La chaleur se fait moins brutale mais la fraicheur reste agréable. Doucement, l'été laisse place à l'automne même si, pour l'instant, les couleurs du paysage restent vives. Les baignades et les promenades au soleil sont toujours d'actualité, tout comme les soirées à la belle étoile. Il fait bon vivre !
Les attendus
InformationsLe forum se déroule à Ottawa, Canada. Nous ne demandons aucun minimum de mots. Nous faisons un recensement mensuel. Avatar réel et doublons nom/prénom interdit.
L'homme qui faisait face à Juan semblait nerveux, gigotant frénétiquement la jambe sous la table où ils s'étaient installés. Le pub était pourtant calme à cette heure-ci de la journée, créneau que la Guatémaltèque avait stratégiquement choisi justement pour ne pas mettre trop de pression à son protégé : Pas trop de monde, pas trop de bruits et, surtout, pas encore trop d'odeurs d'alcool. Car Juan ne savait que trop bien à quel point ce genre de lieu pouvait mettre leurs sens aux aguets, les rendant hypersensible à tout et mettant ainsi leurs nerfs à rude épreuve.
« Ce ne sera pas miraculeux et peut-être que tu ne tiendras que cinq minutes mais c'est un début et c'est important. Il n'y a pas de petite victoire tu sais, le simple fait d'avoir eu le courage de venir t'assoir est déjà une belle chose. »
Le rassura-t-il, confiant. Juan avait fait ça pendant des années, accompagnant nombre de personnes dans leur sevrage après s'en être lui-même tiré suite à une lutte douloureuse qui lui avait fait tout perdre. Les aider à traverser cette épreuve, les accompagner dans leur retour à la vie normale, leur redonner confiance en eux, c'était sa nouvelle mission et elle lui tenait à cœur, assez pour qu'il prenne le risque de traîner dans des bars lui-aussi, faisant face à ses vieux démons sans peur et sans la moindre hésitation.
« C'est dingue que ça me foute aussi mal de juste être là... »
Soupira l'homme, agacé par cette faiblesse qui l'avait pris de court. Difficile de se rendre compte de son niveau de dépendance tant qu'on a la tête dedans, tant que personne ne nous le pointe du doigt... Le processus était long, aussi bien pour le voir que pour en sortir mais rien n'était impossible, il en était la preuve.
« Pas de jugement... »
Nota-t-il, faisant mine de lui faire la leçon en secouant son doigt devant lui avec un sourire qui décrédibilisait tout. C'était ça le pire, le fait d'être dans le jugement et dans l'auto-critique. Il fallait faire preuve de patience, être capable de se pardonner à soi-même avant de pouvoir franchir les autres étapes et c'était de loin l'une des plus difficile...
« Tu as raison, c'est normal d'être mal, surtout que je passais mon temps dans les bars alors c'est forcément des endroits forts... Même si ce pub est drôlement sympathique, tu avais raison. »
Il avait écumé beaucoup de lieux similaires dans ses années d'alcoolisme mais il n'avait jamais mis les pieds dans ce lieu qu'Esme lui avait conseillé sans grande objectivité. Après tout, c'était le pub de son mari alors il était normal qu'elle le trouve fabuleux ! Elle avait néanmoins eu raison, c'était un lieu calme et respectable qui rendait les choses un peu plus faciles. L'odeur de bois et de propre prônait, l'atmosphère était chaleureuse et rassurante et la carte offrait un large choix de boissons non alcoolisés, incluant plusieurs cocktails qui pouvaient largement faire illusion dans un premier temps.
« C'est vrai, c'est un cadre agréable pour notre exercice. »
Concéda-t-il ne souhaitant pas le brusquer et attendant un peu avant de lui proposer de commander de quoi boire. Chaque chose en son temps, il fallait déjà que son protégé se fasse au lieu, qu'il accepte le fait d'être là sans boire d'alcool... Il avait d'ailleurs demandé un peu plus de temps à la jeune serveuse qui avait cordialement accepté de revenir plus tard, rassurant grandement le pauvre homme qui ne semblait pourtant pas se détendre malgré tout.
« Ouais, fin' je suis quand même impatient que Laura arrive... »
Avoua l'homme que sa femme devait justement venir récupérer après leur cession. Elle n'allait plus tarder à présent, justement car il leur avait fallut beaucoup de temps pour arriver à franchir le pas de la porte... Le pauvre homme était encore aux prémices de son sevrage et chaque pas en avant lui coûtait beaucoup... Heureusement, Juan avait connu pire lui-même ce qui le rendait assez patient pour accompagner ses protégé comme il se doit. Il aurait même accepté de faire demi-tour au besoin, préférant aller à leur rythme pour ne pas briser tout leur travail bêtement.
« Oserais-tu me dire que sa compagnie est plus agréable que la mienne ? »
Le taquina-t-il gentiment, essayant de lui changer un peu les idées tout en allégeant l'atmosphère. Tentative peu convaincante en vue du rire nerveux de son interlocuteur qui guettait à présent la porte comme s'il attendait que le messie la franchisse. Et ce fut d'ailleurs un peu l'impression qu'il eu quand la jeune femme arriva enfin, illuminant son regard d'une flamme qui ne pu que toucher le divorcé. Il y a bien longtemps qu'il n'avait pas eu cette lueur dans son propre regard, son cœur fané par ses années de lutte et par la lassitude causée. Est-ce que ça lui manquait ? Un peu oui, sans doute... Mais la solitude était sa pénitence et il n'était pas prêt à offrir ce qu'il lui restait de cœur pour le moment, chacun son rythme.
« Désolée, je suis un peu en retard ! » Lança-t-elle, saluant Juan avant de déposé un baiser sur le front de son homme qui semblait soudain bien plus calme qu'il ne l'avait été jusque'à maintenant. « Comment ça s'est passé ? »
« Ton homme a été parfait, nous avons beaucoup progressé aujourd'hui. »
Affirma fièrement le mentor avec un sourire sincère. L'homme lui rendit un sourire plein de reconnaissance avant d'hausser lourdement les épaules.
« Parfait je ne sais pas mais vivement qu'on sorte d'ici ! » Affirma le jeune homme en se levant déjà, sa veste à la main. « Vraiment désolé Juan... »
« Ne t'en fais pas, je n'espérais pas passer la soirée ici. »
Sourit l'aîné en se levant pour lui donner une chaleureuse accolade avant de saluer respectueusement la jeune femme qui se jeta presque dans ses bras avant de le remercier et d'accompagner son homme hors de cet enfer. Enfer que Juan trouvait très confortable finalement, si bien qu'il décida de prendre sa veste pour aller s'installer au bar au lieu de bêtement occuper une table de deux. Le cadre était chaleureux, l'heure tranquille et l'atmosphère presque rassurant malgré ce que ce genre de lieu pouvait également lui rappeler. Quoi que ses années de lutte étaient loin derrière lui à présent bien qu'il ne puisse toujours pas céder à la moindre tentation... Ce qui ne le dérangeait plus le moins du monde, son goût pour l'alcool s'étant tout bonnement tarit.
