Charlotte Marie Renoir ❀ Sweet Mama

❀ Sa vie est entourée de contes de fée, de l'histoire de ses grands parents paternels à celle de ses parents. C'est peut-être pour cette raison qu'elle est aussi optimiste qu'une princesse Disney.
❀ Son grand père paternel était un soldat Canadien qui a rencontré celle qui allait devenir sa femme pendant la guerre. Il était en France, elle était volontaire dans un hôpital militaire de fortune et ce fut le coup de foudre. Une fois la guerre terminée, la jeune femme à suivit son beau soldat à l'autre bout du monde où ils ont vécu chichement le temps de mettre assez d'argent de côté pour réaliser son rêve : ouvrir une pâtisserie.
❀ Son père est le seul enfant du couple, grandissant dans le petit appartement au dessus de la pâtisserie où il passe beaucoup de temps. Pas vraiment très bon à l'école, il sait déjà qu'il veut suivre les pas de ses parents en devenant lui aussi pâtissier.
❀ Suivant son rêve, le jeune homme retourne chez ses grands parents en France où il suit des études de pâtissier et de boulanger, bien décidé à reprendre l'affaire de plus en plus florissante de la famille. Il suit aussi des cours de commerce afin de faire honneur à ses parents. C'est pendant ses études qu'il rencontre une jeune femme née en Guadeloupe elle aussi en pâtisserie et c'est à son tour de subir le fameux coup de foudre. Le jeune couple décide de clôturer ses études puis de pratiquer autour du monde, découvrant au passage de nouvelles recettes et de nouvelles idées. Ils passent deux ans à voyager en travaillant de boulangeries en pâtisseries, devenant tout deux excellents et plus amoureux que jamais.
❀ De retour au Canada, ils travaillent dans la pâtisserie familiale, ajoutant de nouvelles recettes et agrandissant encore la réputation déjà bien établie de la boutique. De leur union naîtrons deux filles, la première désirée et la seconde étant le résultat du fameux "retour de couche". Ils ne la regrettent néanmoins absolument pas, s'amusant même aujourd'hui beaucoup de ce détail.
❀ Les filles Renoir sont très proches bien que très différentes. Toutes les deux douées dans leurs études, l'aînée est plus sportive, plus extravertie et populaire alors que la cadette est un peu plus renfermée dans ses bouquins. En gros : l'une est une Cheerleader alors que l'autre est un rat de bibliothèque. Mais elles se soutiennent beaucoup, complémentaires et fusionneles.
❀ Charlotte rencontre son âme sœur d'une étrange manière et elle n'aurait jamais pensé tomber sous son charme... Le quarterback de l'équipe, le gars que tout le monde admire et qui a légèrement tendance à "se la péter"... Mais leur professeur décide de les mettre en binôme, justement car il n'est pas très doué à l'école et qu'il a besoin de cours particulier. Charlotte accepte mais les premiers cours sont compliqués et leur relation commence par un je t'aime moi non plus digne de Tom et Jerry. Il est néanmoins indéniable qu'ils se plaisent et ils ne tardent d'ailleurs pas à sortir ensemble bien qu'elle le laisse mariner un bon moment, par pur amusement. Lui joue le jeu, devenant un preux chevalier prêt à tout pour sa belle. Comme dans un conte de fée, ils échangent leur premier baiser lors du bal de fin d'année, scellant ainsi les prémices d'une belle histoire d'amour.  
❀ Leur histoire d'amour survit à la distance quand Charlotte quitte le Canada pour suivre les mêmes études que ses parents en France. William l'y rejoint même une année pour un stage, ils s'aiment de plus en plus et cette épreuve ne fait en fait que les rapprocher un peu plus.
❀ Dès son retour au Canada, le jeune couple s'installe ensemble et Charlotte commence à travailler avec ses parents. Sa grande sœur à décidé de suivre des études de commerce afin de plutôt s'occuper de la gestion de la boutique familiale car elle n'a jamais été très bonne cuisinière et que ça ne lui plaît pas vraiment.
