son attention à nouveau portée sur Jamilah qui semblait elle aussi un peu à côté de ses pompes aujourd’hui. Sûrement la fatigue ou le stress de toute cette organisation… Car ce n’était pas réciproque n’est ce pas ? Elle ne pouvait pas se sentir aussi gênée que lui par rapport à cette étrange nuit dont elle ne se souvenait sûrement qu’à moitié ! Ou peut-être que si ? Seulement, comme il était plus simple de fuir que de regarder la réalité en face au risque d’être déçu, Ravi préféra changer le sujet. Enfin, il était sincère bien sûr mais pas mécontent de parler de quelque chose de plus concret.
« Je le sais, j’en ai payé le prix. »
Sourit-il presque avec tendresse, faisant allusion à la promesse qu’elle lui avait faite de se venger de ses bêtises. Promesse réciproque qui avait guidé chacune de leur interaction ou presque et qui hantait l’esprit du jeune homme depuis… Son cœur manqua d’ailleurs douloureusement un battement quand Jam reprit la parole. Une lueur d’espoir ? Le bonheur de voir leur petit jeu reprendre ? Dur à dire mais Justine coupa court à toute supposition en revenant une fois de plus… Quelle poisse ! Ravi soupira imperceptiblement alors que la blonde relançait son petit numéro.
« Au fait, il faudrait peut-être qu’on remette ça ? »
Avait-elle demandé avec malice alors que Jamilah venait de tourner les talons, trop vite pour qu’il ne puisse réagir. Il ne put ainsi que la regarder partir avec un air triste, contraint de subir cette autre femme qui, jadis, lui avait effectivement fait de l’effet. Enfin, pas tant que ça en vue de ses souvenirs assez flous de ce qui s’était passé avant et après la porte cassée, preuve que ça n’avait pas été si mémorable…
« Ça aurait été volontiers mais… Je vois quelqu’un. »
Mentit-il, espérant presque inconsciemment que la brune n’ait rien entendu. Et comme il aurait préféré que ce soit simplement par honte qu’elle le pense casé ! Mais non, il avait peur que Jam l’abandonne en le pensant avec une autre, peur de la perdre, peur que ce petit jeu dangereux ne s’arrête alors qu’il était devenu vital pour lui… Justine le ramena bien vite sur terre, soupirant sans discrétion avant d’hausser les épaules avec un sourire lourd de sous-entendus.
« Je ne suis pas contre le partage ! »
Proposa-t-elle, lui faisant presque avoir un haut le cœur. Il n’étant pourtant pas du genre à refuser de se partager, ça lui était même arrivé à une occasion lors de son séjour en France et il en gardait un excellent souvenir mais là ? Là c’était hors de question et pas seulement parce que Justine n’avait plus d’effet sur lui ce qui, en soit, aurait été bien plus rassurant que la vraie raison de ce soudain dégoût… Raison aussi simplement que douloureuse à admettre : il ne voulait pas partager Jam, il ne voulait pas se donner à une autre qu’elle tant que… Tant qu’il ne serait pas fixé, qu’importe la durée de ce manège. Autant dire qu’il était foutu.
« C’est gentil mais ça ira. »
Répondit-il, soulagé de voir un employé lui faire signe pour un peu d’aide. Il s’excusa dans un murmure, posant une main désolée sur l’épaule de la blonde avant de disparaître loin d’elle et à l’opposé de Jamilah pour une pause plus que nécessaire. Pas suffisante mais salvatrice ce qui n’était pas du luxe. Pendant ce temps la brune qui hantait les pensées de l’Hindou avait retrouvé James, ce dernier observant le tout d’un œil distrait mais non sans un léger amusement. C’était un bon moyen pour lui de se changer un peu les idées, de ne plus penser à sa propre tristesse. La psy aurait-elle raison de lui dire que s’ouvrir sur les autres pourrait être un bon moyen de sortir la tête de l’eau ? Sûrement pas, elle était bien plus folle que lui !
« Ce n’est pas très gentil de l’avoir abandonné à son triste sort. » Sourit-il tout de même sans se désintéresser de sa tâche pour autant. « Quoi qu’il faut lui secouer un peu les puces à lui aussi. »
Ajouta-t-il avant de disparaître, entrainé par un groupe de chiens qu’il guida vers l’enclos, laissant Jamilah seule avec son coup de cœur poilu. Ravi, de son côté, c’était enfin dépêtré de la blonde, emmenant lui aussi un groupe de chiens vers l’enclos. Au passage, il salua James qui devait déjà repartir à la clinique pour y commencer sa journée. De nouveau seul, l’Hindou se trouvait une fois de plus étrangement nerveux, ne sachant trop quoi penser de ses sentiments et de tout ce qui s’était passé ces derniers mois. Sans compter le mensonge lancé à Justine qui aurait pu atteindre les oreilles de Jamilah…
« Ted ? »
Demanda-t-il, sursautant presque en entendant la voix de la belle. Lui aussi était occupé dans l’enclos mais à recoiffer comme il le pouvait quelques loulous histoire qu’ils soient présentables. L’objet avait en effet attiré pas mal de monde autour de lui, tous quémandant joyeusement cette attention fort agréable qui donnait l’impression à l’humain d’être un peu ensevelis bien que ce fut aussi rassurant : au moins, il était caché ! Accroupi au milieu de sa meute enthousiaste, Ravi se redressa un peu histoire de s’assurer qu’ils parlaient du même animal et c’était le cas.
« Je pense que c’est l’un de nos plus vieux pensionnaires, on l’a depuis presque un an… » Admit-il tristement, lançant à l’animal un regard tendre. « Il est âgé et un peu pataud du coup ça n’intéresse pas les gens. » Soupira-t-il, sincèrement déçu de ce constat. « Qui sait, aujourd’hui sera peut-être son jour de chance ? »
Reprit-il avec espoir, lançant à son amie un regard tout aussi tendre malgré lui. Il aurait aimé que Ted reparte avec quelqu’un voire même avec Jam. Lui aurait bien de la chance de repartir avec elle et de pouvoir se faire papouiller par… OH LA NON ! Pas de ça, il s’était promis de ne plus repenser à cette histoire ! Les chiens, se concentrer sur les animaux, sur sa mission du jour, oui… Heureusement, l’un de pensionnaire le ramena à la réalité en lui donnant un violent coup de langue sur la joue, le faisant presque tomber à la renverse.
« Oui oui, ça va, je m’occupe de vous promis ! » Plaisanta-t-il, grattant la tête de la boule de poil avant de se remettre à l’ouvrage. « Tu penses que tu vas craquer ? »
Reprit-il, osant un nouveau petit regard en direction de la brune. Il se sentait si bien avec elle… Trop bien… Quel merdier !
Encore et toujours ce dîner… Devait-elle finalement céder pour enfin avoir plus? Avoir cette fameuse nuit si convoitée? Sentir ses bras autour d'elle, son corps sous les caresses qu'elle voulait lui prodiguer avec bien plus de douceur à présent que le soir de leur rencontre… Ressentir à nouveau la chaleur de leur baiser, sentir ses lèvres parcourir chaque centimètre de son corps en feu…. Non! Jamilah chassa rapidement ces pensées peu catholique de sa tête et haussa les épaules. « Rêve! » Voila! Bonne réponse… Il était hors de question de perdre juste car ses hormones criaient après lui… Et puis quoi encore?
De plus, le dîner était bien plus dangereux pour elle que le sexe… Seuls, en tête à tête dans une ambiance plus posée? Loin des coups foireux, à juste se découvrir encore plus, comme au café… Laissez tomber les barrières le temps de quelques heures et laissez l'Hindou envahir sciemment un peu plus son cœur…? Très mauvaise idée pour sa santé mentale. Non, pas de dîner, c'était décidé.
Concentration sur le but de la journée: les chiens! Et quoi de mieux que d'accompagner le vétérinaire afin que les installations soient approuvées avant l'ouverture? Un excellent échappatoire qui semblait tout à fait légitime. Et les deux semblaient assez contents des moyens mis en œuvre. Parfait, petite victoire intérieure pour la brune qui avait prit à coeur de tout organiser elle-même avec sa petite équipe habituelle.
Et avait-elle rêvé que l'hindou venait de lui faire un compliment l'air de rien? Sans savoir se retenir, la belle afficha un petit sourire en coin, loin du sourire benêt d'une adolescente sous le charme de son crush, elle ne cachait pas non plus que celui-ci lui fit plaisir. « Merci pour le compliment! Tu vois que tu sais être adorable quand tu veux! » Nota-t-elle avant de secouer la tête, amusée. Elle n'avait pourtant rien fait pour le mériter celui-là, même si elle savait qu'il disait plus ça pour se défendre gentiment. Si le jeu était plus doux pour le moment, il était cependant présent. Celui-ci suivant les humeurs des deux protagonistes. Tantôt plus doux, moins violent, tantôt plus vif, passionné… Il était impossible de prévoir comment la journée allait tourner et c'est précisément ce qui inquiétait la chef de rayon.
« Je crois que vous avez un effet bénéfique sur les manières de cet homme, James! J'aimerais avoir votre secret…»S'amusa-t-elle, incapable de resister bien longtemps à l'envie d'ennuyer le barman de ses pensées.
Tout semblait se passait au mieux, malgré l'épisode agaçant nommé Justine. Il était d'ailleurs marrant de voir la bécasse se pavaner et offrir son aide, quand ces derniers jours, cette petite poupée barbie de Wish avait soigneusement éviter de donner un quelconque coups de main à l'installation du parc et du projet tout entier. Aussi, la proposition de Ravi la fit sourire en coin, s'imaginant parfaitement enfermer cette poufiasse aux extensions pourries dans une cage et de l'abandonner dans la réserve à tout jamais… « Me tente pas… J'en meurs d'envie. Et si, elle est abominable. » Surenchérit-elle en grimaçant avant de se redresser, l'air choqué par les paroles suivantes. Elle ne savait pas si elle devait se sentir insultée ou non d'ailleurs. « Tu es en train de me dire que cette Barbie ratée t'as sorti le grand jeu? Vulgaire comme elle est? Je t'en pris, même moi dans les vestiaires j'avais trois fois plus de classe que ça. Ou alors tu proposes un dîner a toutes tes prétendantes d'un soir?» Les bras croisés, elle le regarda , attendant réellement une réponse. Avait-il dîner avec elle? Avait-il eu plusieurs rendez-vous? Jamilah n'était-elle qu'un nom de plus sur cette liste…? Bien que cela n'aurait pas dû, elle était jalouse et légèrement blessée en s'imaginant n'être qu'un numéro dans sa liste…
Et pourtant, il avait ce sourire différent… Pourquoi? Pourquoi avait-il l'air plus doux que d'habitude? Non rien n'allait! Vite, il fallait qu'elle trouve un truc à dire… Et comme pour rajouter une couche: la voix de Justine. Non, ça en était trop pour elle… Sans demander son reste, la belle partie rapidement dans une autre direction, agacée autant par son l'interruption de l'autre folle que le fait de l'imaginer avec elle à plusieurs rendez-vous…
Sur le point de perdre pied, elle croisa finalement le regard de ce fameux Golden qu'elle aida à ramener. Ce regard doux l'apaisait, son énergie la fit même sourire. Qui pouvait donc abandonner une bête pareille? La voix de James la ramena à la réalité. « C'est un grand garçon, il a su se mettre dans cette situation, il saura s'en sortir comme un grand… » Déclara-t-elle en jetant un regard rapidement sur la scène au loin, regardant ensuite James repartir.
Son esprit se concentra sur le chien à nouveau, seul issue pour ne pas penser à celui qui la hantait, celui qui mettait à mal son barrage émotionnel qu'elle avait mis des années à construire. Et au fur et à mesure, elle tomba sous le charme, apaisée par les caresses et l'attention de ce chien si doux.
Sans plus attendre, elle questionna Ravi à son sujet, apprenant au passage son nom: Ted. Bon, ils auraient pu au moins lui trouver un vrai nom, non? Et pourtant, cela semblait très bien lui aller. Accroupie devant lui, elle continuait ses gratouilles tendrement, laissant ressortir cette douceur qu'elle ne montrait que bien trop rarement « Pauvre chien… Il a l'air si doux, c'est idéal avec des enfants; non? » Un gros chien doux, même âge, elle avait tellement rêvé plus jeune en réalité… « J'espère qu'il trouvera une famille » Là encore, elle grimaça un instant, voir ce chien partir avec une famille quelconque ne lui plaisait pas pourtant, mais qui était-elle pour juger les foyers prêt à accueillir et donner une chance à ces boules de poils? Personne…
Son regard se tourna vers le jeune homme, apercevant juste à temps le coup de langue qui faillit le faire tomber. Sans se retenir, l'Hongroise ria de bon cœur. « Fais attention, ils ont l'air jaloux. » Déclara-t-elle, le sourire bien accrochée au lèvre cette fois. Les chiens rendant la tension moins palpable, l'ambiance redevant bien plus douce et légère. « Craquer? Pourquoi souhaites-tu du malheur à ce pauvre chien? J'ai pas un rythme de vie fait pour lui! »
Pourtant… Elle avait bien envie de signer ces papiers et de repartir avec. Faire cet acte de folie, s'offrir un fidèle compagnon et offrir à ce compagnon une vie douce et heureuse… Mais elle n'était qu'une dealeuse, pas le profil idéal à qui confier un chien, n'est-ce pas? « Et toi alors, pourquoi tu ne craques pas pour l'un d'entre eux? »
C'était de la folie pure et pourtant il ne pouvait pas s'empêcher d'y revenir. Vouloir ce diner n'était plus un jeu malheureusement, il en avait sincèrement envie même si l'expérience du café avait été mitigée. Envie de passer du temps avec la belle, envie d'apprendre à la connaître, envie de s'ouvrir un peu à elle aussi... Une envie pas plus assumée que pleinement consciente, comme un petit frisson au fond de son âme, un petit quelque chose qui troublait son esprit sans qu'il puisse réellement mettre de mots dessus.
« C'est toi qui en rêve avoue ! »
La taquina-t-il dans l'espoir de remettre sa propre conscience sur le droit chemin. Retourner à ces taquineries qu'ils aimaient tant, à cette distance prudente et amusante bien plus rassurante que cette tension palpable... Une tension électrique qu'il savait causée par ce nouvel écart qu'il aurait réellement voulu plus intense. Hors plus intense voulait sûrement dire final et il n'était pas prêt à mettre fin à ce petit manège. Bien que ce dernier soit dangereusement plus doux ces derniers temps. Trop.
« Pas quand je veux. » Nota-t-il tel un scientifique expliquant un fait important. « Quand tu le mérites ! »
Il avait levé son doigt pour amplifier ses paroles, ne pouvant s'empêcher de lui rendre la petite pichenette qu'elle lui avait volé un peu plus tôt avec un sourire plein de malice. Une vengeance qui ne tarda pas à trouver une réponse, le pauvre James se retrouvant malgré lui prit entre deux feux... Mais il n'était pas inquiet, souriant même sincèrement à ces échanges bien plus mignons que les deux protagonistes ne devaient le penser.
« Je suis juste un excellent vétérinaire. »
S'amusa-t-il, lançant un regard taquin à son ami. Ce dernier prit un air choqué sans pour autant répondre à cette violence gratuite, presque soulagé que le vétérinaire prenne part à ce jeu pour pouvoir lui laisser un peu de répit. Bien que ce répit en question fut de courte durée, la tornade Justine prenant rapidement le relai... Décidément, le Karma s'acharnait !
« Je m'en voudrais de te frustrer un peu plus... »
Le ton était de nouveau à la plaisanterie et son clin d'oeil en disait bien plus long que ses mots. La frustration dont il parlait été évidente tout comme elle était réciproque, lui aussi ayant très envie de ne pas se retenir autant la prochaine fois... Et luttant hardiment pour ne pas trop y penser bien que ce fut toujours aussi difficile quand elle était dans les parages. Plus que quand elle ne l'était pas du moins...
« Elle n'était pas particulièrement vulgaire ce soir là... » Se défendit-il bien que ce fut la stricte vérité. « Et non, ça me coûterait bien trop cher ! » Reprit-il, se mordant la joue juste après. Il n'avait pourtant pas honte en général mais le fait que Jam sache pour ses multiples conquêtes le gênait étrangement... « Enfin... Les diners sont uniquement réservés à l'élite. »
Tenta-t-il maladroitement, son coeur ayant adopté un rythme presque douloureux et sa gorge s'étant étrangement serrée. Quel con ! Pourquoi fallait-il qu'il ne réfléchisse pas avant de parler ? Et pourquoi surtout Jam le mettait-elle aussi mal-à-l'aise ? Il ne lui devait rien ! Il n'avait pas à lui être fidèle ! Surtout qu'il l'était depuis un moment maintenant... Sans la moindre raison bien sûr... Double con ! Heureusement -ou pas, Justine le tira de là, faisant fuir la belle au quart de tour.
« Rien n'est moins sûr ! »
Plaisanta le vétérinaire qui se régalait de ces scènes improbables, découvrant son ami sous un tout autre jour. Mais James restait en retrait, ne souhaitant pas s'immiscer dans ces histoires qui ne le regardait pas. D'ailleurs, il ne tarda pas à disparaître, laissant la jeune femme seule avec le chien et son ami seul avec sa sangsue. Par chance, cette dernière fut vite écartée, déçue d'apprendre que sa cible du jour n'était plus disponible même si elle comptait se venter de leur histoire auprès de ses collègues dans la journée.
« Les gens ne se rendent souvent pas compte de ce qui est idéal pour eux. » Soupira-t-il, ses propres paroles lui faisant un drôle d'effet. S'appliquaient-elles aussi à eux ? Sans doute oui... Mais il ne voulait pas y penser. « J'espère aussi. » Reprit-il, sincère, avant de se faire agresser d'amour par ses protégés. « Pourtant, ils n'ont absolument aucune raison de s'en faire ! » La taquina-t-il à nouveau, haussant doucement les épaules, soulagé que la présence des animaux les apaisent tous les deux. « C'est vrai mais, entre le refuge et un foyer plein d'amour malgré les absences, le choix est vite fait. » Nota-t-il, cette fois plus sérieux. « Moi ? Oh j'ai déjà une soeur c'est suffisant ! »
Plaisanta-t-il, conscient qu'il n'avait pas non plus un rythme de vie correct pour un animal. Il passait tout son temps au travail ou à donner des cours de danse et, le reste, il le passait au refuge. Bien sûr, il aurait apporté assez d'amour à une bête à poil pour compenser mais, à choisir, il préférait se sacrifier et aller plus souvent au refuge, c'était plus responsable. Sans compter que leur appartement n'était pas très grand et que le balcon n'était pas suffisant pour se dégourdir les pattes... Bref, pas raisonnable et, au moins pour ça, il préférait l'être.
Non, elle n'en rêvait pas. C'était faux, totalement faux, archi faux! S'asseoir en face de lui? Dans une ambiance tamisée et "romantique" ? Apprendre à le connaître un peu plus ou pire encore, lui parler d'elle, de son passé? Voir ses sourires qui lui donnaient envie de se concentrer sur ses lèvres? Son regard malicieux qui la faisait frémir de tout son corps? Toucher ses mains qu'elle voulait sentir autour d'elle et pas JUSTE pour une nuit? Non, elle n'en rêvait absolument pas et n'y avait même pas réfléchi de toute évidence… Enfin ça, c'est ce qu'elle tentait de se faire croire à elle-même…
« C'est toi qui en parle à la moindre occasion! Moi, je voulais juste baiser dans un vestiaire de base! » Se défendit-elle, peut-être trop vivement pour que cela soit convaincant… Bon, elle avait évidemment répondu ça, une fois James éloigné, n'allant pas exposé leur vie devant n'importe qui, surtout pas ce qui les concernait tous les deux… La vérité était pourtant présente, de base, le tout premier soir, elle n'avait voulu que ça… Si on lui avait dis que quelques semaines, voire mois plus tard, elle serait dans cette situation délicate, jamais elle n'aurait été dans ce bar… Le regrettait-elle pourtant? Pas du tout. Elle aimait sa présence et ce jeu…
« Je le mérite toujours, tu ne veux juste pas le voir. » Déclara-t-elle avant de froncer les sourcils à sa pichenette. Comment osait-il lui faire ça? Non! Il n'avait pas le droit, c'était à elle de le faire! Ce sale copieur! Cet enfoiré de malotru! Le fourbe! Aussi, sans attendre, elle lui mordit le doigt rapidement avant qu'il ne s'éloigne de son visage! Enfin cela ressemblait plus à un mordillement qu'à une vraie morsure… Un truc doux, mais vif. Le but étant de le prévenir, pas de lui faire mal. « Bien fait. La prochaine fois, je te castre et sans l'aide du véto! » Violente? Non, ce n'était qu'une manière de continuer leur jeu. Deux enfants allant de plus en plus loin dans un jeu qui ne concernait qu'eux.
« J'adore ce vétérinaire! » Vrai! Elle adorait le fait que celui-ci enfonce un peu plus Ravi. Même si cela ne restait toujours que de doux enfantillages sans conséquence. Elle tira donc la langue au pauvre bénévole, de bonne humeur avant l'interruption.
« Menteur, ça t'amuse bien trop de le faire. » Et pourtant, son regard s'était réchauffé à la plaisanterie, son esprit la ramenant immédiatement à cette nuit de la Saint Valentin… Le baiser, les caresses, la chaleur… Mais quel con! Elle secoua la tête pour chasser ces souvenirs bien trop intenses.
Le sujet "Justine" chassa tout rapidement, fini les idées torrides, bonjour la jalousie interne. Et cette jalousie n'allait pas se calmer. Ses yeux roulèrent au ciel en l'écoutant. Les imaginer tous les deux lui donnait la nausée. Savoir que cette fille l'avait embrassé, toucher, profiter de ce qu'il avait à offrir s'énervait bien plus que de raison. Et double roulement des yeux quand la concernée arriva, ne laissant pas l'occasion à la jeune dealeuse de répondre. Ni une, ni deux, elle partit loin de là, loin de cette scène horripilante à souhait.
« Il y pensera la prochaine fois… » Se contenta-t-elle de répondre, espérant avant l'air le plus détachée possible de la scène au loin. Elle ne regardait pas, préférant se concentrer sur son coup de cœur du jour: ce magnifique chien qu'elle considérait déjà comme le sien au fond… Sans savoir pourquoi, la boule de poil l'attendrissait et même si elle allait lutter quelques minutes, peut-être heures… Elle savait qu'elle allait craquer et que dans la journée, Matt allait devoir venir chercher tout le matériel et l'installer à la colocation…
Mais était-ce raisonnable? Non… Elle n'était pas une fille assez responsable pour ce genre de vie… Elle ne pourrait pas le rendre heureux… Si? Un tas de questions passaient dans sa tête alors qu'elle gratouillait allègrement le golden. Finalement, incapable de résister, elle recommença la conversation avec Ravi.