« Bonjour, pourrais-je avoir un double expresso s'il vous plait ? »
Demanda-t-il, trouvant qu'il était un peu trop tôt pour un mocktail. Assit sur le tabouret et accoudé au bar, il regardait le décors d'un air admiratif, n'ayant pas réellement vu la femme qui se tenait à présent devant lui avec sa commande. Non pas qu'il ne regarde pas les gens en général mais Esme lui avait dit tant de bien des lieux qu'il ne pouvait pas tout à fait se focaliser sur autre chose.
« C'est vraiment un très beau pub, on se croirait réellement en plein cœur de Londres. »
Finit-il par dire en se tournant enfin vers sa nouvelle interlocutrice avec un grand sourire presque nostalgique. Il ne connaissait pourtant pas particulièrement bien la capitale Britannique mais il s'en souvenait assez pour reconnaître son aura en ces lieux. Et il fut également agréablement surprit par l'aura de la jeune femme qui ne put que le faire sourire un peu plus. Elle n'avait rien en commun avec l'autre serveuse, plus mûre, plus sûre d'elle, plus élégante aussi. Une vraie femme en fait, pas une jeune fille. Loin d'être un dragueur, l'homme garda ses pensées pour lui et resta poliment souriant en réceptionnant son café d'un geste de la tête, espérant avoir un peu lancé la conversation tout de même...
« Monsieur Moore, c’est le dernier café que je vous sers, d’accord ? » Je ne parlais pas à un enfant, je ne parlais pas à une personne en état d’ébriété. Je parlais à ce vieil homme, client régulier, qui ne voulait jamais dépasser sa limite de consommation. Il avait été clair la première fois que je l’avais rencontré et maintenant, depuis presque deux ans, je le servais régulièrement, au moins une fois par semaine. Son café, il ne le prenait pas avec du lait ou du sucre. Son plaisir, c’était d’ajouter du scotch dedans. Selon lui, c’était délicieux. Moi, je n’avais jamais essayé. Évidemment que c’était tentant, mais le fait de travailler dans un pub avait changé ma relation avec l’alcool. Pas que je n’en buvais plus, mais l’idée d’en prendre lorsque j’étais seule chez moi devenait soudainement beaucoup moins intéressant. Ç’allait donc probablement rester un mystère encore longtemps. Mon client acquiesça rapidement, me remercia une nouvelle fois pour le café, et il se mit à le boire, plus rapidement que le premier, habitué à la chaleur de celui-ci, peut-être un peu imbibé aussi en même temps. Il n’était pas déplacé, il ne dérangeait personne, comme à son habitude. Je les aimais bien, ces clients, ceux qui venaient occuper le pub quand la normale des gens ne le faisait pas. Il y avait toujours quelques personnes, de quoi occuper et ne pas trouver le temps trop long, mais rien à voir avec l’ambiance survoltée du soir. Je ne savais pas ce que je préférais, en fait. Les soirs où je ne voyais pas le temps passer, ou les journées plus lentes, avec des Monsieur Moore, mélangés avec quelques clients, parfois plus réguliers, parfois qu’on connaissait que trop peu. L’harmonie qui régnait avait quelque chose de beau, comme la folie des soirées bien arrosées. En fait, un mélange des deux, c’était pas plus mal que ça. En attendant que Monsieur Moore termine son café, ou quelqu’un vienne commander autre chose, je pouvais prendre mon temps, nettoyer le bar au fur et à mesure, regarder ce qui manquait, replacer certaines bouteilles qui étaient quelques centimètres de leur place habituelle - le côté perfectionniste sortait une fois de temps en temps - et ç’avait quelque chose d’agréable. Monsieur Moore termina son café, et sans rien dire, il déposa le montant de son addition, sans la demander, en argent comptant sur la table et il quitta les lieux. Il laissait toujours le bon montant, avec un pourboire considérable pour ce qui n’était pas une si grosse consommation. Toute seule, je souriais, puis je rangeai l’argent dans la caisse, le montant du pourboire dans la poche de mon tablier. Parce que je tenais tant que ça à le garder ? Non. Être co-propriétaire de cet endroit me servait déjà suffisamment bien. Par contre, je ne voulais pas le mélanger avec le décompte de la journée, histoire d’éviter toute confusion. Attrapant un chiffon, je nettoyai le cerne que la tasse avait laissé sur le comptoir. J’allais faire de même à la table que je venais de voir se libérer dans un coin, mais je n’eus pas le temps. Un des deux occupants, avec qui j’avais que trop peu interagi - mon collègue s’étant occupé d’eux - s’était approché du bar, passant une nouvelle commande. Cherchant à être polie, je souris et je dis: « Oui, sans problème. » Pendant un instant, l’envie me prit de lui demander s’il voulait ajouter quelque chose dans celui-ci, mais je ne le fis pas. Cela ne me regardait pas. Me tournant, je me rendis à la machine à café, non loin, commençant à préparer sa demande. Je ne m’attendais pas à ce que ce client vienne entamer la discussion. Pas qu’il était le seul à le faire, bien loin de là. Certains soirs, je devenais interlocutrice, souvent la confidente, de nombreuses personnes. Mais cette fois-ci, il a fallu quelques secondes pour que je comprenne qu’il ne parlait pas à personne d’autre. Ce fut que lorsque je pris le café pour le déposer devant mon client - sur un sous-verre cette fois-ci - que je saisis qu’il tentait de faire la conversation, puis je répondis: « Oh… Oui ! C’était pas mal l’idée. Je suis contente que ça vous plaise. » La vérité, c’était que je n’avais pas de mérite. Tout venait de Jayan, je ne faisais que l’entretien et m’assurer que tout se passait bien avec lui. Par contre, je savais très bien qu’il voulait faire ressortir nos origines, sans le dire à voix haute. J’avais tout de suite aimé cette petite touche, même si elle trahissait, en mon sens, un peu de nostalgie. « C’est votre première fois ici ? » J’avais rétorqué avec une question bien banale, mais s’il passait ce commentaire, c’était probablement qu’il n’était pas venu auparavant, n’est-ce pas ? En tout cas, son visage ne me disait rien. Je ne pouvais pas me souvenir de toute personne qui passait ici, mais j’étais capable d’en reconnaître certains.
