I'll be strong for you - Cole Cooper

Pas la moindre réponse à mes messages, pas le moindre signe de vie, pas un mot. Que s'était-il passé au juste ? Aucune idée, Swan avait disparut sans une seule explication, me poussant à appeler tous les hôpitaux alentours avant de me décider à envoyer un message à la seule personne qui aurait pu savoir où elle était : Ravi. Ravi qui brilla par son silence heureusement rattrapé par un rapide message d'Ela quelques temps plus tard. La pauvre avait dû avoir de la peine pour moi ? Avait-elle vu les appels en absences sur le portable de Swan bien que je me sois retenu ? Avait-elle vu le message sobre sur le portable de son frère demandant s'il savait où elle était ? Impossible de le savoir mais elle me confirma que tout allait bien et que je ne devais pas m'inquiéter. Plus facile à dire qu'à faire car Swan ne serait pas ainsi partie sans une excellente raison et encore moins sans m'en informer...

À part, bien sûr, si c'était de ma faute. Faute que je ne pouvais expliquer car je n'avais pas l'impression d'avoir fauté et nous avions même commencé à envisager de prendre un appartement pour nous malgré sa situation familiale actuelle complexe. À moins que ce ne soit sa famille ? Quelque chose qu'elle ne pouvait pas me dire ou ne voulait pas me dire pour ne pas m'inquiéter ? Non... Ou peut-être que si ? Mais pourquoi son silence ? Je rongeais mon frein, hanté par mille cauchemars dont je ne pouvais me réveiller tant qu'elle restait ainsi muette et loin de moi mais tant pis, si elle avait besoin de temps alors je me devais de la libérer. Après tout, j'avais su dès le départ qu'elle était trop bien pour moi et que nous étions voués à l'échec non ? Les choses s'étaient juste passées plus vite et plus brutalement que prévu et moi, je n'allais pas survivre, comme prévu.

Malheureusement, quel que soit mon plan pour l'avenir, il fallait que je tienne bon encore quelques jours pour honorer ma parole. Une parole qui me coûtait très cher alors que je rangeais mon portable dans mon sac, prêt à quitter l'appartement pour passer prendre Cole chez Charlotte. Comme ce weekend aurait pu être sympathique si les choses avaient été différentes ! Cole et Swan se seraient sûrement bien entendu et le jeune homme aurait pu être heureux de récolter quelques conseils auprès d'une femme non ? Nous aurions presque été comme une petite famille passant un agréable moment dans l'endroit le plus romantique du monde sans nous prendre la tête et en profitant simplement du moment présent. Quel mauvaise blague du destin... Mais je n'avais qu'une parole alors je n'allais pas abandonné le jeune homme sur une si belle promesse.

Attrapant mon sac et mon courage, je prenais donc la direction de la pâtisserie où je comptais bien m'arrêter pour prendre de quoi grignoter pour la route. J'avais attendu jusqu'au dernier moment dans l'espoir de voir Swan débarquer, arrivant ainsi un peu en retard chez Charlotte ce qui n'était pas dans mes habitudes. Les traits tirés par la fatigue et le teint légèrement plus pâle qu'à mon habitude, j'entrais tout de même avec un grand sourire, espérant sincèrement paraître crédible afin d'offrir à Cole le meilleur weekend possible. Surtout que, je l'ignorais encore, mais lui aussi avait grandement besoin de se changer les idées... À croire que nous étions réellement frères dans une autre vie tant nos parcours sont proches !

« Hey Nate ! »

Me lança la jeune pâtissière avec enthousiasme. Coincée derrière le comptoir pour servir des clients, elle ne manqua néanmoins pas de me faire un grand signe de la main auquel je répondis avec le plus d'enthousiasme possible bien que son niveau soit constamment inimitable.

« Salut ! Désolé je suis en retard... »

M'excusais-je, me faufilant jusqu'à la caisse en espérant ne pas offusquer les clients.

« Ne t'en fais pas, il est en haut tu peux monter ! Vous avez un sac avec de quoi manger sur la table de la cuisine, ne l'oubliez pas en partant !  » Sourit-elle en indiquant les escaliers d'un signe de la tête. Ils étaient dans l'arrière boutique, derrière le comptoir et je le savais très bien. « Bien sûr, pas de chocolat pour toi mais j'ai quand même mis un petit paquet à part pour Cole car je sais qu'il aime bien. »

L'homme qui n'aimait pas le chocolat... Si seulement c'était mon seul défaut ! Enfin, mes amis appréciaient beaucoup ça chez moi en général car ça voulait dire plus pour eux. Sans compter que j'aimais quand même le cuisiner donc c'était "tout bénef" comme ils disaient. Malheureusement, être bon cuisinier et être capable d'offrir sa part de chocolat n'était pas suffisant pour garder une femme... Pas une femme comme Swan en tous cas ce que j'avais su dès le début et que j'avais tenté d'ignorer comme un immense débile que je suis... Et dire que Cole est venu me demander conseil à moi ! S'il savait !

« Tu es parfaite ! Merci beaucoup. »

Souriais-je, passant maintenant derrière le comptoir où je ne pu échapper à un rapide câlin de bienvenue de la part de la petite brune. Le contact me fit du bien, son aura étant étrangement rassurant alors que tout mon corps me semblait mort. Charlotte s'amusait souvent à dire qu'elle était une sorcière mais la sensation que j'avais ressenti à ce moment précis ne put que le confirmer. Enfin, je ne croyais pas aux sorcière mais elle avait de toute évidence un magnétisme puissant et quelques bons dons de clairvoyance, chose que la suite me confirma.

« Ça va aller. » Promit-elle car c'était loin d'être une question et la main qui tenait mon avant bras ajoutait à la puissance de ses paroles. « Fais juste attention avec la voiture quand vous allez revenir mais ce n'est rien. »

Elle souriait malgré la gravité de ses paroles, rassurante et bienveillante comme à son habitude. De sa main émanait une chaleur incroyable qui traversait tout mon corps, adoucissant mon sourire et apaisant un peu mon coeur. Ce n'est rien ? Un simple nuage dans notre relation ? Un malentendu ? Pourrions nous revenir en arrière ? Je ne voulais pas m'emporter mais mon coeur le faisait pour moi et ce regain d'énergie me fit un bien fou.

