La chaleur se fait moins brutale mais la fraicheur reste agréable. Doucement, l'été laisse place à l'automne même si, pour l'instant, les couleurs du paysage restent vives. Les baignades et les promenades au soleil sont toujours d'actualité, tout comme les soirées à la belle étoile. Il fait bon vivre !
Les attendus
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Dans la vie, les choses qui ont le plus de valeur sont celles qui n'ont pas de prix.
Le réveil avait été brutal ce matin. Enfin, pas ce matin pour la majorité des gens, mais le matin pour moi. Pour la civilisation, c’était plutôt l’après-midi. D’habitude, j’étais capable de me repérer dans le temps. Je parvenais même à me réveiller avant que mon alarme décide de faire des siennes. Mais pas aujourd’hui. Mon téléphone se mit à vibrer, faire du son, bref, tout pour que je me sente agressée par la sonnerie - que j’avais pourtant choisie - et que je décide de brutalement l’éteindre en grommelant. J’eus envie de reposer ma tête sur l’oreiller, mais je ne le fis pas, parce que je savais que je serais en retard. Et pourtant, que donnerais-je pour avoir quelques heures de plus ? Il me semble que je le mériterais. Après tout, la soirée avait été difficile la veille. Rien d’inconfortable. Seulement une soirée chargée au bar. Ayant été obligée de fermer, faire les comptes et tout ranger, j’étais rentrée tard. Ou tôt. Aux petites heures du matin, en tout cas. Mais une chose était certaine, ma nuit n’avait pas été suffisante pour me permettre de récupérer adéquatement. Et pourtant, je devais reprendre du service. Grognant une dernière fois, je me donnai ce coup de pied au derrière nécessaire pour me lever. Ne dérogeant pas à mes habitudes, je m’habillai et j’allai faire mon jogging du réveil. Je n’osais plus l’appeler un jogging matinal, puisqu’il arrivait pas mal à toute heure du jour désormais. Une douche bien méritée au retour, un café plus que nécessaire en serviette de bain dans mon appartement, et je me sentais déjà un peu plus d’aplomb pour aller retrouver mon frère au bar, sachant que nous avions de l’inventaire à faire avant l’ouverture pour le soir. Je ne savais pas si c’était le pire ou le meilleur moment du mois, cet inventaire. C’était long et pénible à faire, mais d’un autre côté, tout mettre en ordre, avoir des chiffres équilibrés, c’était satisfaisant. Et puis, ça me permettait de passer du temps seule à seul avec Jayan. Cela pouvait être étrange que j’en réclame, compte tenu que nous passions presque tous les jours ensemble avec le travail, mais rares étaient les moments où nous n’étions pas entourés d’un paquet de gens. Donc pour ça, le moment de l’inventaire n’était pas si lourd. Ou du moins, ça venait compenser pour ce qui était sommes toutes une corvée. Après un repas sommaire, mais consistant, je finis de me préparer pour quitter l’appartement. Jean, haut noir, cheveux en chignon en bataille, mais élégant malgré tout, maquillage approprié, j’étais prête. Attrapant mon sac, je pris la route dans ma Acura, direction le bar. Évidemment, quand j’arriverai, il n’y avait personne dans le parking. Normal, il restait encore presque quatre heures avant l’ouverture. Et le pire était que je n’étais pas la première. J’avais reconnu la voiture de mon aîné, juste à coté de là où je m’étais garé. Je pris ma clé pour ouvrir la porte, et je m’annonçai en lâchant un « Jay, je suis là ! » Je déposai mon sac au même endroit que d’habitude - à proximité, mais pas à vue pour les clients - et je me rendis à la rencontre de mon frère, non sans lâcher un bâillement au passage. Je n’avais pas l’intention de me plaindre ou d’en parler, mais lorsque je vis la tête de mon frère, je ne pus m’empêcher de lâcher: « Wow. Je pensais que j’avais une tête de merde ce matin, mais finalement, on dirait que je pète la forme. » J’avais tenu ce commentaire sans trop de sérieux, mais au fond, je n’aimais pas voir Jayan ainsi. Peut-être que ça ne se voyait pas tant - je mentais, mes cernes étaient pas mal plus visibles - mais je connaissais mon frère par coeur, je savais que ça n’allait pas, pas totalement en tout cas. Du coup, je ne tardai pas à ajouter: « Ça va ? » en fronçant les sourcils, attendant de voir ce qu’il allait me dire.
Jayan Thakur
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Dans la vie, les choses qui ont le plus de valeur sont celles qui n'ont pas de prix.
Nathan était à l'hôpital et Swan dormait chez lui ou, du moins, tentait de dormir entre deux crises de larmes qui déchirait le cœur de Jay. Et si tout était de sa faute ? Et si le jeune homme était innocent dans cette lugubre histoire, s'il n'était lui aussi qu'une victime ? Malgré sa soirée parfaite avec Esme, l'Hindou n'avait pas trouvé le sommeil et il n'avait pas réussi à ressentir la moindre once de bonheur et s'allongeant dans son grand lit froid, ses draps lui semblant lourdés par une culpabilité étouffante. Et si c'était de sa faute ? Ses yeux brulaient à force de fixer le plafond mais rien ne pouvait l'obliger à les fermer et son vieux cœur usait lui arrachait la poitrine. Et s'il avait causé tout ça malgré lui ? Si, une fois encore, il avait fait le mal en voulant faire le bien ?
Après tout, c'était un schéma qu'il connaissait bien puisque c'est cette volonté de "faire le bien" qui l'avait poussé à quitter sa famille des années plus tôt. Vouloir aller contre le destin en quelque sorte, agir un peu brutalement en voulant mettre tout le monde à l'abris sans penser aux conséquences directes... Et s'il avait refait la même erreur en voulant protéger sa fille d'une peine de cœur ? S'il avait encore agit trop vite et dans la mauvaise direction ? Il avait envie que le lit l'absorbe et le fasse disparaître, se sentant honteux d'avoir encore faillit à sa parole et à son rôle de père : il n'avait pas défendu sa fille, il l'avait condamné. Et pire encore, il avait mit la vie de Nathan en danger en pourrissant au passage la relation saine que Ravi avait avec la jeune femme... Que pouvait-il faire de pire ? Comment pouvait-il rattraper une chose pareille ?
Jouant de ses contacts il avait réussi à en savoir un peu plus sur l'état de santé de Nathan sans avoir à le demander à Ravi ou à Swan : sa vie n'était plus en danger mais son corps allait garder quelques séquelles pendant un moment et son esprit... Son esprit était le plus inquiétant car il semblait avoir oublié un pan de sa vie. Pas un gros morceau mais quelques semaines voire quelques mois. Une situation temporaire d'après les médecins mais il ne se fiait pas à leurs mots rassurants, il voulait des preuves concrètes. Preuves qu'il ne pu avoir malgré ses nombreux coup de fils, ne pouvant que faire intervenir un neurochirurgien réputé auprès de Nate dans les quelques jours à venir. C'était la moindre des choses.