Juan A. Arriola
࿓ The phoenix ࿓
Pseudo : Lily Cat
Avatar & Copyright : Oscar Isaac by Olympe
Mes autres personnalités : Cha, Ela, Nate, Jay, Ravi, James
Age : 46
Statut Civil : Divorcé et papa d'un adolescent
Emploi : Vice-Président de The Coffee Club et consultant juridique
Juan était officiellement divorcé depuis bien longtemps et il était officiellement célibataire depuis à peine moins d'années mais il n'était pas un dragueur, pas plus qu'il n'était du genre à écumer les bar dans l'espoir de trouver une âme en peine qui aurait voulu de lui sans qu'il fasse le moindre effort. Il laissait aller les choses, écoutant tout de même ses besoins et ses envies mais sans frasques et tout de même rarement. Pourquoi ? Par lassitude peut être, par manque de temps aussi bien sûr, ou peut-être beaucoup par manque d'espoir. Il avait traversé une période très sombre quand Nora avait été malade, incertain de pouvoir supporter une telle chose à nouveau et refusant donc d'offrir son cœur aussi facilement désormais. Être seul c'était être en contrôle, être sûr, ne pas s'attacher pour ne pas se faire mal était la solution la plus raisonnable à tous ses problèmes du passé. Malheureusement, il n'était pas aveugle pour autant et il ne put donc pas nier la splendeur de la jeune femme qui le servait à présent, ne pouvant empêcher son cœur de se serrer légèrement quand il put enfin plonger son regard dans le sien alors qu'il avait mit tant de temps à la remarquer vraiment.
« Vous avez merveilleusement réussi. » Enchérit-il, toujours avec un sourire bien qu'il fut légèrement moins nostalgique à présent. « Est-ce d'ailleurs un léger accent britannique que j'entends dans votre voix ? »
Ajouta-t-il après lui avoir lancé un signe de la tête respectueux afin de la remercier pour sa boisson. Une voix douce mais qui n'avait rien de fragile et un accent qui ne semblait pas totalement Canadien même s'il n'en avait pas entendu beaucoup. Pour sa part, il avait eu de la chance de grandir ici, les années ayant effacé son accent d'origine et l'influence qu'aurait eu ses parents qui, eux, ne l'avaient jamais perdu. Non pas qu'il en aurait eu honte mais il avait déjà l'air bien assez étranger sans s'ajouter un accent à couper au couteau. Quoi que le charme hispanique avait souvent beaucoup d'effet sur la gente féminine, assez même pour qu'il se soit souvent amusé à imiter l'accent de son père pour séduire Nora qui adorait l'entendre parler ainsi. Allez comprendre !
« Oui et j'avoue en avoir un peu honte. » Répondit-il ensuite, toujours avec sincérité. « Je suis pourtant passé devant plus d'une fois sans jamais réellement le voir. » Véridique et ça n'avait rien avoir avec le fait qu'il évite tout de même d'aller dans ce genre de lieu seul bien que ça ne lui soit plus aussi difficile qu'avant. « Mais j'ai bien peur que vous ayez à subir ma présence un peu plus fréquemment désormais. »
Ajouta-t-il avec un sourire soudain presque malicieux. Rien de dragueur ou de pervers, pas une menace mais un simple compliment déguisé et tout aussi sincère que le reste. Après tout, ce pub était chaleureux et calme, un endroit idéal pour venir prendre un café après le travail avant de rentrer à la maison. Peut-être même un excellent restaurant où grignoter quelque chose au passage ? Et dire qu'il pensait connaître la ville comme le dos de sa main, voilà qu'il se sentait soudain un peu idiot d'avoir raté une perle pareille ! Et le charme de la serveuse n'y était pour rien ! Ou, du moins, il n'était pas le seul élément qui l'avait poussé à un tel constat et une telle décision.
« Vous êtes ouverts depuis longtemps ? »
Demanda-t-il ensuite, torturé par l'envie soudaine d'apprendre à la connaître et la peur de passer pour un abominable pilier de bar comme elle devait en supporter tous les jours. Mais il y avait quelque chose dans le regard de la jeune femme, au coin de son joli sourire qui lui donnait envie d'en savoir plus. Juan n'était pourtant pas timide mais il était respectueux et ça ne jouait pas toujours en son avantage. Il ne lui restait plus qu'à espérer que la belle se prenne au jeu et accepte sa compagnie quelques précieuses minutes... Après tout, le pub était calme pour l'instant.
Cela faisait un bon moment que j’avais quitté l’Angleterre, obligée de renier mes origines pour me protéger, pour protéger le peu de famille qui me restait. Évidemment qu’à mon arrivée ici, j’avais compris que je n’avais pas le même accent que la normale des gens. Je prononçais des mots autrement, j’en utilisais d’autres qui faisaient peu de sens pour les gens que je rencontrais. Mais au final, j’avais fini par m’habituer, si bien que je ne pensais pas que mon accent d’origine était en mesure de me trahir de quelconque façon. Pour tout dire, cet individu devant moi, attendant son café, était le premier à le constater. Inutile de dire que cela m’avait laissée un peu surprise, légèrement inconfortable. Mais habituée à vivre des situations inconfortables ici, dans ce pub, j’avais appris à ne pas le laisser paraître. Reprenant contenance, je lui répondis, sur un ton un peu humoristique, si je pouvais l’appeler ainsi: « Vous êtes perspicace ! » Ce fut qu’après avoir répondu par la positive que je réalisai que laisser ce propos en suspens n’était peut-être pas la meilleure idée qui soit. Mais que pouvais-je dire ? Je n’allais pas commencer à déballer ma vie ainsi, à un étranger. Il semblait bien sympathique, mais j’en parlais que très peu à des gens que je connaissais bien à la base, au vu de la complexité de toute mon histoire. Dans un haussement d’épaules, je finis que par dire: « J’ai passé quelque temps là-bas, il faut croire que je n’ai pas totalement perdu mes habitudes. » Voilà. Ce n’était pas un mensonge - j’en avais un peu assez de mentir sur bien trop de choses, j’avais l’impression d’avoir fait ça toute ma vie - c’était, en mon sens, suffisamment complet pour que je ne me fasse pas poser trop de questions. Enfin, je l’espérais. Le café étant prêt, je le lui servis, relançant la discussion, lui demandant si c’était la première fois qu’il venait dans ce pub. Il me répondit par la positive, me faisant légèrement hausser les sourcils quand il dit en avoir honte. Après tout, il était libre de faire ce qu’il voulait. Certaines personnes ne venaient que pour une seule fois aussi, la ville regorgeait de touristes. Mais à l’écouter, ce n’était pas un touriste, seulement une personne qui n’avait jamais vu l’intérêt de rentrer ici, et ce n’était pas plus mal non plus. Et puis, il avait terminé son propos sur une note positive de laquelle je ne pouvais me plaindre, affirmant qu’il avait l’intention de repasser. À ses mots, j’esquissai un petit sourire, n’ajoutant rien, puisque je n’eus pas le temps, l’individu reprenant la parole pour me demander depuis combien de temps nous étions ouverts. Question facile, je répondis: « Un peu plus de deux ans. » Environ, à quelques semaines près. N’étant pas celle qui était là pour l’ouverture, je ne connaissais pas la date exacte. Je n’étais arrivée que plus tard, mais j’avais sauté dans l’expérience à pieds joints. Ayant peut-être l’impression que cela pourrait rendre encore plus inconfortable mon interlocuteur, je décidai de dire, à la blague: « Après, nous ne sommes pas l’édifice le plus flamboyant du coin, il y a tant à faire dans cette ville. », terminant mon propos avec un petit rire et un sourire sympathique.
