Ela Kapoor ☼ Beautiful sunsets need cloudy skies

☼ Ela est née un chaud soir de Mai à Amritsar, en Inde. Elle est la seule fille de la famille Kapoor, n'ayant pour grandir avec elle qu'un frère de quatre ans son aîné. Son enfance se déroule paisiblement auprès de ses parents ainsi que de ses grands parents paternels de qui elle est très proche.
☼ Tout comme son aîné, Ela respecte les deux religions familiales sans réellement trouver d'attache dans aucune des deux. La spiritualité est néanmoins très importante pour la jeune femme qui croit bien volontiers à l'astrologie et aux enseignements de Lal Kitab. Sa grand-mère disait d'ailleurs toujours que l'enfant possédait le don divin de guérir les âmes par un simple sourire, ce qui explique peut-être pourquoi Ela sourit sans cesse, même quand son coeur n'est pas d'humeur.
☼ Depuis l'enfance, elle entretient une relation aussi fusionnelle que destructrice avec son frère. Ils s'aiment mais refusent tout deux de l'admettre, prenant plaisir à se chamailler et à s'envoyer balader. Quand elle a quatorze ans, Ravi quitte le pays pour faire ses études au Canada, évènement qui bouleversera grandement la jeune fille bien qu'elle n'en ait jamais parlé.
☼ Elle fait ses études dans une école Anglaise tout en participant activement à la vie du foyer. Très tôt, elle apprend à cuisiner, à coudre, à nettoyer et à ranger la maison, prête à devenir une femme au foyer modèle même si ses parents n'ont jamais caché leur volonté de lui transmettre l'empire familial.
☼ Bien que grandissant dans une famille relativement aisée, Ela refuse de quitter le pays même en vacances, préférant rester auprès de sa famille pour s'occuper d'eux ou pour accompagner son père au travail afin de commencer à apprendre les rudiments du métier. Travailleuse et motivée, la jeune femme semble avoir peu de loisirs et peu d'amis.
☼ Pleine de vie et d'enthousiasme, elle est repérée assez jeune par un professeur de danse et elle nourrit brièvement l'espoir de pouvoir devenir actrice mais son rêve est rapidement brisé par l'état de santé de sa grand-mère et le retour de son aîné au pays.
☼ Après le décès de sa grand-mère et le départ de son frère pour la France, la jeune femme de 19 ans se concentre encore plus sur la compagnie familiale et plus particulièrement sur la création de vêtements. Après tout, pourquoi ne pas proposer aussi des produits originaux en plus des tissus et tenues préfabriquées ? En plus de ses cours, Ela abandonne donc la danse pour apprendre plus concrètement la couture et elle est aussi douée dans le domaine.
☼ Il lui est difficile de convaincre ses parents de ne pas lui trouver de mari à ses 21 ans. Pour eux, elle est en âge et l'empire familial n'est autre que la dote qu'ils souhaitent offrir à la famille de son futur époux... Bien sûr, apprendre cette terrible vérité trouble énormément la jeune femme qui se consacre d'autant plus à son travail, bien décidée à prouver qu'elle n'a pas besoin d'homme ou de dote. Heureusement pour elle, ses parents sont assez ouverts d'esprit et son frère influence également grandement leur décision, même de loin.
☼ Bien qu'ils acceptent de lui laisser le temps et le choix, Ela doit subir plusieurs rencontres avec des prétendants et leur famille. Une corvée qu'elle peine à supporter en silence mais qui ne fait que lui donner du courage. Pas besoin d'eux, ils sont tous avides et idiots, elle dirigera la compagnie seule ou elle ne la dirigera pas du tout. En attendant, elle travaille d'arrache pied avec son père et son grand père, apportant une touche féminine très appréciée à l'entreprise toujours plus florissante.  
☼ Malheureusement, le décès récent de son grand-père bouleverse grandement l'organisation familiale et ses parents deviennent plus pressant concernant ce fameux mariage qu'elle évite agilement depuis maintenant sept ans. Ultime rencontre avec LE prétendant idéal : ami de la famille, personne de confiance qui travaille déjà dans l'entreprise tout comme ses parents, garçon de l'âge de son frère qu'elle connait depuis longtemps... Sur le papier ? Il est parfait et semble honnête quand à ses intentions vis-à-vis d'elle et de la société. Seulement Ela ne peut se résoudre à lâcher si facilement le travail de toute une vie. Heureusement encore que son frère est là car c'est grâce à lui que le plan est accepté par ses parents : Elle accepte d'épouser ce jeune homme et de lui confier la gestion de la compagnie à condition qu'il lui laisse un an de liberté. Année qu'elle passera au Canada auprès de son frère afin de développer les prémisses d'internationalité que la compagnie connait depuis quelques mois déjà. Si elle compte revenir dans un an ? Elle n'en sait rien, espérant secrètement que non car l'idée de se mariage ne l'enthousiasme guère. Un an donc, l'épée de Damoclès pendant dangereusement au dessus de sa tête... Advienne que pourra !