Quand il avait finit par être lasse de sa stagnation inutile et alors que le jour pointait déjà bien son nez, l'ancien flic se décida enfin à quitter son lit. Il avait tendu l'oreille toute la nuit, laissant sa porte ouverte au cas où Swan ait besoin de lui... Leur relation allait un peu mieux mais, même là, il ne pouvait pas en être heureux en vue des circonstances. Il se sentait coupable et avait même l'impression d'avoir manipulé indirectement sa fille pour en arriver là... Après tout, c'est lui qui avait dit à Ravi de la prévenir de cette abominable discussion qu'il avait eu avec le père de Nate, c'est lui qui avait imaginé le pire non ? Ou avait-il eu raison ? Ou peut-être que le père de Nate était le vrai coupable, le réel problème là dedans ? Car Jay n'avait rien imaginé de leurs conversations, il avait entendu les paroles de l'homme... Ou peut-être pas ? Et s'il avait simplement mal interprété ses dires ?
Les cheveux hirsute et la mine hagarde, Jayan s'était traîné jusqu'à la cuisine pour préparer son thé. Il avait avalé un morceau de donuts froid pour se donner un semblant de consistance puis il s'était longuement posé devant le temple installé dans le salon pour prier. Malgré les épreuves de sa vie, Jay avait toujours été un fervent croyant et prier était l'une des rares choses qui parvenait à mettre un peu de sérénité dans son âme. Et puis Ganesh était le dieu des obstacles n'est ce pas ? Il était normal qu'il en mette sur notre route autant qu'il n'en enlève : il devait nous guider, nous empêcher de sortir du droit chemin... Mais qu'il était l'interêt de ce nouvel obstacle ? Pourquoi être aussi violent et que devaient-ils comprendre ? Était-ce pour les faire réaliser que Nate était innocent ? Leur prouver qu'il était amoureux de Swan ? Ce serait effectivement une méthode efficace mais un peu plus violente que de raison... Mais qui était-il pour juger les méthodes du divin ?
Il soupira alors que sa montre vibrait pour lui indiquer qu'il était l'heure de partir. Ela n'allait pas tarder et il savait donc que Swan allait être entre de bonnes mains même s'il avait cru comprendre que la relation des deux jeunes femmes étaient un peu tendue à présent... Il avait vraiment tout détruit... Ou peut-être n'était-il pas le seul responsable ? Le cœur lourd, l'homme remonta dans sa chambre pour se changer, s'armant d'un habituel jean sombre et d'une chemise blanche. Il enfila ses lunettes de vue puis laissa une petite note à sa fille avant de refermer la porte derrière lui, croisant Ela sur le chemin. Après quelques paroles échangées, il prit sa voiture et se dirigea vers le pub où, comme toujours, il arriva bien avant l'heure. Quelle chance d'avoir cet autre temple où apaiser son âme ! Enfin non, pas apaiser, tromper. Car il trompait son âme ici, se donnant de quoi penser et de quoi faire justement pour ne pas trop se concentrer sur ses vrais problèmes. Quel fumier.
C'était néanmoins très efficace puisqu'il n'était pas capable de dire combien de minutes s'étaient écoulées entre son arrivée et celle de sa sœur dont la voix le fit presque sursauter tant il était concentré sur l'inventaire. Une tâche ingrate qu'il aimait pourtant faire justement parce qu'elle était absorbante... Et c'était aussi un excellent moyen d'être un peu avec sa sœur qu'il avait l'impression de ne pas croiser ces derniers temps. Entre la vie du pub qui marchait plus que bien et sa vie à lui qui était chaotique, il n'avait l'impression que d'être une ombre pour elle et il s'en voulait atrocement, conscient qu'il l'abandonnait un peu de par son égoïsme. Encore... À croire qu'il n'était réellement qu'un monstre condamné à faire le mal autour de lui quoi qu'il décide...
« Tu sais pourtant bien que les déesses ne peuvent pas avoir une tête de merde. » Sourit-il, s'étant levé pour aller à sa rencontre afin de déposer un baiser sur le front de sa cadette comme il l'avait toujours fait. « Aussi bien que si j'avais été piétiné par un tractopelle ! » Plaisanta-t-il, ne souhaitant pas lui mentir et conscient que c'était de toute façon impossible car ils se connaissaient trop bien. « La soirée a été riche en émotion et la nuit compliquée... » Reprit-il un peu plus sérieusement alors qu'il se dirigeait vers le bar. « Thé ? » Proposa-t-il, étant déjà à sa deuxième tasse depuis son arrivée ici. Reculer pour mieux sauter, il savait qu'elle allait vouloir savoir et il ne pouvait pas lui cacher une chose pareille... « Swan est venue hier, elle voulait s'installer avec moi le temps de se retourner. » Admit-il avec un léger sourire, ému par cet évènement malgré tout. « Sauf qu'elle n'a même pas eu le temps de poser ses affaires dans sa chambre que nous avons eu un appel de l'hôpital car Nathan a eu un grave accident de voiture à seulement quelques mètres du pub... » Reprit-il, son regard se teintant de culpabilité alors qu'il osait à peine croisé le regard de sa sœur. « Il n'est pas en danger mais le choc a visiblement troublé sa mémoire. J'ai passé la nuit à tenter de consoler Swan tout en appelant la terre entière pour en savoir plus mais impossible car même les médecins ne savent pas grand-chose en l'état... Un spécialiste va venir le voir d'ici quelques jours, c'est tout ce que j'ai pu faire. » Admit-il, baissant à nouveau les yeux sur son thé fumant, l'esprit et le cœur embrumés de colère contre lui-même, d'inquiétude et de tristesse. « Je crois que j'ai fait une terrible erreur en voulant la protéger... »
Reprit-il dans un soupir tout en secouant la tête. Il n'avait pas réellement eu le temps de demander son avis à sa sœur mais elle savait que la père de Nate était venu deux fois au pub, une fois pour emmerder Swan qu'il avait faite pleurer et une autre fois pour jouer carte sur table avec Jay, lui expliquant qu'il voulait protéger son fils de la jeune femme... Allant même jusqu'à dire que Nathan était au courant de son attitude et qu'il cautionnait cette façon de tester sa petite amie... Mais si le père de Nate s'était mal exprimé ou avait grossit un peu les choses ? Ou si la colère avait rendu Jayan sourd au réel sens de ses mots ? Si tout n'était qu'un malentendu entre deux pères poules trop protecteurs pour être réfléchis ? L'indien serra sa tasse entre ses doigts avant d'enfin oser regarder sa cadette, presque comme un enfant qui vient d'admettre une énorme bêtise à son aînée... Heureusement qu'elle était là d'ailleurs car Jay n'aurait pas pu survivre toutes ces années sans elle... Quel minable. Quel monstre....
