Two worlds collided and they could never tear us apart (ft, colin)

La saison était maintenant terminée. Elle n’irait pas plus loin cette année. Ce n’était pas la première fois depuis que je faisais partie de l’équipe. C’était évident que c’était décevant, mais je faisais avec. Et puis, avec ma blessure, mon retour qui avait été relativement court, avoir quelques semaines de vacances ne ferait pas de mal. Je pourrais continuer à m’entraîner de mon côté et m’assurer d’être en pleine forme - et surtout certain de ne pas me blesser de nouveau - lorsque le temps serait revenu de retourner sur la glace. Évidemment, je ne resterais pas à rien faire entre-temps. Il y aurait des évènements, des promotions à faire, ça faisait partie du travail. Mais aujourd’hui, en ce samedi, rien de tout cela n’était prévu. Par contre, ça ne voulait pas dire que je n’avais pas de plans. Mais ces plans, ils étaient particuliers, changeant de mon quotidien. En effet, j’allais voir Sierra ce soir, chez elle. Pas par pur hasard comme la dernière fois, mais de façon planifiée. Honnêtement, je ne savais pas comment me sentir par rapport à ça. Évidemment, j’étais heureux. La revoir était inattendu et inespéré, et garder contact avec elle, mieux que je pouvais demander. Mais en même temps, ça me faisait encore étrange. Qui étais-je pour elle maintenant ? Qu’étions-nous l’un pour l’autre ? À l’heure actuelle, je ne saurais pas vraiment le définir. C’était peut-être ça qui m’embêtait le plus. J’avais envie de croire que pendant cette soirée, ce serait un peu plus clair, mais je ne voulais pas me faire de fausses idées non plus. Prenant sur moi, j’avais décidé de ne pas y aller à reculons. Peu de temps avant l’heure que Sierra et moi avions convenu, je pris une douche et je me préparai. Jean noir et haut propre, mais simple, voilà ce pour quoi j’optai. Pas trop décontracté, mais pas trop formel non plus. Un entre-deux convenable, à mon avis. M’assurant de n’avoir rien oublié, je quittai ma demeure, pris ma voiture, et je me rendis à l’adresse que Sierra m’avait donné. Guidé par mon GPS, j’arrivai sans trop de problème. Peut-être une ou deux minutes d’avance, mais rien de grave, à mon avis. Prenant un sac que j’avais apporté avec moi, je me rendis à l’adresse et je frappai à la porte. J’obtins une réponse quelques instants après. Puis finalement, la porte s’ouvrit lorsque je fus devant, sur Sierra qui m’accueillit avec un sourire. Je lui répondis de la même façon, et je lui dis:  « Je vais bien, et toi ? » Lorsqu’on me laissa l’occasion de le faire, j’entrai dans la demeure, faisant signe à Sierra que non, cela ne me dérangeait pas qu’on se rencontre chez elle. En fait, pour pouvoir discuter tranquillement, c’était même parfait. Après, ç’aurait pu être chez moi aussi, mais elle avait été la première à faire la suggestion, et je n’avais pas insisté. Puis, je ne pus m’empêcher de sourire de nouveau, surpris, à son propos suivant. Ce qui me surprenait le plus, c’était qu’elle se rappelait encore mon plat préféré de l’époque. C’était impressionnant, et aussi touchant. Mais ça, je le gardai pour moi, même si je ne pus faire autrement que d’être un peu plus enthousiaste, puis dire:  « Tu sais, le simple fait que tu aies pris le temps de cuisiner quelque chose, ça me touche beaucoup. » C’était vrai. Entre mon emploi du temps chargé, puis le fait que j’étais en déplacement la moitié du temps, rares étaient les fois où je pouvais manger des plats cuisinés maison, sauf quand je payais une visite à ma mère ou ma soeur. Jetant un oeil au sac dans ma main, je lui dis:  « Tiens, c’est pour toi. J’espère que tu l’aimeras. » En effet, il était hors de question que j’arrive les mains vides. Le plus simple possible, j’avais apporté une bouteille de vin. Je préférais la bière, mais j’avais demandé conseil à des connaisseurs, et je ne pensais pas avoir apporté quelque chose de piètre qualité. Enfin, j’espérais que ç’allait lui plaire, en tout cas.

Je souris à la fois de contentement et de soulagement lorsque Sierra me fit savoir que j’avais apporté une bouteille de vin qui lui plaisait. Non pas que j’avais peur d’avoir apporté quelque chose qui n’était pas de qualité - je m’étais assuré que ce ne soit pas le cas - mais parce que je savais que les goûts de chaque personne étaient différents. Et qui sait, peut-être elle n’aimait peut-être même pas le vin ? J’avais même eu peur pendant un instant, mais j’étais content que finalement, je n’avais pas fait un mauvais choix. Par contre, de mon côté, même si je prenais du vin socialement, lorsque je n’avais pas d’autre choix, j’avais une autre préférence, et je décidai de pencher sur celle-ci, répondant à Sierra:  « Je vais prendre une bière si tu en as, s’il te plait. Peu importe laquelle. » Évidemment que j’avais mes préférées, mais tant que j’avais une bière froide, je pouvais faire avec sans trop de problème. Toujours prêt à essayer de nouvelles choses, j’étais loin d’être difficile. Puis, avant que je puisse dire ou faire quoi que ce soit d’autre, Sierra reprit la parole, en venant à m’avouer qu’elle ne savait pas quoi dire. Je me sentis quelque peu inconfortable. Inconfortable parce que j’aurais voulu avoir pu saisir l’opportunité de lui demander quoi que ce soit pour qu’elle se sente moins mal à l’aise, mais je ne savais pas quoi, pas plus qu’elle. Tout ce que je me trouvai à faire, ce fut de lui servir un petit sourire triste, limite gêné. Un silence de quelques secondes s’installa, puis Sierra en vint à me demander une question à laquelle je ne m’attendais pas vraiment. Je me doutais bien que le passé entre nous allait resurgir dans les discussions à un moment ou un autre, mais ici, maintenant, et de cette façon ? Certainement pas. Après, peut-être que si elle n’avait pas posé cette question, nous en serions à échanger des banalités, tourner autour du pot, et ça n’aurait certainement pas été mieux. Baissant le regard un instant, déterminé à lui offrir une réponse qui faisait du sens, je réfléchis, puis finalement, je la regardai, et je dis:  « On ne pourra jamais le savoir exactement. » Je me disais que c’était une évidence. Nous ne pouvions pas changer le passé, seulement supposer. Après une petite pause, je poursuivis:  « Tu m’as manqué pendant longtemps quand je suis parti. Mais je crois que je m’en serais voulu de t’empêcher de vivre ta vie et tes rêves simplement pour que je puisse vivre les miens. » En effet, ç’aurait été égoïste de ma part de l’obliger à venir avec moi aux États-Unis. Et puis, qui sait, peut-être que les choses se seraient mal terminées à cause de ça. Ou peut-être que moi, j’aurais pu mettre une croix sur cette bourse d’études qui m’était offerte pour rester avec elle ? J’aurais pu, je ne lui en aurais pas voulu, mais j’aurais eu des regrets, compte tenu d’où j’en étais aujourd’hui. Je n’aurais certainement pas souhaité qu’elle vive la même chose à cause de moi, voilà ce que je réalisais. Était-ce cela qu’elle voulait comme réponse ? Je ne savais pas, donc j’attendis de voir comment elle allait réagir.