❀ L'une au fourneau et l'autre dans le bureau, les sœurs Renoir forment un duo de choc et la pâtisserie est de plus en plus conséquente, assez pour qu'ils se permettent d'acheter les locaux et y faire des travaux. Grâce à leur impulsion et leur travail acharné, la petite pâtisserie offre désormais quelques tables où les clients peuvent déguster tranquillement les délices faits par la maison. Malheureusement, la grand mère des filles est morte quelques années plus tôt, les traumatisants grandement. En sa mémoire, elles transforment le nom du lieu pour le nommer "Aux délices d'Alice" plutôt que "Les douceurs du monde" bien que ce nom reste affiché à l'entrée.
❀ À 29 ans, Charlotte découvre qu'elle est enceinte et le jeune couple décide de se marier. Ils sont toujours très amoureux et heureux même s'ils passent tous les deux beaucoup de temps au travail. Charlotte travaille en effet dans un restaurant comme serveuse pour compléter son salaire même si la pâtisserie rapporte de plus en plus. Très impliquée dans l'affaire familiale, elle y investi beaucoup de temps et d'argent, tout comme le reste de la famille bien que les parents approchent de la retraite et travaillent un peu moins. Les sœurs sont néanmoins obligées de les pousser au repos car ils adorent leur travail un peu trop pour leur santé.
❀ Mère d'une petite Alice à tout juste 30 ans, Charlotte est comblée, décidant elle aussi de lever le pied pour se consacrer pleinement à sa vie de famille et à la pâtisserie. Will travaille toujours autant ce qui créer doucement quelques tensions dans le couple.
❀ Bien que ce ne soit rien de grave, la petite Alice a quelques soucis de santé qui l'empêche de dormir et qui inquiète beaucoup ses parents qui, fatiguer, ont de plus en plus de mal à s'entendre. William passe encore plus de temps au travail en espérant adoucir les tensions mais il ne fait qu'inverser la tendance...
❀ Avant de se détester et pour le bien être de leur fille qui va mieux, le couple décide de se séparer en bon terme. William s'installe dans un appartement non loin de leur ancien logement et il s'occupe de la petite une semaine sur deux. Bien qu'ils ne soient pas officiellement divorcé, Charlotte à tenu à récupérer son nom de jeune fille mais elle n'arrive pas à se séparer de son alliance... Les deux jeunes gens s'entendent à nouveau à merveille et sont presque aussi complices qu'à l'époque... Ce break aura-t-il était plus bénéfique que prévu ? Existe-t-il encore un espoir ? Elle préfère ne pas y penser, se concentrant sur sa fille et sur la pâtisserie.
❀ L'année dernière, ses parents ont enfin prit leur retraite et se sont installés dans une petite maison en banlieue, offrant l'appartement au dessus de la pâtisserie à Charlotte pour que ce soit plus simple pour elle. Son aînée n'a pas voulu du lieu, préférant se débrouiller seule et étant très douée pour ça. Les filles travaillent toujours ensemble et la pâtisserie fonctionnent à merveille. Alice va beaucoup mieux et a maintenant trois printemps.
❀ Leur mère ayant passé son enfance en Guadeloupe, les filles parlent Créole bien qu'elle n'utilise que très peu cette langue.
❀ Dans sa jeunesse, Charlotte a rendu visite à une voyante avec une amie. S'était à une fête foraine et la jeune femme n'y croyait pas vraiment. Néanmoins, elle fut frustrée de n'avoir qu'une prédiction approximative où son amie avait eu beaucoup de détails... Si bien qu'elle est retourné chez la voyante plus tard, seule, et cette dernière lui a avoué qu'elle n'arrivait pas à la lire puisqu'elle était "plus forte qu'elle" Pour se faire pardonner, la vieille femme lui a apprit à tirer les cartes, ce qu'elle fait aujourd'hui très souvent pour ses proches voire même pour certains clients curieux. Elle est très douée, si bien qu'il lui arrive d'avoir quelques visions. Depuis, elle s'est passionnée pour la magie et pour les oracles qu'elle a étudié avec attention.