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Jayan était adorable à tenter de m’amadouer, de me faire sentir mieux malgré ma fatigue, malgré le fait que je savais pertinemment que je n’avais pas l’air de péter la forme, même si c’était ça que j’avais dit. Par contre, plus sérieusement, mon frère semblait pas mal plus amoché que moi je pouvais l’être, et il ne tarda pas à me le confirmer. Mais l’avantage que ce soit mon frère, c’était que je le connaissais par coeur, et que lui aussi, il me connaissait par coeur. Il devait savoir que je n’allais pas tarder à lui demander des détails. J’étais consciente qu’il avait sa vie, j’avais la mienne, et qu’il ne savait pas tout ce qui avait pu se passer, surtout quand il n’était pas là. Toutefois, je supposais que s’il ne voulait pas m’en parler, il ne m’aurait pas mentionné une nuit compliquée, une soirée riche en émotions. Soudainement intriguée, je secouai la tête, refusant poliment un thé. Honnêtement, après le café que j’avais pris, je n’en avais pas nécessairement envie. Parfois j’acceptais, mais pour le moment, plus ou moins. Cela n’empêcha en rien Jayan de poursuivre, commençant par m’expliquer que sa fille était venue s’installer chez elle. J’avais eu vent que les choses ne tournaient pas rond, donc je ne réagis pas plus que ça, me contentant de froncer les sourcils. N’était-ce pas une bonne chose ? Je ne savais pas vraiment qu’en penser. N’osant pas intervenir, j’eus raison de ne pas le faire, puisque mon frère adoptif ne tarda pas à poursuivre, laissant tomber une bombe dans la conversation. Évidemment que j’étais surprise, choquée, et un peu perturbée. En effet, j’avais passé toute la soirée au pub, et je n’avais rien vu passer. Quelqu’un en avait-il parlé et je ne l’avais juste pas entendu ? Ce n’était pas important, il fallait que je me dise ça. Je ne pouvais pas me permettre de culpabiliser de n’avoir rien vu, rien entendu, alors que cela ne me concernait pas. Sous le choc, je n’arrivai pas à dire quoi que ce soit avant que Jayan reprenne la parole, me disant qu’il n’était pas en danger, mais qu’il ne savait pas grand-chose. Mais au final, ce que je retins le plus, ce fut l’air décontenancé de mon frère, qui culpabilisait et s’en voulait d’avoir voulu protéger sa fille. Évidemment que j’avais eu vent de ce qui s’était passé avec le père du jeune homme. Pas en entier, mais compte tenu que je n’avais pas à m’impliquer dans ces histoires. C’était évident que s’il me l’avait demandé, je m’en serais mêlée. Jayan avait toujours été là pour me défendre, m’aider, la chose la plus normale était de lui rendre la pareille. Mais là, je me disais que lui rendre la pareille, c’était tenter de le rassurer, du mieux que je le pouvais. M’approchant, je posai doucement ma main sur son dos, et je dis: « Ce n’est pas une erreur, Jay, de vouloir protéger ton enfant… Bien au contraire. » C’était d’ailleurs quelque chose que j’admirais chez lui. Il ferait tout pour protéger ceux qu’il aimait. Ce n’était pas nouveau d’ailleurs, il le faisait depuis le plus loin que je pouvais me souvenir. Malheureusement, ce ne fut pas suffisant pour le rassurer, je le compris rapidement quand je vis son air piteux qui vint me briser le coeur. Ce fut plus fort que moi, je dis: « Oh Jayan… » Ma main ne fit plus que rester dans son dos, mais vint le caresser, le frictionner presque, dans l’espoir de lui apporter un minimum de réconfort. Encore une fois, je savais que les gestes ne seraient pas suffisants, donc je tentai d’ajouter: « C’était un accident… Tu ne pouvais rien faire. Je refuse que tu t’en veuilles pour ça… » À quel point j’avais de l’autorité sur lui ? Pas du tout, je le savais très bien. « Tu es là pour Swan avec tout ça, et c’est l’essentiel… Tu ne crois pas ? » Bien que c’était admirable de voir Jayan vouloir aider, protéger tout le monde, mais il s’en mettait beaucoup sur les épaules. J’avais envie de croire que c’était peut-être mon rôle de m’assurer qu’il ne s’en mettait pas trop non plus, mais c’était loin d’être facile.
Jayan Thakur
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Même s'il avait longtemps pensé ne pas être à la hauteur et même s'il avait longtemps eu peur de lui attirer plus d'ennuis que de bonheur, Jayan n'aurait jamais abandonné sa petite sœur, pas plus qu'il ne l'aurait un seul jour considéré comme autre chose et ce malgré l'absence d'un lien de sang. Il était pourtant clair qu'ils n'étaient pas de la même famille, lui avec son teint halé et ses yeux sombre, elle à la peau couleur porcelaine et aux cheveux dorés... Ils n'auraient pas pu être plus différents et pourtant leur cœur battaient à l'unisson depuis leur plus jeune âge. Ils pouvaient lire en l'autre, décrypter chaque geste et chaque mot, ils savaient. Ainsi Jayan savait que sa sœur avait traversé des tempêtes dont elle ne souhaitait pas lui parler et il respectait son silence. Et Jules savait que quelque chose de grave tourmentait l'esprit de son aîné qui savait ne pas pouvoir le nier. À quoi bon lui mentir ou éviter le sujet ? Elle allait finir par le savoir et il préférait que ce soit de sa bouche, presque soulagé même de pouvoir en parler car il n'avait pas voulu accablé son épouse la veille, conscient qu'il devait profiter des rares instants de bonheur que la vie commençait à lui rendre au compte goûte.
« Dans les faits tu as raison mais je crains d'avoir de gros problèmes de méthodes... »
Sourit-il tristement, faisant bien sûr allusion à sa disparition qui n'avait été elle aussi que pour "protéger" sa famille. À croire qu'il ne savait vraiment pas s'y prendre, optant toujours pour la mauvaise idée ou la pire des solutions... Abandonner les siens pour les protéger, opter pour des conclusions hâtives et non vérifiées par peur que Swan ne soit plus gravement blessée... Allait-il un jour apprendre de ces leçons ? Cesserait-il un jour de faire autant de mal autour de lui en espérant faire du bien ? Rosie ne pouvait pas le nier, elle avait souffert de son absence elle aussi, elle savait... Mais il savait aussi qu'elle était la seule à pouvoir le pardonner de tout comme il pourrait la pardonner de tout sans la moindre hésitation et quel que soit le crime... Heureusement quand même que la jeune femme savait lui mettre des coups de pieds aux fesses parfois, ils étaient nécessaire au moins autant que mérités.
« Ce n'est peut-être pas moi qui conduisait la voiture mais il était en route pour le pub, sûrement pour parler à Swan qui ne lui a pas adressé la parole depuis qu'elle l'a quitté. Et, d'après les Kapoors, il a oublié toute la période depuis peu avant leur rupture. Je sais que je me fais sûrement une montagne de pas grand-chose mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il était innocent et que j'ai sauté comme un idiot sur un malentendu qui à coûté à Swan comme à lui. » Expliqua-t-il en secouant doucement la tête. « Je vérifie toujours les faits, je creuse et là... Là je me suis laissé emporté par ma colère envers le père de Nate sans même y réfléchir un instant. » La gorgée de thé lui brula la gorge mais fut presque un rappel agréable à la réalité. « Pire encore, je n'ai pas assumé mes inquiétudes et j'ai envoyé le pauvre Ravi prévenir Swan... Si j'avais pris les devants, si j'avais parlé à Swan moi-même, elle ne m'aurait pas cru ou moins facilement et elle aurait prit le temps de peser les choses... »
Admit-il, ayant retourné toute cette histoire dans sa tête des centaines de fois depuis. Tant de choses auraient put être différente s'il avait fait de meilleurs choix dans sa vie... Mais il était impossible de changer le passé et il ne pouvait qu'espérer améliorer l'avenir en veillant sur Swan et sur Nate le temps que les choses aillent mieux.
« J'aurais dû être là pour elle avant... Mais je vais faire de mon mieux. »
Promit-il avec un faible sourire, reposant enfin son attention sur la jeune femme, attrapant tendrement sa main pour la serrer doucement en signe de reconnaissance.