Je haussai les épaules, signifiant que verre ou bouteille, ce n’était pas grave. Mais sentant que ce n’était peut-être pas suffisant, je pris le temps d’ajouter:  « C’est parfait comme ça, merci. » En effet, je considérais que je n’étais pas bien placé pour me plaindre et être capricieux. Je ne l’avais jamais été et je n’allais certainement pas commencer à l’être maintenant. Évidemment que j’aimais bien les bonnes choses, surtout que je savais que je pouvais me le permettre, mais j’aimais aussi garder les choses simples quand la situation s’y prêtait, comme en ce moment. J’étais là pour passer une soirée avec Sierra, discuter, se rattraper. Je me doutais bien que parfois, ce serait plus léger, mais que par moments, ce ne serait pas facile. Cependant, je ne m’attendais pas à ce que soit une discussion quelque peu délicate dès le début. J’avais fait mon mieux pour lui répondre, en toute sincérité, sans trop m’avancer dans la spéculation. Je ne savais pas ce que Sierra allait en penser, et j’attendis, un peu nerveux, de voir ce qu’elle allait me répondre. Elle s’avança un peu plus dans les suppositions, mais au final, elle en arriva à la même conclusion que moi; nous avions pris la bonne décision à l’époque de se séparer, tant pour elle que pour moi. N’ayant rien à ajouter de ce côté, je me contentai d’acquiescer. Puis, Sierra sembla désireuse de passer outre. Je la laissai faire, l’écoutant me demander ce qui s’était passé dans les dernières années. Je souris, amusé, quand elle me parla de ce qu’elle pouvait entendre dans les journaux. Je n’y prêtais pas vraiment attention, surtout que je n’étais pas vraiment quelqu’un qui attirait beaucoup l’attention des médias. Je répondais aux questions quand on me le demandait, mais je savais que je ne faisais pas de scandale et ça m’allait très bien comme ça. Sachant aussi que j’avais brièvement raconté ma vie à Sierra la fois où nous nous étions revus, incluant le décès de mon père. Ne sachant pas vraiment ce que je pourrais ajouter, je finis par dire:  « Mis à part certaines rumeurs de relations qui ne sont pas vraiment fondées… Il n’y a pas grand-chose, pour tout te dire. » En effet, je n’avais jamais vraiment eu une relation sérieuse. Je ne l’avais pas mentionné très précisément et je ne vis pas l’intérêt de le faire ici et maintenant. Marquant une pause, je choisis d’ajouter:  « Sinon, mis à part ce que je t’ai dit la dernière fois, il ne se passe pas grand-chose de particulier. » Je ne tentais pas d’être humble. C’était la vérité. Je faisais ce que j’avais à faire et voilà tout. Croyant avoir fait le tour de ce que j’avais à dire, je décidai de renchérir, puis demander:  « Je sais que tu m’en as déjà dit sur toi la dernière fois, mais je ne peux m’empêcher de demander, comment ça se passe pour toi ? » Encore une fois, je gardais le tout plutôt vague, ne voulant pas poser de question trop délicate, trop précise. Est-ce que je m’y prenais de la bonne façon ? Je ne savais pas trop. J’attendis, et au besoin, j’allais le faire autrement.

Il me fallut un petit moment pour comprendre ce que Sierra venait de dire, comme quoi nous n’avions pas eu de chance. Enfin, j’avais compris l’allusion, mais c’était comme si je voulais être certain que je l’avais en effet bien compris. Venait-elle de me faire comprendre qu’elle aussi, n’avait pas eu de relation sérieuse, ou du moins, qui valait la peine d’être mentionnée ? Je n’en étais pas tout à fait certain, et je n’osai pas vraiment commenter. Par contre, cela devint un peu plus clair quand elle vint à dire que sa vie était ennuyeuse, qu’elle s’était trop concentrée sur certaines choses. Je décidai de ne pas répondre à ça. S’il y en avait une qui avait toujours eu une vie relativement équilibrée, c’était elle. C’était d’ailleurs elle qui m’avait permis de rester plus équilibré, les pieds sur terre, pendant que nous étions ensemble. C’était évident que maintenant, les circonstances étaient différentes. Quand nous étions un couple, nous étions jeunes, des adolescents même. Nous n’avions pas de métier, pas de vie professionnelle à cette époque. Peut-être que cela avait changé avec le temps ? C’était possible, après tout. Ne passant donc pas de commentaire, je ne pus toutefois m’empêcher de sourire doucement quand elle parla de sa famille, comme quoi c’était important pour elle que tout le monde aille bien. Personnellement, je ne pensais pas que c’était nécessairement que son sang italien. Moi-même, je trouvais ça important de savoir que ma mère, ma soeur allaient bien. C’était encore plus vrai suite au décès de mon père, j’avais l’impression. Mais avant que je puisse lui dire quoi que ce soit, Sierra enchaîna avec une nouvelle question, un peu plus banale, moins délicate. Ç’allait peut-être détendre l’atmosphère, qui sait ? Me grattant la barbe quelque peu - signe que j’étais dans l’embarras - je finis par dire:  « Je t’avoue que je ne sais plus tant c’est quoi, du temps libre. » C’était quelque peu vrai; mon emploi du temps tournait autour du hockey. Quand ce n’était pas un match, c’était un entraînement, ou un évènement pour la presse, ou autre. Mais trouvant que ma réponse laissait quelque peu à désirer, je fis quand même un effort, pour ajouter:  « Quand je ne suis pas en ville, j’aime bien aller visiter un peu. Peut-être aller dans des restaurants, découvrir de nouvelles choses. » Après, je n’étais pas nouveau dans mon métier. Il y avait certains endroits que j’affectionnais particulièrement et j’y revenais toujours. Mais je passai outre ce détail. Après un petit rire nerveux, je finis par lui avouer:  « J’aime parfois aller au parc d’attractions parfois… » Pour tout dire, parfois était peut-être un euphémisme, j’irais plus souvent, si j’en avais le temps, mais c’était un détail un peu impertinent.  « Et l’hiver, je vais patiner à l’extérieur. Tu te souviens, là où je t’ai emmenée une fois ? » Cette patinoire sur le canal, je l’aimais. Elle me rappelait d’excellents souvenirs, surtout avec ma famille, mais si je m’en rappelais bien, j’avais passé un bon moment avec elle quand nous étions allés. À voir si elle aussi, elle s’en rappelait.