« Tu portes des soutien-gorge toi maintenant ? »

S'amusa la jeune femme, un sourcil malicieusement relevé. Elle était en visio avec son aîné, installé depuis quelques mois au Canada et qui semblait visiblement beaucoup s'y amuser. De son côté, Ela s'occupait comme elle le pouvait pour ne pas trop y penser, pas jalouse mais tout de même attristée d'avoir perdu son bouc-émissaire préféré... La vie à la maison était devenue monotone, la jeune femme s'affairant entre les corvées ménagères et l'école.

« Hein ? Je... Quoi ?! Oh ! »

Bafouilla le jeune homme, se jetant nerveusement sur le preuve qu'il jeta hors du champ de vision avant que ses parents ne débarquent. C'était presque toujours pareil : ils parlaient tous les deux puis leurs parents venaient squatter la conversation, heureux de pouvoir voir le fils malgré la distance. Ils avaient leur propre téléphone mais pensaient rarement à se servir de la vidéo malgré les innombrables explications qu'ils avaient eu des enfants.  

« Tu devrais prendre une couleur plus vive la prochaine fois, le noir ne te va pas. »

S'amusa-t-elle alors qu'il revenait devant son téléphone en passant tout aussi nerveusement une main dans ses cheveux.

« Ah ah très drôle... »

Soupira-t-il, replaçant maintenant son t-shirt pour avoir l'air plus présentable. Ela aurait aimé qu'il soit plus raisonnable mais elle ne pouvait que le comprendre. Après tout, pourquoi se priver alors qu'il était à l'autre bout du monde, libre comme l'air ? Elle ferait sûrement la même chose même si elle aurait sûrement moins de facilité à draguer, encore moins en Anglais.

« Et donc... Les études ça va ? »

Reprit-elle, toujours avec un ton taquin. C'était toujours comme ça entre eux, l'amour vache.  

« Oui oui c'est... C'est différent mais les gens sont sympas et il y a beaucoup d'entraide. »

« Je vois ça oui... Les cours du soir c'est ça ? »

« De temps en temps oui... Tu sais que je ne sais pas dire non. »

« Elles sont toutes aveugles et sourdes ? »

« Dis donc tu as mangé du lion ? »

« Non, je me pose juste des questions sur la santé mentale des Canadiennes, c'est légitime non ? »

Rétorqua-t-elle avec un haussement d'épaules faussement désespéré. Il fallait admettre que son frère était charmant et que nombreuses de ses amies auraient aimé qu'il s'intéresse à elles... Hors il était resté très sage ici, jamais une aventure ou, du moins, aucune de connue... Sûrement à cause de leur famille, ouverte d'esprit mais tout de même assez traditionaliste : pas de petits amis, mariage ou rien. Ça calme...

« Tu me manques aussi Chooha*. »

Répondit-il simplement dans un petit rire sincère qui tira une grimace de dégoût à la jeune femme. Heureusement pour lui, leur mère arriva juste à temps pour couper les hostilités... Hors de question qu'elle l'admettre mais il lui manquait vraiment et elle était heureuse de lui manquer aussi.

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« Qu'avais-tu à reprocher à celui-ci ? »

Demanda la père de la jeune femme, déçu d'avoir encore organisé une rencontre infructueuse avec un prétendant. Maintenant qu'elle avait vingt-et-un ans, ses parents commençaient à s'inquiéter de son avenir et ils souhaitaient la voir mariée pour pouvoir lui remettre la direction de la compagnie.