« Et je vais me renseigner plus précisément sur cette famille tout en veillant à ce que Nathan soit bien traité pendant sa convalescence, c'est tout ce que je peux faire en plus de m'assurer que Swan tienne le coup. »
Ajouta-t-il avec un léger regain de motivation. Il ne pouvait rien faire de plus mais il comptait bien s'y donner corps et âme dans l'espoir de réparer son erreur ou de confirmer ses craintes concernant le jeune homme. S'il était réellement coupable alors tant pis mais, au moins, il aura été bien soigné. S'il était innocent... Et bien il sera plus en forme pour affronter la vérité et pour regagner le cœur de Swan qu'il n'avait en fait jamais perdu... Et par Ganesh comme Jayan avait de la peine de voir sa fille ainsi blessée par son amour pour lui... Et comme il espérait que Nate soit innocent malgré la situation ! Si c'était le cas, ils auraient une seconde chance et sa fille pourra être heureuse avec l'homme qu'elle aime. C'est tout ce que Jay voulait, que sa princesse soit heureuse et en bonne compagnie... Il ne lui restait plus qu'à prier.
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Certains auraient pu penser que Jayan voulait continuer de parler avec des phrases à demi-mots, laisser des choses en suspens. Certains auraient pu insister, le questionner, mais je ne le fis pas. Je gardai le silence, quelques secondes, attendant de voir ce qu’il allait dire par la suite. Parce que j’avais l’impression plutôt que là, tout de suite, il avait besoin de ventiler, de s’exprimer. Et sachant que c’était des choses plutôt délicates, je savais que si Jayan voulait m’en parler, c’était qu’il me faisait confiance. Au vu que je le connaissais depuis ma naissance, je me doutais déjà qu’il me faisait confiance, mais je savais aussi qu’il portait des choses plus lourdes, que probablement il n’allait jamais me dire. Je ne pouvais pas le blâmer, compte tenu que j’ai fait de même. Pas parce que je voulais absolument lui cacher, mais parce qu’à l’époque, je ne pouvais pas le lui dire et désormais, ça ne vaudrait plus la peine, encore moins ici et maintenant, avec tous les soucis qu’il avait sur la conscience. Je le laissai donc m’expliquer ce qui pensait, et comme je m’y en attendais, il se mettait énormément de pression. Il s’en voulait de ce qui s’était passé précédemment et c’était évident, il se blâmait pour l’accident, même si ce n’était pas lui qui était présent au moment des faits. Pendant un instant, j’eus envie de lui dire que ç’aurait pu arriver n’importe quand. Avant, après cette conversation, et que ce qui s’était passé avant ne pouvait pas avoir d’incidence sur les évènements de la veille. Je sentis toutefois que ce ne serait pas utile de lui dire une chose pareille. Ce serait tenter de le convaincre de quelque chose qu’il n’allait pas croire. En somme, parler dans le vide. Jayan était déterminé, mais il était têtu aussi. J’avais tenté maintes fois par le passé de le secouer sur certaines choses, mais je savais que parfois, c’était peine perdue. Et dans l’immédiat, je ne voyais même pas l’intérêt d’essayer. Puis, mon frère vint prendre ma main, que je serrai doucement, signe que j’étais là, pour essayer encore et toujours de le réconforter. Heureusement, il finit son discours par une note un peu plus positive. Enfin, pas nécessairement, mais je devais avouer que je préférais le voir prendre des résolutions pour l’avenir plutôt que de tenter de remuer le passé un peu trop. Évidemment que cet accident était triste, désastreux même pour ma nièce, mais ce qui était fait était déjà dans le passé. Comme pour conclure le tout, je dis à Jayan: « C’est une bonne idée. » Je marquai une pause, cherchant un peu mes mots. Parce que mine de rien, j’étais encore inquiète. Peut-être trop pour rien ? Non, je ne pensais pas .Jayan était la seule famille qui me restait. C’était normal, à mon avis, de m’en faire pour lui, et de le lui dire. Voilà pourquoi je finis par ajouter: « Par contre, je refuse que tu te tues à la tâche pour ça… D’accord ? » Parce que j’imaginais déjà mon aîné, à passer ses journées ici, puis ses soirées à l’hôpital, et finalement la nuit, à faire des pieds et des mains pour rendre tout le monde heureux et ça, ce n’était pas une vie. Je n’étais pas l’exemple parfait d’un bon équilibre de vie. Par contre, perdre Lexie, me questionner chaque jour pour savoir si j’aurais pu faire les choses différemment, sachant parfaitement que je n’avais pas nécessairement ralenti mon train de vie lorsque j’étais tombée enceinte. Je refusais de voir Jayan souffrir encore plus parce qu’il se dépassait pour les autres. Soupirant doucement, je finis par lui dire: « Et s’il faut que je prenne ta place ici, je le ferai. Tu me diras si je peux faire quelque chose, d’accord ? » Cela pouvait sembler étrange et certains pourraient dire que je me contredisais, mais peu importe si je pensais que Jayan en faisait trop, ça demeurait mon frère, je serais toujours là pour lui. Il me semblait que la moindre des choses étaient de lui offrir ça, même si au fond, ce n’était pas grand-chose.
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Mes autres personnalités : Nate, Jay, Cha, Ravi, Ela, James, Juan
Dans la vie, les choses qui ont le plus de valeur sont celles qui n'ont pas de prix.
Jay n'avait pas pour habitude de se plaindre, pas plus qu'il n'aimait être trop expansif inutilement. Laisser libre cours à ses sentiments était une chose, accepter ce qu'il ressentait aussi mais, accabler les autres qui ne pouvaient rien y faire ? Jamais de la vie. Ainsi, même s'il n'avait jamais retenu des larmes, de la colère ou de la peur, il n'avait jamais réellement prit le temps de parler des choses trop graves, les gardant pour lui et les gérant au mieux de son côté. Faite ce que je dis et par ce que je fais était réellement le meilleur épitaphe pour lui qui n'arrêtait pas de dire aux autres qu'il ne fallait pas se battre seul et qu'il fallait partager ses problèmes afin de les résoudre plus vite... Trop protecteur sans doute, trop habitué aussi à garder des secrets qui pourraient mettre des gens en danger comme à l'époque où son père adoptif était encore de ce monde.
Quoi qu'il en soit, connaissant assez sa sœur pour savoir qu'elle aurait tout compris sans qu'il ne pose de mots dessus, il décida d'ouvrir un peu son cœur en exprimant cette culpabilité qui le rongeait sûrement bien plus qu'elle ne l'aurait dû. Après tout, Jules avait raison, l'accident n'était pas de son fait et il avait réagit au mieux. Une chance qu'elle soit là pour le remettre dans le droit chemin et pour lui redonner un peu confiance même s'il avait le plaisir d'avoir retrouvé sa femme et sa fille en plus de son aîné. Doucement mais sûrement, sa famille revenait vers lui et c'était ce sur quoi il devait se concentrer, ce pourquoi il devait se battre aussi afin de ne plus jamais les perdre. Aider Nate donc, aider Swan aussi, réparer ses erreurs et rétablir la vérité. C'est tout ce qu'il pouvait faire et il en compter pas épargner ses efforts.