Sierra n'est pas toujours sûre de bien choisir ses mots. La jeune femme n'était pas sûre qu'il ait bien compris ce qu'elle essayait de lui dire. Que pense le jeune homme maintenant ? Peut-être qu'elle, Sierra, est simplement une personne qui ne sait pas comment gérer une relation ? Non, ce n'est clairement pas le cas. La jeune femme n'est tout simplement plus vraiment tombée amoureuse. Bien sûr, elle a eu des sentiments pour d'autres hommes, mais il n'est pas certain qu'on puisse vraiment les qualifier d'amour. Il était parfois clairement plus facile de se concentrer sur le travail. Le soulagement de voir que le jeune homme n'a pas réagi à ses paroles est un soulagement pour Sierra. Avant, la brune était clairement la personne qui avait les pieds sur terre, la personne qui avait toujours tout sous-contrôle, ce qui n'est clairement plus le cas aujourd'hui. Quand on est jeune, la vie est tout simplement plus facile que quand on est adulte et qu'on est dans la vie active.

La famille, un sujet très important pour la brune, jamais Sierra ne laisserait quelqu'un faire du mal à sa famille ou à quelqu'un qui lui est cher. Colin fait aussi partie de ces personnes même si ces mots ne sont pas prononcés à haute voix. Le fait que Colin se gratte quelque peu la barbe, indique probablement que Colin est embarrassé. Sur le moment, la jeune femme ne sait pas pourquoi. Surprise, la jeune femme hausse un sourcil. Pendant longtemps, Sierra a eu l'impression d'être la seule à ne plus connaître le mot temps libre. « Tout était tellement plus simple à l'époque. On n'avait pas cette pression de devoir tout faire correctement et on avait une vie privée. » Aujourd'hui, il fallait simplement concilier davantage de choses. « Il y a des moments où le temps d'avant me manque, pas toi ? » Cette légèreté d'antan manque clairement à la brune. Sierra est heureuse d'apprendre que Colin n'est pas devenu un de ces hommes qui restent assis dans les hôtels à ne rien faire d'autres.

Les parcs d'attractions peuvent bien sûr être très intéressants, à condition qu'ils ne soient pas trop bondés. Sierra connaît des gens qui y vont chaque semaine, c'est quelque chose que la brune ne peut pas comprendre. Ce n'est pas seulement une question d'argent, mais aussi de temps. « Seulement parfois ? » À ces mots, la brune ne peut s'empêcher de sourire. Mais Sierra se doute bien que Colin n'a pas le temps libre nécessaire pour y aller plus souvent. « Admets-le, tu aimerais y aller plus souvent, non ? » Bon sang ! Ce sont précisément les mots que Sierra ne voulait pas prononcer à voix haute. Mais ce qui est fait est fait. La patinoire ? Bien sûr que la jeune femme s'en souvient. Ils y ont passé de bons moments ensemble. Est-ce que Colin s'en souvient aussi ? « Bien sûr, je m'en souviens encore, c'était génial là-bas ! » Il serait certainement intéressant de retourner à la patinoire, si le temps le permet. « Qui sait, si nous avons tous les deux le temps un jour, nous pourrons peut-être y aller ensemble ? Si nécessaire, nous pouvons aussi te déguiser ! Un chapeau et des lunettes de soleil, tu crois que ça suffit ? » La brune, s'est-elle trop avancée avec cette proposition ?  Colin, fait-il encore du patin à glace dans sa vie privée ? Il le fait assez souvent au travail et il est blessé en ce moment. Pendant un moment, elle se sent mal d'avoir prononcé ces mots à voix haute.

