Something crazy ? || Jamilah Novacs

♛Something crazy ?

Vie de merde.
Voilà ma première pensée quand je pousse la porte de la colocation, poussant un profond soupir de soulagement d’être enfin de retour. Plus ça va, moins je peux blairer ce taff, pourtant ce n’est pas faute de faire des efforts ! Je viens à l’heure, plus ou moins, je me donne à fond... enfin je fais mon travail quoi. OK, je souris pas aux clients mais c’est tous des cons de toute façon, on va pas me demander d’être aimable en plus si ? Ça serait approuvé leur connerie, et ça je peux pas. Me faire draguer par des lourds passe encore, mais minauder en prétendant aimer ça alors que j’ai juste envie de me pendre ? Très peu pour moi. Rien que ce matin, un quinquagénaire qui me demande mon “06” avec un petit sourire espiègle, comme s’il m’imaginait déjà nue sur un tapis face à une cheminée. Ma réponse ? “ Désolée moi pas parler votre langue “ d’un ton sans appel, le regard fermé et la mine sombre. Tant pis si je me fait tej, ça serait pas plus mal... en fait, je devrais peut-être me trouver un job où j’en ferais le moins possible tout en ayant le temps de fumer un joint ou deux. Ça serait le paradis sur terre...  

Peut-être travailler dans un bureau ? Me la jouer secrétaire cochonne en procrastinant à la machine à café, c’est un vrai bail ça non ? Plan de carrière à étudier, je m’imagine déjà dans un petit tailleur cintré et en accord avec ma chevelure de lionne. Bordel, n’importe quoi mais un boulot où je ne serais pas obligée de porter un uniforme moisi tous les jours de ma triste vie ! Un boulot où je serais libre d’aller envoyer chier n’importe qui avec le sourire et un petit doigt d’honneur. Un boulot où je pourrais traîner Jamilah avec moi...  

Cette pensée me serre le cœur, je me redresse de la porte contre laquelle je me suis avachi en rentrant. Même le plus crazy des taff de la terre n’empêcherais pas la brune de traîner avec les sainte-nitouche de la bande à Ravi, monsieur l’excitateur de vieilles dames. Un mélange de jalousie et de colère s’empare de moi alors que je traverse le couloir en enlevant mes vêtements trempés par la pluie. Non pas que j’aime pas les gonz avec lesquelles elle s’affiche, mais ça commence à me casser les couilles qu’elle préfère passer du temps avec elles plutôt qu’avec moi. Elle n’est pas celle que je connaît avec elle, comme si son côté fun c’était totalement évanouis à leur contact, pitié... Je fais un signe de croix mental doublé d’un doigt d’honneur dans l’espoir que ça ne m’arrive jamais.  

Alors que je maudis les Indiennes de m’avoir volé ma meilleure amie, j’aperçois sa chevelure brune prêt du canapé qui me tourne le dos. Je me fais plus discrète, enclenchant mon mode Harley Quinn espiègle alors que j’arpente les derniers mètres qui nous s’éparent en sautillant comme une petite fille. « Jamais on a vue, jamais on ne verra... » je me mets à chanter en dansant d’un pied sur l’autre jusqu’à elle, piètre danseuse mais suffisamment folle pour ne pas m’en soucier. Mes cheveux humides collés à mon visage et mes yeux perçants suffisent à donner à cette scène des allures de film d’horreur. « La famille tor-tue courir après... les... RATS ! » je me penche dans son cou comme un serpent et lui mord la peau avant de rire aux éclats. Je n’y suis pas aller assez fort pour qu’elle saigne, mais mes canines vont rester sur sa chaire un petit moment je pense...

« Regardez qui daigne nous satisfaire de sa préseeeeeence... » je sautille sur place en applaudissant « Je ne savais pas que je devais me soustraire à la garde partagée avec Marie-Madeleine et Jésus Christ ! Préviens-moi la prochaine fois, que j’allume une bougie pour toi. » je fais une roulade avant dans le dos du canapé pour finir assise prêt d’elle, une jambe levée et l’autre à moitié pendante dans le vide. Je ne me suis jamais caché ne pas porter Thakur et Lac des cygnes dans mon cœur, je prends même beaucoup de plaisir à les humilier publiquement. Mais Jam reste ma seule amie et je veux qu’elle capte d’elle-même que son comportement me blesse...  