« Tu sais qu'il en faut plus pour tuer un Avery. »
Sourit-il pour la rassurer. Il n'avait jamais été un Avery de sang mais toujours d'âme et c'était une force, ça l'avait toujours été. Au delà du réseau de contact dont ils avaient hérité -bien que ce dernier ce soit amoindri avec les années, ils avaient hérité d'une grande force mentale et d'un talent d'organisation sans nul autre pareil. Ils savaient où ils allaient, avaient une volonté de fer et ils ne craignaient que peu de chose. Des gens forts. Et c'est aussi pour ça qu'il admirait autant sa cadette : elle était forte et fière, sage aussi, parfaite à ses yeux.
« Ne t'en fais pas, tu en fais déjà bien assez et être ici me change les idées. Puis, entre toi et Ravi, je sais que le Pub est entre de bonnes mains dans tous les cas. »
Affirma-t-il avec sincérité, serrant toujours tendrement sa main en guise de remerciement et de réconfort aussi. Il ne voulait pas qu'elle s'inquiète pour rien, surtout qu'elle faisait déjà énormément pour lui.
« Mais bon, parlons de choses plus joyeuses veux-tu ? » Suggéra-t-il en se redressant un peu avant de boire son thé d'une traite. « Quid de la fête d'Halloween ? Ravi m'a dit qu'il avait commandé de quoi faire des décorations d'enfer ! »
Il n'aimait pas nécessairement cette fête mais il voulait que le pub vive au fil des saisons et qu'il soit adapté aux coutumes locales. Et puis ça ne pouvait que lui faire du bien finalement non ? Se concentrer sur autre chose, travailler, oublier...
Dans la vie, les choses qui ont le plus de valeur sont celles qui n'ont pas de prix.
Oui, je le savais très bien qu’il en fallait plus que ça pour achever Jayan, d’où le fait que je lui souris doucement. Je ne vis pas l’intérêt d’ajouter quoi que ce soit, me lancer dans une série d’arguments qui ne servaient absolument à rien. Et puis, j’avais envie de croire que Jayan avait compris que s’il avait besoin de mon aide, pour faire quoi que ce soit, même si ce n’était pas au bar, il n’avait qu’à me le demander. En effet, je n’avais pas envie de l’éloigner du bar parce qu’il avait autre chose à gérer. Je refusais juste qu’il en fasse trop, parce que je savais qu’il serait bien capable de faire une chose pareille. Je le laissai donc me dire ce qu’il avait à dire, gardant sa main dans la mienne, me permettant de déposer un petit baiser sur sa joue pour terminer de le rassurer. J’attendis patiemment, le laissant changer de sujet, me disant que c’était le mieux à faire dans le cas présent. Je ris doucement, peu surprise de la part de Ravi. Évidemment qu’il avait fait une chose pareille, je n’étais pas surprise. À cela d’ailleurs, je ne pus m’empêcher d’ajouter le commentaire: « Il voulait même m’acheter un costume, j’ai dit que je me réservais un veto sur le choix ! » Je n’avais pas de complexe ou quoi que ce soit du genre, mais j’estimais que j’avais le droit d’avoir mon mot à dire sur ce que j’allais porter. De plus, la soirée d’Halloween n’était pas celle de laquelle j’avais les meilleurs souvenirs. Évidemment que j’en avais des bons, surtout quand j’étais enfant, adolescente. Mais depuis quelques années, ce n’était pas pareil. En effet, tout ce dont je me rappelais à cette date, c’était l’avoir regardée sur mon téléphone, prête à écrire à quelqu’un que je venais tout juste de perdre ma fille. Je n’y étais jamais parvenue. Donc évidemment, quand je pensais à Halloween, je pensais à elle. Mais ça, Jayan ne le savait pas. C’était pendant une période de sa vie où il l’avait eue pas mal plus difficile que moi, et je n’étais jamais parvenue, ou plutôt, je n’avais jamais trouvé le moment - ni l’envie - de lui en parler. Et ce ne serait certainement pas tout de suite que j’allais le faire, compte tenu qu’il avait suffisamment de choses tristes à gérer, et que tout ça, c’était dans le passé. C’était simplement moi qui avait probablement trop de difficulté à m’en défaire. Passant outre cette pensée, je demandai plutôt: « Est-ce qu’il va vouloir aussi qu’on tente de faire des cocktails bizarres pour l’occasion ? » Tout pour se mettre en plein dans l’ambiance, non ? Je commençais à maîtriser mes recettes, mais j’ignorais si j’étais suffisamment experte pour me lancer dans de telles concoctions… sans empoisonner quelqu’un en tout cas.
Jayan Thakur
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Il le savait bien sûr et elle aussi : il en fallait plus pour les mettre à terre et ils étaient là l'un pour l'autre quoi qu'il arrive. Il fut donc presque soulagé par le sourire de sa cadette et son silence respectueux, le lui rendant avec un regard plein d'affection et de reconnaissance. Sa simple présence avait toujours été suffisante pour le rassurer et son sourire était encore à ce jour un pansement sur son cœur à nul autre pareil. Jules avait été son rayon de soleil toute leur vie et il était heureux que les années n'aient pas réussi à les séparer, convaincu que rien ne le pourrait jamais.
« Tu as eu raison, on est jamais trop prudent avec lui ! Mais il est très tête en l'air en ce moment et étonnamment sage alors je pense qu'il n'y a pas grand-chose à craindre cette fois. »
Sourit l'Hindou avec un petit haussement d'épaules. Ravi était comme un quatrième fils à ses yeux mais il ne savait pas réellement tout ce qui se passait dans sa vie depuis quelques temps. Il avait bien sûr noté le lien avec la jolie Hongroise qui passait de temps en temps et dont Swan et Ela avaient parlé mais il n'en savait pas plus. De toute évidence, le pauvre barman était amoureux sans oser se l'admettre et Jay espérait que les traditions familiales ne soient pas trop problématique pour lui... Il allait d'ailleurs devoir avoir une conversation avec lui un de ces quatre peut-être ? Mais chaque chose en son temps.
« Tu connais sa passion pour les cocktails ! Je ne pense pas qu'il puisse résister à l'envie d'en faire de nouveau ou de revisiter les classiques pour l'occasion ! » Plaisanta-t-il en secouant doucement la tête même si c'était d'un faux désespoir. « Après, il est doué et ça plait beaucoup en général alors autant le laisser s'amuser ! » Conclut-il avec une petite grimace d'approbation. « Tu sais, il est vraiment bon dans ce qu'il fait et même dans la gestion du pub en général. Parfois, je me dis qu'il ferait une bonne relève le jour où nous voudrons partir à la retraite ou changer de voie ? »
Jayan était proche de l'âge de la retraite oui mais Jules avait encore de belles années devant elle. Il savait néanmoins qu'elle avait quitté beaucoup de choses pour le rejoindre ici dont un travail dans un tout autre domaine qui lui manquait peut-être ? Parfois, il se sentait coupable de lui avoir imposé cette vie comme il l'avait un peu fait pour toute les autres finalement : Il l'avait obligé à le suivre à Birmingham puis à Toronto avant de la pousser à venir ici avec lui... Grand frère peut-être mais pas bourreau, elle avait aussi le droit d'avoir la vie qu'elle voulait et le travail qui lui plaisait. Ils n'en avaient d'ailleurs jamais réellement parlé et les récents évènements lui avaient fait prendre conscience d'un tas de choses...