« Je suis en retard... »

Le ton aurait dû lui mettre la puce à l'oreille mais rien, il était taquin de nature et ne pouvait rater une pareille occasion de la titiller.

« Tu es toujours en retard, pas la peine d'en faire un mélodrame, les gens ont l'habitude ! »

S'amusa-t-il donc, le regard pétillant de malice et ce petit sourire en coin qui la faisait systématiquement fondre.

« Will, je suis sérieuse ! »

Fondue ou non, Charlotte ne put se détendre, trop habituée à son rythme hormonal digne de l'horlogerie Suisse, ce qui compensait en effet grandement avec son manque général de ponctualité.

« Tu veux dire... »

Première fois de sa vie que William se trouvait sans voix ce qui était notable mais qu'elle n'était pas en état de relever. Un étrange silence s'était installé dans la pièce et les amants se regardaient en chiens de faïence, les yeux du jeune homme légèrement orienté vers le ventre de sa belle comme s'il espérait y trouver une réponse. Au fond, ils oscillaient tout deux entre le bonheur extrême de cette nouvelle et la terreur absolue, encore une fois en parfaite harmonie tous les deux, sur la même longueur d'onde.

« Hum... »

Finit par dire le grand brun, semblant soudain sortir de sa transe. Haussement d'épaule puis, ni une ni deux, il se retrouva un genoux à terre, la main gauche de sa tendre entre les siennes.

« Mademoiselle Renoir, voulez-vous m'épouser ? »

La demande semblait à la fois spontanée et préparée, comme souvent avec lui qui avait toujours eu cette assurance déroutante en toute circonstance. Mais cette fois il avait une raison valable de paraître si confiant : il avait préparé cette demande depuis longtemps, nerveux car il ne savait pas quand franchir le pas même est la réponse ne faisait pas de doute. Et pourtant Charlotte restait bouche bée, les yeux écarquillés et une main devant la bouche, gros cliché de film romantique à l'eau de rose...

« Désolé, je n'avais pas prévu de faire ça le genoux dans une flaque d'eau au milieu de la salle de bain mais... Au moins on est bien habillés ? J'ai aussi la bague, elle est dans ma veste, si tu veux je change mon pantalon et on la refait. »

William avait aussi le don de toujours parvenir à détendre l'atmosphère, paraissant confiant et insouciant, se riant de tout avec cette illusion de contrôle absolu à vous rendre dingue. Quoi qu'il en soit sa réaction déverrouilla Charlotte qui rit doucement, frappant son épaule avec tendresse en secouant la tête, les larmes aux yeux.

« Pas besoin mais si elle n'est pas à ma taille je t'étripe ! »

Le taquina-t-elle, preuve de leur complicité légendaire. Il rit à son tour puis se redressa et la prit dans ses bras. Ils allaient enfin se marier, pour l'enfant qui commençait à grandir dans le ventre de Charlotte mais aussi pour eux, eux qui s'aimaient tant depuis si longtemps. Fin logique du conte de fée s'il en est... Ou pas.

« Plus ensemble ? »

Les deux sœurs se connaissaient par cœur, presque jumelles tant elles étaient proche et tant leur relation était fusionnelle.

« C'est compliqué Nénène et c'est mieux comma ça, on ne se voit presque plus de toute façon... Puis quand on se voit c'est pour se taper sur le système. »

Expliqua Charlotte, la boule au ventre et les yeux trop humides. Ils s'aimaient encore au fond mais l'épuisement et le travail les rendaient nerveux, une gêne qui entachait leur relation et risquait de les détruire pour de bon. Mieux valait quitter le navire avant qu'il ne coule, prendre un peu de recul, du temps.

« Et Alice ? »

Pragmatique, comme toujours, l'aînée Renoir tentait de garder la tête froide pour ne pas fondre en larme et risquer de faire encore plus mal à sa cadette qu'elle sentait déjà au bord du gouffre. Elles étaient dans la cuisine de la boutique, deux heures avant l'ouverture et Charlotte pâtissait à l'aveugle, tentant de se concentrer sur son office sans grand succès.

« Il va la prendre une semaine sur deux. Pour l'instant il s'est installé chez son ami mais il va chercher un appartement près du notre pour être là pour elle. »

« Hum... Et c'est venu comme ça ? »

Charlotte ferma les yeux, soufflant doucement pour retenir les larmes. Bien que moins expressive qu'elle, l'aînée posa tendrement une main sur son épaule, serrant avec douceur comme pour s'excuser d'en demander tant.