Juan A. Arriola
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S'il était perspicace, Juan le devait à son mentor qui était un réel requin en affaire, toujours prompt à analyser les attitudes des uns et des autres dans l'espoir d'y trouver une faille potentielle. Lui n'avait jamais utilisé cette aptitude de la sorte bien qu'elle lui fut utile à plus d'une occasion dans sa carrière de conseillé juridique, notamment sur les cas épineux ou le mensonge était de mise. À cet instant, en revanche, le constat était sorti tout seul, simple tentative plus ou moins contrôlée de faire la conversation à une jolie femme. Draguer ? Pas vraiment bien que sa curiosité soit aussi sincère que son envie de la retenir un peu dans les parages, ce qu'elle devait faire par pure politesse de toute évidence.
« Attendez que j'ai pris mon café ! » S'amusa-t-il à sa remarque, écoutant ensuite la belle avec une attention toujours non feinte. « De bonnes habitudes si vous voulez mon avis, j'ai toujours trouvé l'accent Britannique un peu plus distingué que le notre. » Nota-t-il en toute sincérité, agrémentant sa phrase d'un petit haussement d'épaules comme pour confirmer ses dires. « Tout dépend de ce que vous appelez flamboyant j'imagine ? En tous cas c'est vraiment un lieu très chaleureux. » Enchérit-il, ayant noté la date d'ouverture dans un coin de sa tête en y ayant répondu avec un sourire et un léger hochement de tête. « De ce que je vois, vous êtes la patronne ? »
Demanda-t-il ensuite, lançant un petit signe de tête en direction des nombreuses photos qui trônaient sur le mur derrière la jeune femme. Des photos de l'équipe plus ou moins sérieuses et où elle apparaissait presque toujours au côté de deux hommes à la peau halée qui eux aussi étaient présents de manière systématique ou presque. Son mari ? Son petit ami ? Son beau frère ? Pas son fils clairement, il semblait trop vieux et elle trop jeune... Mais elle semblait très proche de l'aîné sans pour autant avoir d'alliance au doigt. Mais tous les couples ne sont pas mariés n'est ce pas ? Quoi qu'il en soit, il trouva soudain sa curiosité mal placée et il reprit donc la parole presque immédiatement, secouant cette fois la tête dans un soupir.
« Désolé, ça ne me regarde pas. » Se reprit-il donc en lui lançant un sourire timide mais sincèrement navré. « Je dois vous retenir avec mes questions idiotes, sentez vous libre de m'ignorer. » Ajouta-t-il, toujours sincère. « Pas d'inquiétudes, j'ai quelques années de pilier de bar derrière moi, je ne m'offusquerais pas. »
Promit-il, toujours avec un petit sourire au coin des lèvres. C'était la triste vérité ça aussi, il avait hanté les bars à parler pour ne rien dire, accablé par l'alcool et la dépression. Combien de fois avait-il été ignoré ou gentiment poussé au silence ? Il ne s'en souvenait même plus mais il savait que c'était totalement justifié car, à l'époque, il était tellement pathétique qu'il ne méritait pas d'attention. Heureusement quand même, il n'avait jamais été agressif envers les employés bien qu'il eu quelques déboires avec d'autres alcooliques et des gestes de colère un peu brutaux envers des meubles... Mais c'était derrière lui en effet, si loin même qu'il était certain de ne pas rechuter et qu'il était fier de pouvoir se servir de ça pour aider les autres. Quoi que, pour l'instant, il embêtait plutôt les autres et il était donc grand temps qu'il range sa langue dans sa poche !
Distingué ? Vraiment ? Je ne saurais pas le dire en fait. Depuis que je travaillais dans le monde du tourisme, j’avais toujours voulu garder un accent relativement neutre. Après, il était vrai que l’accent de mon pays natal avait quelque chose de particulier, mais je ne l’avais jamais perçu de la sorte. Et surtout, je ne pensais pas que c’était suffisant pour rabaisser celui parlé par les personnes originaires de cette ville, de ce pays. « Oh, si vous saviez ce que j’ai déjà entendu, le vôtre est très distingué aussi ! » Je cherchais à blaguer un peu et détendre l’atmosphère, mais c’était vrai. J’avais déjà eu des touristes dont l’accent était si fort qu’il en était incompréhensible, ce qui n’était clairement pas le cas en ce moment. Je ne m’attardai pas davantage, me retrouvant soudainement obligée de dire ce que je disais comme étant « flamboyant ». Évidemment, je ne manquai pas de sourire doucement quand l’inconnu me dit qu’il trouvait le lieu chaleureux, et ce fut qu’après que je dis: « Il y a des restaurants et boutiques très lumineuses un peu partout. Bien souvent, ceux qui viennent ici connaissent l’endroit ou bien le cherchent. » Est-ce que cela venait affecter nos affaires ? Pas du tout. En fait, ce que cela donnait au final, c’était que nos clients étaient bien souvent de meilleure qualité, j’avais l’impression. Pas que j’avais fait une grosse étude de marché, mais j’avais passé du temps dans des bars. Parfois plus flamboyants, parfois un peu trop sombres, voire louches. J’avais vu un peu de tout, et c’était ça qui me permettait de dire que la clientèle, ici, avait quelque chose d’agréable, qui faisait en sorte que je l’aimais encore plus et que je m’y plaisais. Changement de sujet, mon interlocuteur me demanda si j’étais la patronne, faisant référence au mur derrière moi. Comme si j’avais oublié ce qui s’y trouvait, je regardai derrière rapidement, voyant la fameuse photo qui y trônait. Je souris en coin, mais avant que je réponde, l’individu s’excusa de ses questions, ce qui me surprit. Il n’était en rien indiscret. Au contraire, il se voulait poli, voire sympathique. Et puis, il ne m’avait pas - encore - demandé de me tâter d’une façon inappropriée, c’était déjà beaucoup ! Bien sûr, je n’allais pas lui dire une chose pareille. Je me contentai de secouer la tête, puis sourire d’une façon qui se voulait rassurante. Je voulais lui signifier, sans dire quoi que ce soit, qu’il ne me dérangeait pas, bien au contraire. Le bar était tranquille, personne ne réclamait mon attention, pourquoi je ne voudrais pas lui faire la conversation ? Et puis, le fait de servir des clients ici m’avait appris à définir mes limites, savoir comment couper une discussion qui ne me plaisait pas, et là, ce n’était pas du tout le cas. Finalement, pour prouver ce que je disais, je répondis: « Je possède le bar avec mon frère. » Je savais très bien qu’il avait regardé la photo, et je savais aussi très bien que Jayan et moi, on ne se ressemblait pas du tout. Certains étaient d’ailleurs confus parfois. Moi, je ne faisais que trouver ça amusant. Là, je ne voulais pas tellement le faire poireauter, donc je dis: « On ne se ressemble pas, n’est-ce pas ? » Au final, je terminai mon propos sur cela. En fait, j’étais curieuse de voir ce qu’il allait dire, alors j’attendis, un petit sourire en coin que je tentais plus ou moins de réprimer, pour voir si sa perspicacité allait toujours être aussi bonne, même si là, c’était presqu’une évidence.