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Parler de Ravi et de son implication dans le bar semblait faire du bien à Jayan, et ça me faisait du bien à moi aussi. En fait, c’était surtout que cela me rassurait, me signifiant que je n’avais pas nécessairement à penser à cette fête qui m’attristait chaque fois. La simple blague sur mon costume avait relancé la discussion du côté de mon frère, et c’était tant mieux. Je disais blague parce qu’il était vrai que j’avais dit que je me gardais un veto, mais au fond, je lui faisais confiance et, tout le monde le savait, je n’avais pas tellement de complexes. J’avais mis ce droit de veto surtout par principe, mais plus les choses allaient, plus j’apprenais à travailler avec lui et je l’appréciais. Je commençais aussi à bien le connaître, d’où mon propos sur les cocktails. Jayan ne tarda pas à tendre dans la même direction que moi, m’arrachant un sourire avec sa réponse. J’haussai les épaules quand il dit qu’il comptait le laisser s’amuser, montrant que je ne m’y opposais pas. Pour tout dire, je m’en moquais un peu. Je n’étais pas tant l’experte. Quand on me donnait une recette, je la suivais sans problème, mais je savais que mon esprit créatif n’était pas développé de la même façon que la normale des gens. Résultat, je me tenais à suivre ce qu’on me disait de faire, cherchant à être experte dans d’autres domaines. Je repris un peu plus mon sérieux quand mon aîné vint à me partager une idée de laquelle il ne m’avait jamais fait part. Il fallait admettre que cela me laissa quelque peu… surprise. Surprise parce que depuis que je travaillais avec lui, on planifiait souvent au jour et le jour, sans penser plus d’avance qu’il le fallait pour que les choses tournent rondement. Après, peut-être c’était moi qui étais irrationnelle, parce que j’oubliais que j’avais presque dix ans de différence avec mon aîné, qu’il allait vouloir prendre sa retraite bien avant moi et que sur certaines choses, notre réalité n’était pas la même. Par exemple, ses enfants étaient des adultes et moi… Je me demandais encore parfois si je pourrais en mettre un au monde. Par conséquent, je n’y avais jamais vraiment songé, donc il me fallut une seconde pour y penser, mais je refusai d’en prendre trop. Secouant la tête, je répondis: « Je crois que oui. Il serait le candidat parfait. » J’aurais pu rétorquer que moi, je pourrais rester encore un petit moment, mais je savais qu’il ne s’agissait pas de moi. J’ajoutai ensuite: « Enfin, tu crois que c’est ce qu’il voudrait ? » Nous le savions tous les deux désormais, tenir un bar, ce n’était pas rien. Après, la décision finale reviendrait à eux, pas à moi. « Tu penses à tes vieux jours de temps en temps ? » Je ne pouvais pas m’empêcher de lui poser la question. Bon, l’utilisation du mot « vieux » était peut-être un peu exagéré, et surtout destiné à le taquiner, mais ma question, elle, elle était sérieuse. Loin de moi l’idée de me taper l’incruste dans sa vie, mais j’avais quand même le droit de lui demander par curiosité, n’est-ce pas ?
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De par ses diverses expériences professionnelles et son parcours de vie, Jayan avait apprit à avoir toujours au moins un coup d'avance. Planifier les choses, anticiper toutes les possibilités, prendre le chemin le plus sûr mais être prêt à bifurquer au besoin. La preuve, il avait prévu la sécurité de sa famille avant même d'atterrir au Canada, anticipant un possible retour de sa némésis, conscient que les dangers ne seraient jamais loin malgré ses efforts. Il profitait néanmoins de la vie au jour le jour et ça ne l'empêchait pas non plus d'être optimiste mais il était prévoyant, toujours.
Ainsi, il avait prévu la suite depuis longtemps. Les suites même, tous les chemins possibles pour mettre sa famille à l'abris du besoin sans qu'ils n'aient à travailler de trop. Avait-il déjà préparé les papiers pour léguer sa part à Ravi ? Non, pas encore même si l'envie l'avait chatouillé. Hors il ne voulait pas prendre cette décision sans sa cadette qui pouvait aussi souhaiter récupérer l'ensemble du bar quand lui aura besoin de réellement prendre un peu de recul. Retraite ? C'était sûrement un bien grand mot, il n'était pas si vieux après tout et encore bien assez en forme pour tenir la cadence... Mais il avait perdu plus de dix ans de sa vie et voulait simplement profiter un peu plus de sa famille, se mettre en vacances à durée indéterminée pour pouvoir passer du temps avec eux.
« Ne va surtout pas lui dire, il ne passerait plus les portes ! »
S'amusa le patron en secouant doucement la tête, imaginant facilement Ravi faire le petit paon face à un tel compliment. Hors il savait que le jeune homme serait parfait dans le rôle puisqu'il le tenait déjà plus ou moins, sérieux et serviable, un atout indéniable pour le pub et pour les deux gérants qui pouvaient lui faire une confiance aveugle.
« Je ne sais pas, nous n'en avons jamais réellement discuté mais il fais déjà la plupart des choses que nous faisons et il a beaucoup de bonnes idées. Sans compter que c'est un travailleur acharné qui ne se laissera pas porter par son succès malgré les apparences. »
Ajouta-t-il, de nouveau plus sérieux malgré un sourire tendre toujours plaqué sur ses lèvres. Ravi était comme un autre fils pour lui, un petit protégé qui l'avait aussi grandement aidé malgré lui à traverser tout ça. Il lui faisait confiance pour son pub, pour sa fille et, en fait, il lui confierait même sa vie sans la moindre hésitation.
« Pas vraiment, je pense surtout que j'ai passé plus de dix ans loin de mes enfants et d'Esme, peut-être qu'il est temps que je lève le pied pour profiter d'eux en tentant de rattraper un peu le temps perdu ? »
Expliqua-t-il avec une certaine nostalgie, presque comme s'il posait la question. En réalité, c'était un coup qu'il n'avait pas réellement prévu, ne sachant pas trop où ses droits s'arrêtaient dans cette nouvelle vie encore incertaine. Il savait juste qu'il voulait profiter, qu'il ne voulait plus les perdre, qu'il voulait vivre...