« Il n'a aucune notion de commerce papa ! Il aurait fait plonger la compagnie en une semaine et n'aurait écouté aucun de mes conseils tant son égo prend de la place ! »

S'offusqua la jeune fille, les bras croisés et avachie sur le canapé du salon. Sa mère arriva avec le thé, secouant doucement la tête avec un haussement d'épaules. Elle pensait aussi qu'il était temps que sa fille se marie mais elle ne pouvait que lui donner raison concernant ce jeune homme.

« Elle a raison Arun, il n'était pas très malin et atrocement machiste... »

Nota-t-elle avec un calme olympien, s'installant au côté de son époux en lui tendant une tasse. Même s'il lui arrivait de s'énerver, Reva était la sagesse incarnée.

« Même Daada ne l'a pas aimé... »

Ajouta la jeune femme, heureuse que son grand-père prenne souvent son partie. Sans cette histoire de dote, les choses seraient sûrement différentes seulement ils n'avaient rien de plus que l'empire familial à offrir et ils se devaient donc de choisir vite mais bien. Ela avait maintes fois tenté de leur expliquer que les dotes n'étaient plus si importantes et qu'elle pourrait toujours se marier avec un occidental pour éviter le problème mais sa famille restait traditionaliste et leur entourage l'était tout autant. Le départ de Ravi sans être marié avait déjà pas mal fait jaser alors elle ne pouvait pas se permettre d'en rajouter...

« C'est vrai... Seulement il ne va bientôt plus rester le moindre garçon d'âge raisonnable dans les parages si tu continues ! »

Soupira le père, ne pouvant que se résoudre à ce nouvel échec. Ela soupira elle aussi, levant les yeux au ciel.

« On aura qu'à demander à Ravi de me ramener un Français comme ça on sera tranquilles ! »

Rétorqua-t-elle non sans une pointe d'insolence, choquant sa mère aussi bien par son ton que par ses propos. Là encore, les clichés persistaient et l'idée qu'elle se faisait des occidentaux n'était pas très reluisante...

« Ah ça non ! Ils divorcent comme ils respirent ! Tout mes pas un occidental, ils n'ont aucune valeur morale ! »

S'offusqua à son tour la mère, secouant la main comme si elle chassait le mauvais oeil. La famille Kapoor n'avait jamais quitté l'Inde et Reva s'imaginait des gens égoïstes, sans réelle religion et n'ayant aucun respect pour le mariage. Des barbares en quelque sorte, étranges créatures qui ne vivaient que pour la luxure et l'argent... C'est fou comme l'éducation peut vous rendre aveugle sur ce qui vous entoure et comme ça peut rendre "normal" certaines choses qui ne devraient pas l'être en vue de cette perspective. Mais Ela ne cherchait plus, épuisée de se battre contre des moulins à vent.

« Oui oui... »

Soupira-t-elle donc à nouveau, ôtant enfin le voile qui couvrait ses longs cheveux brun. Les présentations étaient toujours très officielles : tenues spécifiques, familles présente, collation... C'était insupportable.

« Je peux y aller ? J'ai encore des devoirs à terminer. »

Demanda-t-elle, toujours sur ce même ton froid qui lui allait très mal. Son père acquiesça sans vraiment la regarder et Ela disparut dans sa chambre, soulagée que le calvaire soit terminé pour cette fois.

« Hey Medhak*... Qu'est ce que tu fou encore au lit ?! »

Quoi qu'elle en dise, il était toujours le premier qu'elle appelait en cas de crise et il répondait toujours quelle que soit l'heure. Plus d'une fois il avait tenté de la convaincre de venir mais c'était hors de question : elle allait se battre et faire ses preuves.

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« Naveen est un gars bien Chooha*... »

Soupira Ravi, ne sachant trop quoi dire cette fois. Encore un énième prétendant qu'elle devait rencontrer le lendemain mais, cette fois, ils n'avaient pas grand-chose à lui reprocher... Naveen était le fils d'un ami de leur père, ami qui avait travaillé dans la boutique principale pendant des années avant de laisser sa place au fameux Naveen. Ce dernier avait l'âge de Ravi et ils avaient fait une partie de leurs études ensemble. Le garçon avait ensuite passé quelques années en Angleterre pour finalement revenir au pays. Assez beau garçon, cultivé, sérieux, travailleur... Si ce n'est qu'il la laissait indifférente, il était absolument parfait et ce n'était pas pour l'arranger.