Juan A. Arriola
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À part quand il s'énervait, Juan avait un accent plutôt neutre bien que clairement Canadien. Pas trop fort, pas trop brute mais tout de même marqué par quelques modulations et un vocabulaire local qu'il n'avait jamais réellement cherché à taire sauf quand le cadre social l'exigeait. Quand il sortait de ses gongs, ce qui était bien plus rare maintenant qu'il était sobre, il reprenait l'accent avec lequel il avait grandit, celui de ses parents alors qu'il n'avait pratiquement pas vécu dans son pays d'origine lui-même. D'ailleurs, il n'était pas rare qu'il s'énerve dans la langue de ses parents, celle qui avait bercé son enfance et qui avait réchauffé son foyer pendant des années... Chassez le naturel et il revient au galop pas vrai ? Quoi qu'il en soit, ce soir, Juan avait un accent neutre et il ne put que sourire au compliment de la jeune femme qui avait elle-même un accent très agréable à écouter, accent porté par une voix tout aussi charmante et des lèvres qui portaient tout cela à merveille.
« Merci. »
Sourit-il donc simplement avec un petit signe de la tête plein de reconnaissance. Bien qu'il eu toujours été un époux parfaitement fidèle -avec ou sans alcool- Juan appréciait les jeux de séduction et il était un charmeur nait. C'est peut-être aussi pour cette raison qu'il avait toujours été brillant dans les négociations ? Toujours le petit sourire qu'il faut, le mot qui touche, le compliment adéquat... Il en jouait agilement mais sans aller dans l'extrême, sans abuser, sans blesser, juste pour le plaisir.
« C'est vrai que la rue n'est pas en reste mais je trouve que trop de lumière peut vite donner un aspect froid finalement. » Nota-t-il avec un léger mouvement d'épaule tout en admirant les lieux. « Je trouve que les lumière tamisée sont plus accueillantes en plus d'offrir un avantage incroyable au teint de certaines personnes. »
Ajouta-t-il, incapable de retenir un sourire charmeur en direction de la belle. Mais le compliment était vrai pour beaucoup de gens, ce genre d'éclairage ayant effectivement la réputation d'atténuer les défauts pour faire ressortir les traits. Un compliment déguisé donc, léger et qu'elle pouvait choisir de ne pas prendre pour elle au besoin. Subtile toujours, presque timide, mystérieux même parfois, c'était aussi ça qui faisait son charme.
D'ailleurs, en parlant de mystère, la jeune femme en créa un en évoquant son frère, le faisant ainsi légèrement froncer les sourcils. Il n'y avait pas vraiment d'homme lui ressemblant sur les photos derrière elle, un semblait très proche mais, comme il l'avait initialement pensé, plus comme un époux du coup : Souvent bras dessus bras dessous, se souriant avec complicité et il y avait même une photo ou il la tenait dans ses bras bien qu'elle semble un peu fâchée par ce geste qui faisait rire les autres...
« Et bien, hormis pour le charme, j'avoue que je n'y aurais pas mis ma main à couper ! » S'amusa-t-il finalement. « Mais, entre la magie de la génétique et les histoires de famille, il ne faut plus se fier à rien de nos jours puis se sont les liens du cœur qui comptent. »
Conclut-il, espérant tout de même ne pas avoir fait une bévue en évoquant les histoires de famille. Quoi qu'il n'était pas en reste de son côté non plus finalement alors il aurait de quoi se rattraper... En tous cas, il l'espérait sincèrement car il était intrigué par la jeune femme et appréciait étrangement sa compagnie. Il y avait une douceur chez elle qui le rassurait presque, un calme un peu mystérieux qui ajoutait à son sourire malicieux et son regard hypnotique. Qui sait ce que la suite lui réservait ?s
Tout le monde avait sa perception des choses. Certains étaient plus attirés par quelque chose de plus attrayant, lumineux, d’autres moins. Jayan et moi ne pensions pas que c’était l’idéal pour l’ambiance que nous voulions donner à cet endroit, et personnellement, je ne regrettais pas notre choix. Je n’aurais pas fait autrement, pour tout dire. Par contre, cela faisait toujours du bien d’entendre des commentaires positifs, comme celui que j’entendis de la bouche de mon interlocuteur, qui m’arracha un petit sourire, de plus en plus enchantée de la tournure de la conversation. Surtout le soir, il était particulièrement rare d’avoir des conversations sur lesquelles je voulais vraiment m’attarder. C’était souvent parce que j’étais occupée ailleurs, ou bien parce que les personnes qui cherchaient à faire conversation avec moi étaient complètement ivres et n’avaient pas une discussion nécessairement pertinente. Pas besoin d’avoir de grandes discussions philosophiques, mais cela faisait du bien de parler avec une personne curieuse d’en savoir un peu plus, mais d’une façon polie. Malgré cela, je n’avais pas pu m’empêcher de le laisser languir un peu, comme bien de gens l’avaient fait avant lui. Je ne l’avais pas fait trop longtemps par contre, lui demandant rapidement ce qu’il pensait, me doutant bien de ce qui l’embêtait. Il me fit une réponse que je trouvais bien réfléchie, avec un commentaire que je ne pouvais qu’approuver; Jayan et moi avions beau ne pas avoir les mêmes parents biologiques, je ne l’avais jamais vu autrement que comme mon frère aîné. Tout sourire, je ne pus m’empêcher de répondre: « Vous avez raison. » Je n’allait toutefois pas plus loin, ne me voyant pas tant commencer à parler de mes histoires de famille non plus. Par contre, ce n’était pas pour autant que je voulais couper court à la discussion. Au contraire, j’avais envie que cela se poursuive, peut-être d’en savoir plus sur mon interlocuteur, ne pouvant nier que sa présence, son caractère, bien des choses étaient intrigantes chez lui. « On parle de moi mais… Dites-m’en un peu plus sur vous. Outre l’ambiance du pub, qu’est-ce qui vous amène ici ? » Oui, j’avais envie d’en savoir plus, mais je n’avais pas envie d’être envahissante. En posant une question qui se voulait relativement vague, je me disais que je laissais l’homme me répondre comme il le souhaitait. Mais je ne pouvais pas le nier; j’avais envie, vraiment, d’en savoir ne serait-ce qu’un peu plus sur lui.
Juan A. Arriola
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Pseudo : Lily Cat
Avatar & Copyright : Oscar Isaac by Olympe
Mes autres personnalités : Cha, Ela, Nate, Jay, Ravi, James
Age : 46
Statut Civil : Divorcé et papa d'un adolescent
Emploi : Vice-Président de The Coffee Club et consultant juridique
Juan n'avait pas voulu être intrusif ou déplacé, ce n'était pas dans ses habitudes. Surtout, qu'en règle générale, les gens se confiaient volontiers à lui sans qu'il n'ait besoin de demander quoi que ce soit. Bon, c'était sans doute lié à son rôle de parrain mais il avait toujours eu l'oreille attentive et les gens lui faisaient facilement confiance. Soulagé donc de ne pas avoir offusqué la jolie demoiselle, Juan lui répondit par une petite révérence de la tête, toujours armé d'un sourire franc.