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Je faisais confiance à Jayan plus qu’à quiconque dans ce monde. Je me sentais en sécurité avec lui, je sentais que je pouvais lui parler de tout et n’importe quoi. Autant nous pouvions plaisanter après avoir parlé de sujet plus sérieux, puis finalement, discuter de l’avenir. Là, c’était à propos d’un avenir que je n’avais pas vraiment envisagé. Après tout ce qui s’était passé précédemment, pour moi, mais aussi pour mon aîné, ce serait bien, surtout pour lui, d’avoir du temps un peu plus tranquille, avec moins de soucis, avec les gens qu’il aime. Parce que je savais bien que je n’étais pas la seule, il avait une femme, des enfants, que j’adorais beaucoup aussi, même si les circonstances avaient fait en sorte qu’il avait été difficile de les voir, d’avoir une vie normale avant aujourd’hui. Mais là, maintenant que les choses étaient un peu plus stables, je pouvais comprendre qu’il pensait passer plus de temps avec eux. Même que pour tout dire, cela me ravit de l’entendre m’en parler, à un tel point que je ne pus m’empêcher de sourire doucement quand il me demanda mon avis, comme quoi il devait passer plus de temps avec sa famille, faute d’avoir pu le faire pendant toutes ces années. Et quand il sembla vouloir mon avis, approbation, qu’importe, je répondis sans trop hésiter: « Il est plus que temps même. » Peut-être étais-je un peu trop enthousiaste dans ma réponse ? Ça se pouvait, mais je m’en moquais. Cela faisait du bien de finalement le vouloir prendre un peu de recul, ne plus se noyer dans son travail. Le bar allait bien, comme nous venions de parler, nous avions même de la relève. Et puis, j’étais là. Je n’avais pas une famille, je n’avais pas d’attaches, peu de gens à m’occuper. Je pouvais prendre plus d’heures. C’était vrai plus tôt, c’était aussi vrai même si l’état n’était pas à l’urgence. D’ailleurs, je ne crus pas que c’était me répéter de lui dire: « Et tu sais, rien ne t’empêche de prendre du temps pour eux aussi dès maintenant. Ravi est là, et moi aussi, je suis là. » Je finis mon propos avec un petit sourire en coin, décidant de ne pas aller plus loin, déblatérer sur le fait que je n’avais pas tant autre chose à faire de ma vie, de personnes vers qui aller quand je terminais mon service, quand je rentrais chez moi. J’attendis, curieuse de voir ce qu’il allait faire. Je connaissais mon frère et je savais qu’il n’allait pas lever le pied comme ça, aussi facilement, mais peut-être que finalement, cet accident serait pour lui un signal qu’il était maintenant temps de se consacrer un peu plus à sa famille retrouvée ?
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Dans la vie, les choses qui ont le plus de valeur sont celles qui n'ont pas de prix.
Oui, Jayan pouvait être très cliché et il l'était concernant le travail, ayant toujours eu un peu de mal à travailler pour vivre au lieu de vivre pour travailler. Jadis, sa soif de revanche avait été son excuse, puis ça avait été sa volonté de s'intégrer dans un nouveau monde où il devait refaire tout son réseau et, à son arrivée ici, ça avait été pour oublier sa peine... Mais qu'elle excuse avait-il à présent ? N'était-il pas temps qu'il range sa programmation génétique de côté pour profiter du mode de vie du nouveau monde ? Prendre des weekends, passer du temps avec sa famille, se coucher tôt, dormir... Tant de choses qu'il n'avait plus fait depuis des années finalement, tant de choses qu'il ne pouvait plus mettre de côté car il ne pouvait pas risquer de perdre cette chance merveilleuse.
Seulement il ne voulait pas que ce soudain zèle pèse sur sa cadette à qui il devait tout. Il ne voulait pas qu'elle souffre de son nouveau choix de vie comme elle avait déjà souffert de tous les précédents, il ne voulait pas qu'elle s'oublie pour lui, pas encore. Il lui semblait donc parfaitement logique de proposer Ravi pour la relève, un jeune homme en qui ils pouvaient avoir confiance et qui travaillait déjà bien plus que son poste ne l'exigeait. Il savait tout comme elle que le fils Kapoor était un atout et qu'il pouvait les décharger tout en étant parfaitement méritant de cette montée de grade pour laquelle il avait également travaillé d'arrache pied depuis son arrivée chez eux.
« Je sais je sais, je suis toujours long à la détente. »
S'amusa-t-il face à la réponse de la jeune femme. Plus que temps oui, il ne pouvait clairement pas aller à l'encontre de cette affirmation qui était bien trop vraie. Il y a bien longtemps qu'il aurait dû reprendre les choses en main, sortir de l'ombre pour être réellement là pour le reste de sa famille et ce malgré l'interdiction formelle d'Esme à l'époque. Il aurait dû se battre au lieu d'être docile... Mais que pouvait-il faire de plus à présent ? Quoi d'autre que de prendre le temps pour tenter de regagner un peu tout celui qu'il avait si bêtement perdu ?
« C'est vrai oui mais je ne veux pas que tu te sacrifies encore pour moi. Je sais qu'avoir un pub n'était pas ton rêve et que tu as dû tout quitter pour venir ici. » Dit-il, avec un petit sourire triste mais plein de reconnaissance. « Et puis, tu fais aussi partie de ma famille alors j'aimerai aussi pouvoir passer plus de temps avec toi dans un autre cadre. Tu leur as manqué aussi tu sais. »
Ajouta-t-il, toujours avec ce même sourire tendre, cette fois un peu moins triste. Rosie était proche de ses enfants jadis, proche d'Esme aussi, elle méritait comme lui de regagner sa place dans cette famille, de reprendre les bonnes habitudes de l'époque, de vivre. En fait, elle le méritait même encore plus que lui finalement car elle n'avait jamais rien fait pour les détruire, au contraire même... Alors il fallait aussi qu'elle lève le pied, qu'elle profite de l'argent qu'ils avaient car, finalement, le pub était plus une passion qu'une réelle nécessité.
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Jayan avait raison. Avoir un pub n’était pas mon plan. Pour tout dire, je n’avais jamais songé qu’un jour, je pourrais faire une chose pareille. Par contre, au vu de la vie que je menais, j’avais compris bien rapidement que je ne pourrais jamais avoir quelque chose de complètement planifié, facile à gérer à long terme. Ç’avait commencé par ce que je voulais faire plus tard. J’avais finalement su bien m’en sortir, mais c’était quand même peu lié à ce que je voulais faire lorsque j’étais sortie du lycée. Puis, il avait eu cette grossesse, totalement imprévue, et cette perte, totalement imprévue aussi. Bref, il n’y avait rien qui tenait dans ma vie. Limite, ce bar était la chose la plus durable que j’avais eue. Je m’y étais attachée, et la vie qui venait avec ne me déplaisait pas. Je rencontrais des gens, je me sentais malgré tout en sécurité dans ces lieux et en ce moment, je me disais que ce n’était pas trop demandé. Par contre, il avait tort dans le fait que j’allais me sacrifier pour lui. Dans ma tête, ce n’était pas un sacrifice. Venir retrouver mon frère ici pour l’aider avec ce bar, c’était exactement ce dont j’avais besoin. L’opportunité était arrivée au bon moment, je n’aurais pas pu demander mieux. Est-ce que je voulais vraiment argumenter sur le sujet ? Non. Parce que je n’avais pas envie de provoquer une dispute quelconque. Et puis, comment pourrais-je m’opposer à mon aîné alors qu’il finit par des propos qui, je ne pouvais le nier, venaient me toucher ? Je savais que nous étions de la même famille. Rien ni personne ne pourrait changer ça. Je souris doucement au commentaire de mon frère, et ce fut qu’après que je repris la parole, et je dis: « Merci. » Merci pour quoi ? Pour me donner l’occasion d’avoir un semblant de famille. D’être ma famille, tout simplement. « Ça va aller, ne t’en fais pas pour moi. Je sais que ce n’était pas ce que j’avais prévu de faire, mais au final, c’était exactement ce dont j’avais besoin. » Avoir un endroit stable, être avec mon frère, faire partie de quelque chose de bien. Voilà ce que je voulais dire par là. Je n’entrai pas dans les détails, histoire de ne pas devenir trop émotionnelle, trop triste, parce que je savais que Jayan n’avait pas besoin de ça. L’ambiance redevenait plus détendue, et il avait beaucoup de choses en tête en ce moment.