« Promis. » Affirmais-je avec un signe de la tête. « Merci. »

C'était sincère et elle en fut visiblement convaincu puisqu'elle me libéra sans perdre son sourire. Je gagnais ensuite l'arrière boutique pour monter à l'étage où se trouvait son appartement et où mon jeune ami devait m'attendre avec impatience.

« Cole ? » Demandais-je après avoir frappé à la porte qui, comme toujours quand Charlotte était en bas, n'était pas verrouillée. J'entrais prudemment pour ne pas le surprendre. « Vraiment désolé, je ne suis pas en avance ! »

M'excusais-je une fois dedans et une fois qu'il fut en vue. Sourire, avoir l'air normal pour ne pas gâcher son weekend. Plus facile à dire qu'à faire mais, en bon grand frère de substitution, je ne comptais pas faillir à mon devoir. Puis ça ne pouvait pas me faire de mal n'est ce pas ?

Je  vais mal, très mal, pas bien du tout, si mal que je ne sortis plus de ma chambre. Je broyai du noir, passant une grande partie de mon temps à regarder encore et encore des photos de nous. June était partie, loin de moi, en Europe, son père avait trouvé un meilleur emploi. Ne croyant pas aux relations à longue distance, elle avait rompu. Je n’avais pas eu besoin de le dire pour que mon père, Charlotte et surtout Nathan comprennent ce qui se passe. Mon ami  lui aussi n'était pas au meilleur dans sa relation amoureuse, même s’il ne m’a rien dit de ce qu’il se passe. Je sais juste qu’il m’a proposé d’aller en week-end rien que lui et moi, histoire de se changer les idées.

 
 
 
 
Je sais que dans même pas dix minutes, on serait dans la voiture en route vers Niagara Lake. J'ai les yeux un peu rougit pour avoir eu quelques larmes qui ont coulait le long de mes joues. Je m’approche vers lui en attrapant le sac de provisions. Le
précédant dans les escaliers, avant que je ne change d’avis.

Sans grande surprise, la mine de mon ami n'était pas plus radieuse que la mienne et nous ressemblions tous deux à des zombies obligés de sortir pour se nourrir. Un drôle de tableau qui me fit légèrement sourire malgré la tristesse de la situation. Nous étions similaires sur bien des points, trop pour le coup, j'aurais vraiment voulu qu'il soit heureux en amour et dans sa vie, après toutes ces épreuves ça aurait été la moindre des choses pour lui. Mais nous ne pouvions rien faire de plus que de continuer à avancer ensemble, faire semblant ensemble d'aller bien dans l'espoir de finir par se convaincre. Après tout, l'espoir fait vivre non ?

« Oh si, au contraire ! Je pense que ça nous fera du bien. »

Affirmais-je alors que Cole prenait déjà la direction de la sortie comme dans l'espoir de faire vite pour ne pas changer d'avis. J'avais fait la même ce matin à vrai dire, fonçant tête baissée pour ne pas changer d'avis et pour ne plus attendre Swan qui n'allait de toute évidence pas nous rejoindre... Courir pour ne pas faire demi-tour, mettre des oeillères pour ne pas détourner notre attention, continuer d'avancer malgré la douleur et l'envie de simplement s'effondrer. Si seulement c'était aussi simple ! Mais ça demandait un effort considérable que j'étais heureux de faire pour lui, il méritait qu'on l'aide et je devais donc me battre pour ça, pour notre amitié.

« Tu as envie de t'arrêter quelque part en route ? » Proposais-je une fois dans la voiture après avoir dit au revoir à Charlotte. « La ville de Kingston est sympa est c'est pratiquement à mi-chemin, on pourrait s'y arrêter pour manger ? » Ajoutais-je sans avoir réellement de plan pour cette journée que nous allions de toutes façon passer dans la voiture. « J'ai pris l'hôtel à Toronto de toute façon, c'est à côté des chutes et il y a pas mal de choses à voir. »

Expliquais-je avec un sourire qui se voulait rassurant en enthousiaste même si mes traits tirés par la fatigue et la tristesse le rendait peu crédible. Je nous avais trouvé un bed and breakfast agréable un peu hors de la ville sur le chemin des chutes. Un endroit calme mais assez proche de nos deux points de chutes du weekend pour que nous puissions tout faire sans nous prendre la tête. Il ne me restait plus qu'à espérer que le plan lui convienne en sachant que je ne l'avais pas consulté en amont et en sachant surtout que je n'étais pas un génie de l'organisation... Mais ça semblait plutôt bien sur le papier, croisons les doigts !

Il  était motivé, ce qui n’est pas mon cas, j’ai envie d’être tout seulet broyé du noir. Mais mon ami voulait qu’on aille mieux, je sais que dans sa vie ce n’est pas le top. En général passer quelques jours avec lui ne dérange pas, mais je ne suis pas des meilleurs compagnies je ne  comprends pas qu’il veuille passer du temps avec moi.
 
 
 
 
 
 
 

Malgré les apparences, être là et sourire me coûtait énormément, surtout en sachant que Swan aurait pu être avec nous, que ce séjour aurait pu être un savant mélange d'amitié et de romantisme, une chance pour nous trois de repartir un peu à zéro loin de tous nos problèmes. Une chance pour Swan et moi de nous retrouver tout en apprenant à mieux connaître Cole et tout en l'aidant à aller mieux lui aussi. Une chance de se couper un peu de notre monde pour découvrir d'autres choses, pour s'amuser dans un autre cadre. C'était sûrement trop demandé de toute façon, j'ignore ce que j'avais pu faire au bon Dieu mais, de toute évidence, je ne méritais pas ce genre de bonheur ou, du moins, je ne le méritais plus. Ce qui ne m'empêchait pas de maintenir l'illusion en tentant de paraître parfaitement enthousiaste et heureux, espérant ainsi influencer mon ami en ce sens même si tous mes efforts semblaient vain en vue de son attitude. Ce n'était pas gagné et ça ne me rassurait pas le moins du monde en sachant à quel point j'étais handicapé avec les sentiments et le côté social des relations humaines... Quelle idée de bouse de se lancer là dedans !