« Ou peut-être se rendent-ils compte de leur incapacité à fournir l'idéal et qu'il est plus facile d'abandonner. » Simple constatation. Elle s'était rendue compte que la phrase du barman était à double sens, peut-être pas volontairement, mais c'était le cas. Et elle faisait partie de ces gens qui savaient. Elle savait qu'elle ne pourrait pas être à la hauteur de certaines choses, dont les sentiments, l'attachement envers quelqu'un et plein d'autres choses. Après tout, on lui avait souvent dit qu'elle était une incapable et qu'elle finirait seule, à faire souffrir les gens… Et malgré les années et son statut de chef de rayon, elle croyait encore à ces dires qu'on lui avait répété tant de fois aux foyers et à son début de vie d'adulte…
« Il trouvera. Et plusieurs d'entre eux aussi! » Souria-t-elle, se détendant malgré ces pensées négatives. La présence des chiens avait un effet bénéfique sur elle et la faisait réfléchir. « Tu n'as pas tort… pour une fois. » Nota-t-elle à sa remarque. Ted serait-il plus heureux à la colocation que dans son refuge? Oui, évidemment. Et puis… Si elle était absente, les autres pourraient s'en occuper. En réalité, il ne serait pas toujours seul! De plus, un chien ne saurait pas lui faire de mal, au contraire. Elle avait besoin d'une présence rassurante dans sa vie, elle qui faisait sans cesse des cauchemars ou qui était sujette à certaine crise… Peut-être qu'un compagnon fidèle pourrait apaiser certaines angoisses… « Cela sera répété, déformé et évidemment, amplifié! » Le taquina-t-elle avant de s'approcher de la fameuse table où étaient les formulaires.
Sans demander, elle en prit un et se mit à lire celui-ci avant de regarder Ravi. « Il faut faire quoi du coup? Pour adopter? » L'interrogea-t-elle, très sérieusement. C'était peut-être un coup de tête, mais elle avait eu le coup de cœur, alors… l'un n'allait pas sans l'autre, n'est-ce pas? C'était comme ce jeu puéril : Ravi lui plaisait alors elle jouait. La même chose… Sauf que dans ce cas-ci, elle savait que Ted ne la lâcherait pas. « J'ai jamais eu de chien par contre… Donc si tu as du temps quand ton collègue sera là, pour aller tout prendre dans le magasin pour son bien… je suis preneuse. Pareil pour des bons conseils. » Elle lui souriait, sincère dans sa démarche. Et puis, elle aurait réellement besoin de son aide pour acheter le nécessaire au bonheur de son futur chien. De plus, cela l'éloignerait temporairement de là ou Justine pourrait lui sauter dessus. Jamilah voulant le garder jalousement pour elle, même si elle n'était pas prête à l'admettre, évidemment.
Baiser dans un vestiaire. C'était un peu cru mais c'était effectivement ce qu'ils avaient tous les deux voulu à ce moment là. Une simple partie de jambe en l'air torride sans répercussions, un orgasme et puis bonsoir... Alors pourquoi Ravi avait-il décidé de lancer ce petit jeu et pourquoi avait-elle décidé de le suivre ? Pourquoi n'avaient-ils pas encore cédé à la tentation, se laissant aller à leurs bas instincts afin de pouvoir repartir sereinement dans leur petit train-train quotidien ? La peur d'être déçu ? Non, bien au contraire, c'est plus la peur de ne pas l'être qui torturait le jeune homme sans qu'il n'accepte pleinement de l'admettre. La peur de ne plus arriver à se passer de ses bras, la peur de ne plus pouvoir se satisfaire d'une autre et, encore plus profond que la peur d'absence de réciprocité, la peur de devoir tout quitter... Car, si Ela avait finit par céder à la pression familiale, il allait peut-être devoir en faire autant, ne serait-ce que pour la soutenir moralement et pour rassurer sa famille. Une épée de Damoclès qu'il avait agilement ignoré jusqu'ici mais que ses sentiments pour la belle avait dangereusement fait vaciller. Si elle tombait ? Droit sur son coeur qu'il avait pourtant si bien défendu jusque là à une exception près. Triste sort.
« Je le savais, je ne suis qu'un jouet à tes yeux... »
Soupira-t-il, faussement désespéré et espérant ne pas avoir l'air trop chamboulé par toutes ces pensées fracassantes. Une réelle tempête intérieure que cette nuit de Saint Valentin n'avait pas apaisée, rendant même les choses plus complexes encore... Quel merdier ! Heureusement que leur petit jeu reprenait doucement et que sa présence restait toujours aussi agréable, l'aidant à omettre un peu les nuages qui accablait son âme. Une douce illusion, vague effet placébo à son malheur.
« Ça doit être ça oui. »
Répondit-il avec un haussement d'épaules peu convaincu. Bon, elle méritait en effet pas mal de compliments mine de rien mais il était hors de question qu'il lui concède cette remarque, elle serait trop fière ! Non, il préférait prétendre qu'il la détestait, qu'il ne ressentait rien... Peut-être le faisait-il d'ailleurs avec un peu trop de vigueur ? Sans doute oui, ou du moins c'est ce que laissaient penser les remarques de son patron mais aussi de son ami le vétérinaire qui n'avait pas finit de les surprendre aujourd'hui. Lui qui semblait toujours si détaché !
« AÏEUH ! » Cria-t-il en amplifiant la douleur, récupérant brutalement son doigt avant de secouer vivement sa main. « Un vrai tigre de poche, ton petit copain avait raison ! »
La taquina-t-il à nouveau, prêchant le faux pour avoir le vrai ? Il ne voulait pourtant pas savoir la vérité, ne se souvenant que trop bien de la douleur causée par la scène entre elle et le fils Torres... Bref, un vrai masochiste toujours en quête d'une nouvelle blessure, espérant peut-être inconsciemment se dégoûter d'elle au point d'en oublier tout ça. Pas gagné mais bel effort...
« Et ouais genre... Mais fais attention, certaines disent qu'elle a un pouvoir hypnotique, tu pourrais t'y laisser prendre ! »
S'amusa-t-il, n'hésitant jamais à se venter un peu même si ce n'était qu'une façade cachant un garçon bien plus humble bien qu'assez peu pudique. Et puis il aimait trop voir son air à la fois curieux et dégoûté, adorant aussi attiser leur joute qu'il ne voulait jamais voir s'arrêter. Un vrai bonheur, bien trop grand pour que ce soit raisonnable d'ailleurs...
« Ouais ben moi je l'aime de moins en moins... »
Grogna-t-il en lançant un regard faussement assassin à son 'ami'. Au fond, il avait réellement adoré sa réponse mais hors de question de leur offrir cette fierté, c'était plus amusant de jouer les enfants bougons ! Ou au chien battu ce qui était malheureusement bien plus dans le thème de la journée... Thème fort salvateur remarque mais, pour l'instant, ils n'en étaient pas encore réellement conscients.
« C'est vrai, je suis curieux de voir jusqu'où tu es prête à aller pour avoir ce que tu veux. »
Répondit-il comme une évidence, ajoutant même un petit haussement d'épaule détaché pour faire croire que cette idée ne l'enthousiasmait pas plus que cela. Faux bien sûr car il voulait effectivement savoir et était tout aussi impatient d'avoir lui aussi ce qu'il voulait même si 'ce qu'il voulait' était justement de plus en plus flou... Baiser dans un vestiaire. Oui voilà, rien de plus, juste deux corps qui se dévorent, deux âmes qui se consument et plus rien... Rien de plus. On y croit.
Même James n'y croyait pas d'ailleurs, s'amusant de la scène en y ajoutant subtilement son petit grain de sel avant de disparaître sans demander son reste. Semer le doute dans leur esprit, observer les réactions sans interférer vraiment... Même lui se surprenait à être aussi impliqué dans une histoire, presque heureux d'y trouver un amusement certains. Hors de question d'en parler à la psy, elle serait trop fière ! Chacun ses mensonges visiblement et aucun d'eux n'était très clean à ce sujet de toute évidence !
« Peut-être oui... » La conversation avait prit un étrange tournant qui le laissait songeur. Double sens là aussi ? Peut-être oui... Qui sait ? « Mais je ne pense pas qu'il soit plus facile d'abandonner, au contraire même. » Il avait eu l'histoire de son patron en exemple mais il ne s'aventura pas là dedans, ne souhaitant pas non plus trop philosopher sur tout cela pour ne pas se dénoncer bêtement. Heureusement que les chiens étaient là ! « Avec un tel arrangement le contraire serait surprenant ! » Sourit-il avec une certaine tendresse, façon plus ou moins subtile de la remercier pour ce travail Herculéen et absolument parfait. « Je suis comme Chuck Norris, si j'ai tort, c'est que j'avais raison d'avoir tort. » Se moqua-t-il, n'hésitant jamais à se tirer une balle dans le pied à l'occasion... Ou à se prendre un coup de couteau mais, par chance, c'était plus rare ! « Oh tu peux, elle le sait déjà ! Et elle n'en pense pas moins de moi ! » Répondit-il d'un ton joyeux malgré ce petit sourire toujours aussi tendre quand il parlait de sa cadette. « Tu es sûre ? » Demanda-t-il ensuite, choquée mais presque ému qu'elle se laisse finalement tenté. L'Indien se redressa habilement puis épousseta un peu son jogging avant de la rejoindre, peinant à se dépêtrer de son fan club poilu. « Pas grand-chose en fait, juste faire un chèque de cent vingt cinq dollars à l'asso pour couvrir les frais de stérilisation et de vaccination qui ont déjà été avancés. C'est aussi pour dissuader un peu les gens peu sérieux... » Avait-il ajouté, presque honteux de lui demander de l'argent à elle... Maintenant proche d'elle et du stand, il lui tendit un des formulaire, reposant un regard reconnaissant dans le sien, sourire aux lèvres. « Il faut aussi remplir ça, simple formalité avec adresse, coordonnées téléphoniques, on pose aussi quelques questions sur les habitudes et les antécédents puis une signature du règlement. Dans quinze jour, l'un de nous va passer pour voir si tout se passe bien. Si quelque chose ne va pas pour toi d'ici là, tu peux récupérer l'argent et on récupère l'animal. Si on constate un problème dans quinze jours, on récupère l'animal. Après ça, on aime bien checker de temps en temps que tout se passe bien et on reste joignables en cas de soucis. » Expliqua-t-il avec passion, se laissant emporter par ses paroles. Il se frotta d'ailleurs la tête après ce monologue, conscient de sa soudaine diarrhée verbale peut-être un peu trop enthousiaste... « Si tu peux rester avec nous ou passer dans la journée, on fait toujours des points avec les adoptants avant de valider le tout. Pour le reste, je pourrais te prendre ce qu'il faut en partant sans problème. » Affirma-t-il, toujours dans cette étrange euphorie qui l'avait déconnecté du jeu mais aussi de sa gêne étrange. Ils étaient pourtant physiquement proches... Trop peut-être ? Qu'importe, Ted était entre eux, sa truffe humide collée à la jambe du jeune homme, garde avisé de la situation. « Quant aux conseils privés, ils ne sont pas gratuits... Mais, tu as de la chance, j'accepte aussi les paiements en nature ! »
Bon ben oui, il n'allait pas rester tranquille trop longtemps quand même !
N'était-il qu'un jouet? Une passade attirante dans cette vie de célibataire qu'elle menait à merveille? Elle aurait tant aimé que cela soit le cas en réalité, mais non. Ravi avait petit à petit réussi à s'immiscer dans le coeur de la jeune femme. Il avait réussi à affaiblir, voire presque détruire, ces barrières qu'elle avait mis des années à construire. Pour se protéger, protéger cette santé mentale bien plus fragile que ce qu'elle ne laissait entrevoir. Fragile était bien le mot. Son air désinvolte et détaché ne servant que de protection pour son cœur bien trop amoché. Et ce petit cœur amoché réclamait l'Hindou. Il le réclamait comme si cet homme était la réponse à tous ses problèmes, celui qui apaiserait les douleurs passées, qui promettait un avenir plus doux… Mais rien n'était certain, surtout l'avenir et elle en savait quelque chose. Etait-ce donc pour ça qu'elle préférait ignorer son cœur et écouter sa raison? Sans aucun doute oui…
Pourtant, elle n'avait aucune envie de lui mentir à cet instant, même pour rire. Pas plus qu'elle ne voulait admettre qu'il était important. Alors, elle se contenta d'un simple sourire en coin, légèrement mystérieux, l'air de dire « Peut-être que oui, peut-être que non » , chose qu'elle maitrisait bien mieux que des paroles en réalité.
Jamilah avait beaucoup grandi ces dernières semaines. Et ses nouvelles amitiés et rencontres n'y étaient pas pour rien. La jeune dealeuse mystérieuse et silencieuse avait laissé place à une jeune femme assez sociale. Et ce jeu avec Ravi avait raviver ce côté enfantin et renforcé son côté téméraire…
« Tu vois, tu finis par l'admettre. » Dit-elle en reprenant enfin la parole, son sourire en coin n'ayant pas faillis un seul instant. Enfin, jusqu'à la pichenette… Il cherchait des ennuis, il allait les trouver! Ni une, ni deux, elle lui mordit le doigt, son sourire revenant de plus belle à sa réaction, bien entendue, exagérée. « Oh ça va, gros bébé… » Oui, il agissait comme un bébé et le souligner était bien trop tentant. Cependant, la suite la fit hausser un sourcil… Son petit copain…? Elle prit un instant avant de comprendre qu'il visait Matt. Pourtant le "tigre de poche" aurait dû la mettre sur la voix immédiatement. Une fois de plus, devait-elle répondre? Pourquoi faire? Autant le laisser dans le doute non? Alors, à nouveau, elle haussa les épaules de façon nonchalante et sourit simplement en coin, avec le même air qu'un peu plus tôt. « Si tu le dis… » Elle roula des yeux un instant avant de se concentrer sur James, amusée par le sketch du barman. Inutile de rajouter quoique ce soit, n'est-ce pas?
« Tu sais, en général, je ne me casse pas la tête cent sept ans. Donc je peux aller loin, mais si l'envie y est… Car je peux aussi abandonner du jour au lendemain. » Le prévint-elle aussi simplement que sincèrement. En général, elle n'aurait jamais fait tout ça avec qui que ce soit. Soit elle avait ce qu'elle voulait et vite, soit elle passait à autre chose sans chercher à comprendre. Pas du genre à forcer le destin, laissant la vie suivre son cours. Pas du genre à s'impliquer plus que cela dans des relations humaines, si on oubliait Matt, Willow et depuis peu: Ela et Swan…
Le vétérinaire repartit, la blondasse connasse loin de là, la chef de rayon et le bénévole se retrouvaient enfin seul en tête à tête… Ou presque! Après tout, les deux étaient entouré de boule de poils bien trop mignonne, donc une qui ressortait au coeur de la jeune femme. Coup de cœur qui relança la discussion par chance! « C'est toujours plus facile d'abandonner que d'affronter les choses. » Les points de vue étaient peut-être biaisés par l'expérience personnelle de tout à chacun. Pour Jamilah, qui avait été comme ces chiens, l'abandon était bien trop facile. Et si on adoptait? Elle est si mignonne! Après quelques semaines et au premier obstacle, l'abandon semblait bien plus facile. Oui, au fond, elle était bien comme les locataires du refuge que le magasin et Ravi représentait aujourd'hui: un être abandonné qui espérait avoir une famille et un chez soi…
« Et elle a raison de le penser. Tu es un vrai singe. » Nota-t-elle avant de s'approcher du comptoir où résidait les formulaires. La décision était prise, elle allait donner à Ted ce dont elle avait toujours rêvé elle-même et ce qu'il méritait pour le restant de sa vie: de l'amour. « Certaine, comme tu l'as si bien dit: mieux vaut une maison avec de l'amour et quelques absences, qu'un refuge. » Déclara-t-elle bien plus doucement qu'elle ne l'aurait voulu. Elle avait cette impression de se confier un peu sans pour autant mettre les termes. Mais peu importe, elle voulait adopter Ted et à peine avait-il parler de chèque que la jeune femme sortit le sien de sa poche arrière, préférant arrondir le chiffre à deux cent simplement. Elle ne remarqua même pas l'air gênée et souria tranquillement alors qu'elle l'écoutait tout énuméré. « Voilà le chèque pour commencer. Et je vais remplir le formulaire alors… Par contre pour antécédent… On parle de quoi au juste…? » L'Hongroise grimaça légèrement, il faut dire qu'elle n'était pas étrangère aux gardes à vues nocturnes. Ayant provoqué plus d'une bagarre ou ayant été arrêté pendant ses nombreuses nuits à dealer. Par chance, les flics d'Ottawa l'appréciaient assez bien et elle n'avait pas de casier judiciaire, juste des aller-retour en cellule… « Et pour le reste, tout me semble plus que correcte. J'écoute tes questions pendant que je remplis ça… » Avec un sourire doux, elle reprit son stylo et commença à remplir ledit formulaire. Formulaire que Ravi lui-même aurait pu répondre en réalité. Car il avait presque toutes ses informations: son adresse, son numéro. Il savait pour ses colocataires, sa vie nocturne, ses dérives. Il n'y avait que les antécédents qu'il ne savait pas et en réalité, il ignorait presque tout le passif de la belle, si ce n'est qu'elle était orpheline…
Soit, elle chassa ses idées de la tête et se redressa, amusée par sa proposition. « Ça aurait été avec plaisir de rester, mais je dois gérer les employés et voir que tout se passe bien. Mais je pourrais passer dans la journée, oui. De toute façon, je suis censée le faire, voir si tout se passe bien et si vous n'avez besoin de rien. D'ailleurs, si jamais vous avez besoin, demandez à Alex à l'accueil, il me fera un appel. » Du doigt, elle désigna son collègue sans même se retourner vers celui-ci, bien trop occupée à remplir les papiers d'adoption. La jeune femme avait l'habitude de gérer plusieurs choses à la fois, aussi, tenir la conversation, tout en remplissant des papiers et réfléchir n'était qu'une chose journalière.
Mais même l'habitude ne put l'empêcher de marquer un arrêt de quelques secondes alors qu'un sourire provocateur se dessinait à nouveau sur son visage. Il cherchait le gamin. Ses yeux se levèrent vers lui, sa tête se pencha légèrement sur le côté, jaugeant un instant ses paroles. « Très bien, quel est ton prix? Et pas de dîner. Je préviens avant que tu y penses. » Sa main revint gratouiller les oreilles de Ted, amusée. Elle avait hâte de savoir quelle connerie il allait encore proposer. Incapable de s'empêcher de frétiller d'impatience à la suite d'un jeu bien trop normal à leur yeux.
La signature en bas des papiers, elle lui tendit les feuilles, attendant la suite. Enfin, ça, c'était avant d'être appelé au loin par un des employés qui arriva, essoufflé d'avoir couru de la réserve à l'entrée du magasin. « Jamilah, il y a un camion à décharger derrière, le livreur t'attends pour la signature! » Et sans attendre, celui-ci reparti de plus belle, laissant à nouveau le duo seul en tête à tête.
« Et bien Monsieur Kapoor, ce fut un plaisir, mais le devoir m'appelle. » S'amusa-t-elle, se penchant pour l'embrasser sur la joue « A tout à l'heure, chéri. Je te confie Ted en attendant! » Déclara-t-elle, fière de lui rappeler ce surnom qui semblait le mettre mal à l'aise à chaque fois qu'elle le prononçait, du moins, depuis ce fameux café.
Par la suite, elle partit rapidement à l'arrière signer le bon de livraison après une vérification minutieuse. Après quelques minutes de préparation, le magasin ouvrit enfin ses portes et la jeune hongroise commença à courir partout, gérant les rayons et les employés efficacement, comme à son habitude. Elle résista même à l'envie de tuer Justine qui se vantait bien trop de ses moments passer avec SON barman. Plusieurs fois dans la matinée, elle repassa vers l'accueil, non loin de Ravi, appelé pour diverses raisons. De temps en temps, elle offrit des sourires sincères à celui-ci, d'autres fois, des grimaces. Inlassablement attirée vers lui dès qu'elle se trouvait à quelques mètres, résistant pourtant à l'envie de le rejoindre.
Et sans s'en rendre compte, la matinée passa rapidement, laissant place au meilleur moment de la journée: le déjeuner! Et qui disait déjeuner, disait commande pour les employés. Il était donc évident d'inviter les bénévoles ou du moins, de leur offrir le repas. Aussi, ayant une excuse pour le rejoindre, la belle brune s'approcha des bénévoles en souriant. « Je vais commander à la sandwicherie pour tout le monde, vous voulez quelques choses? C'est le magasin qui offre, bien évidemment! » Demanda-t-elle en leur tendant son carnet où y figurait déjà une longue liste de sandwichs et pâtisseries diverses, afin qu'à leur tour, ils puissent noter leur commande.
Ravi aurait presque préféré qu'elle réponde que oui, qu'il n'était qu'un jouet à ses yeux, un instrument de plaisir à usage unique qui allait disparaître de sa vie une fois sa mission accomplie. Ou pas ? Non, il n'aurait pas préféré qu'elle nie cette évidence en lui disant qu'il était plus important que cela, pas plus qu'il n'aurait aimé entendre le fameux "je préfère qu'on reste amis." Alors quoi au juste ? Même lui ne le savait plus et cette dernière nuit passée ensemble n'avait pas aidé à arranger sa perception des choses. Ainsi, la réaction de la belle provoqua un étrange pincement dans son cœur, l'obligeant à se retenir d'en demander davantage ou même d'avoir l'air un peu inquiet par cette absence de confirmation ou d'infirmation. À son tour, il se contenta donc d'un haussement d'épaules peu convainquant, soulagé de passez à autre chose.
« Ne l'enflâmes pas ma belle, je laisse quand même la place au doute. »
S'amusa-t-il, plutôt satisfait que le retour de leur petit jeu lui ai redonné du poil de la bête. Quoi que la bête était en face de lui, la jeune femme mordant doucement son doigt en guise de vengeance à sa pichenette. Était-il d'ailleurs normal qu'il ressente un léger frisson à cet étrange contact ? Il n'y avait pourtant rien d'ambiguë là-dedans à part que... À part que la douceur des lèvres de Jam effleura sa peau en lui rappelant tout un tas de souvenirs bien trop présents dans ses pensées ces derniers temps. Heureusement que les paroles de la jeune femme pouvaient largement justifier son petit geste de la tête, façon discrète de secouer tout ça hors de son esprit troublé.
« Bébé bébé... » Soupira-t-il, faisant mine de souffler sur son doigt. « Heureusement quand même que je suis vacciné contre la rage ! »
La taquina-t-il, son air malicieux étant largement suffisant pour justifier la blague sans besoin de tirer la langue ou de faire une grimace. Qu'est qu'il aimait ça entre eux, ces piques constantes, cette légèreté... Qu'allait-il devenir quand tout cela allait s'arrêter ? Quand elle allait avoir ce qu'ils voulaient tous les deux ? Ne devrait-il pas fuir tant qu'il était encore temps ? Quoi qu'il n'était plus temps en fait, il était bien trop tard et il ne pouvait plus que subir en attendant l'inévitable finalité de cette histoire... Mais ça en valait la peine non ?
« Ce n'est pas moi qui le dit... »
Murmura-t-il avec un nouveau haussement d'épaules discret. En réalité il était un peu blessé par cette absence de réponse-ci : elle n'avait pas éclairci l'identité du garçon de la ruelle... Mais quid du fils Thakur alors ? Avait-elle les deux ? Et pourquoi diable s'en intéressait-il ! Jam n'était pas à lui, elle était libre de ses actes et de son corps... Alors pourquoi était-ce si douloureux ? Pourquoi cette étrange pique dans son cœur et au fond de sa gorge ? L'indien tenta de l'ignorer, presque heureux que son ami s'en mêle même si ce n'était clairement pas pour prendre son partie...