♛Something crazy ?

Même en le cachant derrière des plaisanteries graveleuses et des sourires espiègles, j’ai vraiment du mal à ne pas en vouloir à Jamilah. Je lui en veux pour bien des raisons : l’impression de passer au second plan, l’impression de la voir virer du côté clair de la force en traînant avec les bonnes sœurs Indienne. Je lui en veux car elle est ma seule amie à Ottawa et que ma pudeur naturelle m’empêche de me confier et de lui avouer que ça me casse les couilles. Un peu trop possessive peut-être ? Ce n’est pas une nouveauté. L’admettre est suffisamment pénible, ça me donne envie de tout casser et partir en claquant la porte, ne jamais revenir...
Je me déteste, j’ai l’impression de virer mièvre comme ses nouvelles copines les bisounours et ça je ne peux pas le supporter. Je fais donc la seule chose qu’il me reste en réserve pour protéger mon cœur : je deviens cynique.

« Fait gaffe, tu vas finir verte comme la vilaine sorcière de l'Ouest. »

Un ricanement s’échappe de mes lèvres, j’enroule une de mes mèches rousses autour de mon doigt en m’enfonçant un peu plus dans le fauteuil.  
« La sexy sorcière de l’Ouest, alors ! Si on part dans le mélo, je te vois bien en Dorothy ! » mon visage se tord en une grimace théâtrale, je prends une voix haute perchée et mièvre comme celle de l’héroïne : « Ô Ravi montre-moi les danses de ton pays, Ô Ela je serais ta meilleure amie pour la vie et nous gambaderons main dans la main sur les prairies de notre amitié rose bonbon bruuuuuh... » je mime un haut-le-cœur expressif avant de rire comme la petite sorcière que je suis. Bon, je ne cherche même plus à masquer ma jalousie à travers de faux-semblants, mais c’est plus fort que moi elle m’a tendue une perche...

« De plus, je suis rarement avec eux le soir tu sais ? Et si tu veux me voir, tu demandes. Je ne sais jamais te dire non pour une sortie de folie, tu le sais bien » plutôt que de me lever, je décide de me laisser glisser jusqu’aux pieds de la table basse, les bras tendus et m’étirant dans une position délicate, pour attraper un paquet de cigarette. « Faut que je prenne rendez-vous en plus ? C’est un comble. » je rétorque avec un sourire en coin en roulant minutieusement ma cigarette. Je ne mets pas beaucoup de volonté dans la conversation, mais quand je suis vexée j’aime être de mauvaise foi. La vérité c’est que la nouvelle amitié qu’elle entretiens ne me plaît pas du tout, la Jamilah d’autrefois n’aurait pas perdu son temps avec ces gamines. Elle est au-dessus de tout ça. C’est ce que je pensais... « S'il te plaît Jaaaaaam passe du temps avec moiiiiii, s’il te plaiiiiiiit. » je joins les mains en prière en pleurnichant comme l’aurait certainement fait Marie-Madeleine à la mort de Jésus. Mon petit numéro s’achève en un éclat de rire hystérique qui me caractérise bien. Je dois avoir une de ces allures avec ma clope au bec...

« En parlant de sortie de folie… Est-ce que saccager une maison te tente ? Et par saccager je veux dire y entrer par effraction et tout retourner. Quelqu'un m'a passablement énervée et je ne me vois pas faire ça sans ma pyromane favorite. » mes antennes imaginaires se redresse, je la regarde avec un peu plus d’intérêt. « La Jam que je connaît n’est pas encore morte, champaaaaagne ! » Une étrange excitation s’emballe dans ma poitrine, j’ai l’impression d’être branchée à une batterie de voiture surchargée. Je ne sais pas d’où me vient cette passion pour la destruction, mais ça me détend bien plus que la fumette. Surtout si ça permet à mon amie d’apaiser ses nerfs, je suis prête à faire flamber dix baraques s’il le faut. À cette idée je ronronne comme un chaton en m’allongeant sur le dos, soufflant un gros nuage de fumée vers le plafond.  