« C'est vrai, surtout que Toronto est une super ville, je suis sûr que tu vas adorer ! »

Répondis-je donc avec tous l'entrain dont j'étais capable malgré mon coeur meurtri et mon cerveau en bouillie. Comme j'aurais préféré passer ce weekend au fond de mon lit à me gaver de bonbons devant des jeux vidéos violents pour défouler ma peine et ma frustration ! Mais non, il fallait que j'aide Cole, je me devais de l'aider et je ne pouvais pas me permettre de baisser les bras, et encore moins en le voyant dans cet état. Sourire donc, agir comme si tout allait bien et comme si tout était sous contrôle... Plus facile à dire qu'à faire et le silence qui suivi en fut une belle preuve. Des heures de route à écouter de la musique sans vraiment l'écouter et à regarder le paysage dans l'espoir qu'un miracle arrive... Deux boulets ensemble, il n'y en avait vraiment pas un pour sauver l'autre jusqu'à ce que le jeune homme se décide à briser un peu la glace. Béni soit-il !

« Coupable. » Admis-je avec un demi sourire et un petit haussement d'épaule faussement innocent. « Je voulais aussi te laisser une occasion de décider un peu des choses, surtout maintenant que tu sais faire quelques recherches sur le téléphone ! Tu pourrais regarder les choses à faire à Toronto ? Il nous reste un bon paquet d'heures de route alors tu as le temps de farfouiller sur le web ! »

Annonçais-je, toujours avec enthousiasme et, cette fois, vraiment sincère. J'avais pensé à lui demandé de regarder un peu afin qu'il puisse aussi suivre ses envies tout en pratiquant ce que nous avions apprit lors de nos dernières rencontres. L'obliger à regarder un peu sur internet, à maîtriser un peu mieux cet outil merveilleux et, cette fois, pour quelque chose de plus fun que ses cours. La suite de la conversation me fit néanmoins vite perdre mon enthousiasme et mon sourire, me ramenant à la terrible raison qui nous avait emmené ici tous les deux et qui nous mettait dans cet état : les filles. Comme nous étions peu de chose quand on y pense !

« Je ne voulais pas remuer le couteau dans la plaie. »

Avouais-je, moins joyeux sans être moins sincère. Je me doutais qu'il avait aussi eu un problème et Charlotte m'en avait aussi parlé mais il n'était pas à moi d'aller gratter la blessure, je ne pouvais que lui changer les idées dans l'espoir qu'il m'en parle ou qu'il oublie. Sans compter que j'ignorais les détails outre le fait que la jeune femme responsable de son état avait été une étape importante dans sa vie en vue de la conversation que nous avions eu quelques temps plus tôt...

« Quant à Swan, j'aimerai pouvoir te le dire mais je n'en sais rien... Elle a quitté l'appartement du jour au lendemain sans un mot et elle ne donne plus de nouvelles. Je sais qu'elle va bien mais je ne sais pas le pourquoi du comment... »

Ajoutais-je en secouant doucement la tête, les yeux se voilant d'une tristesse brutale qui me hantait depuis son départ. Je savais qu'elle allait bien grâce à Ela mais rien de plus et j'étais totalement désemparé face à cette situation... Que faire ? Que dire ? Je n'en avais pas la moindre idée mais je n'avais pas le choix et je devais subir, attendre que la tempête ne passe, attendre qu'elle m'emporte... Triste destin auquel j'aurai pourtant dû me préparer. Quel con...

« Et toi ? »

Il était évident qu'il était aussi blessé mais je ne voulais pas le forcer à en parler. Il avait pourtant sûrement plus à dire que moi mais il garder le silence était son bon droit. Je voulais néanmoins qu'il sache que j'étais là pour lui au besoin, c'était même la raison première de ce séjour qui nous pesait à tous les deux pour le moment : déconnecter, penser à autre chose, nous libérer l'esprit... Ou, du moins, essayer.

Et moi ? Je reconnais bien Nathan en me retournant ma question.  Je le savais cette technique n’est pas inédite chez lui. Pourtant comme à chaque fois, je me suis fait avoir. Je détourne mon regard de lui. En repensant ce qu’il m’a dit du comportement de Swan, je me demande  si c’est un truc de fille de partir comme ça, brisant le cœur de ceux qu’elles disent aimer. Il m’a répondu je peux garder le silence, mais que sait il  au juste, autant tout lui dire :
 
 
 
 
 
 

Et s'il était arrivé la même chose à Swan ? Si sa mère avait apprit devoir quitté le pays pour rejoindre sa famille ailleurs ? Ou si l'un de ses frères avait trouvé un travail dans une autre ville, lui proposant de venir ? Ou peut-être une opportunité de carrière ? Mais pourquoi ne pas me le dire ? Pourquoi ne pas m'en parler ? J'aurais été prêt à la suivre au bout du monde, je n'avais plus rien ici, rien à part elle... Logan aurait pu comprendre, il était temps que je vole de mes propres ailes. Ailles que je n'avais plus du coup, Swan étant partie avec... Joie et bonheur.

« Peut-être voulait-elle vous protéger tous les deux ? La distance est difficile à vivre, elle a peut-être pensé que souffrir une bonne fois maintenant était moins dur que de souffrir pendant des mois entre chaque potentielle rencontre ? Et peut-être finira-t-elle par réaliser que c'est trop difficile ? On ne sait pas de quoi demain est fait après tout, cette séparation peut être un bon test pour vos sentiments aussi ? »

Tentais-je, convaincu par mes paroles malgré tout. J'avais appris malgré moi qu'il n'y a qu'en perdant les choses et les gens qu'on réalise à quel point c'est important pour nous. La distance, le manque, la tristesse causée, ça vous remet tout en place dans le cœur et l'esprit... Peut-être aussi réalisera-t-il que ses sentiments n'étaient que des illusions liés à la passion plus physique qui semblait les unir ? Si j'avais bien compris, June était sa première vraie petite amie, c'était quelque chose d'important, quelqu'un de particulier pour lui... Mais peut-être que ce n'était qu'illusoire ? Je l'espérais, il ne méritait pas de souffrir.

« Elle m'a demandé si je savais quelque chose et j'ai répondu que non. Tu sais, Charlotte est très instinctive et elle sait lire en nous comme dans des livres ouverts... » Souris-je avec un discret haussement d'épaule, heureux tout de même de devoir me concentrer sur la route pour ne pas lui montrer mon regard triste. « Tu devrais lui en parler, elle est toujours d'excellents conseils, bien plus que moi d'ailleurs. »

Sans compter ses talents plus mystiques que je ne comprenais pas mais que j'admirais en les redoutant un peu... Geek peut-être mais tout de même pragmatique et terre à terre alors les cartes et ses talents de magnétisme ou autre me faisaient un peu froid dans le dos sans me faire la respecter moins ou la craindre. Charlotte était une femme bien, j'en avais la plus grande certitude.