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Jayan ignorait beaucoup de chose concernant la vie de sa sœur, toutes les années qu'il avait passé seul en Angleterre à traquer sa nemesis notamment. Des détails importants qu'il n'avait pourtant jamais osé évoquer par respect et par pudeur. Tout ce qui comptait étant qu'elle soit en bonne santé et heureuse. Un bonheur qui pouvait être fictif, il le savait car il connaissait sa cadette comme le dos de sa main mais, là encore, par respect, Jay faisait mine de rien, suivant le courant mais restant prêt à tout. Car il était prêt à tout pour elle, absolument tout.
Elle qui faisait partie de sa famille depuis l'origine, elle qui n'avait pas le même sang mais qui partageait bien plus avec lui, elle qui n'avait jamais douté et qui avait toujours tout sacrifié pour lui. Alors bien sûr qu'il voulait passer du temps avec elle, bien sûr qu'il voulait qu'elle soit heureuse même si ça voulait dire confier le pub à Ravi pour de bon. Ravi en qui ils pouvaient avoir une confiance absolue et qui ferait honneur au pub, Jay n'avait pas le moindre doute sur le sujet.
« Merci ? » La taquina-t-il, exagérément surprit par sa réponse. « C'est plutôt moi qui devrais te remercier. »
Ajouta-t-il, plus sérieux et parfaitement sincère malgré un sourire toujours plaqué sur ses lèvres. De ça, il en était conscient, conscient de devoir la remercier pour trop de choses, conscient de lui devoir bien plus qu'il ne pourrait jamais l'exprimer et encore moins lui rendre.
« Je ne m'en fais pas, tu es un vrai chat qui retombe toujours sur ses pattes mais ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas que je fasse de mon mieux pour être un bon grand-frère. Je vous ai tous négligé pendant trop longtemps. »
Admit-il, conscient aussi qu'il avait délaissé sa sœur au même titre que le reste de sa famille. Pas réellement par choix mais il n'empêche qu'ils avaient tous beaucoup de choses à rattraper et qu'il allait lui falloir du temps pour pouvoir prétendre "s'être rattrapé". Car ce ne serait jamais le cas, tout ce qu'il pouvait faire étant de faire de son mieux et il allait tenir cette promesse.
« Et tu sais que je suis là si tu as besoin de quoi que ce soit d'autre. »
Affirma-t-il, lui lançant un sourire complice et un regard plein de malice. Il aurait voulu lui demander ce qu'il pouvait faire, creuser un peu, comprendre cette tristesse qu'il pouvait apercevoir au fond de ses yeux parfois... Lui dirait-elle un jour ? Pourrait-il survivre à un autre chose ? Aucune idée mais, pour elle, rien n'avait d'importance et il était prêt à tout, toujours.
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Je ne fis que secouer la tête quand Jayan dit que c’était lui qui devait me remercier et pas le contraire. Je tenais à ce que j’avais dit et je n’allais pas revenir sur mes propos. Je savais qu’il était têtu, je l’étais aussi. Par conséquent, nous pourrions très bien continuer ce manège pendant un moment. Enfin, pas éternellement, pas de façon clichée, parce que nous étions tous les deux des adultes relativement matures, mais je me disais que ça ne valait même pas le coup d’essayer. Un petit sourire après mon geste et pour moi, c’était clos pour ce sujet. Ce fut suite à cela que je dis à Jayan qu’il n’avait pas à s’en faire pour moi, consciente qu’il avait d’autres priorités. Mais apparemment, je faisais partie de ces priorités. Évidemment que ça me touchait, évidemment que je n’allais pas m’y opposer, mais s’il préférait passer du temps avec sa femme, ses enfants, c’était parfaitement normal et plus qu’acceptable. Moi, j’avais vécu avec toutes ces histoires depuis longtemps. Je savais dans quoi nous étions embarqués, lui et moi, depuis l’enfance. Pas nécessairement clairement dans un premier temps, mais je me sentais moins une victime, comme si cela faisait partie de ma vie. Évidemment, j’étais contente que tout soit potentiellement derrière nous en ce moment, avoir une vie plus tranquille, profiter de la présence de mon aîné, mais ce dernier avait d’autres personnes, et c’était tout à fait normal. Et puis, comme il vint à réitérer, je savais que je pourrais toujours compter sur lui. Malgré tout, je trouvais cela tout à fait adorable qu’il vienne me le rappeler, si bien que je souris à nouveau, puis je me rendis à sa hauteur pour déposer un petit baiser sur sa joue, avant de lui répondre: « Je sais, et c’est une des raisons pour lesquelles je t’aime, frérot. » Je ne mentais pas et je ne tentais pas d’embellir la réalité; Jayan avait le coeur sur la main, prêt à toujours aider. Bien sûr, je n’allais pas en abuser, mais ça faisait toujours du bien, savoir qu’une personne était là pour nous au besoin. J’avais de la chance malgré toutes les péripéties qu’il y avait eu dans ma vie; j’avais toujours eu mon frère pour ça. Soupirant discrètement, ce fut comme si je revenais tranquillement à la réalité. Cette réalité selon laquelle nous étions là, dans le pub, tous les deux, à tout faire, sauf ce que nous devions faire. Comme bien souvent, je le réalisais. Toute seule, je ris doucement, et je dis: « Nous ne sommes vraiment pas doués pour faire ça de façon efficace. » Est-ce que je m’en plaignais ? Non, pas vraiment. J’allais me plaindre davantage quand nous allions finalement décider à nous y mettre. Si je m’écoutais, ce ne serait pas maintenant. Mais je ne dirais pas que je voudrais rentrer chez moi. Je ne voulais pas que ce moment avec Jayan se finisse maintenant.
Jayan Thakur
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Ils s'aimaient, il n'y avait pas le moindre doute là dessus et certains juraient même qu'ils se ressemblaient en fait bien plus qu'ils n'en avaient l'air. Même charisme, même sourire, même intelligence... Le sang n'avait réellement rien à faire là dedans et leur lien était plus fort que jamais.
« C'est vrai oui... Heureusement que je connais bien la patronne. »
Plaisanta-t-il dans un clin d'œil avant de se remettre enfin au travail, le cœur un peu plus léger d'avoir eu cette conversation. Ses problèmes n'étaient néanmoins pas effacé pour autant mais il savait sa sœur avec lui et il avait eu l'occasion de partager son émoi.
Même s'il ne lui disait jamais assez, Jay adorait sa cadette et il ignorait ce qu'il ferait sans elle. Quoi qu'il soit arrivé, quelle que soient les épreuves, elle avait toujours été là pour lui, elle avait eu confiance en lui et elle ne s'était jamais plainte. Il espérait vraiment pouvoir lui rendre tout ça un jour, persuadé de ne pas être à la hauteur, comme souvent.
« Bien, je crois que c'est terminé. » Soupira-t-il alors qu'ils avaient finit par achever leur tâche entre deux paroles et quelques piques. « Ravi ne devrait pas tarder, je lui ai demandé de me remplacer pour pouvoir aller m'occuper de Swan. Tu veux manger à la maison ce soir après le service ? »
Non pas qu'être seul avec Swan l'inquiète mais il savait qu'elle aimait sa tante et que la situation nécessitait sûrement un regard plus féminin que le sien. Sans compter qu'il avait manqué beaucoup d'épisodes de la vie de sa fille et que l'idée de ne plus être un bon père le terrifiait assez...
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