« Que de suspense... »
Sourit-il avec malice face à la réponse toujours aussi évasive de la brune. Ravi avait eu l'occasion de voir à quel point elle savait abandonner du jour au lendemain sans donner de nouvelles. Après tout, la belle avait totalement disparut de la circulation après leur première rencontre et elle s'était également volatilisée sans un mot le lendemain de la Saint Valentin... Alors il savait qu'elle pouvait effectivement abandonner aussi rapidement qu'elle pouvait s'enflammer et il allait être abandonné, sans grande surprise. Mais il se devait de faire semblant de ne pas s'en soucier, semblant de s'en amuser, c'était plus simple comme ça même si ça n'était pas moins douloureux pour autant.
Par chance pour lui, la situation les emporta vers d'autres sujets et, surtout, les sépara un moment. Ils avaient à faire avec toute cette histoire et ils avaient tous les deux d'autres personnes avec qui discuter même si, dans son cas, il s'en serait bien passé. Du coin de l'oeil, il nota que Jam et James discutaient pendant que lui luttait pour se débarrasser de sa sangsue. Après quelques minutes à la fois douloureuses et salvatrices, les deux "amis" se retrouvèrent à nouveau seuls entourés de petites boules de poils enthousiastes qui rendaient le silence moins étrange et qui aidèrent sûrement à délier leur langue.
« Peut-être oui... Quoi que subir le manque n'est pas plus facile que de se battre pour l'éviter. »
Nota-t-il, plus vraiment certain de ce dont ils parlaient vraiment. Du peu qu'il savait sur Jamilah, la jeune femme n'avait plus de famille et l'attachement devait donc être devenu compliqué pour elle... Tout comme se lancer dans une relation sérieuse était devenu compliqué pour lui suite à cette douloureuse rupture quelques années plus tôt. Mais aurait-il était plus simple de lutter ? De tenter de passer outre leurs problèmes respectifs ? Parfois, le choix n'est pas évident et, souvent, il n'y a pas réellement de "bonne solution". Dans tous les cas, Ela les sauva une fois de plus même sans être présente et ce n'était pas plus mal, ils n'étaient pas à leur aise dans ce genre de débat et d'aveux à demi-mots.
« Mais c'est pour ça que vous m'aimez non ? »
Sourit-il, de nouveau plus joyeux, toujours impressionné par la vitesse à laquelle son humeur changé en la présence de la belle. Un coup triste, un coup jaloux, un coup heureux... Elle allait réellement finir par avoir raison de lui et, pourtant, il ne faisait rien pour fuir, presque heureux d'être ainsi condamné. Masochiste oui, c'était même le moins qu'on puisse dire !
« Tu vois que j'ai raison parfois. »
S'amusa-t-il, toujours avec la même malice bien qu'il soit profondément touché par le geste de Jam envers Ted. L'animal allait être heureux chez elle, entouré d'amour et d'attention, bien soigné. Non pas que le refuge soit un enfer mais c'était différent et le pauvre chien n'y avait pas eu toute l'attention qu'il méritait, tout comme ses compères qui, ils l'espéraient, seraient aussi chanceux dans la journée.
« Pas de panique, on considère aussi les repris de justice. » La taquina-t-il à nouveau avec un clin d'oeil amusé. « Ce qui nous intéresse uniquement ce sont les habitudes par rapport aux animaux. Si tu en as déjà eu, si tu as déjà eu l'occasion de t'en occuper, si tu connais les bases. » Expliqua-il, rangeant soigneusement le chèque dans une enveloppe sur laquelle il avait écrit 'Ted' au feutre. « Il y a aussi quelques questions sur le lieu d'habitation, sur les autres personnes qui vont vivre avec ou autour de l'animal, l'emploi du temps. »
Continua-t-il sur un ton rassurant tout en lui montrant les questions qui correspondaient sur le formulaire en question. Il s'était d'ailleurs rapproché, se posant presque inconsciemment au dessus de son épaule comme pour mieux lui expliquer quoi faire... La proximité ne le frappa pas tout de suite tant il était entrainé par son enthousiasme mais, une fois le silence revenu, un frisson ne manqua pas de le parcourir. Presque gêné, il recula d'un pas avant d'hausser les épaules pour la énième fois, reprenant un sourire taquin qu'il espérait réaliste.
« Oh pour les questions de bases je pense avoir toutes les réponses qu'il me faut ! » Répondit-il, sincère. Après tout, même s'il y avait beaucoup de zones d'ombre, Ravi en savait assez pour savoir que Ted n'était pas mal tombé. « Au pire, je plaiderai ta cause. » Aouta-t-il, toujours aussi sincère malgré son sourire. « C'est noté chef. » Répondit-il ensuite avec un faux salut militaire et un nouveau clin d'oeil, partagé entre un demi-soulagement et une certaine tristesse de la savoir "loin" pour la journée. « Je ne sais pas encore, je te dirai ça quand j'aurai tout calculé. Sans le dîner ça sera sûrement plus compliqué. »
Répondit-il ensuite après avoir prit quelques secondes de soit-disant réflexion concernant le tarif qu'il comptait lui demander. En réalité, elle ne lui devait rien mais, s'il pouvait en profiter un peu pour ajouter une carte à son jeu, il n'allait pas s'en priver. Si c'était dangereux pour sa santé mentale ? Totalement oui mais il n'était plus à ça près !
« Madame Novacs. » Sourit-il avec une révérence alors qu'un employé venait lui enlever la belle. « Tu peux compter sur moi Janu*»
Rétorqua-t-il ensuite, sentant toujours cet étrange pincement en l'appelant "chérie" dans sa langue... Il savait que c'était un jeu comme tout le reste, comme leur merci sous forme de je t'aime et les baisers qu'ils avaient échangés... Juste du vent, de belles paroles sans fondement, un jeu... Dangereux oui et de plus en plus douloureux aussi mais c'était un engrenage et, maintenant qu'il s'était coincé dedans, il ne pouvait plus en sortir, plus avant que tout n'explose pour de bon. Mais, déjà, Justine était de retour, sautant allègrement sur l'occasion de passer du temps avec lui malgré tout.
« C'est du sérieux ? »
Demanda-t-elle soudain, le faisant presque sursauter tant il était perdu dans ses pensées. Dès le départ de Jam, Ravi avait rangé les documents pour Ted puis il s'était affairé pour ne pas trop penser au reste. Entre les chiens, les documents, les premiers clients qui passaient devant le stand... La matinée aurait pu passer très vite en fait, si ce n'est cette visite impromptue qu'il avait pourtant espérer éviter. N'avait-elle rien d'autre à faire celle-là ? Enfin, ça lui apprendra à coucher avec n'importe qui.... Le Karma !
« De ? »
Demanda-t-il, sincèrement incapable de faire le lien.
« Ta nouvelle copine, c'est du sérieux ? »
Reprit la blonde, faisant mine de s'occuper d'un chien dont le collier n'était effectivement pas très droit.
« Ah ! » Merde, il aurait peut-être dû y réfléchir un peu plus avant de lancer cette histoire... Heureusement qu'il était doué en impro ! « Oh, je ne préfère pas trop m'avancer pour le moment, je ne voudrais pas nous porter la poisse. »
Sourit-il donc, soulagé de ne pas avoir à la regarder dans les yeux quand même.
« Elle doit être drôlement jolie. »
Reprit-elle, non sans une once de jalousie palpable. À ce moment là, Jam passa dans son champs de vision et le sourire de Ravi se fit un peu rêveur.
« Très oui. »
« Et gentille aussi sans doute... »
Reprit-elle, un peu plus fort comme dans l'espoir qu'il la regarde enfin. Mais le regard de l'hindou était irrémédiablement posé sur la jeune femme qui venait d'ailleurs de lui lancer un sourire auquel il avait répondu par petit signe de tête un peu niais. Quel boulet...
« À sa façon oui, mais elle a un grand cœur et elle est très courageuse. »
Était-il entrain de parler de Jam ? Heureusement, dans sa jalousie non feinte, Justine n'avait rien vu, se contentant de fusiller le regard du beau brun avec un air renfrogné.
« Ça fait longtemps ? »
Mais n'allait-elle donc jamais le lâcher ? Il soupira, plus pour reprendre ses esprits que par réelle lassitude et surtout parce que Jam avait de nouveau disparut.
« Quand on aime on ne compte pas. »
Se contenta-t-il de répondre, jouant lui aussi la carte du mystère dans l'espoir qu'elle fasse le même effet à la blonde qu'elle n'en avait eu sur lui quand Jam l'avait sortie. Probable en vue du faux sourire qu'il remarqua sur le visage de son "ex" qu'il regarda enfin. Par miracle, un couple venait de se rapprocher du stand et Ravi se précipita vers eux avec enthousiasme après avoir lancé un clin d'oeil à Justine sans trop savoir pourquoi. Peut-être par politesse ? Pour changer de sujet? Qu'importe, il était enfin sauf et Justine repartait enfin vers une autre mission, rapidement remplacée par Joshua, ENFIN ! Le reste de la matinée fut en effet plus rapide et les adoptions allaient bon train pour le plus grand bonheur de tout le monde.
« Décidément nous sommes gâtés ! » Sourit-il, cachant difficilement le soulagement de la revoir enfin. « Voilà, ce sera tout pout moi. »
Annonça-t-il en lui rendant le carnet sur lequel il avait noté un simple sandwich végétarien et une bouteille d'eau pétillante. Il était raisonnable quand il s'agissait de manger, surtout au travail. Joshua et les quelques employés des parages s'échangèrent ensuite le carnet puis Ravi proposa naturellement de venir attendre le livreur avec elle. Après tout, il n'avait pas prit la moindre pause depuis ce matin, il pouvait bien se permettre de le faire maintenant non ? Surtout que le stand n'était pas abandonné et entre de bonnes mains. Une fois un peu à l'écart, Ravi remarqua le regard de Justine dans leur dos. Les soupçonnait-elle de quelque chose ?
« Tu sais, j'ai réfléchi au paiement et je pense que je ne vais pas être trop gourmand finalement... » Annonça-t-il un peu de but en blanc avec un sourire malicieux sur les lèvres. « J'ai juste besoin d'une petite faveur qui pourra rendre mon après midi bien moins désagréable sans trop de coûter. »
Maintenant qu'ils avaient franchi la porte ouverte de l'arrière du magasin, toujours visibles par la blonde malgré la distante et seuls au-delà de cette lointaine présence, il en profita pour la plaquer délicatement contre le mur le plus proche, posant sa main près de son visage comme il l'avait fait lors de leur première rencontre, dans les vestiaires. Souvenir qui ne manqua pas de le faire frissonner d'ailleurs, tout comme l'anticipation de ce qu'il voulait faire... Masochiste oui, plus que jamais.
« Est-ce qu'un baiser te semble cher payer ? »
Demanda-t-il avec malice, son nez frôlant déjà presque le sien alors que leur souffles se mêlaient dangereusement. En réalité, Justine ne pouvait plus les voir à présent puisqu'il l'avait attiré sur le côté de la porte, dans l'ombre. La façon de faire ne laissait néanmoins pas beaucoup de place au doute, sauvant son idée quelle que soit la réponse de Jam même s'il espérait qu'elle soit positive. Ce n'était pas cher payé mais c'était beaucoup pour lui qui était déjà bien trop ensorcelé par ses lèvres... Un autre baiser qui pouvait le tuer mais qu'importe, il le voulait, encore plus maintenant que quand l'idée avait germé dans son esprit quelques instant plus tôt. Perdu pour perdu...
La présence de Ravi la chamboulait totalement et chaque fois un peu plus que la précédente. Souvent, elle se surprenait avec l'envie de le contacter, de passer du temps avec lui… Et souvent elle faisait exactement le contraire: elle s'éloignait dès que possible. Il n'y avait qu'à voir sa manie de disparaître à la moindre chose… À Noël, elle avait filé dès qu'elle en avait en l'occasion. Au café? Elle aurait pu refuser de bouger pour aller au travail, mais elle y avait couru et la St Valentin…? Rien que d'y penser, la belle frissonna un instant… Elle se souvenait parfaitement des sensations éprouvées aux côtés du jeune homme. Les baisers, la chaleur de ses bras pendant la nuit, son souffle chaud, son odeur même… Oui, son cœur criait encore alors que sa conscience lui disait de fuir.
Le début de cette journée était donc assez spécial, en dehors de l'évènement, Jamilah cherchait encore comment se tenir aux côtés de l'Hindou avec le plus de normalité possible. Dieu soit loué, les chamailleries habituelles sauvèrent la situation! Quelques petites blagues et les voilà tous les deux repartis comme à l'an quarante! « Et voilà, un pas en avant, deux en arrière. On y était presque! » Soupira-t-elle, faussement désespérée par son attitude contraire. Il n'y avait rien de mieux que cette ambiance taquine entre eux.
Pour preuve, elle n'avait pas hésité à le mordre en réponse à sa pichenette. Après tout, c'était à elle de lui faire, pas l'inverse! Il méritait donc cette morsure! Et encore, elle avait plus mordillé que réellement mordre… Ne voulant pas lui faire de mal, mais juste… Juste l'emmerder en réalité! C'était quoi encore l'expression? Chaque action déclenchait une réaction? Ou une connerie du genre! « Bien, dans ce cas tu vas survivre à cette petite morsure… Gros bébé. » Surenchérit-elle avant d'hausser les épaules de façon plus désinvolte.
La dealeuse voulait continuer à le laisser dans le flou, pourtant, la réaction de celui-ci, bien que très discrète, la fit se raviser. Il était passé d'une taquinerie et d'un grand sourire à cette réaction légèrement… renfermée? Quoi qu'il en soit, celle-ci ne plaisait pas à la jeune femme qui répondit alors avec un sourire en coin. « Ah oui, ce n'est pas toi mais Matt, le copain que tu m'invente! » Bon, c'était une façon de lui dire que Matt n'était pas son petit ami sans trop entrer dans les détails… Non? Et pourquoi avait-elle donné cette information? C'est pas comme si les états d'âme du jeune homme l'intéressait… N'est-ce pas?
Ses yeux roulèrent au ciel sans une réponse de plus à la suite de cette conversation. Suspens?! N'importe quoi… Les deux savaient pertinemment comment tout allait se "finir". L'un des deux gagnerait et l'autre perdrait! Mais cela voulait-il réellement dire la fin d'une relation? Après tout, Jam était amie avec Ela donc en un sens… Ravi ferait toujours partie de sa vie non? Elle pourrait toujours enduire son lit de mousse à raser! Cette idée réchauffa son cœur à son grand désarroi. La perspective de le revoir après la fin du jeu était un doux réconfort à une future victoire douce amère ou à un échec du même ton.
Les évènement s'enchainèrent par la suite, Justine qui vint interrompre le moment, faisant fuir de plus belle la jolie brune à l'opposée. Juste par mesure de sécurité…évidemment! Oui parce qu'autrement, Jamilah était capable de passer ses nerfs sur la blonde. Après tout, cette fille parlait à son hindou… Même si, d'après ce qu'elle avait comprit, Justine connaissait Ravi depuis bien avant elle… Mais tout de même, ça ne voulait rien dire. Par chance, elle avait pu échanger quelques mots avec James, lui permettant de sortir temporairement ses envies de meurtre de la tête. Et sa rencontre avec Ted la calma définitivement. Assez pour qu'elle recommence la discussion avec le jeune homme. Il n'y avait pas à dire, les animaux avaient un pouvoir assez apaisant. Du moins, pour toute personne aimant les animaux.
« Je n'en suis pas certaine… Enfin bref! » Préféra-t-elle clôturer cette conversation à double sens. Après tout, les expériences entre eux étaient bien trop différentes pour pouvoir savoir qui avait raison ou tort dans un sujet aussi délicat… Et surtout, aucun des deux n'auraient tort car tout était lié à l'expérience, justement. Depuis petite, les adultes lui avaient appris à abandonner quand c'était trop difficile. peut-être était-ce pour ça qu'elle fuyait si souvent Ravi? L'attachement était bien trop dangereux. Il était dangereux.
« C'est pour ça que dans mon cas, je te tolère! » Dit-elle en rebondissant sur la conversation avec elle. Hors de question d'avouer qu'elle l'aimait. Et puis quoi encore? Même si, il fallait être aveugle pour ne pas voir que la brune appréciait réellement le bénévole, sans parler de sentiment. Elle ne parlait réellement qu'avec des gens qu'elle appréciait, se contentant de demi-mot pour les personnes qui la laissait de marbre… Ou, comme depuis peu pour Justine, d'une froideur sans nom.
« Ne t'enflamme pas, gros bébé. tu as juste raison cette fois! » S'amusa-t-elle en reprenant le surnom et son expression de plus tôt dans la journée. Rapidement, elle avait rejoint la petite table pour écouter les informations concernant l'adoption de son nouveau protégé: Ted.
Mentalement, la dealeuse nota tout. Elle voulait réellement donner une nouvelle vie à ce Golden au yeux remplie d'amour. De plus, avoir un compagnon pourrait la calmer lors de certaines crises d'angoisse. Elle se voyait déjà faire de longues balades dans les parcs aux alentours d'Ottawa. Voir même l'emmener au camping avec les filles! D'ailleurs, il fallait vraiment qu'elles organisent ça un jour… En été peut-être? Cela serait plus agréable niveau température! Un petit camp monté non loin d'un lac serait le feu! Le tout avec un chien pour leur tenir compagnie et pourquoi pas Ravi? Pourquoi revenait-il dans ses plans celui-là? Rapidement, elle chassa cette idée de sa tête et se concentra sur le formulaire qu'elle commença à remplir avec application.
« Chouette! Voilà qui me rassure! » Souria-t-elle, assez amusée par sa phrase en réalité. « Alors je n'ai jamais eu d'animaux, mais je nourris le chat des voisins quand ils s'absentent. Aussi, je croise souvent un singe en liberté. Ça compte? » Demanda-t-elle, la voix la plus innocente possible. Après tout, en la traitant de repris de justice, il avait cherché cette réponse, non? « Ok, alors voyons voir… »
Comme si cela était naturel, elle ne remarqua pas directement la proximité dans laquelle ils se trouvaient. Pour elle, ils étaient dans une bulle rien qu'à eux. Un moment calme, appréciable qui la fit sourire alors qu'elle sentait la chaleur de son corps contre le sien. Rien d'une tension sexuelle, non. Juste un doux réconfort comme elle n'en avait que peu connu. Alors, lancée dans le formulaire, elle commença à répondre. « Alors je l'adopte seule. Pas de couple, juste 4 colocataires adorable avec les animaux en général, une maison avec jardin… Pour l'emploi du temps, il sera presque toujours avec moi. » La belle avait murmuré les réponses qu'elle notait au fur et à mesure, sans faire attention aux informations qu'elle donnait à voix haute. Mais après tout, elle n'avait rien à cacher alors bon… Une fois finie, elle se relu, ne remarquant pas l'éloignement de Ravi directement. « Voilà, je crois que c'est bon du coup! » Souria-t-elle en déposant le stylo et le formulaire.
« Merci de plaider la cause d'une repris de justice! » Amusée, elle secoua la tête avec un regard tendre, touchée que le jeune homme accepte de lui faire confiance au point de plaider sa cause. Par la suite, elle dû décliner l'offre de rester, obliger de travailler malgré tout… Quoique en réalité, elle aurait totalement pu rester et juste s'absenter de temps à autre pour signer des bons de réception ou aller voir où en étaient ses collègues… Mais une fois de plus, ce fut sa conscience qui prit le dessus, lui criant de ne pas trop rester dans le coin. « Parfait, tiens moi au courant quand tu auras une idée du prix dans ce cas, Ali! »
Malheureusement ou heureusement, elle ne savait plus trop, un employé vint la chercher, mettant un terme à ce tête à tête plus que plaisant. Rapidement, elle partit donc derrière signer tous les papiers et s'occuper toute la matinée. Plus d'une fois, elle vérifia si Justine était bien dans son rayon et quand elle remarqua qu'elle n'y était pas, elle décida de passer rapidement à l'entrée, voir si elle ne traînait pas par là. BINGO. Ce pot de colle était à nouveau à faire la belle plante non loin de Ravi.
Après avoir supporté ses récits sur sa nuit pimentée avec son barman, avoir appris l'existence d'une petite amie fictive et après l'avoir vu à nouveau planté là, l'Hongroise décida qu'une bonne leçon était de mise pour le reste de la journée. De loin, elle offrit un sourire compatissant au jeune homme et redisparu, résistant à l'envie folle d'aller étrangler l'autre pétasse.
Le soleil étant bientôt à son Zénith, la pause de midi arrivait à grand pas, ainsi que la tournée de Sandwich. Rapidement, elle fit le tour de tous les employés, ou presque, afin de prendre les nombreuses commandes. Bizarrement, il ne manquait que celle de Justine qui manquait mais hey! Ce n'était pas de la faute de Jamilah si la blondasse n'était pas à son poste, n'est-ce pas? Sans doute avait-elle prit sa pause avant les autres pour justifier l'absence à son poste, non? Peu importe! D'un pas léger et tout sourire, elle rejoint les bénévoles afin de les nourrir eux aussi, laissant le carnet passer de main en main!
« On est comme ça ici… Enfin, le trois quart du temps! » S'amusa-t-elle, attendant sagement de récupérer le carnet. « Ça se passe bien ici? Vous arrivez à trouver des familles? » Rapidement, elle alla voir son protégé, s'accroupissant devant Ted pour lui prodiguer quelques douces caresses, son regard posé sur les deux bénévoles face à elle, dont Ravi.
Les commandes notées, la jeune femme se redressa pour récupérer son carnet en souriant, laissant l'Hindou la suivre alors qu'elle se dirigeait vers l'arrière du magasin. Après tout, elle devait récupérer la carte de banque dans les bureaux avant d'aller à la sandwicherie de la rue d'en face. « Oh, tu as réfléchi? » S'amusa-t-elle tout en avançant, curieuse d'entendre la suite. « Dis-moi tout. En quoi puis-je rendre ton après-midi moins désagréable? » Son regard se posa sur lui, amusée par ce sujet surprenant sorti de nul part.
Et niveau surprenant, qu'elle ne fut pas sa surprise de se retrouver en deux trois mouvements, le dos contre le mur, la main de Ravi non loin de son visage. Le flash de leur première rencontre traversa rapidement l'esprit de la belle alors que son rythme cardiaque avait considérablement augmenté en une fraction de seconde. C'était quoi encore le mot d'ordre? Ne pas être trop proche…? Loupé! Et pour une fois, elle n'y était absolument pour rien! C'était important de le préciser!
Un baiser? Rien que ça? Et puis quoi encore? NON. « Ça me va… » Quoi? Sa conscience lui criait de stopper, de le frapper et de s'éloigner, mais son corps ne semblait pas disposé à écouter celle-ci. La belle effleura le nez de Ravi, approchant ses lèvres des siennes mais elle s'arrêta à quelques millimètres pourtant… « Et ta copine fictive? Elle risque de m'en vouloir, non? » Le taquina-t-elle, l'informant de même qu'elle était au courant de ce mensonge éhonté qu'il avait inventé à Justine.