@Colin Henderson

Oui, c’était vrai que tout était plus simple avant. Mais personnellement, je ne changerais pas grand-chose à la vie que j’avais actuellement. En effet, jouer au hockey au niveau professionnel avait toujours été mon rêve. J’étais conscient que seulement peu de gens parvenaient à ce but, alors je me voyais très mal m’en plaindre. Après, complètement m’opposer à ce que Sierra me disait ? Non, je n’irais pas jusque là. Adoptant une position plutôt nuancée, je répondis:  « Parfois. » J’aurais pu élaborer un peu plus longuement, avec des détails et autres, mais je ne m’aventurai pas par là. À la place, je décidai de répondre à sa question, lui partageant mes passe-temps, vite fait. Je ris doucement à son commentaire, puis je répondis:  « C’est sûr que je ne m’en plaindrais pas. » Mais encore une fois, difficile de me plaindre, surtout que je trouvais quand même le temps d’y aller. Et puis, ce n’était pas tant pour y aller pour le plaisir parfois, mais aussi pour découvrir de nouveaux lieux aussi. Dans ma tête, ça faisait partie des choses à visiter, les parcs d’attraction. Parfois, certains coéquipiers me suivaient, parfois, j’étais seul, et je ne m’en complexais pas pour autant. Ne souhaitant pas m’étaler trop sur ce sujet non plus et devenir un peu lourd, parlant de cette patinoire extérieure, remémorant un bon souvenir que j’avais. Je fus rassuré de voir que je n’étais pas le seul à me rappeler de ce moment, et je ne pus m’empêcher de sourire. Puis, elle alla jusqu’à me proposer d’y retourner, si jamais le temps ne nous le permettait. Elle en vint à suggérer que je pourrais m’affubler du nécessaire pour ne pas être reconnu. J’eus un air un peu amusé, et je savais très bien que j’aurais pu adhérer à la chose à la blague, mais à la place, je lui dis, espérant que cela puisse la rassurer:  « Ce n’est pas nécessaire. » Après, je n’étais pas naïf. Je savais que je pouvais être reconnu en public, mais pas autant que certains de mes coéquipiers, qui embrassaient davantage leur célébrité que moi. Moi, je vivais avec, sans devenir arrogant, et voilà tout.  « Si je me fais reconnaître, c’est généralement pour une photo ou un autographe, rien de plus. Je commence à m’y faire. » Après, si Sierra ne l’acceptait pas, alors je pourrais faire un effort pour elle. Mais avant de le proposer, j’attendis de voir comment elle allait réagir.

La jeune femme se doute bien que Colin n'est peut-être pas de son avis, du moins pas complètement. Le brun a réalisé beaucoup de choses, beaucoup de choses que d'autres personnes ne peuvent que se souhaiter. Pendant un moment, Sierra se demande si elle aussi a obtenu tout ce qu'elle souhaitait dans sa vie. La jeune femme exerce le métier de ses rêves, mais il manque quelque chose à la brune. La solitude. Mais Sierra ne peut s'en prendre qu'à elle-même si elle ressent cela. La jeune femme brune a décidé à un moment donné de ne vivre que pour son métier. Mais il y a quelques jours, la brune a décidé que quelque chose devait changer dans sa vie et qu'il y avait autre chose que son métier. Le fait que Colin ne réponde que par "parfois" à sa question lui indique qu'il s'agit peut-être d'un sujet que le jeune homme ne veut pas vraiment aborder. Sierra devrait peut-être laisser tomber. Mais une fois de plus, une autre réaction se produit, qui fait naître un sourire sur ses lèvres. « Peut-être trouverons-nous un jour le temps d'y retourner ensemble ? Bien sûr, seulement si tu le veux. » Un peu nerveuse, la brune passe une mèche de cheveux derrière son oreille. Bien sûr, il est possible que Colin ne veuille pas passer autant de temps avec elle. De plus, plus on les voit ensemble, plus les rumeurs sur leur relation risquent d'augmenter. Des rumeurs, quelque chose avec lequel Colin doit certainement vivre, puisqu'il n'est pas vraiment inconnu. Mais ce n'est pas un sujet qu'il faut aborder trop souvent. La patinoire est clairement un meilleur sujet. Parler de la patinoire extérieure a même fait naître un sourire sur les lèvres de Colin. Son sourire est un de ceux qui lui ont toujours plu et cela n'a pas changé. Sierra aimerait vraiment qu'ils y retournent ensemble un jour. Bien sûr, Sierra ne manque pas de remarquer sa réaction lorsqu'elle lui suggère qu'il pourrait aussi se déguiser pour ne pas être reconnu. Elle se rend alors compte que les joueurs de hockey sur glace ne sont peut-être pas aussi persécutés que les acteurs et les musiciens. « Ça me soulage. » Mais peut-être que ce sont plutôt ceux qui cherchent les projecteurs qui sont assiégés par les fans. Une question que se pose la jeune femme est de savoir si cela la dérangerait qu'on lui demande un autographe ou une photo lorsqu'elle est présente. Non, cela ne la dérangerait clairement pas, à moins qu'on ne lui fasse des remarques stupides ou qu'on la maltraite juste parce qu'elle est avec lui en ce moment. « Je pourrais même prendre les photos ! J'adore prendre des photos. » Non, elle ne va clairement pas lui faire part de ses craintes. Et s'il décidait de ne pas passer de temps avec elle dès qu'il en entendrait parler ? « Qui sait, peut-être que la photographie pourrait finalement devenir un deuxième pilier pour moi ! » Même si photographier les gens n'est pas ce que la brune préfère faire. La jeune femme aime prendre des photos de la nature, mais ce qu'elle aime particulièrement, ce sont les couchers de soleil. Chaque coucher de soleil est différent et chaque photo est spéciale.

@Colin Henderson

Je ne pus m’empêcher de sourire lorsque Sierra me proposa de retourner patiner ensemble. Pour tout dire, je serais incapable de refuser d’aller patiner sur le canal, comme j’aimais tant le faire. C’était peut-être un peu abusé aux yeux des gens, compte tenu que je gagnais ma vie en chaussant des patins chaque jour, ou presque, mais moi, ça me rappelait des souvenirs, ça me permettait de ne pas perdre cet amour que j’avais avec le fait de simplement patiner et pour moi, c’était beaucoup. Ce qui était encore mieux dans la situation présente, c’était que Sierra voulait bien m’accompagner. Pour se ressasser un peu les bons souvenirs du passé ? Peut-être bien, je ne saurais pas le dire. Mais peu importe la raison, je ne voulais pas que cela devienne une source d’anxiété, un fardeau. Par conséquent, je ne me voyais pas m’affubler de vêtements supplémentaires qui n’étaient pas nécessaires. Et si, encore mieux, elle était capable d’accepter qu’il se peut que je me fasse intercepter pour une photo ou un une autographe, je ne pouvais pas demander mieux. Je savais très bien que ce n’était pas tout le monde qui était capable d’accepter ça. Je l’avais vécu, je l’avais vu également chez d’autres coéquipiers. J’étais admiratif de ça, je savais que ce n’était pas facile. Et alors que je pensais que je ne pourrais pas l’être davantage, elle en vint à se proposer à prendre les photos s’il le fallait. Ce n’était pas obligé, bien loin de là, d’autant plus qu’avec l’avènement des selfies, nul besoin d’une troisième personne désormais. Ça, je l’avais compris bien rapidement. J’étais sur le point de lui dire que ce n’était donc pas à elle de faire ça, mais elle démontra tellement d’enthousiasme que je ne sus pas m’interposer de quelconque façon. Tout ce que je fis, ce fut de rire doucement au commentaire de Sierra, puis répondre avec un petit haussement d’épaules, signifiant que je la laisserais bien faire ce qu’elle souhaitait. Quand je repris la parole, ce fut pour lui dire, sans vraiment réfléchir:  « Tu m’as vraiment manquée. » Je réalisai qu’après-coup ce que je venais de dire. Non pas que ça manquait de sincérité, bien au contraire. C’était sorti si rapidement de ma bouche que ça ne pouvait qu’être vrai. Pinçant les lèvres, je décidai de ne rien ajouter, espérant ne pas avoir mis un malaise dans la conversation, aussi simple mes propos pouvaient-ils être.