« Bon, sans entrer dans les détails bien sûr même si je pense qu'elle le sait déjà, on a toujours l'air différent après... Enfin tu vois ? »

Souriais-je, rougissant un peu. Je ne sais pas s'il était comme moi mais je pense que nous étions tous pareil à ce niveau là, hommes comme femmes. Les relations intimes déclenchent un tas de réactions physiques difficiles à cacher, et sûrement encore plus pour des timides comme nous... Les yeux qui brillent, le sourire béat, c'était visible comme le nez au milieu du visage ou, du moins, ça l'était me concernant et je me souvenais encore très bien de ma première fois que ma mère avait grillé avec une facilité déconcertante.

« Tu sais... » Commençais-je, n'ayant jamais réellement parlé de ça à quelqu'un mais essayant de lui changer un peu les idées. « Ma première vraie petite amie vivait relativement loin de chez moi alors, quand on pouvait se voir les weekends, c'était souvent pour la journée et, comme nous étions dans la même classe, nous avions l'excuse de devoir aller à la bibliothèque ensemble ou de devoir travailler pour des projets communs. Puis, un jour, ses parents n'étaient pas chez elle et notre après midi a dérivé sur un tout autre type de recherches disons. » Même si la rupture avait été douloureuse, le souvenir était agréable et j'en rougissais encore, me souvenant de ne pas avoir été très agile mais d'avoir eu la chance qu'elle soit patiente et un peu plus expérimentée. « Quand je suis rentré à la maison, ma mère a fait comme si de rien n'était, me questionnant comme toujours sur notre travail et, comme nous avions tout de même travaillé, je pensais m'en être bien tiré. J'ai parlé de l'exposé sur lequel nous étions, des choses que nous avions trouvé... Puis la soirée s'est écoulée comme d'habitude jusqu'à ce que ma mère frappe à ma porte le soir ce qu'elle n'avait plus fait depuis bien des années. Mon père n'était déjà plus de ce monde alors c'était à elle d'avoir cette conversation avec moi. » Une légère tristesse passe dans mes yeux à ce moment là mais je continue malgré tout, gardant le sourire en repensant à la gêne de ma mère et la mienne. « J'ai tenté de jouer l'incompréhension, tu sais genre "je ne vois pas pourquoi tu me parles de ça maintenant" et elle a explosé de rire... » D'ailleurs, un petit rire m'échappe, le rire de ma mère restant contagieux même en souvenir. C'était une femme merveilleuse... « Elle m'a dit qu'elle l'avait sentit dès que j'avais franchi la porte, se moquant de mon air béat et de mes yeux pleins d'étoiles. Alors certes, notre lien était différent et elle était donc sûrement plus sensible mais elle m'a dit que ça m'avait fait changé un peu, ça m'avait donné un air un peu plus confiant. Comme je te l'ai dit à la pâtisserie la dernière fois, c'est un moment important pour les hommes comme pour les femmes car ça affecte notre corps comme notre être... Du coup je doute que tu aies été très discret, désolé ! »

Concluais-je en lui lançant un petit clin d'œil taquin. Ce n'était pas pour lui faire de la peine ou pour l'inquiéter, au contraire. Je voulais lui prouver que c'était normal d'être affecter et que Charlotte savait sûrement déjà ce qui devrait le rassurer aussi pour la suite. Elle n'était peut-être pas sa mère mais elle était une femme et une femme extraordinaire, elle saura l'aider et il devrait lui faire confiance. Après tout, c'était la personne qui se rapprochait le plus d'une mère pour lui à présent... Et j'aurais réellement aimé avoir la chance d'avoir un tel substitut au décès de la mienne, chance que j'avais eu après le décès de mon père même si ma relation avec Logan avait été compliquée... Et je ne voulais pas que Cole fasse la même erreur que moi à ce niveau là.

Nathan est un super compagnon de voyage. Il m’avait parlé des possibles raisons de pourquoi June était partie au-delà du fait qu’elle devait suivre ses parents, un test pour nos sentiments, j’y crois, je sais parfaitement ce que je ressens pour elle. Et c’est ça qui me fait mal, je le montre pas, mais intérieurement je souffre. Je le consume de rage en fait, je ne comprends pas pourquoi la vie m’en veut autant. On parle après de notre premières fois, je devrais en parler à  Charlotte, il est fou, je pense bien avoir réussit à cacher ce fait et que e suis toujours le même.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
J’vais bien du mal à formuler cette idée. Le pire c’est  que si c’est bien ça, je ne le saurais pas, car je n’ai aucun moyen de la contacter, je n’ai aucune idée où elle est parti

C'était une étape importante dans la vie, effrayante aussi car elle entraînait tout un tas de changements physiques et sociaux qui n'étaient pas toujours facile à gérer. J'avais eu la chance d'avoir une mère conciliante et compréhensive qui avait su prendre la place de mon père mais j'étais aussi plus âgé à l'époque, plus mature aussi peut-être ? Quoi qu'il en soit je n'avais pas le moindre doute quant à Charlotte et je savais qu'elle n'allait pas le mettre dans une mauvaise posture, trop douce et compréhensive elle-même pour lui faire le moindre tort. Quant à William, je le connaissais trop peu pour pouvoir m'avancer mais il était un père et il était donc de son devoir de prendre un peu de recul sur les choses, de prendre le temps d'expliquer aussi et de pardonner. Quoi qu'il arrive Cole n'était pas seul et je tenais à ce qu'il en soit conscient.

« J'ai confiance en Charlotte, elle t'en parlera sûrement avant de lui en parler, tu n'as rien à craindre. » Affirmais-je avec sincérité et sans la moindre trace de doute dans mon intonation. « J'avais presque dix neuf ans. »

Admis-je, à moitié honteux. Il m'avait fallut du temps pour me lancer, pour trouver la bonne personne et pour avoir assez confiance en nous pour tenter l'aventure. Cole était à peine plus jeune que moi à l'époque remarque alors j'imagine que je n'étais pas si en retard ? Mon meilleur ami avait été plus précoce que moi, tout comme des tas d'amis de mon âge mais je n'étais peut-être pas si "nul" finalement ? Quoi qu'il en soit je restais persuadé que ma mère avait raison : chacun son rythme, le tout étant de trouver la bonne personne pour que tout se passe bien et dans le respect. Le reste n'était que détail, un vague chiffre qui ne voulait rien dire.