« C'est rare mais ça fait plaisir. »
Plaisanta-t-il, ayant bien appris la leçon après des années de mariage : quoi qu'il arrive, les femmes ont toujours raison et si elles n'ont pas raison ? Vous avez sûrement tort quand même ! Mais ça l'amusait et il aimait jouer le jeu, toujours docile et humble même s'il n'était pas avare en taquineries pour autant. Quoi qu'il en soit, il fut agréablement surprit que la jeune femme lui pose la question qui suivit et il ne se fit pas prier pour y répondre.
« Et bien... Disons que j'étais plus ou moins là pour le travail. » Commença-t-il, n'hésitant que pour trouver les mots juste et non pour prétendre à une quelconque forme de suspense. « Je suis parrain et intervenant au centre de désintoxication de North Bay depuis quelques années maintenant, j'étais là avec un de mes protégés afin de l'aider à reprendre une vie normale. » Expliqua-t-il sans honte, surtout que son rôle ne sous-entendait pas nécessairement qu'il était passé par là lui aussi. « C'est toujours une épreuve compliquée pour eux alors j'aime les y accompagner doucement et j'avoue que votre pub est idéal car l'ambiance chaleureuse et calme y est très rassurante. C'est vraiment une très belle découverte. »
Ajouta-t-il, toujours sincère et avec la certitude qu'il y reviendrait avec d'autres protégés. Un lieu calme, sans trop de bousculade, une atmosphère douce et chaleureuse, c'était vraiment parfait pour remettre le pied à l'étrier délicatement.
« Sans compter que vous semblez avoir une belle liste de Mocktails ce qui aide aussi finalement. » Ajouta-t-il en montrant le panneau d'un signe de la tête enthousiaste. « Le plus dur souvent c'est de se sentir isolé. »
Nota-t-il avec un petit sourire désolé, ne sachant que trop bien à quel point c'était difficile. Mais c'était loin derrière lui et il était fier de pouvoir aider d'autres personnes à s'en sortir à présent.
Je dus admettre que je fus quelque peu surprise de savoir que dans un premier temps, l’individu était là pour le travail. Bon, je n’étais pas naïve non plus, je savais que certaines personnes allaient manger à l’extérieur, pour une réunion, une rencontre importante ou quelque chose du genre, mais dans un pub ? C’était possible, mais dans ma tête, pas nécessairement habituel. Et ça, je le pensai quand je me rendis compte que je n’étais pas au bout de ma surprise. En effet, il vint à m’expliquer le travail qu’il faisait, et pourquoi il était venu en ces lieux. Ça, je ne m’y en attendais pas du tout, et je pensais que je n’étais pas complètement à l’ouest si je disais que ça ne devait pas être une pratique très habituelle. Après, je n’y connaissais pas grand-chose. J’avais la chance, je n’avais jamais eu de véritable problème avec une dépendance quelconque. Évidemment, je n’allais pas nier que j’avais eu cette période, après la mort de ma fille, où j’avais besoin de boire jusqu’à m’endormir le soir, pour ne pas faire d’insomnie. Puis, c’était passé. Mais je me doutais bien que ce n’était pas facile. Peut-être que mon incrédulité avait paru dans mon visage - j’avais toujours été une mauvaise joueuse de poker - parce qu’il vint à m’expliquer, sans que j’aie pu demander quoi que ce soit, pourquoi il le faisait ainsi. Enfin, ce fut ça que j’interprétai de ses dires, sa justification qui vint expliquer le choix de cet endroit pour une telle rencontre qui, à mes yeux, me paraissait si tentatrice à la première impression pour ces gens. C’était limite si j’avais oublié les mocktails, à un tel point que lorsqu’il le mentionna, je ne pus m’empêcher de jeter un oeil vers l’arrière afin de regarder le panneau. C’était vrai que nous avions ça, nous n’avions pas vraiment le choix. Après, nous avions su varier le choix au fur et à mesure, mais jamais je n’aurais cru que cela deviendrait une source de fierté. À la base, c’était surtout une source de dépannage pour ceux qui ne voulaient ou ne pouvaient pas boire, mais si cela pouvait aider pour autre chose et devenir un avantage, je n’allais certainement pas m’y opposer. Souriant doucement, je dis : « Je n’en doute pas… C’est très attentionné de votre part de prendre le temps de planifier de telles rencontres. Je suppose que certains se contenteraient d’un appel ou de quelque chose de plus banal. » Après, ce n’était que mon constat, avec le peu que je connaissais, avec le peu que je connaissais de mon interlocuteur. « Et… Vous faites ça depuis longtemps ? » Je ne savais pas si je commençais à être un peu trop indiscrète sur mes questions, bien que celle-ci me paraissait plutôt banale. Dans le pire des cas, j’allais m’arrêter, et voilà tout.
Juan A. Arriola
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L'air surprit de la jeune femme ne l'étonna qu'à moitié, sa première phrase ayant été en effet un peu trop mystérieuse, même à son goût. Il aurait en effet pu être là pour un repas d'affaire, pour boire un verre avec des collègues ou même pour faire un peu "d'espionnage industriel" en venant tester la concurrence... Tant de choses qui ne collaient finalement pas vraiment avec ses dires, même à cette heure du jour. Il aurait tout aussi bien put être un gigolo que ça n'aurait pas été moins incohérent ! Juan avait donc décidé d'élaborer un peu sa réponse en détaillant un peu plus la réelle raison de sa présence qui n'était donc pas vraiment liée au travail sans en être totalement éloignée pour autant.
« Beaucoup aimeraient en effet pouvoir s'en contenter oui ! » Plaisanta-t-il, ayant déjà eu quelques plaintes concernant ses méthodes un peu trop "sérieuses". « Malheureusement pour eux, je sais à quel point il est facile de replonger alors je leur impose un suivi un peu plus consciencieux si ce n'est carrément lourdingue ! » S'amusa-t-il bien qu'il soit toujours prudent pour ne pas tomber dans l'extrême, au risque de les dégoûter. Il jouait sur le fil du rasoir mais il savait y faire aujourd'hui. « Pour l'instant, j'ai pas mal de plaintes mais de bons résultats alors c'est plutôt encourageant. »
Ajouta-t-il avec un petit haussement d'épaule amusé. C'était faux mais il aimait rester humble tout en préférant en rire car ce n'était pas joyeux tous les jours, surtout quand les résultats n'étaient pas aussi bons qu'escomptés. En effet, même si sa méthode était efficace, elle n'était pas infaillible et certains de ses protégés avaient rechuté, retournant à North Bay un moment ou pire encore... Mais Juan faisait de son mieux, apprenant de ses erreurs et ne lésinant jamais sur les moyens.