Colin a toujours ce sourire qui la faisait craquer avant. Pour être honnête, son sourire a toujours le même effet. Mais il est hors de question que la brune le dise à haute voix. La jeune femme se réjouit en tout cas d'aller patiner un jour avec le jeune homme. Il est certain que cela ferait remonter de bons souvenirs. Du moins, la brune espère que c'est le cas. Mais les souvenirs d'autrefois seraient-ils aussi agréables pour Colin que pour elle ? Sierra sait que Colin sera probablement souvent abordé, mais il est important pour elle de passer du temps avec lui. Pourquoi ? Elle ne peut pas l'expliquer si précisément, c'est juste un sentiment, une envie de passer du temps ensemble. Oui, elle est même prête à prendre des photos de lui avec ses fans, si cela devait arriver. Bien sûr, Sierra sait que la plupart des gens ne prennent plus que des selfies, mais on ne sait jamais. Puis on entend ce rire, un rire qui lui a manqué toutes ces années, même si elle ne le dit pas non plus à haute voix. Il est parfois préférable de garder différentes choses pour soi. Des choses dont on ne sait pas comment l'autre personne pourrait les prendre. Mais au moment précis où l'on a cette pensée, des mots que l'on ne peut pas vraiment interpréter sortent de la bouche de cette personne. Dans quelle mesure lui a-t-elle manqué ? Amical ? Émotionnel ? Sans le vouloir, divers scénarios se déroulent dans la tête de la jeune femme. Des scénarios qu'elle veut vite oublier. « Toi aussi, tu m'as manqué. » La question est de savoir si les deux se sont manqués de la même manière. Il se peut aussi que ce soit sa façon d'être qui lui ait manqué et non pas elle en tant que personne. « Nous ne devons plus nous perdre de vue aussi longtemps, nous devons nous le promettre. Marché conclu ? » Sierra ferait tout pour que les deux restent en contact. « S'il le faut, je devrai faire appel à ta sœur. » Au moins, la jeune femme s'assurerait ainsi qu'ils ne pourraient plus disparaître mutuellement de leur vie.

@Colin Henderson

Je fus rassuré lorsque je me rendis compte que mes propos n’avaient pas mis un malaise entre nous deux et que Sierra vint à répondre la pareille. Pour tout dire, je ne m’attendais pas à tant. Je me doutais bien que si elle m’avait invité ce soir, c’était parce qu’elle voulait bien me revoir, mais elle aurait très bien pu le faire simplement pour ressasser le bon vieux temps un peu, puis ensuite, passer à autre chose. Pour toute réponse alors, je lui fis un sourire timide, ne m’attendant pas à ce qu’elle vienne à me faire comprendre que cette soirée, elle ne voulait pas que ce soit pour une fois. Allais-je refuser ça ? Certainement pas. Je n’hésitai pas à hocher la tête positivement, puis lui dire:  « Marché conclu. » Est-ce que cela allait tenir ? Moi j’avais envie que oui, mais en même temps, je ne voulais pas être celui qui allait la brusquer et lui imposer des sorties ou quoi que ce soit du genre. Je la respectais beaucoup trop pour faire une chose pareille. Mais rapidement, je réalisai que probablement que ç’allait tenir; en effet, Sierra en vint à me dire qu’elle allait même demander à ma soeur, si jamais je ne respectais pas ma part du marché. À ce commentaire, je ne pus m’empêcher de rire doucement. Si elle voulait aller jusque là, c’était parce qu’elle était déterminée, puisque Amelia était la personne la plus têtue que je connaissais. Je serais dans une très mauvaise posture si elle devait l’envoyer à mes trousses pour qu’on se voie. Tentant de me faire rassurant, je lui dis:  « Oh je ne crois pas que ce soit nécessaire. » et je terminai mon propos avec un petit sourire, venant ainsi de lui signifier que non, ce ne serait pas chose forcée de la revoir - pour moi en tout cas - et que je le ferais avec grand plaisir.

Bien sûr, cette soirée pourrait se dérouler tout autrement que ce que la jeune femme souhaite. La jeune femme espère qu'ils se reverront davantage. Mais bien sûr, il est possible que cela ne lui convienne pas vraiment. Bien que son intuition lui dise le contraire. Il y a une chose que Sierra ne permettra plus jamais, c'est qu'ils se perdent de vue aussi longtemps. Pour être honnête, la brune ne veut plus du tout le perdre de vue. Sierra a même un plan de secours, la sœur de Colin, Amelia. Mais elle préférerait bien sûr que le plan B ne soit pas mis en œuvre. « Mais je pense que nous préférerions tous les deux que je n'aie pas à la solliciter. » En disant cela, la jeune femme ne peut réprimer un léger rire. « Je crois que ça ne se passerait pas bien. » Penser que la sœur de Colin serait sur le pas de sa porte à cause de Sierra ne plairait clairement pas à la brune. Sierra aurait alors certainement l'impression de s'imposer au jeune homme, ce que la brune ne veut clairement pas. Mais la jeune femme ne veut pas trop y penser pour l'instant. À ce moment-là, l'horloge de la cuisine sonne et lui indique que le repas est prêt. Un repas que Sierra avait presque oublié. « Je reviens tout de suite et nous pourrons manger ! » Arrivée à la cuisine, elle dresse les deux assiettes. Une fois les deux assiettes prêtes, elle les apporte à la table du repas qu'elle avait déjà dressée auparavant. Le repas sent bon, c'est sûr, mais quant à savoir s'il a bon goût, c'est une autre question. « J'espère que tu l'apprécieras. Si ce n'est pas le cas, n'hésite pas à me le faire savoir. » Sierra est relativement à l'aise avec la critique, car c'est elle qui peut t'aider à t'améliorer. Sans les critiques de certains de ses anciens professeurs, voire de ses clients, la brune n'aurait pas pu évoluer dans son métier. « En-tout-cas, je te souhaite un bon appétit et laisse de la place pour le dessert ! » Mais le dessert en lui-même n'a rien de spécial, car la préparation des desserts est un domaine dans lequel la jeune femme n'est vraiment pas douée. À chaque bouchée, Sierra ne peut s'empêcher de jeter un coup d'œil à Colin. Est-ce parce qu'elle veut savoir s'il apprécie le repas ou parce qu'elle veut s'assurer qu'il est vraiment assis en face d'elle, c'est une question à laquelle elle n'a pas vraiment de réponse.