« Ne t'en fais pas. » Murmura la pâtissière avant de rouvrir les yeux en recommençant à étaler la pâte qu'elle travaillait depuis tout à l'heure, sans doute plus que de raison d'ailleurs... « Tu as le droit de savoir mais tu n'as pas à t'inquiéter. Nous avons eu une longue discussion hier soir après une énième engueulade... On tient beaucoup l'un à l'autre et nous ne voulons pas qu'Alice grandisse avec des parents qui se prennent le bec à tout bout de champs... C'est mieux pour elle de nous voir séparer mais heureux non ? Du coup on va prendre un peu de recul et advienne que pourra. Puis Will travaille beaucoup aussi donc ce n'est pas comme si nous avions eu une relation particulièrement intense depuis la naissance de la petite. »

« Je vous fait confiance, vous êtes d'excellents parents et vous êtes aussi un couple fort... Si vous pensez que c'est mieux pour tout le monde, vous savez ce que vous faite et je pense en effet que vous avez besoin d'air. »

Une nouvelle légère pression sur l'épaule de sa cadette puis elle sorti son téléphone, les sourcils légèrement froncé alors qu'elle laissait le silence retomber.

« Que se passe-t-il ? »

Demanda Charlotte, soudain inquiète par se changement brutal d'atmosphère.

« Rien, je cherche un hôtel sympa qui accepte les bébés, on part entre filles ! »

Exactement ce dont elle avait besoin : des vacances. Charlotte avait reprit le travail peu après l'accouchement et, avec les nuits trop courtes liés à la maladie de sa fille, ses nerfs avaient été mis à rude épreuve... Fermer la boutique quelques jours n'était pas dramatique, leur réputation le leur permettait et la santé avant tout ! Puis Hawaï n'a jamais fait de mal à personne n'est ce pas ?

« Tu as son doudou ? »

Comme chaque Dimanche, William était venu récupérer sa fille dont il s'occupait à merveille, tenant à elle comme à la prunelle de ses yeux. Charlotte avait déménagé dans le petit appartement au dessus de la pâtisserie ce qui fait qu'il avait également déménager pour être dans le même quartier, louant leur ancien appartement afin de mettre de l'argent de côté sur le compte en banque de leur fille. Prévoyants, toujours très proches et de nouveau beaucoup plus complices, la distance semblait avoir réparé les blessures.

« Je tiens à la vie ! »

Répondit-il simplement dans un rire sincère. Il était clair qu'ils tenaient encore l'un à l'autre, il y avait toujours cette électricité dans l'air, ses regards qui en disaient long... Et pourtant il y avait aussi cette retenue, cette distance raisonnable, comme une distance de sécurité pour ne pas céder. La jeune femme n'avait personne d'autre dans sa vie, pas le temps, pas l'envie... Et elle ne voulait pas savoir s'il était dans le même cas, consciente qu'il avait été un grand tombeur avant de se mettre avec elle... Il faut dire qu'il était charmant... Trop.

« Sage décision ! »

Répondit-elle pourtant, ne montrant aucune gêne et lui offrant le même sourire sincère.

« Elle a déjà mangé ? »

« Oui mais elle est comme sa mère, il va lui falloir une deuxième dose avant de dormir. »

« Aaaah les Renoirs ! »

Soupira-t-il, faussement exaspéré.

« Tu... Tu veux manger un bout ? J'ai préparé du Gombo.  »

Proposa-t-elle après s'être brièvement pincé la lèvre. Parfois, il y avait des rechutes et elle se sentait comme une adolescente idiote face à son crush... Et il en allait de même pour lui bien qu'il soit plus agile pour le cacher.

« Si tu me prends par les sentiments ! »

S'exclama-t-il, laissant retomber les sacs avec enthousiasme. Ils mangeaient souvent ensemble, profitant de l'excuse Alice pour passer du temps tous les deux, pour discuter. De loin, on aurait presque dit qu'ils étaient revenu à leur jeunesse, à ce jeu du chat et de la souris qu'ils avaient tant aimé. Aucun d'eux n'avaient quitté l'alliance à son doigt et le sujet du divorce n'était jamais venu sur la table... Qui sait, ils allaient peut-être reprendre à zéro ? Pour Alice bien sûr... Ou pas.

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