« Au feu les pompiers... la maison qui brûle... » je chantonne en battant des jambes dans le vide, contemplant la flamme de mon briquet vaciller en une danse sensuelle. J’espère simplement que sa proposition n’est pas une blague de mauvais goût pour se faire pardonner, quand je suis dans cet état c’est toujours très difficile de me faire revenir. Comme en proie à une possession maladive pour cette chaleur orangée, j’ai besoin de tout consumer. Répondre à la rage par la rage. Peut-être que je pourrais chasser le visage des Indiennes de ma tête par la même occasion... ? Une pensée galvanisante éclos dans mon esprit, je tourne la tête vers elle, un sourire joyeux jusqu’aux oreilles. À croire que je suis prête à ouvrir mes cadeaux de noël... « C'est Aladdin ? Depuis le temps que je rêve de l’enrouler dans son tapis et l’envoyer valser dans les escaliers. Tu imagines ? » j’applaudis en poussant des petits cris de joie. « Je sais déjà où je vais commencer... par la chambre... je mettrais le feu aux rideaux... » je regarde dans le vide, fantasmant déjà sur ma petite mise en scène tout en songeant au premier incendie qui s'est déclaré chez moi, par ma faute.  

♛Something crazy ?

Je n’ai pas eu une enfance facile, même si je ne suis clairement pas à plaindre. Je vivais dans l’ombre de mon frère, enfant abandonnée aux bras des domestiques et livrée à elle-même. J'avais tout, mais je n'avais rien, du moins pas ce que je voulais réellement : l’amour de mes parents. Ils n’ont jamais été horribles avec moi, je ne me suis jamais fait battre et personne ne m’a jamais engueulé. J’existais malgré eux, riche de valeur mais pauvre en sentiments. En grandissant j’ai développé des carences dû à cet abandon calculé, je me rebellais et cherchais à attirer l’attention, quitte à faire de grosses bêtises. Je me cognais à un mur d’indifférence et j’avais beau pleurer, ça ne changeait rien, je n’étais pas considérée à ma juste valeur. Je voulais être leur fille au même niveau que mon frère était leur trésor, ça semblait si peu demandé, voir dérisoire, mais je demandais la lune sans le savoir. La théorie de l’enfant unique ne s’applique pas que dans les pays Asiatique de l’ancien temps, je pense réellement que mes parents ne voulaient pas de moi et qu’ils me l’ont fait comprendre à travers des mots, des gestes, ou juste de l’ignorance. J’avais beau me battre pour affirmer ma présence, m’imposer dans cette famille où je n’avais pas ma place, c’était peine perdue. Le rôle de l'enfant était déjà pris, le fils prodigue et parfait à bien des niveaux. Je suis arrivée trop tard...

Je pense réellement que ma psychose est née de là, ce besoin d’appartenance lié à l’amour, au sexe et même à l’amitié. Cette envie de tout casser quand je vois Jamilah me délaisser au profit des Indiens... l’impression que, une nouvelle fois, je ne suis pas à ma place. Comme une enfant qui se laisse trop facilement débordée, incapable de contrôler sa colère, je crise auprès de ma meilleure amie, car je ne sais pas comment faire autrement. Je ne sais pas mettre de mots sur ma colère, je ne peux pas juste pleurer et espérer qu'elle comprenne, alors je la pique sans vergogne en crachant mon venin sur ses nouveaux amis. Je ne me pensais pas à ce point possessive, pourtant c’est un fait, j’ai envie de cramer chaque centimètre de cette ville de malheur en imaginant Jam avec l’espère d’Aladdin de wish.  

« Quand tu grimaces, t'es loin d'être sexy. » je me laisse tomber à l’envers sur le canapé en esquissant une roulade parfaitement maitrisée « Pourtant, mes partenaires adorent quand je grimace, je ne comprends pas pourquoi... » je ronronne en faisant un sourire sans équivoques, l’air faussement innocente. Je ne vais pas entrer dans les détails, on a tous compris le sous-entendu. Parfaitement consciente de jouer avec le jeu, je ne cesse pourtant de la taquiner. Autant ma personnalité psychotique fait de moi un handicapé des sentiments, autant je suis aussi sensible à la colère et à la frustration des gens que les plumes d’un canard : ça me passe carrément au-dessus. Je sais que ce n‘est pas bon de tout prendre à la rigolade, mais c’est plus fort que moi, je ne prends jamais rien au sérieux. Surtout quand il s’agit de mes émotions que je tourne souvent en dérision pour éviter le malaise. Pudique vous dîtes ?  

