Que puis-je faire pour toi?| Feat Johanna

" Que puis-je faire pour toi ? "

Johanna était la mieux placée pour savoir ce qu'était la vie sans parents prêts à tout faire pour leurs enfants. Elle ne connaissait pas encore très bien Jamilah. Elle ne savait pas non plus si ses parents n'avaient pas été là pour elle, mais dans tous les cas Jo' savait ce que cela faisait. Elle y repensait régulièrement. Comme en ce jour. Oh elle n'avait jamais vraiment manqué de rien, à part de l'amour profond et pur de parents. Elle aurait tellement voulu avoir une relation fusionnelle avec son père adoptif et une relation mère/fille comme il se doit avec sa mère adoptive. Elle ne regrettait pas beaucoup de choses dans sa vie, mais ça elle le regrettait. C'est surtout pour cela qu'elle y repensait. Les regrets ne partent jamais vraiment. Ils sont toujours tapi là, dans l'ombre des autres sentiments pourtant si importants eux aussi. L'amour, l'amitié, la peur parfois, mais surtout la reconnaissance. La reconnaissance de faire partie de la vie de ses proches, de son fiancé, de sa famille qu'elle s'était créée. Loin de Londres.

Les enfants malheureux sont malheureusement plus présents que ce que l'on croit dans notre entourage. Notre petite cousine, notre cousin, notre filleul aussi. Mais on ne le remarque pas toujours. Jamais assez d'ailleurs. On prend les paroles des plus jeunes comme des paroles sans grand intérêt, alors qu'il faudrait les écouter. Leur dire que tout va bien. Qu'il ne faut pas s'inquiéter. Que la lumière arrive toujours au bout du tunnel. Ils peuvent avoir des paroles un peu choquante, parfois. On se dit : « Oh, c'est la jeunesse, ils ne vont rien faire de ce type. ». Alors qu'ils en sont terriblement capables. Par exemple : une jeune fille de douze ans va dire à sa maman qu'elle a envie d'aller en boîte de nuit. Elle va lui dire qu'elle veut se maquiller. Et bien la maman ne va pas savoir comment réagir et le prendre à la rigolade. C'est en tout cas ce que pensent la plupart des gens que Johanna connaissait. Elle connaissait également beaucoup de parents comme ça. Et si elle a commencé à savoir que les enfants pouvaient dire ce genre de choses c'est parce qu'un parent lui en a parlé il y a quelques années, alors qu'elle faisait une enquête pendant ses études. Elle a eut peur, mais s'est promis de ne pas laisser passer ce genre de signes. Signes qu'ils grandissent parfois un peu trop vite et qu'il faut faire attention. Même si elle ne côtoie que les élèves de l'élémentaire, les autres ne seront pas malheureux bien longtemps à partir du moment où elle s'en rendra compte. Ou du moins elle l'espère.

Peut être que Jamilah a été une enfant comme cela, mais Johanna n'en avait que faire. Dans le sens où elle ne voulait pas faire ressurgir les blessures du passé à une jeune femme comme elle. La brune savait que la plus jeune des deux avait eut un passé compliqué. Elle ne savait juste pas tous les détails. Et d'ailleurs je suis certaine qu'elle ne se doute pas de grand chose. Elle lui envoya alors un message pour lui parler avant le départ d'un bus pour la plus grande bibliothèque de la ville, à l'autre bout de celle-ci. Les enfants s'installeront dans une pièce et deux jeunes femmes que Johanna connaissait bien leur liront des histoires.

La directrice sursauta quand quelqu'un entra dans son bureau. Elle rangeait ses affaires pour la journée et se préparait à partir. « Mlle Novacs. Bonjour. ». Elle ne la vouvoyait pas, mais elle aimait l'appeler ainsi. Ça lui donnait un peu de prestance en plus. Elle souriait légèrement, plus amusée qu'agacée par l'attitude de la jeune femme. « Je me préparais à aller à la bibliothèque avec des élèves d'une jeune classe. Le parent qui devait venir avec moi est tombé malade. L'enfant aussi. Du coup je n'ai plus personne. Ça te dit ? ». Lui demanda-t-elle. En réalité elle savait que cela ferait plaisir aux enfants. Un cœur chaleureux dans cet air froid. En espérant que Jamilah accepte.

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