« Cela fait bientôt quatre ans »
Répondit-il sans gêne ni hésitation. Son passé d'alcoolique ne le rendait pas fier mais il n'en avait plus honte aujourd'hui. Cette épreuve faisait partie de lui, elle l'avait rendu plus fort aussi, plus conscient des choses et des petits bonheurs de la vie. Il avait perdu beaucoup dans l'affaire mais il avait apprit et espérait ne plus jamais refaire les mêmes erreurs.
« Et je ne vous en admire que plus. » Reprit-il, toujours avec cette même sincérité et son sourire charmeur. « Je n'avais jamais remarqué la réelle importance de votre travail quand j'étais, disons... De l'autre côté ? » Expliqua-t-il, soudain légèrement songeur comme s'il cherchait les mots justes. « Vous êtes un peu la première étape de la guérison finalement parce qu'on vous parle plus qu'à quiconque souvent. Et il est rare qu'un barman ne dise rien à un habitué, qu'il ou elle ne tente pas de lui faire lever le pied. C'est comme ça que ça commence pour beaucoup. » Pas vraiment pour lui mais pour bon nombre de ses protégés. « Sans compter la façon dont vous êtes trop souvent traités, l'alcool n'aidant en général pas à la courtoisie... »
Conclut-il, cette fois un peu honteux. Il avait en effet eu énormément de crises de colère dans ses mauvais jours et il avait cassé beaucoup de choses en plus de dire des mots qu'il n'avait pas pensé... Rarement à des inconnus mais qu'en savait-il finalement ? Il avait oublié tant de choses de ces nuits à boire... Mais on ne l'avait jamais violemment mis à la porte, on ne l'avait jamais ouvertement jugé, on avait même tenté de limité ses verres ou de remplacer les boissons pour son bien... Des choses qu'il n'avait pas vu à l'époque mais dont il avait conscience maintenant et qu'il voyait sobrement quand il était avec ses protégés.
« Je... Désolé, je m'égare. » Sourit-il doucement, en secouant légèrement la tête. « Vous possédez ce pub depuis longtemps ? » Reprit-il, toujours sincèrement intéressé par la belle. « Au fait, ne pourrais-je pas vous offrir un café pour discuter plus calmement et sans vous déranger ? Même si c'est dans quelques heures ? »
Suggéra-t-il, ne voulant pas l'empêcher de travailler et ayant bien envie de passer un peu plus de temps avec elle. Ce n'était pas un rencard, pas vraiment du moins ou... Ou pas encore ?
L’explication que me donnait mon interlocuteur, sans peut-être le vouloir, me permettait d’en savoir un peu plus sur lui et sur sa personnalité. Enfin, ce n’était que mon point de vue, le point de vue d’une personne qui échangeait avec de nombreuses personnes pendant une journée de travail, même si bien souvent, c’était de façon beaucoup plus courte et de façon beaucoup moins approfondie. Et puis, je n’étais pas psychologue. Peut-être que ma perception ne faisait absolument pas de sens, était biaisée ou quelque chose du genre. Mais ce que je percevais de lui, alors qu’il me racontait ses méthodes, et que je l’écoutais avec un sourire aux lèvres, à la fois intriguée et amusée, c’était que c’était un homme déterminé, efficace, qui tenait à bien faire les choses. Est-ce que ça me plaisait ? Je ne pouvais pas dire le contraire. J’avais beaucoup de mal avec les gens qui ne savaient pas ce qu’ils voulaient, qui demeuraient passifs. Peut-être parce que moi, je n’avais pas eu le choix d’être comme ça, au vu de ce que j’avais pu vivre. Cherchant à en savoir plus, je lui demandai depuis combien de temps il faisait ce travail. Quatre ans. Un temps quand même considérable dans une société où la stabilité n’était plus tant de mise pour la majorité des gens - moi la première. Cela faisait deux ans que je travaillais au pub, et jamais je n’avais été aussi stable qu’en ce moment. J’avais l’impression que je travaillais ici depuis une éternité - et je ne m’en lassais pas pour autant, rien à voir - et pourtant ça ne faisait pas si longtemps, surtout si je comparais à certaines personnes, à commencer par celui qui se trouvait devant moi. C’était impressionnant, et surtout une réalité que je ne connaissais pas. Refusant de dire quelque chose pour quoi je n’étais pas placée pour parler, je ne fis qu’accuser réception de l’information, laissant l’opportunité à l’homme de changer de sujet, ne pensant certainement pas qu’il allait revenir sur ma personne, sur le métier que je faisais, qu’il semblait… connaître d’une certaine façon ? Je ne savais pas si c’était le terme à utiliser en fait. Ou voulait-il dire qu’il était de l’autre côté dans le sens que lui aussi, avait eu des soucis de consommation ? Je n’osai pas le demander, refusant d’avoir l’air déplacée. Et puis, je n’en aurais pas eu l’occasion, puisqu’il vint à ajouter un commentaire que jamais personne ne m’avait fait auparavant, ne me permettant donc pas de le réaliser. Honnêtement, je ne savais pas si je collaborais vraiment à la guérison de quelqu’un. Oui, je pouvais imposer des limites, comme je l’avais fait avec mon client plus âgé précédemment, mais généralement, je n’avais pas nécessairement le droit de refuser de servir quelqu’un. Enfin, j’allais prendre le commentaire comme un compliment, si je pouvais le faire de cette façon. À son dernier commentaire, je haussai les épaules, et je dis: « Ça fait partie des risques du métier. » Enfin, moi, c’était ainsi que je le voyais. Après, je n’avais jamais eu de problème majeur dans le bar, puisque Jayan et moi avions nos valeurs, nos façons de faire, tentant le plus possible d’éloigner les personnes plus indésirables. Mais disait-il cela parce que c’était en lien avec ce qui avait pu lui arriver ? Ou quelque chose qu’une personne de qui il s’occupait avait vécu ? Je ne savais pas, je n’eus pas le temps de le demander, et de ce que je compris, il ne semblait pas vraiment avoir envie d’en parler. À la place, il changea de nouveau de sujet, me faisant une proposition à laquelle je ne m’attendais pas. Pour tout dire, il n’était pas le premier à me faire une telle demande, mais bien souvent, les propositions venaient de personnes imbibées, peu intéressantes. Mais là, ce n’était pas du tout la même chose. Baissant le regard un instant, je finis par dire : « Je finis mon service à vingt heures… Est-ce que ça vous convient ? » Peut-être que c’était un peu direct, maintenant, aujourd’hui. Cherchant à me rattraper, j’ajoutai: « Demain je commence un peu plus tard sinon. » J’arrêtai mes suggestions ici pour le moment, attendant de voir s’il allait me répondre, ou peut-être me proposer plus tard. Je ne savais pas, pour tout dire, ça me faisait tout drôle d’avoir une telle demande, et surtout, de l’accepter sans trop hésiter.