@Colin Henderson

J’acquiesçai d’un signe de tête, approuvant le fait qu’effectivement, si on pouvait se passer de l’intervention de ma soeur, ce serait mieux ainsi. Pas que je n’aimais pas ma soeur. Au contraire, je l’adorais. Mais je connaissais son caractère, et si elle devait me tirer de force pour faire quelque chose, elle pouvait tirer si fort que je pourrais en perdre un bras. J’exagérais dans ma vision des choses, mais parfois, je me disais qu’en fait, j’exagérais peut-être à peine. Riant doucement à son dernier commentaire, je ne pus que dire:  « Toi et moi savons très bien de quoi elle est capable ! », à la rigolade plus qu’autre chose. Je ne dis rien d’autre, puisque de toute façon, je n’en aurais pas eu l’occasion, puisque Sierra se retira, pour aller s’occuper du repas. Enfin, c’était là ma meilleure hypothèse, compte tenu de la sonnerie qui s’était faite entendre, du fait qu’elle parlait que nous allions manger. Faisant preuve de bonne volonté, je m’approchai de la table, sans toutefois m’asseoir, tant qu’elle n’était pas de retour. Je pris place en même temps qu’elle, avec un petit sourire quand je vis le repas, ne tardant pas à lui dire:  « Ça semble délicieux. » Et pour tout avouer, me connaissant, même si cela ne me plaisait pas tout à fait, je n’oserais pas lui dire. Je trouvais que c’était déjà gentil de sa part d’avoir préparé ce repas, alors qu’elle aurait très bien pu faire ça tout simple et commander quelque chose, ou aller au restaurant que je l’appréciais déjà beaucoup. Une fois que j’eus répondu à Sierra:  « Bon appétit à toi aussi, et merci pour tout. » Poliment, j’attendis qu’elle soit prête à prendre une première bouchée, avant de faire de même moi aussi. Rapidement, ce que je pensais vint se confirmer; Sierra avait bien réussi son coup avec le repas. Ne pouvant m’empêcher de remarquer, ou plutôt sentir, son regard en coin, je pris les devants pour lui dire:  « C’est délicieux, merci encore. », terminant mon propos par un petit sourire, pour lui montrer la sincérité de mes dires.

Le temps passé dans la cuisine lui a aussi donné un moment pour réfléchir. La peur de choisir les mauvais mots est toujours présente. Une profonde inspiration et une expiration aident cependant à se débarrasser de ces pensées. Après être revenue de la cuisine, Sierra réagit aux paroles de Colin concernant sa sœur. « C'est vrai, je sais exactement de quoi elle est capable. » Quand Amelia a quelque chose en tête, elle va jusqu'au bout, quoi qu'il arrive. Du moins, c'est comme ça que Sierra s'en souvient. Mais pour l'instant, il est plus important pour elle de savoir si Colin apprécie son repas, Amelia passe au second plan pour le moment. Pendant un moment, Sierra ne savait pas si elle avait fait le bon choix en cuisinant elle-même ou si elle n'aurait pas dû commander quelque chose ou même aller au restaurant. « Merci. » Répond Sierra lorsqu'il lui souhaite un bon appétit. « J'espère que ça ne te dérange pas que j'ai préparé ça. Il aurait peut-être été préférable de commander quelque chose ou d'aller au restaurant. » Même si Colin dit que c'est bon, la brune n'est pas très sûre d'elle. Cuisiner est à ses yeux bien plus compliqué qu'un travail d'architecte. Elle a quelques questions sur le bout de la langue, mais Sierra ne sait pas si elle doit les poser. Un léger soupir se fait entendre de la part de la jeune femme. « Comme tu t'en souviens peut-être, je suis une personne assez curieuse. Ce dont je ne suis pas fière. » Un peu nerveuse, elle regarde le jeune homme. « Bien sûr, j'ai quelques questions sur le bout de la langue, mais il y en a une qui me taraude particulièrement. » Pendant un moment, Sierra réfléchit à la manière de formuler sa question. « Pourquoi, à tes yeux, a-t-il fallu attendre si longtemps pour que nous nous asseyions enfin à une table ? » Cette question n'est pas trop directe, du moins, Sierra le pense.