Finalement, après cette taquinerie, la belle posa une de ses mains sur la joue du bénévole et elle lui donna ce qu'il avait demandé: un baiser. Pas un passionné comme à son habitude, non. Un baiser plus doux. Cela était moins dangereux et risquait de moins les frustrés non? Rien n'en était moins sûr. Et bien que celui-ci était bien plus doux, il n'en était pas moins long. Non, la brune prenait son temps, savourait les lèvres de Ravi, prenant sa dose comme une toxico en manque. Son corps entier frissonna, se collant à celui du jeune homme inconsciemment. Oui, elle était foutue et malheureusement pour elle: elle commençait à admettre ses sentiments...
Quelques instants après, elle s'écarta de son visage avant de lui sourire, doucement. « C'est le dernier que je te donne. Le prochain que tu voudras, tu le prendras toi-même. » Murmurra-t-elle, comme si elle voulait que personne d'autre ne l'entendent que lui. Ils étaient pourtant seuls, personne à l'horizon. Mais elle était sincère, c'était toujours elle qui l'embrassait. La saint valentin, le café, même le bisou sur la joue à Noël! Combien donnerait-elle pour que ce soit lui qui l'embrasse? Avec fougue ou non, peu importe, juste que cela vienne de lui, à 300%... Elle le regarda ensuite, amusée, se léchant le haut de la lèvre doucement, comme pour récupérer les miettes de ce baiser. « Il faudrait reculer, Monsieur Kapoor. On a des sandwichs à aller chercher… »
Paradoxe était un moindre mot pour qualifier ce qu’il ressentait à l’heure actuelle : Cette envie brûlante de rester avec Jam mêlée à ce besoin vital de la fuir. Comment pouvait-elle avoir un tel effet sur lui ? Qui d’autre avant elle avait su le rendre aussi… Aussi étrange ? Mi-gêné mi-farceur, mi-taquin mi fuyant ? Aucune idée et il espérait ne jamais avoir à réellement creuser cette question. Lui qui était plutôt fonceur en général, rarement inquiet des conséquences de ses actes, voilà qu’il préférait fuir ou, du moins, qu’il réfléchissait un peu avant d’agir, trouble d’avance par les retombée de ses actes. Jam avait donc raison : un pas en avait deux pas en arrière mais c’était plus fort que lui, son cœur et son cerveau refusant de se mettre d’accord.
« C’est pour que tu ne t’ennuies pas. »
Suggérât-il avec un petit haussement d’épaules taquin qui disparut rapidement suite à la morsure. Enfin, c’était une disparition d’actor studio visant à l’embêter un peu, comme tout le reste. Toujours heureux d’envoyer une pique, conscient que le retour ne tardait jamais mais refusant encore d’admettre à quel point il attendait ses réactions. Masochiste oui, aucun doute.
« Il faut bien, je sais que tu ne pourrais pas vivre sans moi. »
S’amusa-t-il d’un air faussement désespéré. Dieu comme il aimait chercher la petite bête, la pousser à bout, prêt même à recevoir une claque pour générer du contact. Son cerveau tentait de le faire réagir, lui hurlant de fuir, de ne pas insister mais son cœur jouait la sourde oreille et papillonnait joyeusement dans cette petite bulle hors du temps. Petite bulle douloureusement brisée par la possible relation entre la belle et l’homme de la ruelle mais rapidement réparée tout de même, comme toujours entre eux, vive les ascenseurs émotionnels !
« Tu aurais préféré que je m'attribue le rôle ? »
Son cœur avait d’ailleurs manqué un battement à cette idée et, une fois encore, il ne voulait pas vraiment de réponse. Ou peut être que si ? Or qu’elle serait celle qui lui irait le mieux ? Un oui ? Un non ? Même lui n’en savait rien du tout, tentant comme il le pouvait de garder son air taquin malgré le trouble causé par ses étranges pensées. Décidément, Jam avait trop de pouvoir sur lui, ça en devenait gênant tout en restant hypnotisant… Une chance que les choses évoluent rapidement, la mise en place du stand se faisant pressente alors que l'ouverture approchait. Ravi et Jam furent donc séparés le temps de reprendre un peu leurs esprits mais vite rapprochés par la boule de poil nommée Ted qui leur fit vite tout oublier.
« Oui, j'imagine qu'il n'y a pas de règle absolue. »
Sourit-il, préférant lui aussi s'éloigner un peu de cet étrange sujet sans être trop sûr de devoir y voir un sens cacher ou non. Quoi qu'il en soit, il valait mieux le laisser de côté et se concentrer sur autre chose, soulagé de pouvoir repartir sur une énième pique taquine qui lui plaisait bien plus que les discours philosophiques. Mais d'ailleurs... N'y avait-il pas de plus en plus de moments du genre entre eux ? Ces petites parenthèses plus sereine ou ils ouvraient leur coeur même si ce n'était qu'à demi-mot ? Après tout, elle lui avait avoué être orpheline et lui... Lui avait laissé paraître certains aspects de son passé aussi même s'il n'y avait rien d'aussi "grave" de son côté. Seraient-ils entrain de quitter le sentier plus ou moins sûr de leur petit jeu ? Faire demi-tour, c'était urgent !
« Juste tolérer ? » Fit-il mine de s'offusquer, adoptant une moue enfantine comme il savait si bien le faire. « J'espérais tout de même un peu plus de considération depuis le temps ! »
Jongler entre sérieux et amusement était devenu une habitude bien que le terrain de jeu reste plus sûr malgré tout. Rester léger, ne pas creuser, éviter l'évidence pour mieux se fourvoyer dans l'amusement... La chute n'allait pas en être moins douloureuse même si elle pouvait être légèrement amoindrie tout de même, au moins un peu.
« Il est important de célébrer les petites victoires de la vie. »
S'amusa-t-il ensuite avec un nouveau haussement d'épaules amusé. Voilà, c'était plus simple comme ça, plus sain aussi : se chamailler comme deux enfants, se lancer des vannes, se titiller... Pas un pour sauver l'autre ou pour lever le pied, les deux étant également prompt à relancer l'attaque comme s'ils cherchaient à fuir ensemble sans y parvenir. Mais n'était-ce pas le cas ? Ne cherchait-il pas à se convaincre qu'il fallait fuir tout comme elle ? Ne sentaient-ils pas le danger approcher ? Si sauf qu'il y avait cette venimeuse attraction qui les empêchait de se méfier de trop, les laissant croire que le piège n'était pas mortel et que tout irait bien. Douce illusion.
« Dans la mesure où les singes sont bien plus difficiles à dompter, je pense en effet que ça compte. »
Admit-il en lui pinçant la hanche droite comme pour lui faire croire que cette petite chatouille ne venait pas de lui. Risqué, il était à portée de gifle mais il vivait dangereusement ces derniers temps... Si bien d'ailleurs qu'il s'était rapproché d'elle d'un peu trop près, envoûté par le parfum de ses cheveux et la chaleur de son corps qui n'avaient eu de cesse de lui manquer depuis cette dernière nuit ensemble... Enfin ensemble, autant qu'ils pouvaient l'être pour le moment et qu'il le serait sûrement pour toujours puisque tout rapprochement pouvait signifier la fin du jeu et la fin de sa santé mentale...
« Ça m'en à tout l'air. » Sourit-il, soulagé de s'être ressaisit avant qu'elle ne note cette proximité. Il avait écouté les réponses sans vraiment les entendre, perdu dans ses propres pensées. « Mon grand coeur me perdra... » Soupira-t-il ensuite, mimant à nouveau un air désespéré fort peu crédible avant de reprendre un semblant de sérieux pour évoquer le prix de ses services. « Je n'y manquerai pas. »
Ce n'était pas une promesse en l'air malgré le sourire toujours taquin qui trônait sur ses lèvres. Pas dans ce cas de toute évidence car qui disait dette disait se revoir ce qui ne pouvait clairement pas lui déplaire et qui était même bien plus vital qu'il ne voulait bien l'admettre. Lui manquait-elle entre leurs trop brèves entrevues ? Oui. De plus en plus même et ça, c'était totalement pour lui déplaire bien qu'il ne fasse rien pour tenter de calmer le jeu, cherchant toujours à la revoir au lieu d'en profiter pour se déshabituer de sa présence. Quel con !
Et il le fut encore plus de la laisser partir, se laissant bien vite assaillir par une erreur du passé comme il en avait tant fait... Erreur sous la forme d'une belle blonde sans filtres et à la libido faramineuse. Double con. Heureusement quand même que la matinée fila rapidement et que la blonde fut bien vite bousculée par les familles et le travail. Elle tourna tout de même beaucoup autour du stand au grand dam de l'hindou qui ne pouvait s'empêcher de chercher Jam du regard à la moindre occasion, presque déçu qu'elle ne vienne pas à sa rescousse.
« Mince, moi qui pensait que ce n'était que pour mes beaux yeux ! » Soupira-t-il avant de faire passer le carnet, reprenant bien vite son sourire taquin. « Franchement oui, c'est même encore plus efficace que nous ne l'avions espéré, merci encore. »
Cette fois il était sérieux, la reconnaissance brillant dans son regard et dans son sourire qui s'était fait tendre. Jam avait fait beaucoup pour le refuge aujourd'hui, ils lui devaient tous beaucoup et lui le premier. Ce qui ne lui fit pas perdre le nord pour autant, surtout avec la blonde qui les suivait discrètement un peu plus loin... Était-ce égoïste de réclamer son payement au lieu de faire table rase en compensation du service rendu ? Un peu sans doute... Beaucoup même mais c'était bien trop tentant, aussi bien pour éloigner Justine que pour goûter une nouvelle fois au fruit interdit. Ni une ni deux, l'Indien les avait éloigné du passage, frissonnant aussi au souvenir apporté par cette position.
« Vraiment ? »
Ne put-il s'empêcher de répondre, peinant à cacher sa surprise face à cette docilité inattendue. Non pas que cela lui déplaise mais il s'était plus attendu à une baffe qu'à un oui... Devait-il s'en méfier ? Certainement mais leur visage étaient trop proches pour qu'il puisse penser à quoi que ce soit d'autre qu'à cette envie de plus. Les lèvres de la belle à quelques centimètres à peine des siennes, son corps dangereusement proche... Il jouait à un jeu très dangereux, ce prix étant en fait bien plus coûteux pour lui que pour elle sans doute... Mais comment résister ?
« Les nouvelles vont vite. »
Reprit-il, la malice ayant vite reprit le pas sur la surprise, son corps tremblant d'un désir bien plus ardent qu'il ne l'aurait voulu. Pourquoi n'arrivait-il plus à faire semblant ? À ne rien ressentir de plus que de l'attraction physique sans répercussion ? C'était très mauvais signe et pourtant il ne reculait pas, l'attirant même un peu plus contre lui de sa main libre alors qu'elle posait la sienne sur sa joue. Le baiser qui suivi fut bien plus doux que le précédent. Moins dangereux en un sens même si... Même s'il aurait préféré réveiller son cerveau d'en bas au lieu d'attiser les inquiétudes du cerveau d'en haut qui ne savait littéralement plus où donner de la tête.
Doucement, il se laissait faire, profitant de chaque précieuses secondes comme si c'était la dernière, s'imprégnant de la saveur et de la douceur de ses lèvres, vibrant de la sentir se rapprocher encore plus et crevant d'envie que ça ne s'arrête jamais. Inconsciemment aussi, l'Indien répondait au baiser, sans le prolonger ou le rendre plus sensuel mais sans pour autant rester inerte, ses lèvres répondant aux siennes alors que la main qui n'était pas contre le mur était un peu plus remonté dans le dos de la brune. Garder son calme, mesurer son souffle pour ne pas avoir l'air trop transit par cet instant. Calmer son coeur en feu et son cerveau en ébullition, tenter de sourire de façon malicieuse plutôt que tendre alors que la belle mettait déjà fin à ce délicieux paiement.
« Serais-tu entrain de dire que je peux faire ça quand je veux ? » Murmura-t-il en retour, un sourcil relevé dans un scepticisme qu'il espérait crédible malgré le chamboulement encore présent dans tout son corps et la brume épaisse qui stagnait dans son esprit. « C'est dangereux ça mademoiselle Novacs... » Prévint-il sans s'éloigner d'un centimètre pour la simple et bonne raison qu'il en était encore incapable pour l'instant. « Mon grand coeur me perdra... »
Soupira-t-il à nouveau, reculant sagement face à la remarque de la jeune femme. Il avait hésité à profiter de ce pseudo droit tout de suite puis, finalement, il s'était ravisé. Un autre baiser n'aurait pas pu bien se terminer et elle avait raison : ils étaient attendus. Sans compter qu'il ne voulait pas déraper, pas si facilement et pas dans ces conditions. Pourtant Jam ne voulait rien de plus et il n'aurait dû rien vouloir de plus non plus. Juste une 'baise dans des vestiaires', juste du sexe, juste la pulsion animale et un retour à la normale... Or il était trop tard, ils avaient trop attendus et les sentiments commençaient à s'en mêler. Des sentiments qu'il n'avait en fait jamais connu et qui le terrorisaient...
« À vous l'honneur. »
Ajouta-t-il en s'écartant pour de bon, ouvrant son bras presque comme pour faire un pont d'honneur. La séparation lui fit ressentir un étrange froid qu'il tenta d'ignorer. La faim sûrement... Ou pire.
Qu'elle ne s'ennuie pas? Comme si cela pouvait-être possible quand il était dans les parages. Quand ce n'était pas le jeu, c'était ses sentiments qui étaient mis à rude épreuve. Il avait ce don de la rendre folle… Elle qui était si distante de toute relation amoureuse, se retrouvait prise au piège dans un jeu qu'elle avait lancé la première. Pourquoi avait-elle décidé de jouer avec l'Hindou ce soir-là, au bar? Elle aurait pu juste partir plutôt que de le provoquer avec sa drogue, non? Ironique que celle qui se pensait intouchable se retrouvait à présent le coeur en feu à la proximité du beau brun.
Elle aurait pu lui répondre n'importe quoi, mais à quoi bon? Surtout qu'il lui donnait une occasion en or de changer de conversation, préférant mordre son doigt que de surenchérir sur sa manie de ne faire que des compliments à moitié. « C'est plutôt toi qui ne sais pas vivre sans moi. Mais bon, on ne dira rien! » Se contenta-t-elle de répondre à sa provocation. Même si, il n'avait pas tort en réalité. Plus le temps avançait, plus leur rencontre devenait intense… plus elle avait du mal à imaginer sa vie sans la présence de l'Hindou. Que ce soit leur taquinerie, la tension entre eux, mais aussi les choses plus douces qui se faisaient de plus en plus nombreuses.
« Pourquoi? Le rôle t'intéresse? » Elle ne s'était pas attendue à ce genre de réponse en réalité et avait répondu bien plus vite que son cerveau de l'aurait voulu. Son cœur battant bien plus rapidement qu'à son habitude. Elle détestait ça. Jamilah n'aimait pas cette sensation de ne plus rien contrôler, de laisser à un "inconnu" le pouvoir de la briser à nouveau. Même si Ravi n'était plus ce qu'on pouvait appeler un inconnu à présent… Mais tout de même. Pourquoi posait-il ce genre de question lui aussi? Pas le temps d'y réfléchir plus de toute façon, il y avait bien trop de chose à faire
Par la suite, les deux jeunes gens se réunirent à nouveau non loin des chiens, surtout grâce à Ted! Si la conversation avait commencé de manière délicate, sur un sujet qui l'était tout autant, ainsi qu'à double sens, celle-ci s'allongea bien vite. Comme toujours cela dit… Leur jeu reprenait toujours le dessus, que cela soit les enfantillages ou les choses plus sérieuses… « Oh mais il y a du mieux! Je te tolère avec le sourire maintenant! » Se justifia-t-elle, notant cette différence comme si cela était capital comme évolution! « Et tu en célèbres comment les grandes victoires? Que je sache, vu que je ne le verrais jamais. » Déclara-t-elle, le sourire provocateur en coin. Insinuer qu'il allait perdre leur jeu n'était qu'une taquinerie de plus. C'était tellement plus simple comme ça. Des échanges simples, des piques par-ci, par-là. Prétendre n'avoir aucun attachement, en espérant que cela se réalise. Espérant se réveiller et voir que tout ça n'était qu'un rêve…ou un cauchemar peut-être…? Putain, voilà, le bordel était définitivement installer dans sa tête.
« Surtout ce sing.. HEY! » La jeune femme sursauta, regardant évidemment du côté de la pincette avant de le fusiller du regard « Mais tu es un enfant! » S'exclama-t-elle avant de lui écraser le pied rapidement en réponse à cet enfantillage! Oui bon… Pas un pour sauver l'autre, mais ça, c'était une évidence entre eux. Plus besoin de le préciser, n'est-ce pas?
Rapidement, elle se concentra sur les papiers à remplir, profitant sans même sans rendre compte de ce doux rapprochement. Accalmie appréciable avant le retour à une journée assez chargée. Aussi, une fois les papiers terminés, la belle afficha un sourire satisfaite et haussa un sourcil, amusée face au jeu d'acteur de série B de son… ami? amant? Elle ne savait même plus en réalité. « Pauvre homme si généreux. Je te plaindrais presque » Déclara-t-elle, levant les yeux au ciel par la suite alors que les deux parlaient paiement. A vrai dire, c'était assez amusant et elle avait hâte de savoir ce que l'esprit tordu de l'Hindou allait cette fois demander. Mais une dette et une dette ! Jamilah les payait toujours, peu importe le prix.
Ce n'est que vers midi que la belle revint au stand d'adoption, le carnet de commande en main afin de nourrir les bénévoles qui s'acharnaient courageusement à trouver des familles à toutes ces boules de poils. Par chance, elle ne croisa pas Justine sur le moment, et quand on dit chance, c'était évidemment une chance pour les fesses de la blonde. Car si il y avait deux choses que Jamilah ne supportait pas, c'était les employés qui n'étaient pas à leur poste et qu'on touche à ce qui lui appartenait… La blonde faisait les deux alors comment dire que l'Hongroise prenait sur elle pour ne pas se jeter sur elle… Après… Ravi ne lui appartenait pas vraiment… Mais ils jouaient ensemble non? C'était donc pareil!
« Laisse les Nones croirent, elles sont payés pour ça. » Répondit-elle, le sourire en coin. Si seulement ses éducateurs du foyers l'entendaient, elle se prendrait sans doute une bonne gifle pour ce manque de respect envers les religieuses. Mais bon, elle n'avait plus 10 ans, n'est-ce pas? Et elle en avait tellement pris plus jeune qu'une de plus ou de moins…
« Me remercie pas, j'ai rien fait de spécial, je te l'ai déjà dit. Je suis contente cependant que cela fonctionne pour votre refuge! » Inconsciemment, elle lui rendit son sourire tendre. Sincèrement heureuse d'avoir pu aider malgré son petit statut de simple fille de magasin. Chef de rayon peut-être mais, rien d'extraordinaire comparé à ce que d'autres pourraient faire pour aider ces boules de poils… Mais quelques jouets, nourritures, dons et adoption pouvaient aider un petit peu, non?
Après avoir récupéré le carnet, la belle se dirigea avec Ravi à l'arrière du magasin. Tout allait bien et rien ne la prépara à la suite des événements. Là, plaquer contre le mur, la proximité faisant à nouveau battre son cœur à mille à l'heure. Et bien qu'elle fut surprise par sa demande, la belle accepta. « Vraiment… Je paie toujours mes dettes, Kapoor. » Souria-t-elle, avant de s'approcher bien plus de lui que la raison ne l'aurait voulu.
Son cerveau criait de stopper, hurlait comme une alarme assourdissante et pourtant, son cœur qui chuchotait à son oreille de foncer prenait le dessus aisément. Là, à quelques millimètres de ses lèvres, elle sentait son souffle chaud sur sa peau. Et après une énième plaisanterie, la belle se lança. Elle l'embrassa avec une douceur que même elle ne soupçonnait pas capable de faire. Jamilah avait pensé que la douceur serait bien plus facile à gérer que leur habituel baiser passionné. Dieu qu'elle avait tort… Si sa libido était préservée, son cœur lui, fondait totalement sous cet échange. Sa conscience avait elle aussi rendu les armes, profitant du moment présent comme d'un précieux cadeau.
Coller à l'homme de ses envies, de ses désirs, Jamilah savourait chaque seconde de ce baiser. Baiser auquel le beau brun répondit avec la même douceur qu'elle ne lui avait imposer. Son corps était comme anesthésié, ses pensées sous le charme, plus aucune résistance. La belle commençait à admettre ses sentiments pour l'Hindou, mais entre l'admettre et franchir le pas, c'était fort heureusement, un monde de différence. Ne pas y penser…
Après un effort, la belle décida de quitter les lèvres de Ravi, lui souriant presque tendrement alors qu'elle lui murmurait une autorisation qu'elle espérait grandement utile… Et qu'il utiliserait surtout… « Je dis que quand tu veux ça, tu le prends… » Répondit-elle, toujours dans un murmure. Elle avait l'impression que les deux se cachaient, comme si leur échange devait rester un secret… Un truc qui n'appartiendrait qu'à eux et juste, à eux. « Vous ne disiez pas vous rire du danger la dernière fois? N'est-ce donc que mensonge, Monsieur Kapoor? » Répondit-elle, une lueur remplie de défi dans le regard. Son cœur battait encore à mille à l'heure et cette échange n'arrangeait rien, surtout avec leur corps encore collé l'un à l'autre…
Et pourtant, alors qu'elle lui rappela leur mission initiale, à savoir aller chercher le déjeuner, elle regretta de le voir si facilement céder et s'éloigner… Ne venait-elle pas de lui donner l'autorisation de l'embrasser? Pourquoi ne le faisait-il pas?! Déception dissimulée derrière un simple sourire, la belle s'écarta à son tour et passa devant le bénévole.
Direction son bureau, une petite pièce sans décoration, possédant juste un PC et des armoires et du matériel de bureau. Elle n'avait jamais eu l'envie de décorer celle-ci, pas plus que sa chambre à la maison en réalité. Rapidement, elle attrapa une des cartes, située dans un des tiroirs et se redressa en regardant Ravi. « On y va? C'est dans la rue en face, mais si tu préfères retourner à ton stand, je comprendrais! » Lui demanda-t-elle, enfilant sa veste et mettant son écharpe autour de son cou. Enfin son écharpe… Celle que Ravi lui avait prêté en réalité. La belle avait pris pour habitude de la mettre sans même plus faire attention, appréciant le tissu plus qu'elle n'aurait dû, simplement car… et bien car il venait de lui. Et après tout, ils étaient encore en février alors bon… Le froid justifiait totalement cette utilisation, non? En attendant la réponse de l'intéressé, la belle prit son téléphone, envoyant un SMS à Ela afin de lui signifier ce qu'il venait de se passer...
Il aurait dû s'y attendre mais, pourtant, la phrase lui fit l'effet d'une gifle. Un bon gros kamehameha de vérité en pleine poire, assez pour le déstabiliser quelque peu derrière son sourire toujours aussi taquin malgré tout. La belle avait raison, il ne pouvait plus vraiment vivre sans elle et cette impression n'allait pas en s'améliorant. D'abord, il avait pensé que ce n'était que leur petit jeu qui lui donnait envie de la revoir, qu'il n'était poussé que par son besoin viscéral de gagner haut la main, de lui prouver sa supériorité. Il espérait même que ce n'était que cette envie puérile d'être un mâle alpha à deux balles qui rendait la chose aussi excitante puis il y avait eu les autres baisers. Peu nombreux en soit mais beaucoup plus fourbes car ils avaient atteint son coeur bien plus qu'il ne l'aurait pensé et bien plus qu'aucune autre avant elle...