La suite s'enchaine très vite, ne me laissant même pas le temps de lui répondre ou de réagir autrement qu'en obéissant, arrêtant la voiture sur le bas côté pour qu'il puisse en sortir rapidement. J'avais vu son teint se faire un peu plus blême et ses paroles ne laissaient pas de place au doute... Visiblement cette première fois avait été moins prudente qu'elle ne l'aurait dû et les conséquences étaient peut-être compliquées que prévu. Inquiet, j'attrape sa bouteille d'eau pour le rejoindre dehors, posant une main compatissante sur son épaule après lui avoir tendu la bouteille. Le pauvre avait réellement toutes les raisons du monde de se sentir mal et je ne pouvais rien faire de plus que tenter de le rassurer et de le guider.

« De ce que tu me dis ce n'est pas pour ça qu'elle est partie et, du peu que je sais de vous, elle n'aurait sûrement pas fuit pour ça, pas sans te le dire en tous cas. » Tentais-je. « Ce qui est arrivé à ton père n'est pas une malédiction Cole et tu n'es pas condamné à vivre la même chose. » Promis-je même si, une fois de plus, je ne pouvais que garantir qu'il allait être soutenu dans cette épreuve. « Si elle est effectivement enceinte, tu auras le choix de t'impliquer dans ta paternité même si la distance rendra les choses compliquées. Tu n'es pas seul, je t'aiderai au mieux et je sais que tu peux compter sur Charlotte aussi. Nous ferons ce qu'il faut pour que le passé ne recommence pas et, si elle tient vraiment à vous, elle fera sûrement de son mieux pour revenir ici où tu pourras t'installer là bas plus tard. Nous trouverons une solution, ne t'inquiètes pas. »

Ça n'allait pas être facile je ne pouvais rien promettre réellement à part que j'allais effectivement faire de mon mieux pour être là, pour le soutenir et l'aider. Bien sûr, j'espérais que ce ne soit qu'une fausse alerte pour lui éviter la peine et les difficultés. Il était trop jeune pour être père, sa vie était bien assez mouvementée comme ça... Mais si June était effectivement enceinte et si elle voulait garder l'enfant alors je serai là pour l'aider à être un bon père et pour faire en sorte qu'il puisse être là pour son enfant le plus possible. Que pouvions nous faire de plus ?

Ca faisait quand même réfléchir, m’aurait elle menti ? Est elle vraiment partit parce que un de ses parent à trouver une meilleur boulot ? Comment le dire à Charlotte et à mon père ? Je n’est rien contre le fait de ‘impliqué si effectivement elle est enceinte de moi, mais pour ça, faut qu’elle me le dise, me prévienne. Mais depuis son départ je suis sans nouvelle, c’est comme si, elle n’avait pas existé. J’ai peur qu’elle décide, si enfant il y à, quelle prenne a décision de le faire adopter sans rien me dire :
 
 
 
 
 

J'avais eu la chance de ne jamais traverser une telle chose mais je comprenais très bien la détresse de mon ami et ses inquiétudes. Le pauvre l'avait vécu récemment d'un autre côté du tableau et je ne lui souhaitait pas d'adopter un autre rôle dans une histoire similaire, ni maintenant ni jamais. Tout ce que je pouvais faire en plus de croiser très fortement les doigts était de le rassurer en lui proposant des possibilités et des solutions. Mieux que rien non ?

« Pour l'instant mais peut-être qu'elle finira par te le dire et que tu pourras faire quelque chose ? Une fois majeurs, vous pourrez faire ce que vous voulez. »

Suggérais-je avec un petit haussement d'épaule en espérant que la jeune femme ne lui cache pas sa grossesse comme sa mère l'avait fait... Sauf qu'il avait des doutes et pouvait donc réagir, tenter de la retrouver, il savait au moins où elle était ce qui était une belle piste de départ... Piste que son père n'avait pas eu je crois mais je n'osais pas poser la question, ne souhaitant pas lui faire plus de peine qu'il n'en avait déjà en remuant cette autre histoire toute aussi douloureuse.

« Je crois qu'il va falloir travailler encore un peu ton accent. » M'amusais-je en lui lançant un clin d'œil taquin. « Mais tu peux aussi faire comme moi et garder tes origines dans ta voix, c'est ce qui fais notre charme. »

Souriais-je, ayant moi-même un accent New Yorkais toujours bien prononcé malgré les années. Mais je n'avais jamais tenté de le cacher ou de l'atténuer, fier de ma ville d'origine, fier de mon côté Américain même si ce n'était pas toujours accepté ici. Il faut dire que la Canada et les États-Unis ont une drôle d'histoire mais je n'avais jamais eu de problèmes.

« Je te laisse lancer le GPS, on avisera pour la place. »

Ajoutais-je ensuite, prêt à suivre les indications de la machine pour nous guider jusque'à notre repas. Je n'avais pas vraiment faim non plus mais il fallait manger, nous avions tous les deux besoin d'énergie et lui surtout. Ralentissant pour profiter de la ville et être plus prudent dans la circulation plus danse du centre, j'expliquais à Cole ce que je savais des bâtiments que nous croisions et de l'histoire de la ville que j'avais tout de même un peu révisé avant notre périple. Une fois garés, la vraie balade pu commencer sur le chemin du restaurant.

« Bien sûr ! Il faut quand même qu'on se garde des souvenirs ! »

Répondis-je avec enthousiasme même si je n'étais pas fan des selfies. Je me penchais donc vers mon ami afin que nous puissions prendre quelques clichés puis nous marchâmes encore un peu avant de finalement entrer dans le restaurant qu'il avait trouvé et où la carte regorgeait de spécialités locales.

« Tu as eu l'occasion de goûter la poutine ? » Demandais-je après avoir commandé un jus d'orange pour moi, les boissons gazeuses me déplaisant grandement. « C'est plus Québécois mais ça vaut le détour !» Expliquais-je avec la ferme intention d'en prendre pour moi. « C'est des frites, du fromage en grains et de la sauce brune. Gras mais absolument délicieux, tu pourras en goûter dans mon assiette au pire mais je te le conseille. »

Ajoutais-je comme dans l'espoir de le convaincre un peu plus. Rien de telle qu'une bonne Poutine pour commencer les vacances et pour se changer les idées !