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 « C’est parfait, ne t’en fais pas. » fut ce que je m’empressai de dire à Sierra pour la rassurer et lui dire que ce qu’elle avait préparé me convenait. Pour tout avouer, cela me faisait du bien de manger de la nourriture faite maison. Étant sur la route presque constamment pendant la saison en temps normal, je mangeais souvent de la nourriture provenant des restaurants. Bien sûr, je faisais attention à ne pas manger que de la restauration rapide et je m’en sortais bien. J’étais bien encadré aussi avec l’équipe pour ça. Par contre, cela m’avait fait apprécier encore plus la nourriture faite maison, comme en ce moment. Continuant donc de manger avec appétit, je m’arrêtai momentanément quand elle me rappela qu’elle était curieuse. Je fronçai les sourcils, non pas parce que j’étais craintif de ce qu’elle allait demander, mais plutôt ce qu’elle avait à me demander. Je ne dis rien, lui laissant donc l’occasion de me la poser. Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre, mais je ne voyais pas non plus pourquoi je lui cacherais quelque chose. Oui, ça faisait, bien longtemps, notre histoire, mais nous ne nous étions pas séparés à cause d’un manque de confiance ou quelque chose comme ça, alors dans ma tête, il n’y avait pas de raison. Malgré cela, je restai quelque peu sans mot à sa question. Non pas que je ne voulais pas y répondre, mais parce que tout je ne savais pas vraiment quoi dire. Enfin, par ou commencer, en fait. Un haussement d’épaules, un petit moment de silence, et finalement, je m’osai à dire:  « Je ne pense pas que ce soit contre toi ou quoi que ce soit du genre. » J’avais envie de mettre ça au clair tout de suite. Que ce n’était pas parce que je ne voulais pas la voir, loin de là. Ensuite, je me sentis un peu plus à l’aise d’ajouter:  « C’est les circonstances et nos vies respectives je crois. » Enfin, pour tout dire, je n’avais pas vraiment d’autre explication pour être honnête.  « Et puis… Si ce n’était que de moi, je me serais assis avec toi bien avant… » Même que je ne t’aurais jamais laissée partir… Je l’avais pensé, mais je ne le dis pas. Je ne voulais pas rendre la discussion inconfortable. Baissant le regard, je considérai ma nourriture un instant, pour prendre une autre bouchée, mais sans plus, reportant ensuite mes yeux sur Sierra, attendant de voir ce qu’elle allait dire en retour.

Le soulagement se lit sur son visage. D'une certaine manière, Colin a toujours réussi à la faire se sentir mieux et plus soulagée. « Merci pour tes gentilles paroles. » Ces mots font naître un sourire sur ses lèvres. Le jeune homme n'a probablement plus l'habitude de manger des plats faits maison. Le brun n'a certainement pas toujours le temps de se faire à manger en route, même s'ils ont peut-être un cuisinier pour l'équipe, ce n'est pas la même chose. Était-ce une bonne idée de lui rappeler qu'elle est une personne curieuse ? Non, Sierra n'a pas l'intention de poser des questions inappropriées, du moins pas de manière anticipée. Que sa question le laisse sans voix n'est pas vraiment une surprise, ou plutôt si. La brune n'en est pas vraiment sûre. Sa réponse est une réaction. Un haussement d'épaules, un moment de silence, qu'est-ce qui pourrait bien sortir de ses lèvres ? Ses paroles devraient peut-être la rassurer, mais d'une certaine manière, elles la rendent nerveuse. « Tu as probablement raison. » La brune ne peut réprimer un soupir. Ce sont probablement des mots qu'il utilise pour ne pas lui dire qu'il ne voulait pas la revoir plus tôt. Mais peut-être que Sierra se trompe complètement. « Nous avons clairement eu deux vies différentes. » Ces mots correspondent clairement à la vérité, mais qui sait si les deux vies n'auraient pas pu coexister. Puis le jeune homme prononce à nouveau des mots qui la laissent à nouveau songeuse. Alors pourquoi Colin ne l'a-t-il pas fait ? Avait-il peur que la brune dise non ? « Pourquoi ne l'as-tu pas fait ? » Il aurait été possible que Sierra parvienne à le convaincre qu'ils méritaient de se donner une autre chance. Mais la jeune femme n'aurait probablement pas réussi à lui dire ce qu'elle ressentait à l'époque et ce qu'elle ressent encore aujourd'hui. « Mais peut-être que le fait de ne pas s'être revus plus tôt est une bonne chose. » Sierra ne l'aurait certainement pas laissé partir. Serait-ce mal de dire ces mots à voix haute ? La jeune femme n'est tout simplement pas sûre d'elle et décide, au moins dans un premier temps, de garder les mots pour elle. « Qui sait, c'est peut-être le destin qui a voulu que tout ce temps s'écoule. » Mais la brune ne croit pas aux mots qu'elle vient de prononcer. « De plus, je ne t'aurais probablement plus laissé partir. » Elle pose immédiatement ses mains sur sa bouche. Non, elle n'avait pas l'intention de prononcer ces mots à voix haute.

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Est-ce que j’avais raison ? Je ne le savais pas et je ne le saurais probablement jamais. Tout ce que je faisais, c’était de donner mon avis sur la situation avec Sierra, si on pouvait appeler ça une situation. Un concours de circonstances, peut-être ? Ce ne serait pas un mauvais terme non plus. Quoiqu’il en soit, je fus soulagé de voir que Sierra ne semblait pas être dérangée par ma réponse. À sa question, à laquelle elle me demanda pourquoi je ne m’étais pas assis avec elle, je me retrouvai quelque peu coincé. Est-ce que j’y allais avec le fond de ma pensée ? Je ne savais pas. Je refusais d’être trop brusque. Haussant les épaules, je finis par lui dire:  « Je n’ai jamais voulu sentir que je t’imposais mon mode de vie. Peut-être que si on s’était revus avant, c’est ce qui ce serait passé… » J’étais conscient que j’avais une vie bien particulière et qu’il était difficile d’avoir quelqu’un qui saurait l’accepter pleinement. J’avais déjà fréquenté certaines personnes avec qui notre relation s’était soldée par un échec, parce que la personne ne faisait que profiter de mon statut, ou bien me le reprochait, ou les deux, et je savais que je ne pouvais pas vivre avec ça. Étais-je exigeant ? C’était possible, mais en ce moment, mon métier était ma priorité, je me considérais chanceux de pouvoir le pratiquer à un tel niveau, et je refusais de faire quoi que ce soit pour gâcher le tout, considérant que je savais que je n’allais pas pouvoir jouer jusqu’à mes vieux jours, à un niveau professionnel en tout cas, et mes blessures me le rappelaient chaque fois. Et je m’étais probablement dit que si nous avions mis fin à notre relation parce que je partais à l’université ailleurs, alors peut-être que lui imposer ce que moi je vivais n’était pas une bonne idée. Et je le pensais encore, je serais toujours très réservé de ce côté, mais je devais avouer qu’à l’heure actuelle, c’était de plus en plus difficile. Le pire fut quand Sierra en vint à dire ce que moi, je n’avais pas osé dire quelques instants auparavant, me laissant surpris. Je ne sus pas trop comment prendre le fait que sitôt ses propos dits, elle sembla vouloir les ravaler, plaçant ses mains sur sa bouche comme si elle venait de faire une gaffe. Je pinçai les lèvres, légèrement décontenancé. Que devais-je lui dire ? Je voulais bien la rassurer, évidemment, mais devrais-je lui dire que je ressentais la même chose ? Est-ce que cela aurait pour effet de la rendre encore plus mal à l’aise ? Je soupirai discrètement, prenant mon courage à deux mains, et doucement, je me penchai sur elle. Délicatement, j’approchai ma main des siennes, afin de l’inviter à les retirer de sur sa bouche, et finalement, je lâchai:  « Je crois que moi non plus, je n’aurais pas su te laisser partir… » Je me mordillai la lèvre inférieure, plus nerveux que je ne l’avais jamais été dans cette discussion, ne sachant pas dans quelle direction cela irait. Malaise ? Réalisation ? J’essayais de ne rien appréhender.