Les deux baisers de jeu lors du café avait déjà mis à mal le jeune homme, son corps y réagissant d'une étrange manière en allant bien au delà de la simple pulsion qu'ils auraient dû susciter. Des baiser propices à une simple baise dans les toilettes qu'il aurait volontiers proposé à une autre mais que son coeur lui avait interdit avec Jam. Pourquoi ? C'est ce qu'elle voulait pourtant non ? Juste le jeu, juste la victoire sous la forme d'un acte purement sexuel... Hors l'âme de l'Hindou lui avait interdit de formuler l'idée et l'avait laissé pantois sur sa chaise, excité mais avec un rythme cardiaque trop détraqué pour lui permettre de penser comme il l'aurait fait avec une autre. Et que dire de cet autre baiser bien plus chaleureux sur son canapé lit ? Ce rapprochement tout aussi propice à aller plus loin qui avait enflammé son corps au point qu'il sentait encore distinctement les brûlures... Mais, là aussi, son âme avait prit le dessus, l'obligeant à tout arrêter par peur d'une erreur à laquelle il n'aurait jamais pensé en temps normal. Jam avait eu raison de son coeur et, ça, c'était très mauvais signe.
Si bien qu'il préféra se taire, s'amusant d'un petit geste sur sa propre bouche pour intimer le silence. On ne dira rien non, il n'y avait rien à dire... Ou trop. Il espérait d'ailleurs que son clin d'oeil malicieux fasse illusion bien que rien ne soit moins sûr. Et voilà que son coeur manquait d'autres précieux battements alors qu'il jouait sur le fil du rasoir, suggérant une folie telle que celle de mettre une étiquette sur leur relation... Merde, est-ce que cela voulait dire qu'il voulait en effet être "son copain" ? Est-ce que ce pincement dans sa cage thoracique et le soudain manque d'air au fond de sa gorge suggéraient que l'idée lui plairait ? Non ! Jamais ! Ravi n'était le copain de personne, il avait déjà donné et ne pouvait plus se le permettre, ce n'était pas son truc et sa liberté était précieuse, surtout qu'elle risquait de ne pas durer. Beau paquet d'excuses en bois...
« C'est gentil mais je suis fermement opposé aux étiquettes. »
Sourit-il le plus rapidement possible pour tenter une nouvelle fois de cacher son trouble. Ce n'était pas réellement faux remarque, il avait toujours trouvé idiot de vouloir nommer ce genre de chose. Les sentiments sont tellement différents d'une personne à l'autre sans être nécessairement moins forts ! Et quand passer de copains à petits amis, à amants, à amoureux à... ? La liste était longue et c'était bien le genre de mot qui pouvait blesser quelqu'un sans raison, à éviter donc et il l'avait agilement fait depuis un bon nombre d'années. Qu'elle chance que le cadre ne leur laisse pas réellement le temps de tergiverser ! Au moins, le jeune homme avait une excuse pour fuir lamentablement dans l'espoir de calmer son trouble avant une potentielle nouvelle salve. Car, il le savait, le jeu ne faisait que commencer, se ressaisir était plus que vital s'il ne voulait pas céder.
« Et je t'en remercie, ton sourire illumine mes journées ! »
La nargua-t-il habilement, soulagé d'avoir eu le temps de reprendre un peu du poil de la bête même si, une fois encore, la phrase le troublait quelque peu... Car elle avait effectivement un joli sourire... Un joli sourire porté par de jolies lèvres... De jolies lèvres au goût légèrement sucré... De jolies lèvres chaudes et douces dont il rêvait encore et pour lesquelles il se serait damné bien plus qu'il n'était prêt à l'admettre... Merci Jam de reprendre l'assaut, nous étions à deux doigts de le perdre une fois de plus !
« Que tu crois... » La défia-t-il, luttant toujours pour garder son air malicieux qui semblait tout de même très crédible. « Mais, pour information, j'ai tendance à célébrer ça dans un bon bain chaud avec une coupe de champagne et en charmante compagnie. »
Expliqua-t-il avec un petit haussement d'épaule comme si la chose était banale. C'était aussi archi faux même s'il aimait effectivement prendre des bains à l'occasion, ne s'en donnant que rarement le temps, surtout qu'il les prenait en effet souvent en charmante compagnie... Est-ce que cela voulait dire qu'ils allaient finir par en prendre un ensemble s'il gagnait ? Non... Non car il allait perdre et il en était de plus en plus conscient malgré ses tentatives pour faire croire le contraire. Son petit geste taquin n'étant d'ailleurs qu'un autre effort pour leurrer la jeune femme et lui faire penser que tout allait bien. Car rien n'avait changé pour elle n'est ce pas ?
« Tu as l'air de le découvrir ? »
La nargua-t-il à nouveau, après un petit « Aouch » et un léger sautillement en arrière, parfaitement conscient qu'il était un grand enfant et l'assumant tout à fait. Mais ça ne l'empêchait pas d'avoir un grand coeur même s'il l'avait dit sur le ton de la plaisanterie. Le savait-elle d'ailleurs ? Voyait-elle autre chose en lui qu'un grand enfant sexy avec qui partager une nuit ? Sûrement que non même si elle semblait aussi prendre du plaisir à jouer à ce petit jeu... Seulement ce n'était qu'un jeu et il n'était sans doute qu'un potentiel jouet à usage unique, un peu comme ceux qu'on gagne à la fête foraine et qu'on oublie aussitôt. Pauvre homme oui mais pas pour la raison à laquelle la belle pensait.
« Je ne suis pas sûre qu'elles entrent dans les ordres pour le salaire mais on peut effectivement leur laisser l'illusion. »
S'amusa-t-il de nouveau, imitant le sourire de Jam et ajoutant un nouveau clin d'oeil amusé. Les nones oui, il ne fallait pas oublier que le passé de Jam était compliqué même si l'Indien n'en connaissait pas les détails. En tous cas, ça ne la rendait que plus admirable encore, détail dont il se serait volontiers passé en vue de son actuel état... Pourquoi n'était-elle pas aussi détestable qu'il aimait à le faire croire ? Pourquoi n'était-elle pas laide et repoussante ? Les choses seraient bien plus faciles... Mais non, elle était magnifique, drôle, intelligente, courageuse, sexy et, en plus du reste, généreuse. Bordel de merde.
« Mince, il va falloir que j'annule l'orchestre que j'avais prévu pour la fin de journée alors. »
Sourit-il alors qu'elle refusait ses remerciements. Ravi aurait volontiers insisté mais il savait que c'était inutile car, en plus du reste, Jam était humble... Et même ça ce n'était pas un défaut. N'avait-elle donc rien à lui offrir pour le dégoûter un peu ? Pour lui remettre les idées en place !? Et pourquoi diable avait-elle accepté ce prix ? Pourquoi ne l'avait-elle pas repoussé et engueulé au lieu de se laisser plaquer contre le mur en le laissant s'approcher de si près ? Même son souffle sentait bon et la chaleur de son corps agissait comme un aimant sur celui du jeune homme... Il était urgent qu'il s'extirpe de là mais c'était trop tard pour cette fois, elle avait accepté de payer et il ne pouvait pas reprendre ses paroles...
« Peut-être mais ça me semble un peu trop facile... »
Nota-t-il, faussement méfiant alors que sa main libre se calait déjà délicatement dans le dos de la belle. Pourquoi n'arrivait-il pas à faire sortir l'animal en lui comme il savait si bien le faire en général ? Pourquoi sa main restait docilement au dessus de son t-shirt ? Pourquoi n'arrivait-il pas à faire un geste pour rendre la chose plus suggestive ? Pourquoi se laissait-il faire avec autant de tendresse alors que leurs lèvres se retrouvaient enfin ? Et pourquoi n'y mettait-elle pas plus de piquant comme lors de leur première rencontre ou comme lors de ce deuxième baiser du café ? Non, c'était doux, plus encore que celui qu'ils avaient partagé lors de cette fameuse nuit... Doux et chaud, le genre de baiser que les couples échanges, pas celui de deux amants passionnés et uniquement attirés par le physique de la chose. Si délicat même que son corps ne s'enflamma pas et que ses son coeur qui prit feu... Mauvaise destination ! Vite, demi-tour ! Il aurait préféré être mal à l'aise le reste du trajet, marchant à moitié droit pour dissimuler son excitation mais rien, c'est son coeur qui s'emplissait de sang presque à lui faire mal à la poitrine, lui interdisant d'interrompre ce moment jusqu'à ce qu'elle ne recule.
« Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. »
Murmura-t-il, frottant doucement son nez sur celui de Jam, son souffle encore chamboulé par cette trop brève apnée. Par Ganesh, comme il aurait aimé s'emparer de ses lèvres à nouveau tout de suite, reprendre son souffle et replonger, la serrer un peu plus contre lui, envoyer valser les sandwich et leurs obligations pour rester là... Hors c'était déraisonnable et il avait à peine assez de cerveau pour le savoir et pour réagir en fonction. Quelle chance !
« Ce n'est pas pour moi que c'est dangereux. »
Nota-t-il, ne pouvant qu'être étrangement touché qu'elle se souvienne de ce genre de petit détail. Aurait-elle aussi des sentiments pour lui ? Ou au moins une considération allant au delà de leur petit jeu ? Car lui n'avait pas de sentiments bien sûr... Jamais de la vie... Oui, s'écarter, reprendre le chemin de la sandwicherie, prendre l'air, penser à autre chose. Enfin, passer par le petit bureau d'abord, nouvel espace restreint et intime où il aurait largement pu lui voler un baiser voire même un peu plus si elle n'avait pas été Jam et s'il n'avait pas été aussi handicapé par son coeur furibond... Vraiment, il aurait préféré une érection peu discrète à cet étrange brume morale qui lui donnait la même impression de gêne. Une chance que ce petit détail le sorte de sa torpeur même si ce n'était que pour ajouter une couche de doute au fond de son âme : son écharpe. La jeune femme l'avait gardé ET la portait... Devait-il y voir un signe ? L'envie de l'embrasser se fit à nouveau sentir au fond de ses entrailles. L'envie de tirer doucement sur l'écharpe pour l'attirer vers lui et capturer à nouveau ses lèvres lui piqua presque le bout des doigts mais il se retint vaillamment.
« J'avais raison, elle te va mieux qu'à moi. » Sourit-il plus tendrement qu'il ne l'aurait voulu. « Et aurais-tu oublié que je suis un gentleman ? » Fit-il mine de s'offusquer, toujours incapable de se défaire de cette douceur traitresse. « Hors de question de te laisser porter tout ça toute seule et j'ai besoin de prendre un peu l'air, j'ai l'impression de sentir le chien mouillé. »
C'était vrai, autant qu'il puisse aimer les chiens leur odeur était particulière, surtout qu'il avait passé la matinée à les tripoter et à s'ensevelir sous leurs poils... Et il avait besoin d'air, VRAIMENT et URGEMMENT. Mais ça ne suffira pas, il était condamné...
Venait-elle de réussir à lui ôter les mots de la bouche? Non, bien sûr que non… Il n'y avait qu'à voir son comportement pour comprendre qu'il se jouait d'elle. Et pourtant, ce simple geste qui lui demanda de se taire la fit frissonner, ainsi que son regard malicieux. Après tout, elle aussi se souvenait parfaitement de tout leur échange. Les baisers, la proximité, ce jeu stupide… Jamais encore elle n'avait vécu ce genre de chose, jamais encore un homme n'avait retenu son attention de la sorte en général. Même lorsqu'elle avait tenté l'expérience avec Matt, elle n'avait jamais ressentie ce je ne sais quoi, que Ravi lui faisait sentir à chacune de ses apparitions. Et pourtant, elle aimait Matt, il était le seul homme qui savait tout d'elle… Ses défauts, ses vices, ses crises, ils avaient tous vécu ensemble mais non, elle l'aimait d'un amour fraternel, rien de plus… L'amour avec un grand A, Jamilah ne l'avait jamais connu et refusait de le connaître en réalité. Trop de douleur était lié aux sentiments, à l'attachement…
Non, elle ne voulait définitivement pas de ça, flippant comme une gamine de cinq ans qui croyait au monstre dans le placard. Peur irrationnelle mais pourtant bien réelle. Cependant, cette peur, bien que très présente, n'était rien à côté de son cœur rempli de fourberie et d'envie. Tellement que celui-ci remplaçait sa conscience dans les joutes verbales, venant carrément de lui demander s' il voulait être son copain? Et puis quoi encore? Stupide coeur à la con. Sa conscience sifflait comme un chat en danger alors que celui-ci roucoulait comme un oiseau… Deux salles, deux ambiances et une Jamilah totalement désarçonnés. Par chance, elle avait encore assez d'aplombs pour ne rien montrer de plus qu'un grand sourire provocateur et taquin. Et heureusement, car sa réponse lui fit une légère pincée au cœur… « Dans ce cas, évites de mettre des étiquettes aux autres. » Se contenta-t-elle de répondre, sans se départir de son sourire au coin des lèvres.
Même si elle était assez joueuse et séductrice, Jamilah n'enchainait pas réellement les conquêtes chaque soir ou chaque semaine. A vrai dire, si elle ramenait une personne par mois, c'était déjà énorme. Une fois par mois, elle se donnait à un inconnu pour une nuit de folie et disparaissait le lendemain comme si de rien n'était. Elle était un véritable fantôme pour ces pauvres hommes qu'elle utilisait et ne recontactait jamais. Depuis sa rencontre avec Ravi, elle n'avait plus eu de coup d'un soir et putain, ca commençait à lui manquer…
BINGO! Voilà, c'était juste ses hormones qui demandaient leur dose de sexe, rien de plus! Oui… mais non… Cela n'expliquait pas ses battements de coeur, cette chaleur et surtout qu'elle se soit privé de sexe pour ses beaux yeux! Les Hindou ne faisait-il pas du vaudou par hasard? Non? Hum… Cela aurait expliqué tellement de choses!
« Ça serait presque mignon, si tu n'étais pas la deuxième personne à me le dire aujourd'hui» Souria-t-elle en coin. Elle ne mentait pas cela dit, le livreur de ce matin avait lui aussi complimenté son sourire lors de la signature de réception… Et comme à chaque fois qu'il venait cela dit.
La provocation était réellement ce qu'elle préférait dans leur petit jeu. Défiez l'autre, envoyez une pique par-ci ou par-là, déstabilisez l'autre. Et ce fut un carton plein pour l'Hindou alors qu'il évoquait ses victoires dans un bain chaud… Inévitablement, la belle s'imagina dans un bain chaud, le dos collée au torse musclé de Ravi. Tout son corps frissonna à cette idée. La belle haussa finalement ces épaules, prenant l'air le plus détachée possible, même si elle ressentait une vive chaleur. Oui, elle était définitivement en manque de sexe… « C'est une célébration… intéressante. » Se contenta-t-elle de répondre. Quel con celui-là!
Et quel enfant… Un très grand enfant qu'elle appréciait réellement malgré les apparences. Le fusillant du regard après sa petite blague idiote, la belle écrasa le pied de celui-ci sans prendre la peine de répondre à ses âneries multiples. Souriant cela dit encore une fois à sa réaction enfantine. il était attachant quand on oubliait ses défauts… Défauts qui n'en était pas réellement celà dit. Il était agaçant, mais cela faisait son charme… Enfantin? Mais elle adorait ça, cela lui donnait une occasion de l'être elle aussi sans se soucier de l'avis des autres… Doux… Oui voilà un défaut! Des fois? Ravi était doux! C'était horrible, abominable… Intolérable même… Mais même ça, elle aimait. Désespérée, voilà ce qu'elle était quand il s'agissait du bénévole.
« Non, ce n'est pas pour le salaire, mais parce que ce sont des sadomasochistes. Elles aiment souffrir et traumatiser des pauvres enfants! » L'informa-t-elle avec un regard complice. Elle se sentait assez à l'aise pour lâcher quelques bribes d'informations sur sa vie passée au bénévole. Chose rare qui était d'ailleurs à marquer sur un calendrier. Ela elle-même ne savait rien de tout ça, c'était dire à quel point Ravi commençait à compter dans sa vie, pour son plus grand malheur.
« Un paquet de bonbons suffira largement comme remerciement ! » Déclara-t-elle, accompagnant ses paroles d'un geste rapide de la main, comme si cela n'avait juste pas d'importance au final. Elle avait aidé de bon cœur et pour elle, elle n'avait rien fait de réellement incroyable… Convaincre son patron, faire des affiches et une récolte n'était pas si difficile. Car le plus difficile était bien cette journée avec Ravi, c'était à la fois apaisant et éprouvant. Oui, deux contraires une fois de plus, mais rien n'avait de sens quand cela les concernaient tous les deux. Et comment cela pourrait-il l'être? Après quelques vannes, les voilà coller l'un à l'autre, les lèvres si proches, leur corps se réchauffant mutuellement.
Et que répondre? Oui c'était effectivement trop facile. Jamilah ne voulait pas lutter, pas cette fois. Elle voulait se rappeler le goût de ses lèvres, même si elle s'en souvenait parfaitement. Elle voulait à nouveau sentir ses bras forts autour d'elle, le toucher, mélanger son souffle au sien. De plus, la demande venait de lui, alors pourquoi se priver? C'est donc sans surenchérir que la dealeuse captura les lèvres du barman, savourant chaque seconde comme si c'étaient les dernières. Et bordel que c'était bon, que c'était doux. Et bordel que ce fut douloureux de se séparer de lui. Le coeur en feu, les lèvres sur un nuage, la belle souriait doucement, murmurant l'autorisation qu'elle n'avait jamais donné à personne auparavant. Malgré elle, ses yeux brillaient d'une lueur encore inconnue jusqu'à maintenant. Là, coller à lui, leur nez se frottant l'un à l'autre, encore dans ses bras, l'Hongroise se sentait juste… bien. En sécurité même dans un sens…
« Oh, ça l'est pour moi alors? J'ai hâte de découvrir en quoi. » S'amusa-t-elle un instant avant de finalement reprendre le chemin de leur mission initiale, à contre-coeur, déçue qu'il ne profite pas plus de cette autorisation… Oui, elle n'était qu'un jeu, elle le savait, alors pourquoi commençait-elle à espérer plus? Pourquoi voulait-elle être dans son monde? Pourquoi voulait-elle qu'il la regarde, qu'il l'embrasse, qu'il la serre dans ses bras? Désespérant. Les sentiments s'étaient définitivement mêlés à un jeu auquel ils n'étaient pas invité, à son plus grand désarroi… Des sentiments pour un type ne voulant aucunes "étiquettes" . Des sentiments voués à rester dans un unique sens… Alors pourquoi y faire attention? Elle jouerait le jeu jusqu'au bout et finirait sans doute le cœur brisé, mais ils avaient été clairs depuis le début, non? Hors de question de paraître faible face à lui. Jamais…
« De quoi? » Demanda-t-elle, revenant au moment présent. Du regard, elle suivit le sien jusqu'à l'écharpe qui ornait à présent son cou. « Oh! L'écharpe? Je l'aime bien, elle est chaude. » Tenta-t-elle de se justifier. Pour la première fois depuis longtemps, ses joues se teintèrent de rouge. Oui, elle rougissait sous son regard tendre, sous son compliment. Adolescente attardée face à son premier crush… Qu'elle loose…
Rapidement, elle fuya son regard, perturbée par la douceur de celui-ci. Pourquoi la regardait-il comme ça? Avait-elle une tâche quelques part? Un trou dans sa veste? La belle checka, ne trouvant rien d'anormal. Par chance, le sujet revint sur les sandwichs et elle le regarda, haussant un sourcil faussement sceptique. « Toi? Un gentleman? Quand tu dors sans doute, mais c'est tout! » le nargua-t-elle avant d'hausser les épaules simplement. « Tout ça? Ce n'est que quelques sandwichs, je porte bien plus lourd à longueur de journée. » S'amusa-t-elle avant d'hocher la tête au deuxième argument, bien plus valable. « Tu ne sens pas le chien mouillé, si ça peut te rassurer mais ok, en route dans ce cas! »
Ni une, ni deux, elle l'embarqua avec elle, sortant par la cour arrière en direction de la sandwicherie juste en face, déjà pas mal remplie de clients en tout genre. Elle invita Ravi a rentrée, souriant en allant directement sur le côté du comptoir où l'attendait déjà un jeune homme assez grand, tatoués de partout. « Voilà qui rends la journée intéressante! Comment ça va? » Lui demanda l'homme avec un sourire à tomber par terre. Luke était le genre d'homme qui semblait peu fréquentable à première vu, il intimidait pas mal les gens qui ne le connaissait pas, et cet enfoiré en jouait presque tout le temps. Cependant, il évoluait dans le même monde que Jamilah: celui de la nuit. Les fêtes, la drogue et autre chose peu fréquentable.
La jeune dealeuse passa sa main par-dessus le comptoir pour checker son ami, le sourire en coin. « T'as un tatouage de plus, non? Et ça va! Je viens chercher les commandes, tout est noté là! » S'amusa-t-elle tout en lui donnant le fameux carnet rempli de commandes. « Tu veux boire un truc en attendant? » Demanda-t-elle à l'hindou avant de commander un chocolat chaud pour elle-même, attendant le choix de Ravi. Luke souria en coin et hocha la tête. « Je vous amène ça et je prépare votre commande. Allez vous asseoir où vous voulez, je vous ramène tout! Et pour te répondre, je vais très bien et oui, il y a un nouveau tatouage, tu as l'œil! » Déclara-t-il, le sourire en coin une fois le paiement effectué. Et sans demander son reste, Jamilah partit s'asseoir à une table, faisant signe à Ravi de la rejoindre tranquillement.
« Alors, tu as trouvé comment te débarrasser de Justine? Tu sais qu'elle raconte partout votre superbe nuit… » Le questionna-t-elle, le ton légèrement agacé par cette nouvelle qui ne la ravissait guère. En même temps, qui aimerait entendre que son crush avait passé une nuit "fabuleuse" et "sauvage" avec une de ses collègues de travail…?
Il n’avait jamais eu besoin d’étiquette car il n’avait eu que des relations trop brèves, un certain manque de confiance en lui ou de certitudes et la peur de faire un faux pas dans un monde trop différent du siens. Sans compter que, la seule fois où il aurait eu envie de le faire, tout avait disparu. Ainsi, depuis lors, il n’avait plus eu le courage de se poser la question, faisant même tout son possible pour éviter toutes situations ambiguës. Mais alors pourquoi ce picotement dans son âme à l’idée de devenir le ‘copain’ de Jamilah ? Pourquoi cette douleur face à cette réponse pourtant plus taquine qu’agressive ?