J’écoute Nate me parler. Notamment me conseiller, la poutine, spécialité Québécoise, mais quand il explique de quoi il s’agit, je ne peux m’empêcher de faire la grimace, moutarde en grain et sauce brune suspecte hyper grasse très peu pour moi. J’ai vu sur la carte, un plat qui me plaît d’autant plus, on l’appelle le sous marins, de tranche de pain style baguette avec un tas de garniture, charcuterie, salade, tomate, un truc que mon estomac supportera  mieux que son sois disant délice :
 
 
 
 
 

J'avais toujours eu beaucoup de chance concernant la nourriture, capable d'avaler des kilos de gras sans en garder de trop dans mon organisme. Bon, j'avais tout de même une vie assez saine à part pour quelques excès, allant souvent à la salle, ne buvant pas de boissons gazeuse, pas trop d'alcool et, en général, ne mangeant que des choses raisonnables. Bref, je pouvais me permettre une petite poutine de temps en temps et, vue mon état moral, je n'allais clairement pas m'en priver !

« Comme si une poutine allait te rester sur les hanches ! »

Plaisantais-je, amusé par la réaction de mon jeune protégé. Je savais qu'il faisait attention à sa ligne pour son activité extra scolaire mais je savais aussi qu'un petit excès n'avait jamais tué personne. Quoi qu'il en soit, je n'allais pas insister, surtout que la carte du restaurant proposait un large choix de mets tout aussi délicieux et effectivement moins néfastes pour son régime.

« Mais soit, je comprends ta décision. »

Ajoutais-je avant que la serveuse ne vienne prendre notre commande. Avec ma poutine, tout comme Cole, je ne prends que de l'eau plate pour faire glisser un peu tout ça ! Et, en voyant le sandwich de Cole arrivé, je me demande bien s'il est vraiment plus raisonnable... Peut-être en qualité remarque mais, en quantité, c'est un énorme repas ! Je ne fit néanmoins pas de remarques, me contentant de sourire un peu plus avant de me concentrer sur mon plat tant attendu.

« Et bien mon programme sera le tient ! Qu'est-ce que notre ami internet nous suggère ? »

Répondis-je avec enthousiasme, n'ayant pas réellement prévu de programme en réalité. À ma décharge, j'avais eu quelques soucis avant le départ qui m'avaient légèrement déconnecté de tout ça... Mais j'avais confiance en ses recherches et je savais que la ville était fascinante, nous offrant sans trop de mal de quoi nous occuper avant de rejoindre notre hôtel.

Ça remarque sur la poutine et mes me fit sourire. Mais quand nos commandes furent servies, j'étais bien content de ne pas avoir ce mélange de je ne sais quoi, bien gras. Je me demande comment il peut manger cela et ne pas être malade. 
 
 
 
 
 
 

Le gras était un excellent remède contre la morosité à mon sens et j'étais donc ravi de voir ma poutine arriver, au moins autant que j'étais fier de voir mon jeune ami se servir aussi agilement d'internet. Et dire qu'il avait pensé ne jamais y arriver ! Quoi qu'il en soit, je savourais mon plan pendant qu'il farfouillait le web en quête de notre prochaine activité. La tour CN, excellente idée ! Je souris entre deux bouchées, finissant de mâcher avant de répondre.

« C'est parfait ! »

Souriais-je, sincère. Je n'étais pas le plus courageux des hommes mais je n'avais pas le vertige et j'aimais en réalité assez les sensations fortes. Faire du saut en parachute étant par exemple dans la liste des choses à faire avant de mourir.  

« En plus le temps s'y prête alors que demander de plus ? »

Enchéris-je avant de reprendre un peu de poutine sans perdre mon sourire. Le repas est rapidement terminé et la conversation y est rare mais agréable. Je suis vraiment soulagé de voir Cole un peu plus souriant même si je ne peux effacer ses ennuis. Quant aux miens, j'ignore leur source réelle et ils semblent tout de même bien moindre par rapport à lui alors il est plus sage de les remiser dans un coin de mon esprit pour le moment. Après tout, c'est le séjour de Cole et je me dois de l'aider !

« Ma foi, je te dirai ça quand je serai en haut ! » M'amusais-je alors que nous entrions finalement dans la tour puis dans un des ascenseurs. « Tu veux qu'on tente le EdgeWalk ? »

Proposais-je en lui montrant le panneau installé dans l'ascenseur. Visiblement, c'était une activité supplémentaire : monter un peu plus haut encore puis, accroché à des cordes, se balader au sommet de la tour. L'idée me stressait un peu à vrai dire mais, après tout, pourquoi pas n'est ce pas ?

La vue de la tour CN, au pied de celle-ci, est impressionnante. De loin, elle paraît moins haute, même si sur l'application touristique il donne sa hauteur. Je ne compte pas monter tout en haut pour tenter une expérience folle. Je veux bien être courageux, téméraire et un peu fou fou, mais pas suicidaire. J'irai au niveau du donut, à 343 mètres du sol, avec vue panoramique et une partie du sol en verre. Si Nate veut tenter l’edgewalk, ça le regarde, mais le but de ce week-end c'est de voir les chutes du Niagara. 
 
 
 
 
 
 
 

Malgré la distance, la montée fut rapide et la vue impressionnante. Du coin de l'œil, je surveillais les réactions de Cole, sincèrement heureux de le voir sourire et de le sentir un peu plus "léger" qu'il n'avait pu l'être à notre départ. Aussi incroyable que soit l'expérience, je savais que ça ne pouvait pas effacer les doutes et la peine mais ça pouvait au moins donner l'impression que tout allait bien, lui faire oublier un peu tout ça le temps d'un instant. Il en allait de même pour moi d'ailleurs, je me sentais un peu moins déprimé, un peu moins inquiet aussi, finalement cette sortie était tombée à point nommé pour nous deux et j'en étais content.

Content et un peu rêveur puisque je me fis passer devant par une dame d'un certain âge qui parvint à répondre à mon jeune ami avant que l'information n'ait atteint mon cerveau encore un peu embrumé malgré tout. Magnifique oui, je n'aurais pas dit mieux et la comparaison me fit sourire davantage. Des fourmis ? Oui, c'est vrai qu'ils avaient l'air tout petits et qu'il y avait assez de monde pour que la ville ressemble à une fourmilière vue d'ici. Des tas de petites fourmis qui s'agitent sous nos pieds, qui se croisent sans lever les yeux. Je me perds à nouveau un peu dans mes pensées mais entend tout de même sa remarque, relevant les yeux vers Cole pour voir sa réaction.