« Fais gaffe Willow. Je ne suis vraiment pas d'humeur pour ces conneries. Tu vis ta vie aussi sans me demander mon avis, l'inverse est valable. » je pouffe de rire et me cache derrière le canapé en ne laissant dépasser que mes yeux, pétillants de malices. « Houulalaaaaaaaaaa... » je prends une voix comique en roulant des yeux « Ma vie n’est pas aussi trépidante, Beyoncé ! Excuse-moi d’avoir peur que tu vires bonne sœur. » je me mets à genoux, toujours derrière le canapé, seul le haut de mon cœur est visible. Je joins les mains en prière et ferme les yeux « Seigneur, pardonnez-moi si j’ai pêché. Moi qui voulais mener la belle Jamilah vers le chemin des vices, j’ai failli à ma mission. Ameeeeeeeeeeen... » je pouffe de rire en faisant un bref signe de croix. C’est vrai quoi, si ça continue la belle va débarquer un matin et me dire qu’elle arrête de fumer ou je ne sais quelle autre connerie. Plutôt crever que de la laisser prendre un tournant qui ne lui ressemble pas...

« Putain que t'es une connasse ce soir. Je suis là tous les soirs presque, t'as juste à bouger ton cul jusqu'à la chambre ou utilisé ce putain de téléphone pour envoyer un SMS plutôt que de swipe ton tinder de merde. » je pose mon menton sur le haut du canapé et la regarde avec un sourire en papillonnant des yeux. Cette con s’est délibérément couper avec son canif pour me mettre en garde ? J'adore, elle est si gang cette gonzesse. C’est pour ça qu’on est pote ! « MADAME connasse je te prie ! » je ris en me hissant par la force de mes bras sur le sofa que j’escalade en tendant les jambes pour rebondir dessus. « Tu sais que t’es bonne quand tu m’insultes ? » je balance en prenant une voix grave et sexy avant de rire, déconnectée de cette embrouille que j’ai démarrée et que je ne souhaite pas poursuivre. « Après j'avoue que mon tinder est pourris putain. Faut que j’écume les bars pour trouver quelque chose à me mettre sous la dent, c’est honteux d’en arriver là en 2022 ! » je me plains en roulant une cigarette avec qui se trouve sous la table basse. En levant les yeux, j’aperçois Jam jouer avec sa blessure toute fraîche et ne peut m’empêcher d'esquisser un sourire en coin, presque excitée de voir le sang couler. « Tu devrais laisser ça comme ça. Ça te donne un petit côté Lara croft sexy. Aladdin va kiffer sa mère ! » même si ça ne me plaît pas, je ne suis bien sûr pas idiote et je sais qu’il y a quelque chose entre les deux. Raison de plus de cramer l’Inde à mon avis...

« Ce n'est pas parce que je suis sympa avec deux trois autres personnes, que je suis devenue un ange tu sais ? » je fais le signe de croix, me trompant délibérément sur le sens, adepte du blasphème. « Je ne sais même pas pourquoi j'essaie de t'expliquer, tu as tes idées de toute façon, n'est-ce pas ? » je tire sur ma cigarette de fortune et lui envoie la fumée dessus avant de lui tirer la langue. « Moi ? Tu me connaît, je suis tellement vache avec le monde que parfois j’oublie ce que c’est d’être... gentille. » je grimace ce mot comme s’il était maudit. Quand est-ce que remonte la dernière fois où j’ai été sympa avec quelqu’un ? À pars pour coucher avec ou obtenir quelque chose ? Je ne suis même pas sûre de m'en souvenir, c’est dire !  

« Si tu veux tout brûler… Je ne suis pas contre. Surtout que je sais de source sûre que la victime ne sera pas là… Imagine là rentrer et voir qu'elle a tout perdue… » un éclat brûle dans mes pupilles et j'écrase ma cigarette dans le cendrier en me penchant vers Jam. « Tu sais que tu m’excites quand tu parles comme ça ? » un sourire carnassier se dessine sur mon visage démoniaque. Je ne suis pas lesbienne, pas même un peu bi, mais putain elle sait vraiment comment attiser mon feu intérieure cette nana. Rien que de m’imaginer entrain de ruiner une vie, j’ai le cœur qui palpite et des fourmilles au bout des doigts...