« Bien votre altesse. »
S’amusa-t-il avec une petite courbette visant à cacher son trouble. Efficace de l’extérieur mais, dedans, c’était une toute autre histoire… Son cœur s’était naïvement emporté dans une euphorie bien à lui, papillonnant dans sa gorge en envoyant des images erronées à son cerveau : Et si ? Et si elle l’appréciait un peu plus que de raison elle aussi ? Et si ce petit jeu avait aussi prit un autre sens pour elle ? Et s'ils pouvaient être plus ? Et s'il fermait sa gueule ce con de cœur ? L’hindou n’en pouvait plus de s’auto-agacer à ce point, heureux de pouvoir fuir bien que frustré de ne pas pouvoir se coller une baffe…
« La deuxième seulement ? » S’étonna-t-il, taquin mais assez sincère malgré tout. « Les jeunes de nos jours, ils ne savent plus reconnaître les belles choses… »
Soupira-t-il en secouant doucement la tête. Ravi n’était jamais avare en compliment et il était toujours honnête même s’il aimait aussi taquiner la belle. Belle oui, autant que son sourire et son regard et son… MAIS TA GUEULE bon sang ! Et voilà à présent qu’il s’imaginer ‘célébrer’ avec elle, son corps réagissant soudain avec le même enthousiasme que son cœur un peu plus tôt… Double merde !
« Qui sait, si la curiosité t’étouffe, nous pourrions nous arranger et célébrer ainsi ma victoire ? »
Comme s’il allait gagner à leur petit jeu alors qu’il était déjà condamné… Et pourquoi diable lui proposait-il un truc pareil ?! Avait-il perdu la raison ?! Oui, totalement et ce n’était pas nouveau. Quoi qu’il en soit, il eu du mal à se sortir l’idée de la tête, passant à deux doigts de la remercier pour ce petit acte de violence qui le ramena un peu sur terre. Et comme la douleur physique lui sembla plus douce que celle morale qui le hantait !
« C’est donc ça… Je savais qu’on ne pouvait pas leur faire confiance. »
Ravi n’était pas religieux, pas vraiment du moins. Il aimait à se dire opportuniste, profitant de tous les bons côtés de toutes les religions. Ainsi, il n’avait pas vraiment d’appréhension vis-à-vis des nonnes bien que leur étrange tenue n’inspire en effet pas confiance. Ça en plus des clichés qu’il avait vu dans les films, surtout ceux d’horreur d’ailleurs… Seraient-ils plus réalistes qu’ils n’en avaient l’air ? Il n’osa pas demander.
« J’espère que tu parles de bonbons normaux, hors de question que je m’approche des vilaines choses avec lesquelles tu joues ! »
La taquina-t-il à nouveau, faisant bien sûr référence à leur rencontre encore bien trop fraîche dans sa mémoire. Ce qui ne l’empêcha pas de se noter cette information dans un coin de la tête. Envisageait-il de lui faire des cadeaux ? Non… Pourquoi devrait-il lui offrir quoi que ce soit, surtout en étant aussi proche de disparaître de sa vie ? Car c’était de plus en plus évident, le jeu allait bientôt toucher à sa fin et ce baiser en fut une preuve accablante : Ravi allait céder sans son diner, sans demander son reste, juste la laisser gagner et tenter d’oublier…
« Et ce sont les nonnes qui sont masochistes ? »
Reprit-il sur le même ton avant de lui mordiller délicatement le nez avec malice, luttant pour ne pas immédiatement abuser de son droit fraîchement acquis. Savait-elle vraiment à quel point s’était risqué ? Avait-il vraiment conscience du fait que ce soit surtout dangereux pour lui ? Du suicide même puisqu’il était effectivement le seul en péril même s’il refusait encore de l’admettre pleinement. Il ne pouvait pas l’admettre de toute façon, elle le prendrait trop mal, il serait pathétique, minable même, il était piégé. Si bien qu’il fut à la fois dégoûté et soulagé de la sentir s’éloigner. Quel merdier…
« Autant que son propriétaire. »
Se venta-t-il même si la phrase laissait volontairement planner le doute, l’actuelle propriétaire n’étant autre que Jam… Sans compter ce fichu sourire tendre dont il n’arrivait pas à se défaire, tendresse qui ne put même que redoubler alors qu’il constatait la discrète lueur pourpre sur les joues de la jeune femme. Rêvait-il ? Sans doute. Ou alors ce n’était que la chaleur apportée par l’écharpe dans le bureau bien chauffé ? Oui, sûrement, il n’y avait pas d’autre explication de toute façon.
« Oh non, crois-moi, je suis bien moins gentleman quand je dors ! »
Avoua-t-il non sans une légère gêne fort peu habituelle pour lui. Il n’était pourtant pas aussi pervers que ce que sous-entendait sa phrase mais il réalisa avec effroi que Jam ne le savait pas et qu’elle pourrait mal interpréter ses paroles… À défaut de pouvoir se corriger sans avoir l’air idiot, le jeune homme opta donc pour un clin d’œil amusé qui, il l’espérait, pourrait faire passer ça pour une plaisanterie. Ce qui était le cas même s’il restait un homme et qu’il ne pouvait nier que leur première rencontre lui avait laissé quelques drôles d’idées peu catholiques… Ou de n’importe quelles autres croyances d’ailleurs !
« Ce n’est pas une raison pour te priver d’un sherpa. » Nota-t-il avec un haussement d’épaule pour amplifier l’évidence déjà bien traduite par sa petite moue amusante. « Me voilà rassuré ! »
Sourit-il ensuite avant de la suivre docilement jusqu’à l’échoppe où ils devaient récupérer leur repas. Là, ils se trouvèrent face à un personnage très original qui semblait bien connaître Jam et, surtout, qu’elle semblait bien connaître… Trop au goût de l’Indien qui fut étrangement blessé que la belle était au courant des tatouages de leur interlocuteur. Assez même pour noter une nouveauté ce qui sous-entendait une connaissance aiguë du corps de l’homme… Était-ce de la jalousie mal assumée qui l’avait rendu si silencieux pendant leur échange ? Sans doute mais il n’était certainement pas prêt à le reconnaître !
« Rien, c’est gentil. »
Répondit-il, tout de même avec un sourire, sentant soudain sa gorge trop serrée pour avaler quoi que ce soit. Ainsi, il fut presque soulagé de s’éloigner du serveur même si le sujet suivant n’était guère plus attrayant… Surtout en vue de son idée loufoque que Jam allait sûrement mal prendre…
« Je t’avais dit qu’elle avait un pouvoir hypnotique ! » Sourit-il, à nouveau taquin alors qu’il faisait une nouvelle fois référence à une conversation précédente. « Et, sinon, tu m’as peut-être aidé malgré toi tout à l’heure… » Admit-il en lui lançant un petit regard désolé. « Elle nous filait le train et… Et il se peut que j’aie laissé entendre que j’avais quelqu’un dans ma vie. » Reprit-il, regrettant presque de ne pas avoir prit à boire pour avoir quelque chose entre les mains, tentant de ne pas fuir son regard malgré tout. « Du coup, même si elle n’était pas opposée à l’idée de me partager, je pense qu’elle n’osera pas le proposer à sa boss ou même en parler de peur que ça ne remonte à tes oreilles… » Ajouta-t-il toujours avec le même petit sourire désolé et légèrement gêné. « Après, tu peux toujours nier, elle nous a simplement vu disparaitre, le reste est à son imagination. »
Qu’il savait très développée et très perverse ce qui ne jouait donc clairement pas en leur faveur… Mais, au moins, Jam pouvait démentir la chose sans mal et Ravi pouvait toujours s’inventer une autre copine, pouvant même montrer des photos de lui et de la jeune femme que ses parents auraient voulu qu’il épouse et qu’il avait vu lors de son dernier voyage en Inde. Les deux jeunes gens étant proches puisque se connaissant depuis longtemps, ils avaient fait pas mal de choses ensemble, prenant plusieurs clichés de leurs balades qui pouvaient largement faire l’affaire et qu’il n’hésitera pas à dégainer. Bon, c’était bas mais il n’avait pas vraiment le choix avec un vampire pareil !
Et si Jam jouait le jeu ? Ce serait aussi génial que terrible mais il n’était plus à ça près.
Ne pas réagir plus que cela, ne montrer aucune déception face à lui. Jamais. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de sentir son cœur se serrer alors qu'il balaya cette histoire "d'étiquette" et qu'il se contenta simplement d'une révérence en réponse à tout ça. Une fois de plus, il jouait bien le jeu là où elle commençait à vouloir bien plus qu'elle n'aurait dû. Fait chier.
Que répondre à ça? Rien. La belle se contenta d'un haussement d'épaules rapide avant de retourner vaquer à ses occupations. Ce mec avait le don de lui faire vivre des montagnes russes alors même qu'elle n'était jamais allée dans un parc d'attraction… Et si c'était comme ça, ces manèges pouvaient aller se faire foutre allègrement. Qui voulait vivre ça intentionnellement? Sentir ses tripes se serrer, le cœur battre à trois cent à l'heure avec l'incertitude de la suite? Non, pas pour elle. ADIOS les parcs d'attractions.
« Seulement? Je trouve ça pas mal moi! » Souria-t-elle, amusée bien que touchée par le compliment. Mon dieu était-il malade? Où étaient les vacheries? Les piques? « Et c'était pas vraiment un jeune pour être honnête… Plutôt mature, à la Johnny Depp niveau charisme » Surenchérit-elle toujours aussi amusée de ses propres bêtises!
Bon elle n'avait pas menti, le mec avait en effet un putain de charisme digne des plus grands et pourtant… Il ne lui faisait ni chaud, ni froid. Toutes ses pensées pures et impures, n'étaient rivées que sur le crétin face à elle. Un crétin très sexy mais aussi, dans le fond, bien plus adorable qu'elle ne voulait l'admettre. Ravi avait absolument tout pour plaire: de belles paroles, un sourire ravageur, un physique plus qu'avantageux qu'elle aurait volontiers découvert dans un bon bain chaud avec une lumière tamisée… Attends quoi? Oh la la, voila que ses pensées repartaient littéralement en freestyle!
« Oh donc ton programme serait un sympathique petit dîner, suivi d'un bain et de champagne. Laisse moi deviner la suite attends!» La vendeuse posa sa main sous son menton, faisant mine de réfléchir au restant de la soirée. « On serait éclairer par des bougies parfumées au fruits rouge qu'on oubliera d'éteindre en sortant du bain. Ensuite, tu m'emmeneras dans ta chambre ou nous passerons une folle nuit de débauche. Nos corps collés jusqu'à l'épuisement. C'est ça? » Demanda-t-elle un air sérieux fixé au visage avant de finalement sourire en coin, fière de cette description. « Quelle dommage que ca n'arrivera jamais vu que… et bien tu vas perdre. »
Pourtant, ce programme lui semblait si alléchant… Elle qui détestait ce genre de chose se retrouvait séduite par l'idée d'être seule avec lui dans ce contexte. Détestait-elle cependant vraiment ça? Comment le savoir, elle n'avait jamais tenté ça avec qui que ce soit. Jamilah n'était qu'un électron libre qui ne s'était jamais posé. Qui n'avait jamais chercher à se poser quelque part, avec quelqu'un sérieusement. Non, la perspective de l'abandon était bien trop effrayante. Goûter à quelque chose de plaisant et pouvoir le perdre à tout moment… Non. Ce n'était vraiment pas pour elle.
Un nouveau sourire revint à ses lèvres alors que Ravi rebondissait sur le sujet des nones… Ces vielles folles. L'Hongroise était certaine que si ces femmes avaient pu lui faire un excorcisme, elles auraient sauté sur l'occasion. Ces morues frigides et désagréables.
« Elles ne sont pas si vilaines, ces choses. On a des principes dans ma bande au sujet des drogues! Mais non, je parlais de vrai bonbon! Comme les haribos! » Une fois de plus, elle ne mentait pas. Aucune drogue qui ne créait une vraie dépendance. Aucune drogue dure, jamais. La cocaïne, la meth, etc… ne faisaient pas partie de ce qu'ils aimaient vendre. Ils étaient plus sur des drogues d'amusement. Champignon hallucinogène faible, de l'herbe, un peu d'ecstasy… Rien de plus. Et pour l'herbe, il est vrai qu'elle en consommait, pour se calmer avant d'aller dormir par exemple, bien incapable de dormir paisiblement sans ça. Ou si, avec une présence réconfortante… Comme Ravi l'avait été lors de la soirée de la Saint Valentin…
Oui, Ravi avait une présence réconfortante pour Jamilah. Elle se sentait bien, en confiance, malgré ce jeu débile et ses barrières. Barrières qui s'effondraient chaque jour un peu plus en sa compagnie. Comment pourrait-il en être autrement alors qu'à nouveau leur lèvre se rencontrèrent? Que ce jeu stupide s'intensifiait chaque jour à cause de sentiment poussant toujours plus loin? Et pourquoi venait-elle de donner cette autorisation? Pourquoi frissonnait-elle à ce mordillement malicieux? Ayant elle-même une lueur complice dans les yeux. Et surtout… Pourquoi se sentait-elle autant déçue de ne pas en avoir plus…?
Rapidement, elle s'éloigna donc de lui, se dirigeant vers son bureau pour prendre ce dont elle avait besoin. Cachant ainsi sans mal sa déception. Dieu qu'elle lui en voulait. Peut-elle ne lui plaisait-elle pas réellement. Que ce n'était qu'un stupide jeu pour lui. Rien de plus. Un jeu de chat et de souris, chacun se battant pour la place du prédateur… La plaie…
« Ancien propriétaire. » Corrigea-t-elle, fuyant son regard bizarre qui ne faisait que la faire rougir. Ne pas le regarder, fuir le regard, garder une certaine distance et tout irait bien, non?
« Pourtant, tu l'as été avec moi. Donc j'ai un peu de mal à te croire… » Le ton neutre, la belle lui reprochait-elle réellement sa non action? Oui et non… Elle-même ne savait plus en réalité. C'était simplement sorti. « Un Sherpa? C'est quoi? » Demanda-t-elle tout en amorçant le départ vers la sortie. L'écharpe bien autour du cou, la veste fermée, prête à affronter le froid de l'hiver bien présent encore. Vivement le retour de l'été!
Et en parlant d'été, la belle se mit à sourire en voyant son ami si caliente: Luke. Beau gosse, grand tatoué, gueule de voyou… Lui aussi avec ce charisme attirant qui pouvait faire craquer toutes filles… Toutes sauf Jamilah, une fois de plus. Et si même lui ne l'attirait pas plus que ça, comment Ravi avait-il réussi à attirer l'attention de la belle? Elle ne comprenait pas…
La commande passée, les deux installés à une table, la jeune femme posa donc la question qui lui brûlait les lèvres: Que se passait-il avec Justine? Avait-il enfin réussi à l'éloigner de lui? Elle voulait savoir! Elle voulait que la blonde ne s'approche plus de lui, qu'elle comprenne qu'il était chasse gardé. Après tout, il lui avait bien dit avoir une copine…? Cela avait-il suffit? Fort peu probable connaissant l'énergumène.
Putain de merde… Elle aurait dû ne rien demander finalement… Sans réagir, la belle écouta la réponse du bénévole. L'envie de se lever et de se barrer monta en elle de façon fulgurante. Ainsi, ce baiser n'était qu'un plan foireux pour faire fuir la blonde… Il n'avait donc pas voulu de ce baiser par simple envie… Ces propos confirmèrent une seule chose dans la tête de la brune: tout n'était qu'un jeu pour Ravi. Rien de plus. Un simple jeu… Et il allait détruire son cœur à la fin, le chemin était tracé à l'avance.
Intérieurement dégoutée par ce constat, elle avala une gorgée de son chocolat chaud afin de cacher son trouble. Ne pas exploser de colère, ne pas être froide… Après tout, il n'avait jamais rien promis, n'est-ce pas? Pourtant, elle se sentait si blessé par ce plan de merde. Plan où elle n'était qu'un vulgaire pion pour éloigner une autre femme… Après quelques secondes, elle haussa les épaules, l'air détaché, comme si elle s'en foutait en apparence… « Ça se tient comme plan. Je ne te trahirais pas. J'espère simplement pour toi que ça suffira pour la calmer. »
Si elle ne le trahirait pas, hors de question cependant de jouer son jeu et de venir jouer la copine transit d'amour. Non, elle continuerait comme ce matin: faire son travail loin de lui. Et elle éviterait d'aller à l'accueil… Allait-elle bouder comme une enfant? Certainement. Mais qui apprécierait apprendre avoir été embrassé juste pour se débarasser d'une autre femme?
« Je crois que ça va être prêt. Tu es bientôt libre de ta corvée. » Déclara-t-elle en se redressant alors que Luke venait à eux, deux grands sac en mains remplis des fameux sandwichs. Chacun avec écrit le nom de l'employé ou du bénévole à qui il était destiné. C'était tellement plus simple pour la répartition! Après quelques mots rapides, l'homme repartit au travail alors que la belle donna un des sac à Ravi. « On y va? » Demanda-t-elle. Elle tentait toujours de cacher sa colère et de ne pas être trop distante. Tenter était effectivement le mot juste… Elle marchait sur des cailloux, évitant de montrer son mécontentement, pressée cependant de partir loin de lui, de la tentation qu'il représentait et de ce stupide jeu qui mettait son coeur à rude épreuve. « Vos noms seront dessus, vous n'aurez qu'à les retrouver. Vous pouvez manger avec les employés derrière si vous voulez ou ailleurs, peu importe… » Déclara-t-elle marchant vers le magasin sans lui accorder un regard de plus. Sa pause a elle serait sans aucun doute au garage derrière, avec l'un de ses fameux joints… Oui, voilà qui était bien plus sage que de déjeuner avec lui… non?
Une fois à l'intérieur, dans la salle de pause, la jeune femme posa son sac sur la table, invitant Ravi à faire de même. .Les employés déjà présents commençant la distribution rapidement . « Merci de l'aide! Tu es libre maintenant… Et bon appétit à vous! » Et sans demander son reste, la belle retourna à son bureau ranger la carte de crédit, sa veste et l'écharpe et se dirigea vers les garages arrières comme prévu, profitant de quelques minutes de détente pour calmer son cœur en rage… Stupide Ravi.
Pourquoi fallait-il que ce soit si compliqué ? Pourquoi n'arrivait-il pas à faire comme d'habitude ? Pourquoi ces mots lui brûlaient la langue et pourquoi son coeur s'emballait dès qu'il pensait en avoir trop dit ? Il n'était pourtant jamais avare en compliments, toujours charmeur même sans arrières pensées, déformation professionnelle oblige. Mais, avec Jam, ça bloquait... Ou non, pire, ça passait trop bien, trop intensément et ça laissait des traces en lui qui n'auraient pas dû être. Heureusement, la jeune femme semblait le prendre à la légère, l'aidant ainsi à garder un semblant de contrôle sur la situation.
« Mouais... » Répondit-il simplement, peu convaincu même si, au fond, il était plutôt soulagé d'apprendre que le nombre de prétendants de Jam n'était pas aussi important qu'il ne le redoutait. « Ça ne m'étonne pas, il faut de la maturité pour reconnaître les belles choses mais je suis surpris que tu aies refusé les avances d'un pseudo-Johnny Depp ! »
Sourit-il bien qu'il n'eu aucunement envie de savoir si elle avait refusé ou non et même si son coeur c'était à nouveau serré face à ce compliment mal déguisé qui lui avait encore échappé. Mais est-ce que cette diarrhée verbale allait bientôt finir ? Allait-il enfin pouvoir reprendre les rennes de ses pauvres neurones ? Ils étaient pourtant pleinement irrigué en ce moment même s'il avait l'horrible impression que ce n'était jamais assez quand Jam était dans les parages... Serait-elle un vampire capable d'absorber son sang mentalement ? Avec des yeux aussi envoutant, ça ne serait pas surprenant... Il était cuit !
Et il le fut encore plus alors que son système sanguin reprenait un mauvais tournant à l'idée de prendre un bain avec elle... Un bain suivi d'une torride partie de jambe en l'air dont il mourrait d'envie malgré qu'elle signerait la fin de leur jeu. Non, il devait résister encore, ne pas la perdre si vite, attendre le moment parfait pour perdre en beauté. Et dire qu'il était mauvais joueur en règle générale ! Voilà à présent qu'il attendait presque avec impatience sa défaite, elle avait vraiment un drôle d'effet sur lui et son cerveau ne pouvait donc que lui hurler de fuir alors que son coeur lui papillonnait comme un crétin... C'était le Titanic et les violons jouaient toujours alors que la fin était proche, crétin !
« C'est à peu près ça oui. Même si, en général, je n'attends pas la sortie du bain pour commencer les festivités. » Nota-t-il en espérant que son air détaché fasse illusion et cache son rythme cardiaque devenu légèrement erratique à cette idée... « Et, admettons que je perdre oui, comment célébrerons nous ta victoire ? »
Il avait autant envie d'entendre cette réponse qu'il ne la redoutait, pas certain de pouvoir résister à une nouvelle vague d'idées plus ou moins salaces. Quoi que non en fait et c'était presque là le problème : il n'imaginait pas quelque chose d'animal mais quelque chose de tendre et romantique, choses dont il était capable en règle générale mais qu'il ne faisait pas réellement... Sincèrement ? Car les autres femmes n'étaient que des passades, des coups d'un soir ou elles étaient Amy et, même s'il l'aimait vraiment, ils n'en étaient plus vraiment à ce stade malgré tout. D'ailleurs, il y a bien longtemps qu'ils ne s'étaient pas vu ce qui n'arrivait en général que quand ils n'étaient plus disponibles...
Mais là n'était pas la question et, heureusement, le sujet changea rapidement tout comme le cours de cette étrange matinée.
« Alors ça va, ça, je peux fournir. »
Sourit-il avant que les évènements ne les emmène à ce moment trop intime qui lui retourna les entrailles. Sa bouche aussi sucrée et addictive que les bonbons dont elle avait parlé, son corps chaud contre le sien, ses mains délicates sur sa peau bouillante... Il allait lui falloir plusieurs minutes au frais pour se remettre les idées en place même s'il ne regretta qu'à moitié le passage dans le bureau où il put découvrir avec une étrange émotion que son écharpe aussi avait été adoptée par la belle... Était-ce un signe ? Non, sûrement pas... D'ailleurs elle ne s'était pas gênée pour le lui dire tout en lui faisant comprendre qu'il n'était pas prêt de la revoir.
« De toute évidence oui. »
Soupira-t-il, faussement déçu à l'idée d'avoir perdu ce bout de tissu qu'il jalousait presque de voir ainsi lové autour du cou de la belle... Et merde, il en était à envier un morceau de laine, son état était de plus en plus alarmant ! Sans compter que la jolie hongroise venait de lui mettre un nouveau coup de poignard en lui rappelant à quel point il avait effectivement été gentleman avec elle depuis leur rencontre... Actions que sa morale ne regrettait pour rien au monde mais pour laquelle son corps était particulièrement rancunier... D'ailleurs c'était peut-être pour ça qu'elle lui faisait autant d'effet ? À cause de cette frustration accumulée ? Oui, c'était sûrement ça, c'était le plus logique après tout.
« C'est que je ne dormais pas vraiment. »
Nota-t-il avec un petit haussement d'épaule, tentant de paraître le plus indifférent possible alors que le souvenir de cette nuit brûlait encore très vivement dans toutes les parcelles de son corps. Comme il aurait aimé ne pas être un gentleman ! Comme il aurait aimé qu'elle soit parfaitement sobre et consciente de tout ces gestes ! Hors il n'avait pu en être pleinement certain et il avait donc préféré s'abstenir pour ne pas la blesser et pour ne pas lui offrir un lot de regret à la place d'un souvenir agréable. Puis mince, il espérait quand même plus romantique depuis le temps qu'ils en parlent ! Pas juste une baise à moitié alcoolisée sur un canapé lit à devoir être discret par manque d'intimité ! Non, il voulait plus, il voulait perdre avec panache et en garder lui aussi un souvenir digne de ce nom. Brisé pour brisé...