Je n'avais jamais eu de frère, pas de sang en tous cas, juste des amis très proches, un notamment que je considérais encore comme mon frère aujourd'hui. Cole pouvait-il entrer dans cette catégorie de proche ? Il faut bien admettre que je l'avais parfois vu comme un petit frère, prenant comme un devoir le fait de le protéger et de le guider dans sa nouvelle vie. Me considérait-il pourtant comme un grand frère ? Pouvais-je prétendre à une telle place alors que nous ne nous connaissions finalement pas depuis si longtemps que ça ? Son silence me laissa penser que oui et me fit sourire avec une certaine tendresse.

« Je voulais mais il est plus sage de faire les choses petit à petit. » Souriais-je à la dame avec un regard malicieux en direction de Cole. « Vous l'avez déjà fait ? »

Demandais-je, sincèrement intéressé par la réponse. Le but n'était pas de jouer le jeu du grand frère mais simplement de discuter avec cette gentille dame qui semblait avoir l'habitude d'être là. Elle sourit à son tour puis secoua doucement la tête avec un léger soupir.

« J'aurais aimé mais mon médecin n'est pas du même avis ! » S'amusa-t-elle, visiblement réellement déçue de ce constat. « Mais vous avez raison, prenez votre temps et profitez de la vie. »

Conclut-elle en me donnant une gentille tape sur l'épaule avant de faire de même à Cole pour finalement disparaître dans la foule. Enfin, foule était un bien grand mot même si nous n'étions pas si seuls sans nous marcher dessus. Debout sur le sol de verre, je reposais mon regard dans celui de mon ami avec un léger haussement d'épaule presque un peu timide.

« Je n'ai pas osé la reprendre. » Dis-je, un léger sourire en coin peint sur les lèvres. « Puis, on est un peu frère de galère finalement. »

Ajoutais-je, me trouvant un peu idiot même si c'était une triste vérité. Puis mince après tout, il n'y avait pas de honte à se sentir proche d'un ami non ?

Nate n'avait pas repris la veille dame, moi non plus. Je suis ravie de voir que mon compagnon, ne compte pas tenter, l'expérience avec le harnais. Je faisais style ça ne me fait pas peur, mais en réalité, je n’étais pas très chaud pour tenter cela. 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Nous n'avions pas reprit la vieille dame et nous avions simplement échangé un regard complice avant de terminer notre visite. C'était agréable de ne pas se prendre la tête, de ne penser à rien d'autre qu'au moment présent et à l'agréable compagnie. C'était tellement plus simple finalement.

« C'est toi le chef ! »

Souriais-je à sa demande et en lui lançant un petit salut militaire amusé. Une petite taquinerie comme nous en échangions beaucoup et c'est ce qui rendait nos moments ensemble agréables. Tout en discutant un peu, nous regagnâmes donc la voiture pour prendre le chemin des chutes qui n'étaient effectivement pas très loin.

« Bouse alors, moi qui envisageait d'être une star mondialement connue ! J'ai pourtant pas mal de succès au karaoké... »

Ce qui était vrai, le karaoké étant ma passion un peu secrète que j'aimais pratiquer avec mes amis. En réalité, j'étais loin d'être un mauvais chanteur quand je faisais l'effort, tout comme pour la danse d'ailleurs puisque mes parents m'avaient apprit depuis mon plus jeune âge. Des passions qui m'avaient valut pas mal de critiques quand j'étais jeune mais que je ne regrettais absolument pas aujourd'hui car ça me rendait heureux.

« Quoi qu'ils en disent, les Canadiens sont quand même pas si différents des Américains. » Souriais-je, conscient qu'il valait mieux garder ces remarques pour nous. « Mais ne va surtout jamais leur dire ça ! » Ajoutais-je en secouant la tête. « Et voilà notre petit cocon ! »

Entonnais-je avec un grand sourire. Le Country Inn & Suites by Radisson ne payait pas vraiment de mine de l'extérieur mais il était idéalement placé et avait tout ce dont nous avions besoin dont une piscine intérieure digne de ce nom. Après avoir pris les clefs de notre chambre et nous être installés, je me retournais vers lui pour la suite du programme.

« Si tu veux, la grande roue est ouverte la nuit. Il y a aussi une attraction avec des zombies, un mini golf, un truc en 4DX et une autre attraction où on doit tirer sur des fantômes ! » Proposais-je avec enthousiasme en lui tendant le prospectus. « On peut aussi faire la tour mais je pense que ça vaut plus le coup dans la journée. Ou sinon on peut juste balader dans Clifton Hill, il y a des auto tamponneuses et pas mal de choses à faire. »

Comme toujours, tout me plaisait et j'étais donc partant pour n'importe lequel de ses choix. Après tout, j'avais essentiellement organisé tout ça pour lui changer les idées alors j'étais heureux de pouvoir lui proposer plein de belles choses en étant aussi prêt à juste nager un peu avant d'aller dormir pour mieux profiter le lendemain.

La chambre était vraiment bien, il n’y aucun doute la dessus, l’établissement devait jouir de plusieurs étoiles, Nathan ne c’était pas moqué de moi, mais j’étais persuadé qu’on allait faire du camping, je pense que cela n’est pas possible. Je garde cette remarque pour moi. Mon ami me propose une palette impressionnante d’activité à faire. J’esquisse un sourire espiègle et lui lance :
 
 
 
 
 

Je n'étais pas particulièrement fier de mes prouesses en Karaoké mais je n'en avais pas vraiment honte non plus. Certes, je préférais le garder entre gens de confiance mais je n'étais plus à une moquerie près et je savais pouvoir compter sur Cole même s'il allait sûrement un peu s'en moquer. À sa décharge, le karaoké ici est nettement moins bien vu qu'au japon ou dans d'autres pays d'Asie et je n'avais pas vraiment la tête du mec qui aime faire ça non plus.


« Du succès est un bien grand mot mais j'aime bien ! Si tu veux je t'invite la prochaine fois ! » Souriais-je avec un léger haussement d'épaule amusé. « Mais il faudra au moins chanter une chanson ! »

Ajoutais-je en levant un doigt comme s'il s'agissait d'une requête officielle qui ne venait pas de mon fait. Remarque c'était tout de même bien plus drôle quand tout le monde jouait le jeu alors c'était un peu une règle tacite de ce genre de lieu.