L'histoire entre les deux ne semble clairement pas terminée, même si Sierra a eu ce sentiment pendant des années. Mais les paroles du jeune homme correspondent clairement à la vérité. Sierra, aurait-elle pu gérer son mode de vie ? La réponse est probablement non, du moins pas quand elle était plus jeune. Mais aujourd'hui, tout est différent. « Je suis honnête, je pense qu'il y a encore quelque temps, je n'aurais probablement pas pu gérer la vie d'un joueur de hockey sur glace. Les voyages, les fans... » Après avoir baissé les yeux un moment, elle les relève et le regarde de nouveau pour le regarder dans les yeux. « Pour être honnête, je pense qu'aujourd'hui, je serais plus à même de le gérer. » Cela, a-t-il été une erreur de prononcer ces mots ? Certains diraient oui, mais la brune est sûre d'avoir fait le bon choix. Cependant, quelques instants, plus tôt, Sierra a dit quelque chose qu'elle n'aurait clairement pas dû dire à voix haute. Le problème, c'est que ses paroles sont incontestablement vraies. S'ils s'étaient assis ensemble plus tôt, elle ne l'aurait clairement pas laissé partir. La réaction de Colin à ses paroles la laisse cependant perplexe un instant. Ses paroles la poussent à retirer ses mains de sa bouche. Cela, signifie-t-il qu'ils pourraient encore avoir un avenir ensemble ? Peut-être que la brune se fait seulement des idées. « Ce n'était clairement pas le bon timing, mais... » Avant de continuer à parler, elle rassemble tout son courage et saisit les mains de Colin. « Et si le moment était venu de nous donner une autre chance ? » À ces mots, elle se mord légèrement la lèvre inférieure, de peur de sa réponse. Sierra n'avait pas prévu une conversation aussi sérieuse qui pourrait tout changer.

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Sierra nomma exactement la raison pour laquelle je n’aurais jamais voulu lui imposer mon mode de vie; les voyages constants, les médias, les fans. Je ne comptais pas aussi ce qui m’occupait habituellement au quotidien surtout, soit les entraînements et les matchs. Je savais que j’avais un quotidien plutôt atypique. Pour moi, je l’acceptais, mais j’étais aussi conscient que ce n’était pas tout le monde qui était d’accord pour vivre avec celui-ci. À ses paroles, je me disais que c’était pareil aujourd’hui, et je ne pourrais pas la blâmer pour ça. Puis, ce qu’elle dit par la suite vint me surprendre. Était-elle sérieuse ? Je la regardais dans les yeux, légèrement surpris, et je me rendais compte qu’elle paraissait sincère dans ses propos. Pas comme une personne qui se force pour dire une chose pareille, mais comme une personne qui… le pensait réellement. Je ne sus pas quoi dire, laissant donc le propos en suspens, passant à un sujet légèrement différent, lui faisant un aveu similaire au sien. J’attendis, quelque peu nerveux, de voir ce qu’elle allait me dire par après. Elle me posa une question, des plus sérieuses. Je le sentais que c’était sérieux, je n’avais pas besoin de lui demander. Ça ne me donna pas une réponse dans l’immédiat. Pas que je ne savais pas quoi lui dire; je cherchais surtout les mots pour le dire convenablement. Je me pinçai les lèvres, m’imposant une petite seconde de silence supplémentaire, puis finalement, je dis:  « Si tu es prête à nous en donner une, rien ne me ferait plus plaisir. » Je ne savais pas comment j’aurais pu le dire autrement, mais voilà. J’avais été on ne peut plus sincère. Après l’avoir revue ce soir-là, dans ma loge, j’avais compris qu’elle signifiait beaucoup plus pour moi que je ne l’aurais pensé il y a de cela des années. Était-ce la bonne façon de faire ? J’osais espérer que oui, à voir ce qu’elle allait me dire.

Sierra savait qu'elle prenait un grand risque en disant la vérité à Colin. Bien sûr, même s'ils se donnaient une nouvelle chance, il y aurait encore des obstacles à surmonter. Mais cette fois, ils les surmonteraient ensemble et discuteraient aussi des problèmes, Sierra en était sûre. À l'époque, ils étaient peut-être encore trop jeunes pour trouver une issue qui aurait été bonne pour eux deux et qui aurait pu sauver leur relation. Mais ni elle ni Colin n'ont intérêt à se casser la tête sur le passé. Le fait que le jeune homme mette un moment à lui répondre n'étonne pas Sierra, elle l'a probablement trop surpris par ses paroles. Cependant, lorsque les mots sortent de ses lèvres, un sourire de soulagement apparaît immédiatement sur les lèvres de la jeune femme. « Je suis plus que prête. » Sierra se souvient encore des paroles de sa meilleure amie, qui avait prédit que l'histoire entre les deux n'était pas encore terminée. « Mais il y a une chose dont tu peux être certain, c'est que je ne te laisserai pas partir une nouvelle fois. » Il était très important pour la jeune femme de prononcer ces mots à haute voix. Elle ne pouvait s'empêcher de le regarder dans ses yeux de rêve. Des yeux qu'elle a toujours aimés. Mais la brune ne le dirait jamais à voix haute. « Il est certain que certaines personnes diront qu'il était temps que nous nous retrouvions. » Ce matin, Sierra n'aurait certainement pas imaginé que la journée d'aujourd'hui se terminerait ainsi.

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