« Quelqu'un payé pour humblement porter tes affaires. » Expliqua-t-il tout en la suivant vers la fraîcheur dont il avait tant besoin et qu'il regretta presque une fois à l'intérieur de la sandwicherie. Et ce fut pire encore quand il en vint à lui annoncer son plan foireux... « Au pire, j'ai vu que vous aviez des tuyaux à incendie derrière. » S'amusa-t-il alors qu'il avait envie de se coller des baffes tant il se sentait idiot. Mais elle jouait le jeu ou, du moins, accepté l'idée ce qui lui fit un drôle d'effet. « Il semble que je vais encore avoir une dette envers toi... »
Sourit-il avec malice, espérant la faire sourire à nouveau car cet air savamment furibond lui faisait presque peur. L'aurait-il perdu pour de bon ? Ce serait légitime après tout et, pourtant, si elle ne ressentait rien, qu'est ce que ça pouvait lui faire ? Non, ne pas se poser de question, jouer le jeu comme il le faisait depuis le début, ne pas céder à l'envie d'user de son droit dans l'espoir de se faire pardonner.
« Corvée ? »
Commença-t-il, finalement à peine surprit par cette fin abrupte. C'était mérité, amplement même, quel naze... Penaud, il la suivit sagement et sans dire un mot, le coeur serré et l'âme en perdition. Comment se rattraper ? Devait-il comprendre quelque chose à cette acceptation même si elle n'était pas enthousiaste ? Sans doute que non, de la pitié au mieux ou une forme de lassitude peut-être ? Alors qu'ils repassaient à l'endroit où ils s'étaient embrasés un peu plus tôt, le jeune homme résista à l'envie de récidiver, cette fois par pure volonté, sans autre arrière pensée que son propre plaisir mais il savait que c'était la claque assurée... Idée pas si désagréable remarque puisque cela lui assurerait une forme de contact finalement hors il trouva préférable de ne pas s'y risquer, suivant toujours d'un pas désolé la belle brune jusqu'à destination.
« Merci. »
Sourit-il en tentant un sourire qui ne trouva pas de réponse. Heureusement que sa fan-girl n'était pas dans le coin sinon son mensonge serait clairement tombé à l'eau ! Le coeur lourd, Ravi obtempéra en acceptant la distance brusque qu'elle avait mise entre eux, prêt à manger son déjeuner avec les autres volontaires et quelques employés. Seulement il n'en fut pas capable, finissant par quitter lui aussi promptement la salle de pause. Après tout, ils étaient censé être en couple non ? Et, même sans ça, il devait trouver un moyen de se faire pardonner, quoi qu'il en coûte.
« J'ai été con pas vrai ? » Demanda-t-il, debout derrière elle et son Sandwich à peine entamé à la main. « Tu as le droit de me destituer de mon droit si tu le souhaite et tu as même une claque offerte, à utiliser sans limite de temps et sans retenue. »
Ajouta-t-il sincère même s'il gardait ses distances. Sait-on jamais, ça peut exploser ces choses là ! Et ce serait mérité...
Rêvait-elle ou Ravi était particulièrement… gentil? Jamais encore il ne lui avait fait autant de compliment. Cela dit, en tant normal, les deux préféraient s'envoyer des piques bien placées et se chamailler. Jouer à ce petit jeu stupide et enfantin qui ne l'était plus tant que ça en réalité… Non, depuis cette Saint Valentin, tout semblait si… différent. Plus tendue. Comme si les deux faisaient attention à ne plus déraper autant… Lui sans doute pour ne pas perdre et elle… Car elle s'était rendue compte de ses sentiments pour l'Hindou. Un sacré merdier dont elle se serait bien passée…
« Qui a dit que j'avais repoussé ses avances? » Répondit-elle finalement, un sourire taquin au coin des lèvres. En réalité, il ne s'agissait que d'un simple compliment passager. Il n'y avait pas eu d'avance ou alors, elle ne l'avait même pas remarqué. Ce qui ne serait pas étonnant, étant donné que ses pensées étaient rivées sur le bénévole face à elle.
Pensées qui devinrent bien moins catholique avec la conversation suivante. Quelqu'un avait-il augmenter le chauffage? Non car la belle sentait que son corps montait en température. Qu'une vague de chaleur s'était abattue en elle, tel un tsunami. Le con jouait décidément sur tous les terrains. Comment lui en vouloir… Après tout, à la guerre comme en amour, tous les coups sont permis. Et si le dicton était vrai, la jeune femme ne savait plus qu'elle partie du dicton était exacte dans son cas… la guerre ou l'amour? Peu importe finalement…
« Oh, il commence les préliminaires dans l'eau… c'est mignon. » Le taquina-t-elle à nouveau, bien que l'idée était étrangement séduisante. Affriolante même. « Sincèrement? Je n'ai pas de plan de prévu. » Avoua-t-elle sans se départir de son petit sourire de séductrice. « Disons que cela dépendra beaucoup du moment en question… l'endroit, l'ambiance, nos humeurs… »
Elle ne mentait pas, tout pouvait être possible. Une baise sauvage dans un vestiaire, comme une nuit romantique si l'endroit s'y prêtait. Jamilah ne savait pas et ne voulait pas savoir en réalité, préférant se laisser porter par ce que le destin leur réserverait comme fin. Une fin qui serait douce et amer à la fois. La fin d'un jeu mais surtout, la fin de leur "histoire", si l'on pouvait appeler ça comme ça.
« En fournir? Voilà qu'il parle comme un dealeur… » S'amusa-t-elle avant de le regarder très sérieusement. « Je crois que j'ai une mauvaise influence sur toi, Kapoor. Tu devrais surveiller tes fréquentations… » Finalement, elle lâcha un sourire amusé. Incapable de rester sérieuse bien trop longtemps.
Ravi avait le don de lui faire perdre la tête. De lui faire faire des choses qu'elle ne ferait jamais en tant normal. De lui faire ressentir des sentiments contradictoires. Oui, il lui faisait perdre la tête et ce baiser, bien que doux, en était la preuve ultime. Elle l'avait embrassé avec douceur. Une douceur qu'elle ne donnait jamais à personne. Il était le premier. Le premier à connaître ces quelques moments de douceur qu'elle lui accordait, bien malgré elle. Le cœur ayant pris le pas sur la raison.
Et ce regard… Pourquoi la regardait-il ainsi dans ce foutue bureau? Pourquoi ces montagnes russes constantes avec lui? On ne regardait pas une personne avec autant de douceur si celle-ci n'était qu'un jeu… Si? Et voilà que Jamilah ne savait plus sur quel pied danser. Fuyant le regard du jeune homme, faisant mine de chercher ses affaires. Bien que sa réaction vis à vis de l'écharpe la fit sourire. Incapable de s'en empêcher, la vendeuse releva la tête vers l'hindou.
« Ça va, je rigole hein… Je te la rendrais dès que le temps sera plus ensoleillé! Promis. » Dit-elle avant d'enfiler sa veste et de prendre le reste des affaires nécessaires.
« Quoi? Tu dormais comme un gros bébé quand je suis partie! » S'exclama-t-elle sans pouvoir s'en empêcher. Quel fieffé menteur celui-là… Jamilah se souvenait très bien s'être réveillée à ses côtés alors qu'il dormait à point fermé… Ce qui lui avait permis de fuir l'appartement rapidement avant qu'il ne la trouve dans cette fameuse position; blottit dans ses bras. Et elle ne comptait pas le lui avouer, inconsciente qu'il connaissait déjà ce léger petit détail.
« Je vois… Mais je ne compte pas te payer, tu le sais? » Déclara-t-elle avant de finalement enfin aller dans la sandwicherie. C'est vrai, les pauvres employés et bénévoles allaient mourir de faim si ces deux-là continuaient de traîner.
Même si elle regretta bien vite ces dernières minutes après les explications du barman sur ce fameux baiser. Quelle conne… Elle n'avait été qu'un pion, un putain de pion pour se débarasser d'une sangsue vampirique de patience. La colère, la déception, le dégoût envers elle-même. Et dire qu'elle avait commencé à y croire. A croire que c'était possiblement plus qu'un jeu pour lui aussi. Stupide Jamilah. Ne sachant que dire de plus, elle accepta de ne pas trahir son petit jeu. « On a aussi de l'alcool et des briquets. » Lâcha-t-elle plus froidement que prévu avant de simplement hausser les épaules. « Aucune dette. Tu vas porter les sandwichs, on est quitte. »
Hors de question d'être à nouveau utilisé ou quoi que ce soit d'autre. Non, elle devait reprendre ses distances, rapidement. Laissez son esprit reprendre le dessus sur son coeur. Oui, il fallait qu'elle fasse revenir la fille distante, ne plus être… ça… Redevenir la "reine des glaces" comme Ravi l'avait si gentiment qualifiée ultérieurement. D'ailleurs, elle ne prit même pas la peine de répondre à sa question, se contentant de prendre simplement un des deux sacs et de sortir de là. Prendre l'air, respirer calmement.
Même l'air frais ne parvenait pas à calmer son cœur en feu. Elle lui en voulait, bien qu'elle n'en avait aucun droit… C'est vrai, ce n'était qu'un jeu. Rien de plus… Pourquoi s'était-elle fait des idées? Pourquoi avait-elle commencé à espérer plus? Par chance, Ravi venait de lui donner une très bonne douche froide.
Après avoir déposé le sac et indiqué la "procédure" sur la répartition des sandwichs, elle partit tout aussi rapidement loin de là. Ayant besoin d'air, de se détendre. Et une fois de plus, elle ignora son merci, se dirigeant vers son bureau, déposa la carte avant de partir à l'arrière.
L'épaule adossée contre la porte d'un des garages, la jeune femme alluma une cigarette et elle inspira delicatement sur le tube. Fermant les yeux un instant, tentant de trouver un peu de calme dans ses sentiments en feu. Calme qui ne dura pas. Elle aurait dû s'en douter, l'hindou n'allait pas lâcher l'affaire aussi facilement.
« Pas plus que d'habitude. » Répondit-elle après avoir expiré la fumée de sa cigarette fraîchement allumée. Sa voix était détachée, neutre. Pas aussi calme et détendue qu'elle ne l'aurait voulu, mais bon… Au moins, elle n'explosait pas de colère, n'est-ce pas? « J'ai l'air d'une personne qui revient sur mes paroles pour un rien? » Lui demanda-t-elle sans pour autant lui faire face. Le regard rivée vers le parking extérieur du magasin, elle profitait du froid, toujours adossée sur la fameuse porte de garage. « Tu devrais aller manger avant que la sangsue y aille aussi et te saute dessus. »
Que dire de plus de toute façon? Rien. A nouveau, elle tira une taff sur sa cigarette, refusant de lui faire face, trouvant la neige bien plus intéressante… Ou du moins, elle essayait de s'en convaincre. Ne pas céder, pas encore…
Pourquoi était-il aussi douloureux de l'imaginer dans les bras d'un autre ? Pourquoi avait-il ce pincement au coeur atroce à la simple idée qu'elle puisse accepter les avance d'un autre, aussi "Jonnhy Deppisesque" puisse-t-il être ? Il avait réellement envie de se coller des baffes car il n'avait jamais ressenti ça avant et, surtout, que c'était parfaitement illégitime dans le sens où Jam ne lui appartenait pas.
« Ah, me voilà rassuré ! »
Menti-t-il, essayant d'imiter son air taquin tout en gardant un ton léger. Exercice devenu fort difficile lorsque leur conversation devint plus intime, éveillant en lui des idées bien trop excitantes pour être envisagées dans un lieu aussi publique et à une heure pareille de la journée... Non pas qu'il ait un jour pensé qu'il y avait "des heures pour ça" mais quand même ! Heureusement, le stoïcisme de la belle l'aida à calmer un peu ses nerfs et à garder son sang froid.
« Voilà qui pique ma curiosité ! J'en aurais presque envie de perdre dis donc ! »
S'amusa-t-il, tentant de rester sourd aux battements tonitruants de son coeur. Il allait perdre remarque, c'était de plus en plus certain, surtout maintenant et la suite de la journée n'allait que le prouver davantage. Ses sentiments pour sa Nemesis devenaient bien trop palpables, trop pour qu'il puisse encore les fuir malheureusement. Masochiste jusqu'au bout.
« Tu as sûrement raison, quoi que ce petit côté bad boy me plaît bien et semble assez efficace sur la gente féminine. »
Nouveau mensonge puisqu'il n'avait plus réellement usé de ses charmes depuis leur rencontre. À part sur Willow ce fameux soir et peut-être sur quelques clientes les premiers jours mais, après, silence radio... Attitude qui aurait clairement dû le faire réagir mais il avait été aveugle et bien trop fier surtout. Le regrettait-il ? Là, maintenant, ses lèvres collées aux siennes, pas une seule seconde. Quelle que soit la souffrance à venir, il ne l'aurait échangée pour rien au monde. C'était trop doux, trop grisant, trop parfait pour qu'il préfère ne pas avoir connu ça, tant pis pour la suite, tant pis pour le coeur brisé, ce ne serait pas une première.
« Comme ça elle n'encombrera pas tes placards jusque'à l'hiver prochain ? »
S'amusa-t-il bien qu'il sache que leur jeu serait largement terminé d'ici là. L'hiver prochain, il ne sera pour elle qu'un vieux souvenir, une vague impression qui la fera peut-être sourire au coin du feu. Peut-être même ne finira-t-il pas la saison à ce rythme, ayant bel et bien faillit tout perdre le soir de la St Valentin et se sentant encore plus en danger maintenant qu'il avait le droit de l'embrasser à sa guise. Droit qu'il risquait de perdre avec ses bêtises mais, là non plus, il n'était pas à ça près...
« Que tu crois... » Rétorqua-t-il, son air malicieux redevenu un peu plus convainquant même si le fait d'évoquer cette soirée le tourmentait toujours autant. Leur corps si proche, leur souffle emmêlé, cette envie brûlante de plus, ce désir qui le hantait encore à ce jour... « Sauf que, maintenant, je peux me payer en nature à loisir. »
Nota-t-il, toujours avec cette même malice et résistant à l'envie de lui voler un autre baiser si vite. Il aurait dû pourtant, ça lui aurait au moins permis d'en profiter un peu avant de le perdre pour toujours... Mais il ne pouvait pas lui mentir, aussi minable soit-il, il avait voulu jouer carte sur table et pas seulement pour protéger sa couverture mais aussi par respect pour elle. Quoi qu'il en dise et quoi qu'elle en pense.
« C'est bon à savoir. » Sourit-il avant que tout ne disparaisse et qu'ils ne regagnent en silence le magasin. Minable oui, au moins autant que masochiste puisqu'il finit par céder en retournant la voir. « C'est pas faux. »
Admit-il avec un haussement d'épaules face à la réponse de la jeune femme qui lui tournait pourtant toujours le dos. Il avait été con oui et ce n'était pas la première fois bien qu'il se soit particulièrement dépassé sur ce coup là. Se servir d'elle ainsi était réellement pathétique mais, ce qui l'était plus encore était qu'il avait réellement eu envie de l'embrasser et qu'il en crevait encore d'envie malgré la froideur tranchante dans la voix de la brune.
« Je n'irais pas jusqu'à dire que ce serait "pour un rien" mais c'est vrai que ce n'est pas ton genre. » Tenta-t-il alors qu'il s'approchait un peu plus, finissant même par s'assoir à ses côtés alors qu'elle venait pourtant de lui suggérer de partir. « Je pensais justement venir chercher refuge loin des endroits stratégiques de pause en plus de vouloir me faire pardonner. » Sourit-il en lui tendant l'autre sandwich qu'il avait emporter, déposant le sien à côté de lui. « Je peux ? » Demanda-t-il en pointant la cigarette du doigt. Il fumait "socialement" même s'il avait toujours de quoi sur lui au cas où une belle jeune femme en ait besoin... « J'imagine que, même si je te dis que j'avais très envie de t'embrasser, ça ne changera rien ? »
C'était pourtant la triste vérité et il était fort surprit de l'admettre même si c'était fait sur un ton léger qui se voulait même légèrement détaché. Quoi que... Car il n'osait pas vraiment la regardé, concentré sur l'horizon et sur la fumée de cigarette, priant pour que son côté bad boy le sauve une fois encore... Hors elle le connaissait bien mieux qu'il ne l'aurait voulu et bien mieux qu'ils ne voulaient l'admettre... Quel con !
Rassurer? Non, elle ne voulait pas qu'il soit rassuré. Au contraire, elle espérait éveiller une petite réaction dans l'attitude du beau brun. N'importe quoi qui pourrait la rassurer? Était-elle vraiment la seule à s'attacher bien plus que de raison? Merde quoi! Voilà une situation bien merdique… Alors, elle se contente de sourire. Un petit sourire en coin simple sans rebondir sur ce sujet qui, au final, l'agaçait bien plus que cela ne l'amusait.
Fort heureusement, le sujet dévia sur une chose bien plus drôle: les relations charnelles qu'ils auraient bien un jour ensemble. Jour de la victoire pour l'un, de la défaite pour l'autre mais que cela soit un lot de victoires ou de consolation: les deux seraient gagnants le temps d'une nuit, non? Bien que la discussion animait les ardeurs de la belle, celle-ci décida de calmer le jeu… C'est vrai, la dernière frustration était encore bien trop récente. Inutile d'en risquer une nouvelle aussi rapidement. N'est-ce pas?
« C'est mignon… Tu crois réellement avoir une chance. Un déni pareil, c'est presque incroyable. » Elle plaisantait, d'un ton plus léger, taquin. Ses sentiments pour Ravi allaient sans aucun doute la mener à la faute, à céder à son stupide dilemme : ce fameux diner. Un piège bien ficelé qu'il avait construit autour d'elle. Accepter celui-ci revenait à accepter ces sentiments naissants et entêtants. Elle-même ne savait même plus ce qu'elle voulait à présent, hors une chose: elle voulait goûter à nouveau ses lèvres, goûter à nouveau à l'étreinte fiévreuse qui avait suivi la petite soirée de Saint Valentin. Même si, comme à ce moment-là, il arrivait toujours à freiner ses ardeurs et son imagination débordante…
« Cela doit effectivement plaire aux femmes. Plus que ton côté barman crétin que tu joues en tant normal. » Haussement d'épaule détaché, la jeune femme ne faisait que se donner un genre. A vrai dire, c'était ce côté de lui qui lui avait plu. Hors de question de l'avouer malgré tout. Surtout alors qu'il parlait de séduire d'autre femme. Non, définitivement, cela ne lui plaisait pas. Pas plus que de voir l'autre Justine lui tourner autour, cela dit. Mais pour elle, Jamilah pouvait au moins agir et elle le ferait bien plus tard dans la journée, sans aucune hésitation.
Ou encore, contre son gré… Comme là, alors qu'elle savourait le baisé doux qu'elle lui donnait. Que son coeur appréciait et que sa tête maudissait. Doux moment bien trop intense et surtout, bien trop court, bordel. Et que faisait-elle pour pallier ça? Elle lui donnait le droit de l'embrasser quand il voulait. BRAVO JANINE. ALORS LA, TU FAIS FORT HEIN.
« Exactement, j'ai assez de vêtements dans mes armoires que pour ton écharpe. » Certes, elle avait effectivement un nombre incalculable d'habit en tout genre. Il n'y avait qu'à voir la valise remplie de tenue qu'elle avait apporté pour habiller Swan à la Saint Valentin. Si elle avait le choix cependant, nul doute qu'elle aurait gardé cette écharpe pour elle jalousement, comme un petit trésor précieux. Et il était rare que des objets comptent à ce point pour elle. Cette écharpe en faisait partie… car c'était la sienne, tout simplement. « Du coup, je viendrai la récupérer à l'hiver prochain, c'est parfait! » Etait-ce un rendez-vous donné? Peut-être bien, oui. Une garantie de continuer à se voir par la suite en quelque sorte… Enfin, si il le voulait bien.
« Je ne le crois pas, je l'ai constatée! En fait, t'es un faux bad boy… Quelle déception… » Soupirant de façon exagérée, la belle hongroise secoua doucement la tête, faussement dépitée par cette nuit restée bien trop chaste à son goût. Pourtant, elle ne lui en voulait pas. Il l'avait cru bourré et n'avait pas voulu en profiter et ça, c'était bien plus que respectable. « Je sens que je vais regretter de t'avoir donné cet avantage, Kapoor. » déclara-t-elle avant de passer à côté de lui, lui offrant une nouvelle pichenette sur le nez et de partir remplir la fameuse mission qui leur était incombée: ramener le déjeuner.
Mission qui tourna bien vite au vinaigre suite aux révélations de l'Hindou. Blessée ou vexée, elle ne savait même pas dire exactement ce qu'il en était, Jamilah se mura derrière ce qu'elle savait faire de mieux: prendre des distances émotionnelles. C'était ça, ou totalement perdre pied et rentrer dans une fureur incontrôlable. Et ce n'était ni le moment, ni le lieu d'avoir l'une de ses légendaires crises. En dehors de là, elle aurait retourné la table, lancée tout ce qui lui passerait sur la main. Pas sur lui, non, mais autours. Détruire, se défouler avant de finir essoufflée, en larme, sur le sol. C'était rare, surtout avec les années qui passaient, mais cela lui arrivait encore de temps à autre. Et seul Matt ou le sommeil pouvait la calmer dans ces moments-là. Non, la distance émotionnelle était vraiment le bon choix dans cette situation. Se cacher derrière son mur éternel qui s'effritait de plus en plus au contact de Ravi. Il ne savait pas à quel point il était dangereux pour elle. Pour sa santé mentale si fragile en réalité. Pendant des années, elle avait travaillé à ne pas s'accrocher aux gens, à sceller son cœur meurtri. A ne plus espérer… Tout ça s'envolait et les conséquences n'allaient pas être plaisant…
C'est donc sans attendre, qu'une fois le tout posé dans la salle de pose, que la belle partie dans la réserve s'asseoir sur le bord du quai de déchargement des camions. Les jambes dans le vide, la cigarette à la main, elle profita du calme et des bouffées de nicotine pour tenter d'apaiser ses sentiments blessés. En vain. Et le calme ne dura pas, Ravi était à nouveau là, derrière elle. Pourquoi fallait-il toujours qu'il tente d'arranger les choses? Et pourquoi au fond, cela l'apaisait malgré qu'il soit à l'origine de ce mal aise provoquer? Foutue pour foutue apparemment.