« Les zombies et les fantômes te font peur ? » M'étonnais-je, pensant que les jeunes d'aujourd'hui étaient friands de ce genre de chose. Mais je n'allais pas m'en plaindre pour autant ! « Comme on a eu une grosse journée et qu'on doit être frais pour demain, on peut juste se faire une petite balade tranquille et on verra demain ? »


Proposais-je, tout de même un peu fatigué par la route et mes récentes émotions. Et puis nous avions beaucoup de choses à faire demain donc autant être raisonnable ce soir pour pouvoir mieux en profiter. Puis j'aurais bien pris une petite barbe à papa en chemin, je n'en avais pas mangé depuis des lustres !

J’avoue que j’étais un peu claqué, même si c’est Nathan qui a conduit et qu’il a dû certainement se lever plus tôt que moi ce matin, je ressens de la fatigue, donc sa proposition de faire une petite balade tranquille ne me dérange pas vraiment. Bon à Niagara de toute façon à part la grande avenue aux allures d’un petit Las Vegas, en soirée il n'y a rien à faire. Dans notre dos, on entendait à quelques mettre le brouhaha des chutes si célèbre. J’avais écouté son petit exposé sur le karaoké, et sa réflexion sur ce que je n’aime pas, donc à mon tour de lui dire ce que je pense exactement de tout ça :

 
 
 
 
 
 

Je ne savais que trop bien ce que Cole ressentait à cet instant précis, ce manque de confiance en lui, cette peur du regard des autres... J'étais comme lui, pire encore même je crois car je n'avais plus le bénéfice de la "jeunesse" pour justifier ces sentiments qui ne semblaient pas prêt à me quitter. Bien que plus âgé que lui, j'avais cette même gêne constante, cette peur de mal faire, de passer pour un idiot. C'était peut-être un peu moins fréquent maintenant mais c'était encore là et j'espérais pour lui qu'il aurait la chance de murir plus que moi à ce niveau. Je n'en dit néanmoins rien, ne souhaitant pas le mettre plus mal à l'aise encore et n'étant pas non plus là pour lui donner de grande leçon de vie.

« Arrête, je suis sûr que ce n'est pas aussi catastrophique que ça ! » Le titillais-je. « Mais je comprends, on fera ça une prochaine fois. » Ajoutais-je avec un clin d'œil amusé avant de lui proposer d'autres choses. « C'est vrai qu'ils n'aident clairement pas à bien dormir. »

Souriais-je, une fois encore pour ne pas le mettre plus mal à l'aise. Mais je ne le jugeais pas, j'avais aussi mes phobies et je pouvais comprendre qu'il soit effrayé par ces créatures. Après tout, elles étaient là pour faire peur non ? J'avais la chance de ne pas y être trop sensible mais je pouvais totalement le comprendre et je ne risquais pas de le blamer pour ça, finalement assez content à l'idée d'aller me coucher tôt après cette longue route et en vue de ce qui nous attendait demain.

« Hum... C'est une excellente question... » Notais-je, prenant un air songeur sincère. J'avais peu confiance en moi mais je n'avais pas de phobie du genre ou, du moins, rien d'aussi "imaginaire" si on peut dire. « Dans les choses style zombie, je n'aime pas particulièrement les clowns et, pour le reste, j'admet avoir une sainte horreur des araignées ! Je tente de ne pas les tuer mais elles me hérisse les poils ! »

Admis-je avec un petit rictus un peu gêné. La dernière fois, j'avais poussé un cri particulièrement peu virile en m'en prenant une sur la tête alors qu'on allait pécher avec Logan. À ma décharge, elle était énorme et m'avait pris de court.

« Tu veux une barbe à papa ? »

Demandais-je, passant du coq à l'âne. Mais comment résister ? Puis je ne voulais pas lui dire que mon autre phobie était de perdre les gens que j'aime... Tout comme lui, j'avais déjà souffert de ça et je ne voulais plus le vivre, essentiellement car je n'étais plus sûr de pouvoir y survivre. Seulement la soirée était trop joyeuse pour parler de ce genre de chose et je ne voulais pas remuer le couteau dans la plaie même si je savais aussi que partager cette souffrance pouvait lui faire du bien... Il savait d'ailleurs que j'étais là au besoin, c'était aussi ça mon rôle envers lui et ça me tenait à cœur très sincèrement.

Je fis non de la tête, je n'avais pas envie de barbe à papa. Mais lui était libre d'en manger une :

 
 
 
 
 
 

Comment ne pas admirer sa détermination ? Il était si jeune et pourtant si droit dans ses bottes ! Remarque, je n'étais pas bien différent à son âge, moi aussi obligé de grandir avant l'heure, me sentant un peu déconnecté de ma génération pour bien trop de raison... Nous avions beaucoup de choses en commun finalement et j'étais sincèrement heureux de pouvoir l'aider à traverser tout ça même si ce n'était pas grand-chose.

« J'admire ta dévotion. » Souriais-je avec un petit haussement d'épaules amusé bien que sincère. « Sérieux ? Ce n'est pas toi qui m'a dit il y a trois quart de seconde que tu voulais faire attention à ta ligne ? » Demandais-je ensuite, faussement outré de le voir lorgner le fast-food tout en me demandant innocemment où se portait mon choix pour le diner. « Si ça te fais plaisir, moi j'aime tout donc soyons fou mais ne m'accuse pas si tu ne peux plus enfiler ton uniforme en rentrant ! »

Le narguais-je avant de prendre la direction du McDo malgré tout. Il était jeune, s'il ne profitait pas maintenant quand le ferait-il ? Puis ce n'est pas un burger qui allait lui tomber sur le pied, il avait de la marge et, au pire, on pourrait aller à la salle ensemble à notre retour à Ottawa. Ça ne pourrait d'ailleurs que me faire le plus grand bien, le sport étant un autre excellent moyen de se changer sainement les idées.

« Si tu veux, on pourra aller à la salle ensemble au retour ? »

Proposais-je une fois que nous fumes installés. Je n'avais pas l'air particulièrement musclé mais je cachais bien mon jeu, ayant appris jeune que quelques muscles pouvaient dissuader les moqueurs et que ça aidait à l'estime de soi. Habitude que j'avais gardé, notamment grâce à mon meilleur ami qui avait été le premier à me tirer là bas.