« T'as qu'à l'épouser s'il est si bien que ça ! »

Se renfrogna la jeune femme, peinant à retenir des larmes de colère et de détresse. Le pauvre Ravi regrettait de ne pas être là et de ne pas pouvoir faire plus...

« J'aimerai bien mais le mariage gay n'est pas vraiment d'actualité chez nous. »

Tenta-t-il, espérant au moins lui remonter un peu le moral. Sans grand succès malheureusement puisqu'Ela enfouie sa tête entre ses mains dans un grognement de rage.  

« Alors quoi ? Je dis oui ? J'épouse monsieur parfait et j'accepte de tout lui laisser ? »

S'énerva-t-elle, sûrement un peu pessimiste. C'était une défaite énorme pour elle qui avait toujours espéré que ses parents acceptent de lui donner les rênes avant ce jour fatidique. Accepter de ce marier voulait dire accepter de n'être que "co-gérante" de l'empire familial, simple petit ombre sans pouvoir et sans importance. Elle qui avait tant donné ces dernières années ! Elle qui avait créé tant de chose et qui avait eu tant d'idées !

« Essaies au moins de discuter avec lui ! Peut-être qu'il acceptera de te donner plus de pouvoir ? Ce n'est qu'une question de paperasse Chooha, tu sais très bien que les faits sont souvent différents. »

C'était vrai puisque leur mère et leur grand-mère avaient aussi fait beaucoup pour l'entreprise même sans avoir de rôle officiel... Seulement Ela voulait un rôle officiel, elle voulait être libre, exister en tant que telle. Trop demander visiblement... Ça la mettait hors d'elle.

« Je sais oui mais je ne veux pas être comme elles ! Je ne veux pas n'être que l'ombre d'un homme et ne pas avoir mon mot à dire dans les grandes décisions. Cette paperasse peut faire toute la différence Ravi et tu le sais très bien ! »

Il soupire, passant une main sur son visage, les traits tirés par le soucis. Comme il aimerait pouvoir faire plus, être présent pour elle dans ce moment délicat.

« Oui... » Souffle-t-il avant qu'un léger silence ne s'installe. « Sauf si... » Reprit-il, comme s'il venait d'être frappé par la grâce divine. « Tu te souviens quand je suis arrivé ici ? Papa m'avait demandé de faire une analyse de marché pour voir un peu si nous pouvions nous implanter dans les parages. Je n'avais pas eu le temps ni l'envie de me pencher sur le sujet mais je suis sûr que l'idée lui plairait toujours ! Puis nous commençons à exporter un peu alors ça pourrait être totalement légitime de chercher à voir plus grand non ? » S'enthousiasma-t-il malgré l'air plus que sceptique de sa cadette. « Demande un délai, explique que tu aimerais régler ça avant de te marier afin de lui offrir un empire encore plus conséquent ou, au moins, une chance d'agrandir les bénéfices. Naveen est malin, il verra les avantages et acceptera sans doute. Surtout qu'il n'a jamais été très branché mariage alors un peu de temps ne le gênera sûrement pas et, au moins, les parents vous laisseront en paix. »

« Oui mais ça veut quand même dire qu'il faudra que je l'épouse à un moment ou à un autre ? »

Demanda-t-elle bien que l'idée ait grandement illuminé son teint.

« Selon le temps que ça te prend, il pourrait finir par lâcher l'affaire... Ou, au pire, ce n'est qu'un papier de plus non ? Vous pourriez être mariés en affaire et libre dans la vie de tous les jours ? Ses parents vivent déjà avec son ainé donc il pourra demander à être indépendant et vous pourriez vous installer hors d'Amritsar voire même carrément hors du Punjab ! C'est un ami, je pourrais lui parler si tu veux. »

Ce n'était pas parfait mais c'était mieux que rien non ? Et le mariage était effectivement un simple morceau de papier sans grande importance aux yeux de la jeune femme qui pourrait donc finir par y consentir si son époux acceptait de n'être qu'un faux... Après tout, ça l'arrangeait peut-être aussi qui sait ? Lui aussi devait avoir la pression familiale sur les épaules ! Revigorée, Ela se perdit même à remercier son frère avant de raccrocher rapidement pour éviter qu'il ne lui fasse de remarques. Pas parfait non mais l'espoir était là et c'est tout ce qui comptait.