« Voila. Tu as ta réponse donc… Et si, c'est un rien. » Elle ne savait pas trop si elle disait ça pour le contrarier ou pour tenter de se convaincre elle-même que ce n'était "rien" . Alors qu'elle espérait que son ton froid et son invitation à partir fonctionnerait, elle le vit du coin de l'œil s'installer à ses côtés. Merde. Son odeur épicée flotta jusqu'à elle, calmant un peu plus sa colère alors qu'elle n'avait aucune envie de se calmer. Non, elle voulait garder cette colère en elle, l'éviter, terminer sa journée et rentrer chez elle avec son nouveau compagnon. « Et quoi de mieux que de venir près de celle que tu as embrassée pour la faire fuir n'est-ce pas? Quel bon général de guerre. Bonne stratégie, je l'admets. » Répondit-elle, à nouveau froidement. Oui, elle était vexée et quand elle était vexée, elle devenait mauvaise, froide. Après tout, il venait clairement de dire qu'elle était un "point stratégique" en somme, non…? Oui bon, il avait aussi parler de se faire pardonner, mais elle préférait oublier cette partie de phrase. Gamine vous avez dit? Oui et alors? Personne ne lui avait appris à se comporter en adulte après tout. Elle était encore en apprentissage sur certains aspects. Et voilà qu'il osait lui demander sa clope en plus? Non mais le culot de ce gars… « Non. C'est à moi. » Oui, c'était définitivement une réaction d'enfant… Il ne méritait plus rien venant d'elle. Elle n'était pas un jouet après tout…
Ok, cela était de la mauvaise fois, car elle jouait clairement ce rôle avec Julian… Quand une femme venait le draguer lourdement, elle jouait la copine posséssive. Oui mais elle n'était pas amoureuse de Julian, donc ça ne comptait pas. Non pas qu'elle soit amoureuse de Ravi mais… Oh et puis merde: oui, elle en était amoureuse. Il n'y avait pas d'autre explication à son comportement irrationnel avec ce barman casse-pied. Et… attendez… Quoi? Venait-il vraiment d'avouer avoir eu envie de vraiment l'embrasser…? Soufflant la fumée de sa clope, elle se demandait si oui ou non, il jouait encore avec elle. A le voir comme ça, il semblait sérieux… Cette idée lui réchauffa un peu le cœur, apaisant sa froideur intérieure…« Tu en avais tellement envie, que quand je t'ai donné le droit de le faire, tu n'as absolument rien fait? » Sa voix était moins cassante, plus chaude, mais elle restait cependant distante. Ne sachant plus sur quel pied danser avec lui. Bordel, il était une énigme qu'elle ne comprenait pas. Qu'est-ce qui lui échappait en réalité…? Après un long soupir, elle tendit la cigarette au jeune homme, comme un geste de paix.
Imaginer la belle dans les bras d'un autre lui avait fait froid dans le dos mais le jeune homme avait réussi à garder la tête haute, usant de ses habituelles galipettes verbales pour se sortir de cette situation douloureuse. Comment pouvait-elle n'y voir que du feu alors qu'il avait l'horrible impression que ses sentiments se voyaient comme le nez au milieu du visage ? Aucune idée mais il en était soulagé et il le fut plus encore alors que la conversation prenait un nouveau départ même si c'était dans une direction à peine plus confortable pour lui en vue des dérives de son imbécile de cœur...
« On verra bien... »
Sourit-il avec malice bien qu'il soit tristement convaincu de la véracité de ses paroles. Du déni oui et bien plus qu'elle ne pouvait l'imaginer même ! Car il ne niait pas juste son inévitable échec mais aussi tous les sentiments qui allaient l'y mener... Et ce même s'ils étaient de plus en plus encombrant dans son esprit et dans son cœur. Quel merdier !
« Ah ? Il me semble pourtant que c'est ce côté barman crétin qui t'a séduit non ? »
Nouvelle petite pique emplie d'un espoir inavouable et inavoué... Nouvelle preuve de son déni profond et de sa stupidité sans frontière. Il aurait aimé un petit signe, une toute petite étincelle dans le regard de Jam pour lui prouver qu'elle l'appréciait réellement et qu'il y avait plus à leur petit jeu qu'une simple volonté de victoire. C'était stupide bien sûr, il n'y avait pas d'espoir car elle ne voyait rien de plus en lui qu'un challenge... Et peut-être une rapide partie de jambe en l'air sans lendemain. Mieux que rien remarque et pourtant il espérait plus et ce... Et bien de plus en plus.
Leur baiser en fut d'ailleurs une énième preuve de plus, le laissant presque tremblant tant il avait aimé la sentir ainsi contre lui. Qu'allait-il devenir si elle lui offrait plus que cela ? Que resterait-il de lui s'ils allaient plus loin comme ils avaient failli le faire la dernière fois ? L'hindou se souvenait de tout dans les moindre détail et il n'avait pas cessé d'y penser, voyant ainsi ce baiser comme une douloureuse piqure de rappel dont il n'avait pas besoin mais qu'il avait lui-même quémandé comme le dangereux masochiste qu'il était autour de la jeune femme... Masochisme qui n'allait pas aller en s'améliorant en vue de sa nouvelle autorisation qui risquait bien de le rendre fou... Si elle savait !
« Es-tu sûre que tu me supportera jusqu'à l'hiver prochain ? »
Demanda-t-il, exagérément sceptique même si la question était pathétiquement sincère. Après tout, leur petit jeu n'était pas fait pour durer et il était donc fort probable qu'ils ne soient plus rien d'ici là ! Car, de toute évidence, il ne tiendrait pas un an, tant pis pour la défaite et tant pis pour le challenge... À la prochaine occasion de franchir le cap, aucune envie de dîner ne pourra le retenir, il en était on ne peut plus conscient. Triste défaite même si c'était aussi une petite victoire que de pouvoir savourer une nuit de plaisir en si charmante compagnie...
« Je ne sais pas si le fait de ne pas abuser d'une femme saoule est réellement un truc de bad boy... » Nota-t-il avec un sourire en coin. « Mais si c'est le cas je n'en suis effectivement pas tout à fait un ou, plutôt, je suis un bad boy avec des principes. »
Ajouta-t-il avec une fierté exagérée et un air de petit paon qui ne disparut pas quand il lui rappela pouvoir être en capacité de se payer tout seul à présent. Il avait d'ailleurs atrocement envie d'en abuser là, maintenant et tout de suite mais il n'en fit rien pour ne pas paraître trop affamé ou attaché. Lui donner l'impression que ce n'était pas grand-chose, que ce n'était qu'un petit plus dans leur relation... Et prier tous les dieux de la création pour avoir l'air crédible aussi !
« Tu n'as pas idée ! »
La nargua-t-il une fois de plus avant que la situation ne dégénère bien plus qu'il n'aurait pu l'imaginer même s'il l'avait clairement cherché. Pourquoi avait-il parlé de ça ? N'aurait-il pas pu simplement lui dire qu'il envisageait ce plan foireux sans préciser qu'il l'avait déjà mis en place ? Ou ne pouvait-il pas tout simplement fermer sa grande gueule pour une fois ? Minable, il avait été minable et il n'avait pas finit de s'en mordre les doigts à en juger par l'attitude de Jam qui était on ne peut plus légitime... Mais cela ne l'empêcha pas de revenir à la charge avec la ferme intention de se faire un peu pardonner ou, au moins, de s'excuser d'avoir été con une fois de plus.
« C'est peut-être rien à tes yeux mais ça ne l'est pas pour moi et j'en suis désolé. » Admit-il presque timidement tout en s'installant près d'elle, réalisant avec effroi ce que cela impliquait indirectement. Vraiment très con, bravo ! « Tu me crois sincèrement assez malin pour avoir pensé à ça ? »
Demanda-t-il avec sincérité et espérant que son petit sourire taquin lui remonte un peu le moral. C'était vrai en plus, il avait surtout pensé à fuir Justine et à venir s'excuser, le reste était un simple coup de chance bien trop futé pour qu'il n'ait pu y penser de lui-même ! Après tout, Ravi était loin d'être fourbe malgré les apparences et il n'avait jamais voulu faire de mal à la jeune femme.
« Ok ok, de toute façon c'est mauvais pour la santé. »
Répondit-il avec un petit haussement d'épaules qui cacha fort mal la douleur causée par ce ton glacial. Mais il n'avait pas l'intention de lâcher si rapidement l'affaire, bien décidé à réparer son erreur même si ça voulait dire avouer qu'il avait eu très envie de l'embrasser quoi qu'il en soit... Une envie qui ne l'avait jamais réellement quitté et que la soirée de la saint Valentin n'avait de toute évidence pas calmé le moins du monde... Pas plus que le baiser obtenu un peu plus tôt qu'il sentait toujours sur ses lèvres et dans son cœur qui manqua un battement aux paroles suivantes... Était-elle sérieuse ? Voulait-elle réellement un autre baiser ou même d'autreS baiserS ? Sûrement une hallucination auditive qui le laissa néanmoins sans voix un petit moment...
« Je... » Commença-t-il en attrapant la cigarette dans l'espoir de se ressaisir un peu. « J'avais peur que tu devienne trop vite dépendante alors j'ai préféré doser un peu tu vois ? » Mentit-il avant de prendre une bouffée de nicotine qui n'eu pas l'effet escompté sur ses neurones atrophiés. « Et tu sais que je ne suis pas du genre à abuser, surtout d'un tel privilège. » Sourit-il, soulagé de s'être tout de même un peu recomposer malgré son cœur en bataille. « Sans compter que je suis passablement masochiste alors j'aime me faire languir. »
Ajouta-t-il, cette fois en étant on ne peut plus sincère. Aussi sincère que son envie de l'embrasser immédiatement pour prouver à quel point c'était vrai seulement ce n'était pas assez "romantique" à son goût, trop automatique et donc moins agréable qu'un baiser spontané...
« Mais si je dois abuser un peu pour maintenir mon droit il te suffit de me le dire. »
Reprit-il avec un sourire en coin et le regard pétillant de malice tout en lui rendant sa cigarette. Elle n'avait qu'un mot à dire pour qu'il cède à son envie, un simple geste à faire même, n'importe quoi pour lui prouver qu'elle était consentante et qu'elle voulait qu'il use de son nouveau à tort et à travers... Dangereux pour elle en un sens mais nettement plus pour lui qui risquait clairement de devenir dépendant... Ou, du moins, bien plus dépendant qu'il ne l'était déjà...
Savait-il à quel point son sourire lui plaisait? Le regard pétillant, elle lui rendit son sourire sans se faire prier alors que la discussion sur qui allait gagner ou perdre s'achevait sur une note mystérieuse du : qui vivra verra. Et au fond, plus le temps passait, moins elle se sentait prête à lui céder ou à le faire céder. Non, elle voulait continuer de le voir, continuer de se taquiner, continuer de s'énerver, continuer tout ça… Son corps, lui, n'en avait rien à faire. Il criait après Ravi. Attirée comme un aimant, incapable de vouloir évoluer loin de lui. Oui, son corps et son cœur lui menaient la vie dure. Sa conscience commençait elle-même à faiblir face aux assauts répétés de ceux-ci. Foutue. Jamilah était complètement foutue.
« Qui serait séduit par un barman incapable de recommander une bonne bière?! » Se défendit-elle un peu trop vivement pour cela puisse paraître sincère. Paniquée à l'idée d'avoir été percée à jour, la belle secoua la tête, levant les yeux au ciel. Elle tentait de rattraper le coup, affichant une fois de plus un air qu'elle espérait détaché. Avec un peu de chance, il ne remarquerait rien… n'est-ce pas?
Une tentative bien vaine au vu du baiser si doux qui suivit quelques minutes plus tard. Un baiser qu'elle ne regrettait pas, non. Elle avait eu envie de regoûter à ses lèvres dès qu'elle l'avait revue ce matin-là. Tout comme elle rêvait de ses bras, de repasser une nuit, se blottir à nouveau contre lui. Bordel, je vous ai dit que Jam' était complètement foutue? Oui? Et bien ceci était une confirmation.
« Pourquoi je ne te supporterai pas jusque là? En plus, tu es le frère d'Ela… Je suis obligé de faire avec ton existence! » Petite taquinerie gentillette car en réalité, elle adorait passer du temps avec lui. Et devaient-ils vraiment mettre un terme à tout ça si l'un des deux craquait? Ne pouvaient-ils pas continuer de se faire des coups fourrés après cette nuit? La fin du jeu n'était pas forcément la fin de leur relation… si? Mais putain, de quelle relation pensait-elle? Il n'y avait rien entre eux. Absolument rien… N'est-ce pas? Ils étaient de bonnes connaissances dans le pire des cas… Pas des amis, pas des amants, pas un couple…
Cette idée serra son cœur l'espace d'un instant. Pourquoi? Il y avait bien longtemps que celui-ci n'avait pas été autant malmené. Ses barrières de protection s'étaient complètement effondrées pour lui. La dealeuse ne pouvait que le constater avec horreur… Et cela lui flanquait une trouille bleue…
« Saoule? Je ne suis jamais assez saoule au point de ne pas savoir ce que je fais. » S'amusa-t-elle, sincère cependant. Elle mettait un point d'honneur à toujours être lucide au cas où les choses devaient dégénérer. Oh oui, elle avait été pompette, joyeuse, mais saoule? Pas du tout. « Et je dirais que ça dépend des bad boys. Mais bon, ça ne te concerne pas, tu n'es qu'un crétin de barman! » Déclara-t-elle, une fois de plus taquine. Après tout, finir une conversation sans taquinerie ou colère ou frustration… Ce n'était pas normal pour eux deux! « N'oublie pas que je peux toujours me venger si tu me fais regretter! » Une menace? Une promesse? Peu importe, l'Hongroise souriait, bien plus amusée qu'elle n'aurait dû l'être face au comportement de l'hindou.
Amusement qui tourna court, comme à chaque fois entre eux. C'était comme si, à chaque rencontre, il fallait que quelque chose tourne mal. Un schéma assez problématique qui ne semblait pas se dissiper au grand damn de la belle. Leur première rencontre? Un coup de couteau… Noël…? Bon c'était l'exception, la magie des fêtes y étant sans aucun doute pour quelque chose. Le café? Elle s'était aussi énervée pour pas grand chose… La St Valentin? La frustration de le voir se faire draguer… Non, décidément, comment pouvait-elle espérer une histoire avec lui? Il devait la prendre pour un trophée simplement. Un simple jeu, un challenge qui finirait avec cette foutue nuit. Et ses actions pour éloigner Justine en témoignait, non? Pauvre idiote au cœur naïf…
« Ce n'est pas grave je t'ai dit. » Si… Si, c'était grave. Elle mentait comme une arracheuse de dent. Et alors? Qu'est-ce que cela pouvait bien faire? Blessée par son plan, par ce baiser qui n'avait rien signifier pour lui, elle secoua la tête en soupirant, tirant une nouvelle fois sur la cigarette. « Oui. Je te crois assez malin pour tout en réalité. » Admit-elle sans sourciller. Toujours froide et distante. Oh, elle se détestait tellement à cet instant, d'avoir commencé à espérer, à y croire. Quelle pauvre conne. Elle était pourtant sincère. A ses yeux, Ravi était bien plus intelligent qu'il ne souhaitait le montrer. Elle croyait en lui bien plus qu'elle n'aurait dû. Et sa conscience le lui rappela.
Refusant de lui passer la cigarette, la belle reprit une bouffée sans répondre à sa constatation. Bien sur que c'était mauvais pour la santé, mais est-ce que cela l'inquiétait? Pas du tout. Après tout, elle n'était qu'une dealeuse sans avenir. Elle ne devrait pas lui en vouloir de ne l'utiliser et de s'amuser avec elle… Qui voudrait de plus avec elle de toute façon? Les idées noires recommencèrent à faire surface, comme au café et ses écouteurs étaient dans son casier. Merde.
Alors, sans se contrôler, elle lui posa la question. Pourquoi ne l'avait-il pas plus embrassé après en avoir eu l'autorisation? Et son moment de silence lui serra à nouveau le cœur. Elle n'avait plus le cœur à rire. Le laissant prendre la cigarette, elle regarda à son tour devant elle, constatant que la neige tombait à nouveau sur le parking déjà bien enneigé. Elle patienta un moment avant de l'écouter reprendre la parole. Une nouvelle gifle mentale la percuta. Rigolait-il vraiment aussi légèrement après ça…?
La colère remonta en elle bien plus rapidement qu'elle ne l'avait prévue. Petit con de fils de …d'espèce de… Elle tourna la tête vers lui, constatant son sourire en coin. Oh bordel de… Elle avait tellement envie de l'étrangler, de le frapper, de le piétiner comme elle sentait son cœur piétiné. Pourtant, au lieu de hurler et de lui lancer un regard noir, Jamilah lui rendit un sourire froid, et en un geste rapide, elle poussa l'Hindou du haut du "muret" de chargement. Et d'un geste tout aussi rapide, elle plaça ses mains en arrière et se releva, contemplant son œuvre un instant. Il y avait assez de neige pour qu'il ne se soit pas fait mal, mais assez pour que cela lui rafraîchisse les idées. Elle espérait qu'il aurait froid, très froid. « Oups. » Lui lança-t-elle avant de prendre le sandwich qu'il avait ramené et de s'en aller de la réserve en le laissant là, dans la neige, sans aucune aide.
Agacée, elle rentra dans le magasin, cherchant la blondinette du regard. Une fois repérée, Jamilah attrapa celle-ci par le bras et l'attira dans un rayon un peu plus discret. Une fois à l'abri des regards, la dealeuse poussa Justine contre le rayon, ne prenant pas la peine de la plaindre en la voyant se le prendre violemment dans le dos. Le regard menaçant, elle l'attrapa par la tignasse, tirant ses cheveux en arrière. « Je ne te le dirais qu'une seule fois. Ravi est à moi. Si tu t'avises de lui faire encore des avances, je t'arrache tes putains d'extensions et je te les enfoncerais tellement profondément dans le cul, que cela te fera un nouveau plombage. On est d'accord? » Sans attendre de réponse, elle la relâcha à nouveau et recula avant d'afficher un grand sourire satisfait a la vue de l'air effaré de la pauvre femme. « Bien, je vois qu'on est sur la même longueur d'onde. Je vais m'en aller et si j'apprends que tu t'es encore approchée de lui… Enfin bref, tu as compris. »
Et une fois de plus, sans demander son reste, partie. Après un passage rapide dans son casier pour récupérer ses affaires, elle alla récupérer son nouveau compagnon et prit congé après avoir prévenu son patron par téléphone. Il fallait qu'elle s'éloigne rapidement de là avant de faire une vraie crise. Et de toute façon, elle avait de quoi faire pour le reste de sa journée: aller en animalerie et tout acheter pour que Ted soit agréablement installé chez elle.
Ce n'était qu'une taquinerie de plus et pourtant elle fut terriblement douloureuse, lui rappelant que c'était effectivement improbable et qu'il n'avait effectivement pas la moindre chance avec elle... Non, personne ne pouvait réellement tomber sous le charme d'un vulgaire barman sans avenir, pas pour plus d'une nuit en tous cas et, en général, ça l'arrangeait : pas d'attache, plus de cœur brisé, moins de problèmes... Alors pourquoi était-il aussi peiné par cette idée ? Pourquoi voulait-il tant que les choses soient différentes avec elle ? Juste parce qu'elle lui résistait, c'était la seule explication possible, il n'y avait rien de plus qu'un esprit de contradiction mêlé à un égo surdimensionné et à une passion du challenge ! Rien de plus... Voilà... N'est ce pas ?
« Les jeunes femmes distinguées qui préfèrent des cocktails ? »
Suggéra-t-il, toujours avec son air malicieux et taquin malgré la tourmente intérieure dont il ne parvenait pas à se défaire malgré tout. Tout était si compliqué depuis leur rencontre, tout était tellement flou qu'il ne savait plus sur quel pied danser, en oubliant même ses mauvaises habitudes de dragueur, heureux de pouvoir prétexter que sa sœur en était la réelle raison...
« Désolé d'exister. » Sourit-il une fois de plus, avec un haussement d'épaules innocent. « Mais heureux d'apprendre que tu ne comptes pas disparaître après ma victoire, je commence presque à apprécier ta présence. »
Nota-t-il, espérant avoir l'air convainquant dans son "détachement" alors qu'il commençait réellement à l'apprécier et qu'il était réellement soulagé d'apprendre qu'un "après" n'était pas impossible... Bon, ça allait être abominable de la fréquenter sans pouvoir regoûter à ses lèvres et à son corps mais, au moins, elle serait encore dans sa vie et peut-être même pourraient-ils continuer ce petit jeu ? Différemment bien sûr mais, au moins, elle sera là... Pathétique !
« Je le saurais pour la prochaine fois. »
Sourit-il ensuite, essayant de ne pas trop de pincer les lèvres pour y chercher son goût et tentant encore et toujours de ne pas avoir l'air trop concerné par ses paroles. Alors qu'il rêvait déjà de la prochaine fois, du prochain baiser, de la prochaine opportunité de la toucher... Un vrai drogué qui n'avait plus connu ça depuis longtemps et qui le redoutait comme on redoute la peste...
« Un crétin de barman qui respecte les femmes. »
Enchérit-il avec une fierté non feinte. Il aimait les femmes et était fier de ses manières. Sa mère l'avait éduqué dans le respect de l'autre sexe et il lui semblait impensable de toucher une femme sans son consentement tout comme il lui paraissait outrageusement irrespectueux de profiter d'un moment d'égarement, aussi sincère puisse-t-il paraître. Car Jam avait eu l'air d'avoir envie de lui cette nuit là, assez pour qu'il s'oublie presque, son corps brûlant d'un désir qui lui avait presque semblé inédit tant il avait été violent... Mais il ne regrettait rien, il s'en serait trop voulu.
« C'est presque tentant... »
La nargua-t-il à nouveau, proche de voler ses lèvres une fois de plus... Il avait le droit après tout non ? Il aurait pu le faire, là, maintenant, tout de suite et en toute impunité ! Mais il s'abstint, se contentant de maintenir cet air taquin et ce ton plein de challenge. Ne pas se montrer faible, ne pas lui prouver qu'il aimait l'embrasser pour le geste et pas pour la blague... Il n'était qu'un crétin de barman après tout, un vague jouet que la belle allait jeter après usage... Autant qu'il en profite le plus longtemps possible non ? Surtout que "longtemps" risquait d'être rudement écourté en vue de sa nouvelle bêtise... Bêtise qu'il tenta tout de même de rattraper, aussi maladroitement qu'à son habitude.
« Tu as tort. »
Répondit-il simplement, sincère malgré tout. Il n'aurait effectivement pas poussé le vice à ce point, surtout en vue de ses sentiments naissants... Jam était très loin de la vérité bien qu'il en soit assez soulagé en réalité : Comme il aurait l'air idiot sinon ! Et comme il avait l'air idiot maintenant, allongé dans la neige qu'il sentait déjà entrain de remonter sous son pull ! Une chute loin d'être accidentelle mais également de ne pas être méritée... Pour une fois qu'ils auraient pu parler réellement des choses, pour une fois que Jam semblait vouloir être sérieuse ! Hors il n'était pas capable d'assumer la vérité, préférant presque son triste sort à un aveu qui aurait pu tout gâcher.
Il n'eu d'ailleurs pas le temps d'ajouter quoi que ce soit avant que la belle ne disparaisse une fois de plus, le laissant seul se sortir de là. Penaud et trempé, il regagna le magasin en prétextant être tombé de son propre chef, surpris de voir Justine littéralement le fuir alors qu'il n'avait fait que passer près d'elle... Jam n'était plus en vue, sûrement déjà loin avec son nouveau meilleur ami... Encore une fois, Ravi avait merdé, encore et toujours... Mais qu'aurait-il pu faire de plus ? Comment aurait-il pu faire autrement ? Il était pris au piège, un piège dangereux dont il n'était pas prêt de se défaire...
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