Juan A. Arriola
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Il y a finalement bien longtemps que Juan ne s'était pas réellement retrouvé seul dans un bar sans attendre un de ses protégé. En général, il venait avec eux et repartait presque tout de suite et ce même s'il ne "redoutait" plus ce genre de lieu depuis bien des années maintenant. Pourquoi était-il restait aujourd'hui ? Il n'en savait rien même s'il se disait que c'était lié à cet atmosphère chaleureuse et à l'amour avec lequel Esme avait décrit les lieux. D'ailleurs, en y repensant, il comprit que l'homme à côté de sa charmante interlocutrice devait être Jay qu'il n'avait pas encore eu l'occasion de rencontrer mais qu'il avait l'impression de déjà connaître depuis des années. Un Indien charismatique ? De toute évidence, Esme avait été plutôt objective dans les descriptions qu'elle avait faites de son mari, détail qui fit sourire Juan un peu plus.
« J'imagine oui. »
Sourit-il à la réponse de la jeune femme qui ne semblait en aucun cas inquiétée par ce triste constat. Elle avait sûrement traversé bien des tempêtes même dans un lieu aussi chaleureux ? Ou alors ils avaient su s'en préserver ce qu'il espérait sincèrement pour eux. Il serait tellement dommage que des personnes malveillantes viennent gâcher un tel lieu ! Mais rien n'était impossible malheureusement, et encore moins quand l'alcool entrait dans l'équation... A combien de bagarre avait-il assisté ? Combien de fois avait-il lui même haussé le ton sur sa propre femme à cause de ça ? Il secoua doucement la tête à ce pénible souvenir, heureux de s'en savoir bien loin à présent.
« Comme vous voulez mais vingt-heure me semble une excellente heure pour le dîner ? » Suggéra-t-il, un peu surpris par son propre enthousiasme. « Même si je peux aussi attendre et me contenter d'un simple café. » Se reprit-il, toujours avec un sourire, pour ne pas la brusquer même si elle avait aussi semblé plutôt intéressée en proposant d'abord un rendez-vous dans quelques heures. « Je ne veux pas m'imposer alors votre heure sera la mienne. »
Conclut-il avec un petit signe de la tête semblable à une révérence. Il pouvait être un grand séducteur à ses heures perdues, romantique aussi bien que toujours sincère. Il ne voulait pas se jouer des sentiments des femmes tout en appréciant aussi les rencontres brèves...
Le fait que je lui avais proposé un moment rapidement - quasiment immédiat limite - et que je terminais à une heure relativement tardive pour certaines personnes ne sembla pas le rabrouer. De mon côté, j’avais l’habitude de terminer mon service, rentrer chez moi, manger tard. Et ça, c’était quand je ne faisais pas la fermeture, comme c’était le cas aujourd’hui. Au final, ça tombait bien… N’ayant aucune raison de m’opposer, je dis donc: « Dîner, ça le fera » J’esquissai avec un petit sourire, marquant ainsi une petite pause, puis je repris en proposant: « Il y a un petit restaurant juste en face. Il est tout simple, mais délicieux. » Ce n’était pas de la grande gastronomie avec des noms de plats qui faisaient cent mots de long et qui étaient incompréhensibles, mais les plats étaient goûteux, bien préparés. Et surtout, pour moi, ç’allait changer des repas servies ici. Pas que je n’aimais pas ce qui était proposé, mais j’avais fait le tour du menu plusieurs fois, et avoir ce rendez-vous sur mon lieu de travail… Je trouvais ça plus ou moins approprié, sans parler du fait que j’allais certainement me faire narguer par mon frère ou quelconque autre employé si on me voyait. « Je serai à l’extérieur du pub environ cinq minutes après la fin de mon service. » En effet, je ne mettais pas beaucoup de temps à ramasser mes affaires quand j’avais terminé. Lorsque je me devais de faire la fermeture, je mettais plus de temps, parce que je devais m’assurer que tout était rangé, verrouillé, prêt pour le lendemain. Ce soir, ce n’était pas le cas, d’où le court délai que je me permettais de prendre pour sortir. Mais est-ce que tout cela allait convenir au jeune homme ? Je ne savais pas, j’attendais de voir. Et surtout, je tentais de ne pas réfléchir à la fameuse question; dans quoi étais-je en train de m’embarquer ? Je ne faisais jamais la fille facile, et ce n’était pas la première fois que je me faisais demander de sortir ainsi. Pourquoi cette fois-ci, j’acceptais ? Je ne savais pas trop comment me l’expliquer, d’autant plus que je ne savais pas tant sur cet individu…. Je ne savais même pas son nom. « Au fait, moi c’est Jules. » Je savais très bien que ça semblait étrange que je fasse ça, ainsi, mais peut-être ç’allait le pousser à faire de même ? Un peu trop tard, je m’étais rendu compte que c’était la base à savoir, surtout si nous devions nous retrouver plus tard.
Juan A. Arriola
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De toute évidence, Juan n'était pas le seul à ne pas pouvoir cacher l'étrange élan d'enthousiasme qui s'était emparé de lui puisque la belle n'hésita pas une seule seconde avant d'accepter un dîner. Il en fut un peu surpris, n'espérant pas obtenir plus qu'un verre, mais il fut tout aussi étrangement soulagé qu'elle accepte. Avec un sourire, il accepta à son tour la proposition du petit restaurant d'en face, toujours prompt à découvrir de nouveaux lieux et n'ayant aucun apriori sur la nourriture.
« Tant que c'est comestible et qu'on s'entend parler, je ne suis pas difficile. »
Affirma-t-il en toute franchise dans un léger haussement d'épaules.
« C'est parfait. J'ai quelques petites choses à faire d'ici là, nous pouvons nous retrouver là bas directement ? »
Pas très gentleman mais il ne se le permettait que parce que le restaurant était juste en face, il aurait autrement fait en sorte de passer la prendre ici.
« J'en ai oublié toute politesse... Enchanté Jules. » S'excusa-t-il avant de lui faire un petite signe de la tête respectueux. « Moi c'est Juan. » Ajouta-t-il avant de sortir une carte de visite de sa poche. « Si jamais vous revenez à vos sens d'ici là, n'hésitez pas. »
Plaisanta-t-il, toujours avec un sourire charmeur mais tendre accroché sur les lèvres. Sur la carte, son nom était inscrit en entier avec ses deux fonctions principales : conseiller juridique en premier et vice-président de The Coffee Club en second, presque en plus petit. Juan n'était pas du genre à se la raconter et il prenait réellement ce second rôle comme un honneur un peu secret, un service qu'il leur rendait pour compenser ce qu'il devait à cette famille. Un rôle qui lui tenait pourtant à cœur et qu'il tenait avec sérieux mais qu'il n'aimait pas trop mettre en avant.
« En attendant, je vais vous laisser travailler tranquille. Merci pour cette charmante conversation et à toute à l'heure ? »
Ajouta-t-il avant d'échanger quelques mots de plus et de finalement quitter les lieux pour vaquer à ses occupations en attendant l'heure de son rendez-vous. Il en était impatient tout en étant un peu inquiet, presque comme un adolescent un peu maladroit, sentiment qu'il n'avait plus ressenti depuis fort longtemps....
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