« Oublie Aladdin. Je le garde pour moi Willow…Ce n'est pas chez lui et je t'interdis de lui faire du mal. A lui ou aux filles… Compris ? » je hausse les sourcils, intriguée avant de gémir de déception comme le ferait un chiot abandonné. « Ne me dit pas que tu as grimpé sur son tapis volant, je te jugerais si fort... » je réponds en une grimace faussement dégoûtée. J’aime bien trouver des sous-entendus sexuels en rapport avec les origines de son nouveau prétendant, si déjà je ne peux pas me moquer ou les menacer de mort. Malgré la rage qui anime mes intestins, j’ai bien compris où elle veut en venir et je vais m’abstenir de commentaires. Quand Jam possède quelque chose, une idée, ou quelqu’un, il vaut mieux ne pas se trouver en travers de son chemin. Dans l’intérêt de protéger notre relation, aussi étonnante et délurée soit-elle, je vais éviter de chercher des noises à ses Indiens préférés. Les bâtards... Ils ont l'immunité absolue.

« Mais je crois que tu devrais aimer cramer la baraque de cette chère Justine. Tu sais, notre pétasse de collègue ? » je glousse à l’évocation du prénom de notre future victime, applaudissant en battant des pieds comme une enfant qui réclame sa friandise. « Tu ne pouvais pas me faire plus plaisir ! Cette connasse m’a poucave au boss car j’ai pris une deuxième pause clope. Je rêve que d'une chose : l’attacher à une chaise, forcer ses yeux à s’ouvrir avec des pinces et lui enfoncer la cigarette dans le globe oculaire... » je soupire d’extase, le regard perdu dans ce fantasme morbide, les frissons parcourent la peau de mes bras en l’imaginant hurler de douleur. Ouais, un peu extrême, mais elle m'a vraiment mise en colère à se la jouer première de la classe ! « Mais pourquoi spécialement elle ? Ok, elle est insupportable mais jusqu’ici rien de nouveau non ? » dixit celle qui voulait la rendre aveugle parce qu’elle n’aime pas les rapporteuses. Mais moi, ce n’est pas pareil, je suis une tête brûlée qui réfléchit aux conséquences après avoir fait la bêtise. Jam est la plus réfléchis du duo, celle qui temporise mon tempérament enflammé, pourquoi vouloir cramer la vie d’une meuf sous prétexte qu’elle ne peut juste pas la voir en peinture ? Ça ne lui ressemble pas, en général elle l’humilie juste ou l’envoie bouler aussi simplement que ça. Quelle que soit la raison de ce plan macabre, je suis de la partie et prête à m'armer de mon briquet adoré...

« Et je propose qu'on vole ses affaires. Elle a beau être une vraie pétasse, elle aime se la péter avec des trucs de marques… Y a de quoi se faire du fric avec ses sac et chaussures. Et ses bijoux ! On pourrait ensuite aller manger au frais de cette connasse. T'en penses quoi ? » je me mets à ronronner comme un petit chat en m’étirant, paumes vers le ciel « J’adore ! Je sais déjà ce que je vais lui chiper : son putain de sac de luxe de mes couilles. La meuf elle se pointe au taff et vient me le secouer sous le nez en disant : “ regarde ce que je me suis offert, il n'est pas splendide ? C’est au moins trois fois ton salaire si ce n’est plus “ » je prends une voix de salope en me déhanchant, essayant d’imiter au mieux Justine, ou du moins la caricaturer le plus fidèlement possible. Après elle s’étonne que personne ne peut la pifer... si je veux je peux m’en offrir dix des sacs comme le siens. Enfin, je pouvais... toute ma fortune est restée avec mon ancienne vie...  

« Alors ? Ça te chauffe ? » je saute sur mes deux pieds, revigorée après cette journée de merde. Comme quoi, faire des conneries ça remonte le moral ! « Je BRULE d’impatience, même ! » je réponds en exagérant sur le mot. « Tu sais où on pourrait bouffer ? Au plaza. Meuf je rêve d'y graille depuis tellement longtemps. Le prix d’un plat c’est genre, allez, le prix d’un resto Italien tout compris. Tu vois le genre ? Tout le monde sur son 31 et vas-y que je te picole un mousseux au coin de la gueule ! » j’éclate de rire en effectuant plusieurs pirouettes sur moi-même. Parler moi de vengeance, de cambriolage et surtout d’incidendie et je serais la plus heureuse du monde.