Just... go outside ¢ Yeimy

J’abaisse mon regard sur mon téléphone pour une troisième fois dans la même minute. Je suis debout comme une échalote au vent devant le bâtiment qui abrite son bureau tout en ayant aucune réponse de sa part. Je pousse un soupir en l’imaginant que trop bien en train d’avoir le nez dans un dossier qu’elle se dit qu’elle doit ABSOLUMENT terminer avant la fin de la journée. Si moi j’enchaîne plusieurs boulots pour le plaisir, elle, elle est simplement workaholic à mon point de vue. Parce qu’elle n’en dérogera pas de son dossier, pas tant qu’il ne sera pas absolument parfait à son point de vue à elle et comme une grande perfectionniste, ça peut prendre bien du temps. Beaucoup trop de temps à vrai dire! Mais ça, c’est mon humble avis!

Et dire que j’avais pris la peine de lui envoyer un message avant de passer pour qu’elle soit au courant que j’allais me présenter et qu’elle se prépare du même coup à se faire sortir de son travail. Ça faisait un bail que je l’avais vu et dans ces moments, je me doute fort que c’est parce que ça fait des jours qu’elle ne sort pas de chez elle, étant trop pantouflarde. Sa routine de boulot, manger, dodo était un peu hallucinante. Sincèrement, j’ignore comment elle fait pour maintenir son régime. On m’enferme deux jours dans une routine et j’ai déjà envie de manger les murs. Automatiquement je prends ma planche à roulette et j’essaie de voir si je ne suis pas ailleurs que chez moi! Ouais! Je me cherche dans la ville! Je peux faire du vrai flânage, rien que parce que ça me change les idées et que j’en ai de besoin. On dit qu’il n’y a rien de mieux que de prendre l’air et je crois que je suis entièrement d’accord avec cette affirmation.

Notre relation en avait surpris plus d’un puisque nos personnalités sont complètement aux antipodes l’une de l’autre. En vrai, je me demandais bien plus comment elle faisait pour me tolérer que l’inverse vu comment j’étais dérangeant dans une vie. C’est pas de ma faute si j’aime mettre de la vie, de la joie et du bonheur dans la vie des gens qui m’entourent, surtout quand ce sont des amis. Et Yeimy, particulièrement en mérite pour tout son travail rendu!

Je pousse un grognement en repoussant un peu ma tête vers l’arrière, les yeux au ciel à la façon d’un gamin. Y’a une dame qui me regarde avec un drôle d’air devant mon exaspération, drôle d’air auquel je réponds avec une sorte de grimace mélangée à un sourire. Rien à foutre moi qu’elle me trouve un peu mal élevé de grogner devant elle. Elle a qu’à aller dans son quartier un peu trop huppé, prendre son thé avec du sucre avec des amies pendant qu’elle se plaint de son mari et qu’elle raconte comme son yorkshire à une jolie queue de cheval sur le dessus de la tête depuis son toilettage. Je me fais rire. J’ai toujours eu un bon talent pour juger un peu les gens et surtout leur inventer une vie dans ma tête. C’est quand même divertissant!

Bon! Tant pis! Je m’active en marchant vers la porte du building. Elle l’aura voulu! Je saisis la porte vitrée, poussant sur la poignée alors que c’est inscrit de tirer. Je fronce les sourcils tout juste avant de me rendre compte de mon erreur et de voir une personne à l’intérieur qui veut sortir, mais qui attend décidément que j’ouvre la porte. Une petite moue se forme sur mon visage pendant que j’effectue le bon mouvement, l’homme ayant une petite allure amusée sur le visage. Boarf… si je vaux pas cette risée-là, je ne vaudrait pas grand chose, alors je lui retourne un sourire ainsi qu’un haussement d’épaules.

Je me rends à l’endroit qu’occupe la compagnie pour laquelle travaille mon amie, mais ignorant où était son bureau, je prends le temps de me renseigner à l’accueil. J’ai quand même été surpris qu’on ne m’arrête pas en soi, qu’on ne me dise pas qu’elle était en consultation quelconque ou en rendez-vous. Ça me sonnait une cloche qu’elle devait possiblement être simplement la tête dans un dossier. Je me rendis à son bureau, toquant à une porte un peu entrouverte. “Si y’a quelqu’un qui répond pas à ses messages dans ce bureau, tape dans ses mains!” Je le lance à la façon d’une chanson que j’avais déjà entendu quelque part, mais dont j’en ai modifié les paroles pour convenir à la situation, poussant un peu la porte du bout des doigts et appuyant mon épaule contre le cadrage de celle-ci, attendant une réponse possible de mon amie. J’avais déjà hâte d’entendre son excuse!