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« Je suis surpris que nos parents aient accepté aussi facilement. »

Sourit Naveen alors qu'il la rejoignait sur le toit terrasse de l'appartement. En bas, leur famille célébraient joyeusement cet accord comme ils auraient célébré des fiançailles... Comme quoi, il leur en fallait peu.  

« C'est parce que je suis un cas désespéré. »

Admit la jeune femme avec un petit haussement d'épaule, souriant elle aussi tant elle était soulagée que les choses se soient aussi bien passées.  

« Ne t'en fais pas, nous sommes deux. » Avoua-t-il, maintenant à sa hauteur. Il était charmant en effet et très gentil... Quel dommage qu'il n'y ait pas cette petite étincelle d'amour dont elle rêvait tant... Un jour peut-être ? « En tous cas j'admire ta détermination et je trouve que c'est une excellente idée. »

Continua-t-il, en lui tendant un verre.

« Tu es sûr que ce ne sera pas trop long ? »

Un an, elle avait demandé une année complète pour mener ce projet à bout. Ce ne sera sûrement pas assez pour lancer quoi que ce soit en vue de la paperasse qui allait être nécessaire mais ce sera un bon test pour 'leur couple' et ça lui laissera le temps de trouver une autre idée pour potentiellement fuir ce mariage.

« C'est pour la bonne cause et je dois t'avouer que je ne suis pas très impatient de devoir subir tout le manège qui va avec le mariage... »

Car qui dit mariage en Inde dit grande cérémonie avec beaucoup de monde, des jours de fêtes et beaucoup de faux-semblants... Épuisant !

« On pourra toujours négocier pour se marier au Canada, ils ne connaissent personne là bas au moins ! »

Plaisanta la jeune femme, partageant totalement son avis sur la question. La simple idée de devoir enfiler toutes ces robes et de devoir sourire à tous ces inconnus la rendait malade.

« C'est une idée ! » Répondit-il avec enthousiasme, espérant presque que cela soit si simple. Il marqua ensuite une petite pause puis soupira comme pour se donner du courage. « Tu sais... Si ça ne tenait qu'à moi je préfèrerai ne pas me marier du tout... »

Avoua-t-il, lui lançant un regard empli d'excuses comme s'il avait honte de ce qu'il venait de dire. Et pourtant cela fut la meilleure nouvelle du jour pour la jeune femme qui ne put que le regarder avec de grands yeux plein de reconnaissance et d'espoir.

« Toi aussi ? » S'étonna-t-elle, incapable de contenir sa surprise. « Je veux dire... Enfin... Ce n'est pas que tu n'es pas bien ou quoi que ce soit mais... »

Bafouilla-t-elle, soudain inquiète qu'il puisse mal prendre un pareil élan d'enthousiasme de la part de sa future épouse.

« Non moi non plus... Enfin toi non plus c'est... »

Bafouilla-t-il à son tour, rougissant tout comme elle de cette étrange situation. Jeunes gens modernes, influencés par d'autres meurs et nourrissant d'autres rêves. Qui sait, ils étaient peut-être réellement fait pour se rencontrer et le plan de Ravi n'était peut-être pas si mauvais ?

« C'est une bonne chose que tu puisses réaliser ton rêve et je suis heureux de pouvoir y contribuer à moindre échelle. Profites de ton année au Canada, mes années en Angleterre sont les plus belles de ma vie. » Reprit-il, regagnant un semblant de contenance bien que la gêne reste latente. « À ton retour, nous aviserons mais, en attendant, tu n'as pas à te faire de soucis pour le mariage ou pour la compagnie. »

Promit-il avec un sourire sincère, sa main posée sur celle de la jeune femme comme pour amplifier cette promesse. Émue, Ela peina à retenir des larmes de soulagement, se jetant dans les bras du jeune homme en guise de remerciement. Le plan n'était pas parfait non mais c'était tout de même bien parti et elle était heureuse... Même si elle devait se marier dans un an, Naveen semblait en effet assez malin pour lui laisser son mot à dire et, en un an, elle aura peut-être trouver encore mieux pour réaliser son vrai rêve : celui d'être libre.

* chooha : souris
Medhak : grenouille

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